Rendez-vous de L'Histoire, n°21, Blois, 2018
L’action des femmes a été très importante durant La Commune
Extraits
Le 18 mars au soir, le Comité central de la Garde nationale s’installe à l’Hôtel de Ville. Pendant une semaine, il assumera toute la responsabilité de la gestion politique, sociale et économique de la ville de Paris. Il assure la sécurité en occupant les fortifications et les forts de la périphérie. Il remet les rouages de l’état en route en occupant les ministères et les bâtiments publics.
→ Pour répondre à une volonté de démocratie très forte, il organise des élections. Elles ont lieu le 26 mars. Mais les femmes n'y participent pas.
[...]
Louise Michel a déclaré : « Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine ».
[...]
Début avril, les femmes lancent un appel à aller à Versailles.
→ Le 3 avril, elles se retrouvent à 1200 femmes au pont de Grenelle. Les dirigeants de la Commune leur enjoignent de ne pas sortir de Paris. Ils rappellent la brutalité des répressions versaillaises. En fait, ils sont hésitants sur cette action.
La sortie n’a pas eu lieu mais devant une telle volonté féminine la nécessité de s’organiser s’impose.
→ 11 avril, c’est la Création de « l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés ».
Dès le 11 avril, l’Union publie par voie d’affiches, sur les murs de Paris, un texte disant que : la lutte pour la défense de la Commune, c’est la lutte pour le droit des femmes.
Elles écrivent :
– «nos ennemis, ce sont les privilèges de l’ordre social actuel, tous ceux qui ont vécu de nos sueurs, qui toujours se sont engraissés de nos misères»
– «nous voulons le travail pour en garder le produit, plus d’exploiteurs, plus de maîtres».
– «toute inégalité et tout antagonisme entre les sexes, constituent une des bases du pouvoir des classes gouvernantes».
→ l’Union des Femmes et ses comités siégeaient dans les mairies d’arrondissements sauf dans les IIe et XVe. Ces femmes s’organisent remarquablement, ce qui est méritoire dans cette période très tourmentée.
Les statuts de l’association sont publiés dans le journal « La Sociale » le 12 avril, par André Léo. Les nouvelles seront très souvent relayées dans ce journal.
→ Les deux principales dirigeantes de l’Union sont Nathalie Le Mel et Élisabeth Dmitrieff. Il y a aussi Marceline Leloup, Aline Jacquier, Thérèse Collin, Aglaé Jarry et Blanche Lefevre.
→ Si elles ne sont ni électrices, ni éligibles aux élections du 26 mars, la Commune les associe à des fonctions politiques et sociales importantes.
→ La participation des femmes dans les clubs et sections de l’Internationale marque l’histoire de la Commune. Elles président les séances et n’hésitent pas à intervenir. Elles obtiennent la mixité des clubs. Elles écrivent dans les journaux.
→ Les femmes sont associées, dans quelques quartiers à la gestion municipale.
→ ce que veulent les femmes ?
→ Le droit au travail pour elles et l’égalité des salaires.
→ L’école laïque gratuite pour les filles et les garçons.
→ La pleine participation au combat de la Commune, y compris dans la Garde nationale : le club de la rue d’Arras recueillera 300 inscriptions pour « les légions des femmes ».
→ des Pensions pour les veuves de fédérés tués au combat qu’elles soient mariées ou non mais également pour les enfants légitimes ou naturels.
→Les femmes vont œuvrer auprès des différentes commissions la Commune pour obtenir ces changements profonds et participer activement à leur mise en place.
La laïcité
→ Elles sont en pointe dans la lutte pour la laïcisation des écoles et des hôpitaux.
Elles assument souvent dans les mairies la nouvelle mission d’assistance laïque. Ainsi dans le XIIe arrondissement, le 26 avril, « il est fait appel aux Citoyennes de bonne volonté » pour former :
« Un comité de républicaines du XIIe dont la mission sera de rechercher toutes les misères cachées et d’en faire immédiatement rapport aux membres de la Commune » .
Les femmes agissent pour l’éducation et la culture
La Commune adopte comme base de son programme scolaire, le manifeste de la société « L’éducation nouvelle » qui veut :
«- que l’instruction soit gratuite et complète pour tous les enfants des deux sexes ;
– que l’instruction religieuse ou dogmatique soit immédiatement et radicalement supprimée pour les deux sexes » dans les écoles publiques.
La commune met en pratique ce programme. Dans le VIIIe arrondissement, l’école des filles de la rue de la Bienfaisance est la première des écoles nouvelles où l’admission se fait dès l’âge de 3 ans.
[...]
Elles mettent en place des écoles professionnelles pour les filles.
Elles agissent pour la création de crèches populaires.
→ Marie Laverdure qui participe au mouvement de l’Éducation nouvelle présente un mémoire pour la création de crèches. Celui-ci débute par cette affirmation :
« L’éducation commence le jour de la naissance. Elle demande des jardins, des fleurs et des jouets pour les enfants ».
→ Victoire Tynaire, a obtenu son brevet de capacité pour être institutrice, elle organise des écoles libres et protestantes. Elle se met au service de la Commune. Édouard Vaillant lui confia le rôle d’inspectrice des écoles du XIIe. Elle assumera cette tâche de façon remarquable.
→ Les femmes sont aussi associées au travail de la commission de l’enseignement qui crée le 22 mai :
« une commission pour organiser et surveiller l’enseignement dans les écoles de filles. Elle est composée des citoyennes André Léo, Jaclard, Périer, Reclus, Sapia »
→ elles mènent la lutte contre la prostitution qu’elles considèrent « comme une forme d’exploitation commerciale de l’être humain par d’autres êtres humains ».
→ les femmes sont à l’origine de l’organisation d’ateliers coopératifs.
[...]
La Commune multiplie les mesures pour assurer du travail aux femmes. Outre l’application du programme général de l’Union des femmes pour la réouverture des ateliers, d’autres instances communardes proposent des emplois, comme la Délégation scientifique ou des municipalités d’arrondissement qui affectent des salles en ateliers de travail pour les femmes.
La Commune prend des mesures audacieuses qui consacrent de profonds changements, d’une grande modernité, dans les rapports familiaux.
* Par décret du 10 avril, la pension accordée aux enfants des Gardes nationaux tués est désormais versée à « chacun des enfants, reconnus ou non ».
Le décret de la Commune du 13 mai stipule :
« En matière de séparation de corps, le président du tribunal pourra allouer à la femme demandant la séparation une pension alimentaire, qui lui sera servie jusqu’à ce qu’il en ait été décidé par le tribunal ».
* Par décret du 17 mai, l’indemnité aux femmes des Gardes nationaux qui remplissent leurs devoirs de citoyens est accordées aux « femmes légitimes ou non » Le Cri du peuple, 21 mai 1871
– Édouard Vaillant, à la commission de l’enseignement décide l’égalité des salaires :
* La Commune de Paris (…) Considérant que les exigences de vie sont nombreuses et impérieuses pour la femme autant que pour l’homme décide que le salaire des institutrices sera la même que celui des instituteurs. Le cri du peuple, 22 mai 1871
Les femmes continuent leur action pour aider à la défense de Paris
→ Créer des syndicats
Le 18 mai, le Comité central avec l’aide de Léo Fränkel, délégué de la commission du travail et d’échange, lance un appel aux ouvrières afin de nommer des déléguées de chaque corporation pour qu’elles se réunissent le 21 mai afin de constituer leurs chambres syndicales.
Pendant cette période qui voit naître toutes ces mesures, les communards doivent faire face à la lutte armée qui s’accentue.
→ L’armée versaillaise veut se venger de sa défaite contre les Prussiens, elle bombarde régulièrement Paris dès le mois d’avril.
Durant cette semaine, les femmes continuent à tenir la rue face aux versaillais, elles vont défendre les barricades.
De la Commune, on ne retient que le nom de Louise Michel, mais les femmes sont nombreuses à lutter. Elles sont tombées dans l’oubli.
Article intégral ci-dessous :