Entretien….
Quelles les conséquences qui pèsent sur l’économie Sénégalaise après la signature des Ape ?
Le Sénégal va d’abord perdre des recettes douanières. Ces pertes à 75 milliards de francs CFA, au moins, par an, dès la première année d’application à 240 milliards de francs Cfa au moins par an à partir de 20 ans d’application. A cela, il faudra ajouter les pertes de recettes dues au fait que les importations provenant d’ailleurs vont se réduire également car les produits de l’Union Européenne (Ue) devenant plus compétitifs. A cela il faudra ajouter d’autres recettes douanières à perdre car les Etats-Unis, la Chine, L’Inde, le Brésil, la Russie…vont nous demander les mêmes préférences. Et comme nos chefs d’Etat semblent issus de l’école coloniale des fils de chefs, ils accepteront. Ils nous le demanderont comme les Etats-Unis ont demandé au président Macky Sall d’avoir une base militaire dans le pays de la « téranga » pour impérialisme. Nos chefs d’Etat accepteront comme le président sénégalais a accepté que les GI’s et yankees souillent notre pays. Comment un pays. Comment dans ces conditions le gouvernement peut-il dire qu’il va signer l’APE ? Ce même gouvernement sénégalais parce qu’il n’a pas 65 milliards de FCFA pour transformer les 6.000 abris provisoires en salles de classes en dur étudie un contrat de construction et de location-vente avec des partenaires privés. Ce même gouvernement travaille sur un schéma de financement avec la banque mondiale, l’union européenne et d’autres partenaires pour trouver les 16 milliards de FCFA, qu’il n’a pas, pour réhabiliter les digues du barrage de Diama. Le gouvernement sénégalais dont la lutte contre le VIH-Sida est financé à hauteur de 80% par les bailleurs de fonds, qui distribue 150 pétrins pour réduire les importations de blé, qui n’a subventionné pour ses paysans en 2015 que 13.000 semoirs, 1040 houes occidentales et 650 houes, dont la facture laitière est évaluée à 60 milliards de francs CFA, qui fait face à un taux d’analphabétisme de 54,6%, dont 15 citoyens par jour arrivaient par la mer d’Italie en 2014…ne peut signer l’APE sans être parjure ou coupable de haute trahison.Comment peut-on accepter de signer un accord qui va occasionner des pertes cumulées de Droits de Douane (DD) à l'importation de 26,2 milliards d'€ (Md€) soit 17.161 milliards de francs CFA pour l'AO à partir de 2035 ?
Les pertes nettes de l'AO exploseraient, à 42 Md€ en 2040, 59,2 Md€ en 2045 et 77,6 Md€ en 2050.
En réduisant considérablement les recettes fiscales des Etats d'AO, l'APE réduirait d'autant les budgets consacrés à l'éducation, à la santé, aux petits agriculteurs et à la protection de l'environnement. D'autant plus que l'AO fait déjà face à un triple défi : démographique, du changement climatique et du déficit alimentaire. Comment l’Afrique qui compte moins de médecins radiologues que la ville de Paris, qui compte un (01) neurologue pour un (01) million d’habitants au lieu d’un neurologue pour 100.000 habitants peut-elle signer ces APE ? Comment peut-on imposer au Niger de signer l’APE alors qu’au mois d’avril 2015 il lança un appel à l’aide internationale pour obtenir 600.000 doses de vaccins pour faire face à 908 cas de méningites ?La deuxième conséquence, après celle budgétaire, va être une destruction de notre agriculture et de nos PME/PMI qui vont être réduites à leur plus simple expression. Par exemple, la poudre de lait, le blé, le maïs…en provenance de l’Union Européenne qui vont avoir des droits de douane nuls ou extrêmement faibles vont tuer nos productions locales agricoles et laitières. Paysans et éleveurs réduits à devenir des ouvriers agricoles sur leurs propres terres. Chômage, pauvreté, baisse du pouvoir d’achat, exode rural, immigrations clandestines, insécurité…vont exploser. Nos entreprises qui ont commencé à collecter du lait de nos vaches vont fermer boutique ou procéder à des licenciements pour motif économique. Alors que le gouvernement se plaint du montant de la facture laitière qui est à 60 milliards de Francs Cfa. Cela va aussi entrainer la dépendance de notre filière avicole au maïs et aux tourteaux de soja de l’union Européenne. Or, tous les grandes puissances avicoles le sont notamment car elles ont assuré l’autosuffisance en céréales entrant dans la composition de l’aliment de volaille…Sans les APE, les importations alimentaires de l’Afrique de l’Ouest ont augmenté vertigineusement de 300% sur les 10 dernières années selon un rapport de la Banque Mondiale, « connecting food staples and input markets in west Africa ». L’APE nous conduit à l’abattoir. Et cela la Coalition Nationale NON AUX APE ne peut l’accepter.L’APE va nous empêcher d’augmenter, à cause de la clause du « statu quo », les droits de douana pour protéger nos céréales qui sont actuellement faiblement protégées. A cause de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) contenue dans l’APE, le Sénégal et la CEDEAO seront attachés, tel un esclave à son maître, à l’Union Européenne. Nous ne diversifierons plus nos relations, nous ne privilégierons plus les rapports sud-Sud. A cause de la clause du rendez-vous contenu dans l’APE, 6 mois après la libéralisation va toucher les services et d’autres secteurs. Vous verrez alors des entreprises européennes venir soumissionner à des marchés de construction d’école, de structures de santé…au même titre que nos entreprises nationales.
Qu’est ce qu’il faut faire maintenant pour amoindrir les conséquences ?
L’APE sera pour la Sénégal et la CEDEAO comme ces forces infernales invoquées et qui finissent par être incontrôlables. Autrement dit, dès qu’ils seront lancés la spirale de chaos va se déchainer. En d’autres termes, la seule alternative, dans l’intérêt des peuples de la CEDEAO et du Sénégal, c’est de ne pas appliquer l’APE. L’APE va être un cancer pour nos Etats et nos peuples. Il va renforcer la dépendance, la domination et le néo colonialisme donc notre sous-développement.
Pourquoi vous insistez que les Ape ne sont bons pour les économies Africaine ?
La Coalition Non Aux APE n’est pas seule à dire que les APE ne sont pas bons pour les économies africaines.Mamadou Cissokho, président honoraire du Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles d'Afrique de l'Ouest (ROPPA) a dit: "Tous les pays qui se sont développés ont commencé par créer les conditions pour le faire en se protégeant et ce n'est qu'après qu'ils se sont ouverts aux autres. On ne peut demander aujourd'hui à l'Afrique d'être le premier exemple qui montrera que c'est en s'ouvrant d'abord au commerce qu'elle va se développer.". La Coalition Nationale NON AUX APE pense comme lui. Un rapport de l’assemblée nationale française a ajouté: « si la commission persiste, l'Europe commettra une erreur politique, tactique, économique et géostratégique...Pouvons-nous vraiment prendre la responsabilité de conduire l'Afrique, qui abritera, dans quelques années, le plus grand nombre de personnes vivant avec moins de un dollar par jour, vers davantage de chaos, sous couvert de respecter les règles de l'OMC?". La Coalition Nationale NON AUX APE pense comme l’assemblée nationale française. L’ancienne ministre Taubira de rappeler: « il n'y a pas d'exemple d'ouverture de marché qui ait conduit au développement ». La Coalition Nationale NON AUX APE pense comme elle.
Pourquoi pensez-vous que l’Union européenne qui a financé trois études d’impacts de l’APE sur la CEDEAO cache les résultats de ces études à son opinion publique et aux peuples de la CEDEAO ? Pourquoi pensez-vous que le gouvernement du Sénégal cache les résultats des études d’impacts aux sénégalais ? Pourquoi il n’y a eu aucune concertation, que la Coalition Nationale NON AUX APE continue d’exiger, avec toutes les forces vives de la nation sénégalaise ? C’est par ce que l’Union européenne et ses collabos africains savent que si les peuples voyaient cela les chefs d’Etat suspendraient le processus des APE ou dégageraient.
Mais le Sénégal n’est-il pas obligé tout de même de signer ?
Pas du tout. Et c’est cela qui est intrigant. Car le Sénégal fait partie des 12 pays de la CEDEAO qui sont des Pays les Moins Avancés (PMA). Or depuis 2001, les PMA sont autorisés par l’Union européenne à faire entrer leurs marchandises sans droit de douane. Que les 12 PMA, dont le Sénégal, signent ou pas leurs marchandises continueront à bénéficier de la directive « tout sauf les armes ». Pourquoi alors le président Macky Sall veut il amener son peuple à l’abattoir ? Pourquoi assume-t-il le rôle de tirailleur sénégalais au service de l’Union européenne ? Il faut qu’il s’explique au peuple souverain sénégalais.
Quelle alternative au non signature de l’APE ?
"Nous n'avons pas besoin d'alternative aux APE". Un cancer, on le rejette. Et ceux qui luttent contre les APE ne doivent éprouver aucun complexe devant les demandes d’alternative suspecte. Nous ne devons pas les signer. D'autant plus qu'étant un PMA le Sénégal n'est pas obligé de les signer. L'urgence, c'est de dire STOP aux APE. De dénoncer le complot de l’Union européenne en complicité avec l’Afrique et le Sénégal indignes constituées des bureaucrates du Sénégal, de la CEDEA et de nos chefs d’Etat, à l’exception du Nigéria et de la Gambie, qui souhaitent mettre l’Afrique de l’Ouest poings et mains liés à la disposition du capitalisme des monopoles.