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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
11 septembre 2016 7 11 /09 /septembre /2016 16:46
 Le Journal de l’Afrique 24 : le vaudeville de Libreville - [Investigaction]
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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 14:52

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 09:16
GUY MARIUS SAGNA, SUR LES CONSEQUENCES APE : «Dès qu’ils seront lancés la spirale de chaos va se déchainer »
Samedi 14 Mai 2016 reçu par courriel

Le porte-parole la coalition « Non aux Ape », Guy Marius Sagna a expliqué dans les détailles les conséquences qui guettent l’économie Sénégalais et même africaine si une fois les accords sont signé. Dans l'entretien accordé à flashinfos.net, M Sagna a, d’abord soutenu que « Le Sénégal va d’abord perdre des recettes douanières. Ces pertes à 75 milliards de francs CFA, au moins, par an, dès la première année d’application ». Par la suite a-t-il alerté «Dès qu’ils seront lancés la spirale de chaos va se déchaîner ». Dès lors, a-t-il insisté « L'urgence, c'est de dire STOP aux APE »

 

GUY MARIUS SAGNA, SUR  LES CONSEQUENCES APE : «Dès qu’ils seront lancés la spirale de chaos va se déchainer »
Entretien….
Quelles les conséquences qui pèsent sur l’économie Sénégalaise après la signature des Ape ? 
 
Le Sénégal va d’abord perdre des recettes douanières. Ces pertes à 75 milliards de francs CFA, au moins, par an, dès la première année d’application à 240 milliards de francs Cfa au moins par an à partir de 20 ans d’application. A cela, il faudra ajouter les pertes de recettes dues au fait que les importations provenant d’ailleurs vont se réduire également car les produits de l’Union Européenne (Ue) devenant plus compétitifs. A cela il faudra ajouter d’autres recettes douanières à perdre car les Etats-Unis, la Chine, L’Inde, le Brésil, la Russie…vont nous demander les mêmes préférences. Et comme nos chefs d’Etat semblent issus de l’école coloniale des fils de chefs, ils accepteront. Ils nous le demanderont comme les Etats-Unis ont demandé au président Macky Sall d’avoir une base militaire dans le pays de la « téranga » pour impérialisme. Nos chefs d’Etat accepteront comme le président sénégalais a accepté que les GI’s et yankees souillent notre pays. Comment un pays. Comment dans ces conditions le gouvernement peut-il dire qu’il va signer l’APE ? Ce même gouvernement sénégalais parce qu’il n’a pas 65 milliards de FCFA pour transformer les 6.000 abris provisoires en salles de classes en dur étudie un contrat de construction et de location-vente avec des partenaires privés. Ce même gouvernement travaille sur un schéma de financement avec la banque mondiale, l’union européenne et d’autres partenaires pour trouver les 16 milliards de FCFA, qu’il n’a pas, pour réhabiliter les digues du barrage de Diama. Le gouvernement sénégalais dont la lutte contre le VIH-Sida est financé à hauteur de 80% par les bailleurs de fonds, qui distribue 150 pétrins pour réduire les importations de blé, qui n’a subventionné pour ses paysans en 2015 que 13.000 semoirs, 1040 houes occidentales et 650 houes, dont la facture laitière est évaluée à 60 milliards de francs CFA, qui fait face à un taux d’analphabétisme de 54,6%, dont 15 citoyens par jour arrivaient par la mer d’Italie en 2014…ne peut signer l’APE sans être parjure ou coupable de haute trahison.Comment peut-on accepter de signer un accord qui va occasionner des pertes cumulées de Droits de Douane (DD) à l'importation de 26,2 milliards d'€ (Md€) soit 17.161 milliards de francs CFA pour l'AO à partir de 2035 ?
Les pertes nettes de l'AO exploseraient, à 42 Md€ en 2040, 59,2 Md€ en 2045 et 77,6 Md€ en 2050.
En réduisant considérablement les recettes fiscales des Etats d'AO, l'APE réduirait d'autant les budgets consacrés à l'éducation, à la santé, aux petits agriculteurs et à la protection de l'environnement. D'autant plus que l'AO fait déjà face à un triple défi : démographique, du changement climatique et du déficit alimentaire. Comment l’Afrique qui compte moins de médecins radiologues que la ville de Paris, qui compte un (01) neurologue pour un (01) million d’habitants au lieu d’un neurologue pour 100.000 habitants peut-elle signer ces APE ? Comment peut-on imposer au Niger de signer l’APE alors qu’au mois d’avril 2015 il lança un appel à l’aide internationale pour obtenir 600.000 doses de vaccins pour faire face à 908 cas de méningites ?La deuxième conséquence, après celle budgétaire, va être une destruction de notre agriculture et de nos PME/PMI qui vont être réduites à leur plus simple expression. Par exemple, la poudre de lait, le blé, le maïs…en provenance de l’Union Européenne qui vont avoir des droits de douane nuls ou extrêmement faibles vont tuer nos productions locales agricoles et laitières. Paysans et éleveurs réduits à devenir des ouvriers agricoles sur leurs propres terres. Chômage, pauvreté, baisse du pouvoir d’achat, exode rural, immigrations clandestines, insécurité…vont exploser. Nos entreprises qui ont commencé à collecter du lait de nos vaches vont fermer boutique ou procéder à des licenciements pour motif économique. Alors que le gouvernement se plaint du montant de la facture laitière qui est à 60 milliards de Francs Cfa. Cela va aussi entrainer la dépendance de notre filière avicole au maïs et aux tourteaux de soja de l’union Européenne. Or, tous les grandes puissances avicoles le sont notamment car elles ont assuré l’autosuffisance en céréales entrant dans la composition de l’aliment de volaille…Sans les APE, les importations alimentaires de l’Afrique de l’Ouest ont augmenté vertigineusement de 300% sur les 10 dernières années selon un rapport de la Banque Mondiale, « connecting food staples and input markets in west Africa ». L’APE nous conduit à l’abattoir. Et cela la Coalition Nationale NON AUX APE ne peut l’accepter.L’APE va nous empêcher d’augmenter, à cause de la clause du « statu quo », les droits de douana pour protéger nos céréales qui sont actuellement faiblement protégées. A cause de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) contenue dans l’APE, le Sénégal et la CEDEAO seront attachés, tel un esclave à son maître, à l’Union Européenne. Nous ne diversifierons plus nos relations, nous ne privilégierons plus les rapports sud-Sud. A cause de la clause du rendez-vous contenu dans l’APE, 6 mois après la libéralisation va toucher les services et d’autres secteurs. Vous verrez alors des entreprises européennes venir soumissionner à des marchés de construction d’école, de structures de santé…au même titre que nos entreprises nationales.
 
Qu’est ce qu’il faut faire maintenant pour amoindrir les conséquences ?
 
L’APE sera pour la Sénégal et la CEDEAO comme ces forces infernales invoquées et qui finissent par être incontrôlables. Autrement dit, dès qu’ils seront lancés la spirale de chaos va se déchainer. En d’autres termes, la seule alternative, dans l’intérêt des peuples de la CEDEAO et du Sénégal, c’est de ne pas appliquer l’APE. L’APE va être un cancer pour nos Etats et nos peuples. Il va renforcer la dépendance, la domination et le néo colonialisme donc notre sous-développement.
 
Pourquoi   vous   insistez que  les Ape  ne sont bons  pour   les économies Africaine ?
La Coalition Non Aux APE n’est pas seule à dire que les APE ne sont pas bons pour les économies africaines.Mamadou Cissokho, président honoraire du Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles d'Afrique de l'Ouest (ROPPA) a dit: "Tous les pays qui se sont développés ont commencé par créer les conditions pour le faire en se protégeant et ce n'est qu'après qu'ils se sont ouverts aux autres. On ne peut demander aujourd'hui à l'Afrique d'être le premier exemple qui montrera que c'est en s'ouvrant d'abord au commerce qu'elle va se développer.". La Coalition Nationale NON AUX APE pense comme lui. Un rapport de l’assemblée nationale française a ajouté: « si la commission persiste, l'Europe commettra une erreur politique, tactique, économique et géostratégique...Pouvons-nous vraiment prendre la responsabilité de conduire l'Afrique, qui abritera, dans quelques années, le plus grand nombre de personnes vivant avec moins de un dollar par jour, vers davantage de chaos, sous couvert de respecter les règles de l'OMC?". La Coalition Nationale NON AUX APE pense comme l’assemblée nationale française. L’ancienne ministre Taubira de rappeler: « il n'y a pas d'exemple d'ouverture de marché qui ait conduit au développement ». La Coalition Nationale NON AUX APE pense comme elle.
Pourquoi pensez-vous que l’Union européenne qui a financé trois études d’impacts de l’APE sur la CEDEAO cache les résultats de ces études à son opinion publique et aux peuples de la CEDEAO ? Pourquoi pensez-vous que le gouvernement du Sénégal cache les résultats des études d’impacts aux sénégalais ? Pourquoi il n’y a eu aucune concertation, que la Coalition Nationale NON AUX APE continue d’exiger, avec toutes les forces vives de la nation sénégalaise ? C’est par ce que l’Union européenne et ses collabos africains savent que si les peuples voyaient cela les chefs d’Etat suspendraient le processus des APE ou dégageraient.
 
Mais le Sénégal n’est-il pas obligé tout de même de signer ?
Pas du tout. Et c’est cela qui est intrigant. Car le Sénégal fait partie des 12 pays de la CEDEAO qui sont des Pays les Moins Avancés (PMA). Or depuis 2001, les PMA sont autorisés par l’Union européenne à faire entrer leurs marchandises sans droit de douane. Que les 12 PMA, dont le Sénégal, signent ou pas leurs marchandises continueront à bénéficier de la directive « tout sauf les armes ». Pourquoi alors le président Macky Sall veut il amener son peuple à l’abattoir ? Pourquoi assume-t-il le rôle de tirailleur sénégalais au service de l’Union européenne ? Il faut qu’il s’explique au peuple souverain sénégalais.
 
Quelle alternative au non signature de l’APE ?
"Nous n'avons pas besoin d'alternative aux APE". Un cancer, on le rejette. Et ceux qui luttent contre les APE ne doivent éprouver aucun complexe devant les demandes d’alternative suspecte. Nous ne devons pas les signer. D'autant plus qu'étant un PMA le Sénégal n'est pas obligé de les signer. L'urgence, c'est de dire STOP aux APE. De dénoncer le complot de l’Union européenne en complicité avec l’Afrique et le Sénégal indignes constituées des bureaucrates du Sénégal, de la CEDEA  et de nos chefs d’Etat, à l’exception du Nigéria et de la Gambie, qui souhaitent mettre l’Afrique de l’Ouest poings et mains liés à la disposition du capitalisme des monopoles.
 
 Reccueillis Par Flashinfos.net

 

Le Redacteur

Sur cette question, ci-dessous un article de Jacques Berthelot, "Le baiser de la mort de l'Europe à l'Afrique"  dans Le Monde diplomatique en 2014.

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 16:41
Fernand Iveton, écrire le «nom maudit» : Joseph Andras (De nos frères blessés)

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Le Prix Goncourt du premier roman 2016 a été attribué lundi à Joseph Andras pour De nos frères blessés (Actes Sud). La surprise fut double : le roman n’était pas encore en librairies (il paraît aujourd’hui) et il ne figurait pas dans la sélection de quatre titres dévoilée par le jury le 6 avril dernier. Mais il s’agit d’un choix à saluer tant ce roman semble en effet ouvrir à une œuvre d’importance, littéraire et engagée, profondément politique, donc.

[Edit le 12 mai 2016 : Joseph Andras a depuis refusé le prix « car sa conception de la littérature n’est pas compatible avec l’idée d’une compétition« ]

 

De nos frères blessés est centré sur un homme, Fernand Iveton, un homme dont l’action a marqué l’histoire et les mémoires, un « nom maudit » comme l’énonce la citation de Benjamin Stora et François Malye (François Mitterrand et la guerre d’Algérie) en exergue du roman :

« Iveton demeure comme un nom maudit. (…) On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça. J’ai dû prononcer le nom (d’Iveton) deux ou trois fois devant lui et cela provoquait un malaise terrible, qui se transformait en éructation. (…) On se heurte à la raison d’État »

« Malaise » et « nom maudit » : c’est d’abord contre un silence qu’écrit Joseph Andras — et l’incipit du roman est un « non » —, contre un silence d’État, organisé, contre l’oubli dans lequel est tombé le héros d’un combat anticolonialiste, d’une guerre qu’à l’époque déjà, on refusait de nommer par son nom : « mais elle est bien là, la guerre, celle que l’on dissimule à l’opinion sous le doux nom d’événements » ; « Mais toujours pas de guerre, non, ça non, le pouvoir cultive ses politesses — treillis taillés dans du satin ; boucherie fardée à la bonté ». Et Joseph Andras n’a de cesse, dans le roman, de lutter contre les mots et euphémismes par lesquels l’État, les journaux, l’opinion publique ont travesti, connoté, réécrit l’histoire : les combattants pour l’indépendance de l’Algérie sont des « rebelles », Iveton « le traître, le fêlon, le Blanc vendu aux crouilles », les Musulmans des « indigènes » auxquels l’État colonialiste oppose un « défilé de majuscules » (Culture, Liberté, Civilisation).

Alger, novembre 1956 : Fernand Iveton est ouvrier, communiste, il s’est rallié au FLN, il lutte pour une Algérie libre et indépendante. Il veut poser une bombe dans son usine, pour marquer les esprits. Son acte est symbolique et non violent : il a choisi de déclencher sa bombe, le soir, dans un local désaffecté et éloigné des grands ateliers, il ne veut pas tuer — « pas de morts, surtout pas de morts » — mais ouvrir les consciences. Il le dira avec force lors de son interrogatoire puis au tribunal, sans jamais être entendu, il condamne, « aussi bien moralement que politiquement, la violence aveugle, celle qui frappe les têtes et les ventres au hasard, corps déchiquetés aux aléas, coup de dés, la sordide loterie quelque part dans une rue, un café ou un autobus. (…) On ne combat pas la barbarie en la singeant, on ne répond pas au sang par son semblable ».

Pourtant, Iveton va être dénoncé, arrêté par l’armée française avant que la bombe explose. Il sera torturé — « le corps de Fernand est presque entièrement brûlé. Chaque portion, chaque espace, chaque morceau de chair blanche ont été passés à l’électricité » puis sera l’eau, « on ne mène pas une guerre avec des principes et des prêches de boy-scout » (en revanche, au tribunal, le médecin militaire n’aura aucun problème pour déclarer que les cicatrices sont superficielles et trop anciennes pour être attribuées à une éventuelle torture). Puis Iveton sera « jugé » par un tribunal militaire et condamné à mort. Moins pour ce qu’il a fait — la bombe n’a pas même explosé, et quand bien même elle n’aurait causé que des dégâts matériels — qu’en raison du « climat épouvantable ». François Mitterrand, garde des Sceaux n’intervient pas, René Coty refuse la grâce présidentielle. Fernand Iveton est guillotiné le 11 février 1957. Comme l’écrit Joseph Andras à la fin du roman, il « est le seul Européen exécuté par la justice de l’État français durant la guerre d’Algérie. France-Soir, pour commenter son décès, le qualifiera de « tueur » et Paris-Presse de « terroriste ». »

Aucun problème à ainsi résumer à grands traits la biographie de cet homme, d’abord parce qu’elle appartient à l’Histoire, parce que Jean-Paul Sartre a salué la mémoire d’Iveton dans Les Temps modernes et Albert Camus dans ses Réflexions sur la guillotine, et surtout parce que le roman de Joseph Andras est ailleurs. On n’est pas ici face à une biofiction ou une exofiction — quel que soit le terme par lequel la critique universitaire désigne les vies romancées —, dans la veine de celles, calibrées et à la chaîne, que l’on publie désormais, puisque ce type de roman séduit les lecteurs, assure de la presse et des ventes. Parce que connaître l’issue fatale du procès donne au roman des accents de tragédie et souligne la mécanique faussée mais implacable par laquelle un homme sera conduit à la guillotine.

De nos frères blessés est un grand roman, et peu importe son sous-genre. C’est un texte puissant, habité, éminemment politique, qui remet en perspective la vie d’un homme et l’action qui va le faire condamner, un texte qui fait le procès d’une justice aux ordres, d’une presse muselée qui imprime ce qu’on lui dicte et d’une sentence inique. Dès le lendemain de son arrestation, Iveton est offert aux flashes des photographes comme « une bête livrée à l’équarrissage », les articles le clouent au pilori, l’opinion publique l’a déjà jugé, la propagande d’État fonctionne à plein régime.

Le récit obéit à une rage implacable contre un appareil d’État qui brise un homme et son combat. Jouant d’une polyphonie, d’éclairages et focales multiples, de longs passages sur un bonheur passé (la rencontre d’Hélène, l’amour de l’Algérie, d’une France non coloniale, son amitié avec Henri Maillot) qui contrastent avec un présent qui n’est plus qu’une mécanique idéologique vidée de sens, De nos frères blessés est un roman court et dense qui, sur une dernière virgule, laisse le lecteur pantelant. Il y a des accents du Hugo du Dernier jour d’un condamné dans ce roman, de Camus, mais surtout une voix singulière, à la fois classique et emportée, sourde d’une colère politique, d’une rage face à l’injustice flagrante. Le roman est pour Joseph Andras l’autre nom du combat, d’un autre procès.

Joë Nordmann, avocat, le disait à Fernand Iveton, « juridiquement, ton dossier est facile à défendre, mais il tombe au mauvais moment. La guerre et la loi n’ont jamais fait bon ménage… L’état d’exception, disent-ils… ». De nos frères blessés rouvre le dossier, l’expose et alerte, « la mort, c’est une chose, mais l’humiliation ça rentre en dedans, sous la peau, ça pose ses petites graines de colère et vous bousille des générations entières ».

Joseph Andras, De nos frères blessés, Actes Sud, mai 2016, 144 p., 17 € (12 € 99 en version numérique) — Lire un extrait

9782330063221

Devant sa machine à l'atelier de Gaz d'Algérie.  Source : Alger Républicain.

Devant sa machine à l'atelier de Gaz d'Algérie. Source : Alger Républicain.

Publication:

 

Avec l'exécution de Fernand Iveton, le 11 février 1957, sur l'échafaud dressé, la nuit, dans la cour de la prison de Serkadji, le bourreau, Maurice Meyssonnier, descendant d'immigrés européens, patron de bar de son état, était à sa quatrième victime dans ce sinistre lieu.

Fernand Iveton était lui aussi descendant d'immigrés européens. "C'était un pied-noir typique: père français, mère espagnole", écrit son avocat, membre du Parti communiste Français, Joë Nordmann, dans son livre "Aux vents de l'histoire", paru, à Paris, aux éditions Actes sud, en 1996. Mais "celui-là n'est pas comme les autres", dit, un jour, Didouche Mourad à son ami Ahmed Akkache. S'il y en avait beaucoup comme lui, cela aurait changé bien des choses". C'était au quartier de "La redoute", vers la fin des années 1940.

Au quartier populaire du Clos-salembier (actuelle Madania) où il grandit, Fernand Iveton, né à Alger le 12 juin 1926, était connu pour ses solides convictions communistes, et très estimé, pour sa droiture, par les militants du PPA-MTLD qu'il côtoyait au syndicat des gaziers-électriciens de la CGT. Il aimait l'ambiance sportive. Le samedi après-midi, on le trouvait sur un terrain de football avec ses camarades de travail, Algériens et Européens, portant les couleurs du club corporatif de son entreprise, l'EGA (Électricité et Gaz d'Algérie), affilié à la Fédération Gymnique et Sportive du Travail
(FGST), témoigne son camarade du Parti Communiste Algérien (PCA), Maurice Baglietto.

[...].  Lire la suite sur le site d'Huffington Post Maghreb

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15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 13:57
reçu par courriel
CONCOURS DE L’EUROVISION :
Une MACHINE à ALIENER les peuples au TOUT-ANGLAIS, au « CHOBIZ » TRANSATLANTIQUE… et à l’ANTICOMMUNISME !  
Par FLOREAL (PRCF)

« Pour être encore en haut d’ l’affich’ / Faudra que je braille en angliche / Si je n’ veux pas finir en loques / Il me faut braire en amerloque ! » (Jean Ferrat)*.

                Ce samedi 14 mai, les amateurs de chansonnettes auront le « choix » entre l’innommable « The Voice » de TF1 et le concours de l’Eurovision, où le chanteur choisi par le service public de Télévision… chantera EN ANGLAIS. Les termes de ce « choix » ne laissent que trop voir où en est le totalitarisme et l’auto-colonisation linguistiques dans notre pays en pleine dérive transatlantique.

Les amateurs de foot ne pourront pas se consoler avec un hymne en français à la gloire des « Bleus » vu que la FFF, « sponsorisée » (quel joli mot !) par Carrefour-Market (à moins que ce ne soit Carrefour-City ?) est lui aussi… en (mauvais) anglais ! « So Foot ! » (= « si pied ! »…) comme dirait une maison de presse qui édite aussi la revue française (mais oui !) « Society »…

Dans le même temps, les députés – ceux-là même qui s’apprêtent à avaliser le « Job Act » à la française, alias « loi El Khomri » – ont abaissé les quotas de chanson francophone prévus par la loi Toubon de 35 à 30, voire à 25%. Au nom, ne riez pas, de la « diversité ». Alors que sur les 6000 chansons francophones répertoriées annuellement par la SACEM, même pas 15% accèdent réellement aux ondes nationales qui leur préfèrent la soupe mondialisée… et les éternels chanteurs francophones installés…

Illustration de la même auto-phobie linguistique, il y avait ZERO journaliste du « service public de l’audiovisuel français » à la conférence de presse co-organisée par le député communiste Candelier et par l’Association COURRIEL, co-présidée par L. Landini et G. Gastaud, avec le soutien d’éminentes personnalités de la chanson, de la science, de la littérature, du syndicalisme et de la politique. Que c’est beau le « pluralisme » et la « défense de la langue française » tels que l’entend le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel !

Mais qu’on se rassure, le lendemain de cette conférence de presse CENSUREE, nombre de radios et de télés publiques faisaient la promo des « nouveaux mots du français » répertoriés par la maison Larousse. Laquelle s’arroge le droit d’estampiller « made in French » de nouvelles fournées d’anglicismes qui finiront bien par submerger notre petit patois hexagonal…

Devant tant de preuves accablantes, quel progressiste, quel anticolonialiste sincère peuvent-ils encore nier l’existence d’une POLITIQUE EXTERMINISTE à l’encontre des langues nationales et au profit du tout-globish qui, bien loin de porter la langue de Shakespeare, colporte surtout et avant tout les signifiants pervers de la mondialisation néolibérale ? Et ce n’est certes pas la promulgation du « JOB ACT » édicté en Italie, et qui n’est rien d’autre que le grand frère de la loi dite El Khomri, qui nous prouvera le contraire, d’autant que ces deux attentats aux droits ouvriers ont été commandités EN ANGLAIS, et avec quelle morgue, par le commissaire européen Pierre Moscovici ; lequel, toute honte bue, ne s’adresse plus qu’en cet idiome, illégalement promu par l’UE (en violation des traités existants !) à son homologue Michel Sapin. Mais après tout, Emmanuel Macron ne vient-il pas de faire cours en anglais à des étudiants français de Sciences Po ? au fait, comment dit-on ALIENATION en patois maastrichtien ?

Par bonheur, la chanteuse… autrichienne de l’Eurovision chantera, elle, EN FRANÇAIS, preuve que notre langue n’est devenue un parfait repoussoir que dans les pauvres élites américano-formatées du French Hexagone. Cela dit, comme nous ne sommes pas plus favorables au tout-français (dont on est fort loin, avouons-le) qu’au tout-anglais, et nous eussions préféré pour notre part qu’elle eût le courage de chanter EN ALLEMAND, dont les œuvres de Bach, Mozart, Beethoven et Wagner sont là pour attester que la langue de Heine n’est pas une petite langue, musicalement parlant !

A quand un vrai concours de la chanson francophone mondiale mis en place par les télés française, québécoise, par la RTBF, la Suisse romande, les radios africaines qui le souhaitent, pour montrer la diversité du et des français parlés et chantés sur cinq continents ? A quand une véritable mondovision où chaque pays serait tenu de chanter dans sa langue en montrant aux autres sa culture ? On aurait là un bel exemple d’internationalisme linguistique, ce contraire à la fois du repli national type FN et de la supranationalité culturelle made in Wall Street qui attire les jeunes vers un monde d’une totale uniformité culturelle, linguistique, gastronomique… sous le nom d’ « ouverture », de « modernité » et de « diversité ».

DERNIERE MINUTE : la chanson qui a triomphé est intitulée « 1944 » ; elle a été proposée par la télé d’Etat du régime pronazi de Kiev qui s’est servi de l’Eurovision pour déployer son anticommunisme pathologique et sa russophobie revancharde. Disons seulement à ces chouchous de Fabius et de l’UE atlantique que pour tout Français qui se respecte, « 1944 » rappelle surtout la LIBERATION de l’Europe du joug nazi. Ce joug que regrette le nouveau président du « parlement » ukrainien, dont ont été chassés manu militari les députés communistes : car ce triste site n’est autre que le fondateur du « Parti National-Socialiste Ukrainien ». Décidément les antifascistes, les défenseurs de la paix… et les amis de la chanson française se doivent de dire « M…. » au concours de l’Eurovision, cette machine à aliéner les peuples au « show-business » transatlantique, à l’anticommunisme et à la haine entre les peuples.

 *ceux des anars français qui relaient inconsciemment la politique mondiale d’uniformisation linguistique (cf les banderoles « Kill the capitalism ») devraient réécouter, ou plutôt, DECOUVRIR, ce qu’a écrit Léo Ferré à ce sujet…

 

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27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 00:15

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8 février 2016 1 08 /02 /février /2016 10:15

Le budget du Pentagone orienté vers une guerre avec la Russie et la Chine

Mondialisation.ca, 05 février 2016
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Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a souligné au cours d’une première présentation du budget de 583 milliards de dollars du Pentagone que l’armée américaine s’orientait, tout en intensifiant ses interventions en cours au Moyen-Orient, vers une guerre contre la Russie et la Chine.

Prenant la parole devant l’Economic Club de Washington mardi, Carter a dit que le budget gargantuesque de l’année fiscale 2017, qui sera présenté la semaine prochaine, était conçu pour faire face à ce qu’il a appelé « une nouvelle ère stratégique ». La teneur du discours de Carter, prononcé au rythme du technocrate rompu à la destruction massive, était que l’impérialisme américain se préparait à une nouvelle guerre mondiale.

Le plus gros changement dans le budget est le quadruplement du financement de la soi-disant European Reassurance Initiative (Initiative pour rassurer l’Europe) qui passe de 789 millions à 3,4 milliards de dollars. Une initiative prise par le gouvernement Obama à la suite de la crise provoquée en Ukraine il y a deux ans, où les Etats-Unis et l’Allemagne ont orchestré un coup d’Etat mené par des forces néo-fascistes qui ont renversé le gouvernement aligné sur Moscou du président Viktor Ianoukovitch.

En septembre 2014 Obama, parlant à Tallinn, la capitale estonienne, a engagé les Etats-Unis à défendre militairement les trois anciennes républiques baltes soviétiques. L’engagement était « inébranlable » et « éternel » et inclurait « des soldats américains sur le terrain ».

Selon un article du New York Times mardi, l’augmentation du financement servira à assurer le maintien en permanence par les États-Unis et l’OTAN d’une brigade blindée de combat complète sur la frontière occidentale de la Russie. Cela permettra un déploiement avancé d’armes et de matériel militaire en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, ainsi que dans d’autres pays de l’est de l’Europe comme la Hongrie et la Roumanie.

Le New York Times cite un responsable du Pentagone disant que ce qu’on préparait était une présence ininterrompue de troupes par rotation dans la région, ce qui signifie que les unités de combat seraient déployées en permanence. Cette tactique provocatrice et irresponsable doit contourner un accord conclu en 1997 avec Moscou et connu sous le nom d’Acte fondateur OTAN-Russie, où les deux parties s’engageaient à ne pas stationner de troupes en grand nombre sur leurs frontières respectives.

Les États-Unis, a insisté Carter, devaient avoir la capacité de contrer la Russie « sur l’ensemble du théâtre » ce qui signifie que les Etats-Unis doivent maintenir des forces capables d’attaquer la Russie partout où ils le jugent opportun.

L’argent pour cette escalade anti-russe doit être puisé dans le compte des Opérations de contingence à l’étranger, le fonds de guerre qui a payé les guerres et occupations américaines en Irak et en Afghanistan. Bien que du point de vue comptable le but soit de contourner les plafonds de dépenses du budget ordinaire du Pentagone, cela signale également qu’il s’agit de la préparation active à une confrontation militaire entre les deux principales puissances nucléaires.

La proposition de budget contient des plans de développement important de l’arsenal nucléaire de l’impérialisme américain. Elle appelle à l’attribution de 13 milliards dollars sur les cinq prochaines années pour développer et produire une flotte de nouveaux sous-marins à missiles balistiques nucléaires. Des sources du Pentagone ont déclaré que le projet de budget prévoyait également un nouveau bombardier pour l’Armée de l’air et une nouvelle génération de missiles balistiques nucléaires intercontinentaux.

Le budget proposé par le Pentagone met l’accent sur le développement de la puissance de feu navale, dans le but d’intensifier le « pivot » du gouvernement Obama « vers l’Asie », qui a vu des opérations militaires américaines de plus en plus provocatrices en mer de Chine méridionale. « Nous faisons tous les investissements que vous voyez dans notre budget de la Défense, qui s’orientent spécifiquement vers une maîtrise du développement militaire chinois », a dit Carter.

L’assertion que le financement du vaste appareil militaire américain serait motivé par la nécessité de suivre le rythme de la croissance militaire chinoise ou russe est manifestement absurde. Les dépenses militaires américaines de l’an dernier étaient supérieures à celles des sept grandes puissances suivantes combinées. L’armée américaine a dépensé près de trois fois plus que la Chine et environ sept fois plus que la Russie.

Carter a énoncé cinq « défis » auxquels le budget du Pentagone devait selon lui répondre. En tête de liste il y avait la Russie et la Chine, suivies de la Corée du Nord et de l’Iran. Le tout dernier était l’intervention américaine en cours contre l’Etat islamique (EI), incorporée à la soi-disant guerre contre le terrorisme qu’on présente depuis près de 15 ans au peuple américain comme la justification de la croissance ininterrompue du militarisme américain.

Le budget du Pentagone prévoit aussi une augmentation substantielle dans ce domaine. Il inclut, sur un total de 7,5 milliards de dollars, 1,8 milliards pour payer 45.000 bombes et roquettes nécessaires pour reconstituer des stocks diminués par les frappes aériennes continues en Irak, en Syrie et en Afghanistan.

Carter a souligné que le changement de stratégie était basé sur un « retour à la compétition entre grandes puissances ». Cela exigeait que l’armée américaine se prépare à affronter « un ennemi très sophistiqué » avec « toute la gamme » de la force armée. Cette situation était « radicalement différente de celle des 25 dernières années » a-t-il dit, faisant allusion à la période écoulée depuis la dissolution de l’Union soviétique par la bureaucratie stalinienne de Moscou.

Il a insisté pour dire que «l’Amérique est encore aujourd’hui le leader du monde » et le « garant de la stabilité et de la sécurité dans toutes les régions du monde, comme nous le sommes depuis la Seconde Guerre mondiale ».

L’armée américaine, a-t-il dit, devait se préparer à affronter ceux «qui voient la domination de l’Amérique et veulent nous l’enlever… à l’avenir pour que nous ne puissions pas opérer efficacement partout dans le monde ».

La mission énoncée par le secrétaire américain à la Défense est essentiellement une lutte militaire pour imposer le contrôle des États-Unis sur toute la planète. La supériorité militaire restante de l’Amérique doit être utilisée pour contrer les effets du déclin prolongé du capitalisme américain et de sa domination de l’économie mondiale. À cette fin, l’impérialisme américain doit faire face à tout rival réel ou potentiel à son hégémonie, tant mondiale que régionale. La voie indiquée par le discours de Carter mène inexorablement à la Troisième Guerre mondiale.

Bill Van Auken

Article paru en anglais, WSWS, le 3 février 2016

La source originale de cet article est wsws.org
Copyright © Bill Van Auken, wsws.org, 2016
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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 18:04

Cinq ans après l’insurrection révolutionnaire en Tunisie, la dette léguée par Ben Ali ne doit plus être payée

13 janvier par CADTM international Extrait

Magharebia / Flick cc

Communiqué du réseau international CADTM

À l’occasion du cinquième anniversaire de la chute de Ben Ali, le réseau CADTM réaffirme son soutien au peuple tunisien toujours en lutte pour le respect de ses droits et dénonce la mainmise du FMI et de l’Union européenne qui continuent d’étrangler la Tunisie avec la dette. L’année 2016 sera décisive dans le combat pour l’annulation de la dette odieuse puisqu’une Commission d’audit de la dette pourrait être créée en Tunisie.

[...]

Grâce à ces luttes, le peuple tunisien a arraché plusieurs libertés fondamentales dont la liberté d’expression. Les partis politiques réprimés par la dictature sont sortis de la clandestinité, de vraies élections ont été organisées, une nouvelle Constitution a vu le jour, etc.

Mais sur le plan social et économique, la politique est la même que celle menée par Ben Ali. Elle reste dictée par les Institutions financières internationales (Banque mondiale et FMI en tête) épaulées par l’Union européenne. Sous couvert d’ « aide » à la Tunisie, ces créanciers extérieurs ont aggravé en réalité le poids de la dette et les inégalités en augmentant leurs prêts toxiques. Ces prêts sont débloqués par tranche en fonction de la bonne application par le gouvernement de mesures dictées par les créanciers. Au menu : gel du recrutement dans la fonction et les entreprises publiques, baisse de l’impôt sur les revenus des sociétés |1|, augmentation de l’impôt sur les revenus du travail entraînant une baisse conséquente du pouvoir d’achat des travailleurs et une montée en flèche de la pauvreté |2|, renflouement des banques, adoption d’une nouvelle loi sur le partenariat public-privé et remboursement intégral des dettes léguées par Ben Ali, malgré l’urgence sociale et le nature odieuse de ces dettes. Le service de la dette (5130 millions de dinars tunisiens soit 2,13 milliards d’euros) représente en 2016 l’équivalent des dix budgets suivants cumulés : santé, affaires sociales, emploi et formation professionnelle, développement, environnement, transport, enseignement supérieur et recherche scientifique, culture, affaires sociales et tourisme.

Depuis le 14 janvier 2011, l’objectif des créanciers est clair : garder leur contrôle sur la Tunisie en utilisant l’arme de la dette et en plaçant leurs disciples aux postes clés. Rappelons que moins d’une semaine après la chute de Ben Ali, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Nabli, fraîchement débarqué de Washington où il officiait comme économiste en chef du département du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord de la Banque mondiale, déclarait dans sa première conférence de presse datée du 22 janvier 2011 que « La Tunisie remboursera ses dettes dans les délais |3| ».

C’est ce qui s’est effectivement passé puisque la dette tunisienne à été payée dans les délais avec l’argent des nouveaux emprunts. 82% des nouveaux prêts contractés entre 2011 et 2016 ont ainsi servi à payer la dette contractée par le régime de Ben Ali, entraînant le doublement, en 5 ans, de l’encours de la dette publique qui est passé de 25 milliards de dinars (soit 11,2 milliards d’euros) à 50,3 milliards de dinars (22,6 milliards d’euros).

Pour les créanciers, le peuple tunisien aurait donc le droit de se débarrasser du dictateur mais pas de la dette qu’il a contracté. Ce qui constitue une violation flagrante du droit international. Comme l’indique explicitement la doctrine classique de la dette odieuse de 1927 : « Si un pouvoir despotique contracte une dette, non pas pour les besoins et dans les intérêts de l’État, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, etc., cette dette est odieuse pour la population de l’État entier (…). Cette dette n’est pas obligatoire pour la nation ; c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée, par conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir |4| ».

Malgré l’existence de cette doctrine de droit international et les résolutions prises par le Parlement européen en 2012 et le Parlement belge en 2011 qualifiant explicitement la dette tunisienne d’ « odieuse », aucun acte concret n’a encore été posé.

Mais l’année 2016 pourrait changer la donne puisqu’une proposition de loi tunisienne instituant une commission d’audit, s’inspirant des exemples équatorien et grec, sera déposée très prochainement à l’Assemblée des représentants du peuple par le groupe parlementaire du Front populaire (une coalition de partis politiques tunisiens). L’objectif est d’examiner tous les contrats des prêts depuis juillet 1986, date du premier programme d’ajustement structurel conclu avec le FMI et la Banque mondiale.

Les audits de la dette sont des armes stratégiques entre les mains des débiteurs pour construire un rapport de force politique face aux créanciers en justifiant le non-paiement des dettes odieuses, illégales, illégitimes et insoutenables. Pour construire ce rapport de force politique, la population doit être associée à la réalisation de cet audit et à la diffusion de ses résultats. Les rouages de la dette doivent pouvoir être vulgarisés pour permettre à l’ensemble de la population de comprendre les enjeux autour de la lutte contre la « dictature de la dette » et se mobiliser dans la rue contre ce système. Il est dès lors essentiel de faire les liens entre la dette et les préoccupations sociales quotidiennes de la population. C’est l’objectif premier de la campagne « Droit de savoir la vérité sur la dette de la dictature. Auditons la dette, donnons une chance à la Tunisie » lancée en décembre dernier à Tunis par le Front populaire et l’association RAID (membre des réseaux CADTM et ATTAC), qui s’attache aussi à faire le lien entre la dette et les luttes en cours.

Cinq ans après la victoire éclatante du 14 janvier, le peuple tunisien reste, en effet, fortement mobilisé. Les mobilisations sociales ont même atteint une ampleur sans précédent en 2015 touchant de nombreux secteurs : enseignement, transport en commun, chômeurs, entreprises du secteur public, du secteur privé (grandes distribution, industrie alimentaire, tourisme), lutte des diplômés chômeurs, etc. Le 12 septembre 2015, la population a même bravé l’état d’urgence décrété par le gouvernement en manifestant dans plusieurs villes de Tunisie contre le projet de loi dit de « réconciliation économique » qui vise à amnistier les corrompus du régime de Ben Ali. Effet boomerang, le succès de ces manifestations a permis la levée de l’état d’urgence quelques jours après |5|.

Pour l’année 2016, le réseau CADTM continuera à soutenir les mobilisations sociales en Tunisie et se tient prêt à apporter son aide pour l’audit de la dette.

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 17:10

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 18:35

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