Nous reprenons ci-dessous un extrait du livre de Pascal Acot, paru en mai 2017 aux éditions "Le Temps des Cerises". Prémonitoire ou plutôt analyse pertinente du rôle de la Commission européenne et de l'UE : imposer aux peuples le point de vue des multinationales.
"Voici ce qui constitue l'essence même de l'UE : ne pas tenir compte de la souveraineté populaire dans les Etats membres"
"L'Europe favorable à Monsanto
Le Roundup est un herbicide aujourd'hui controversé. Il a été commercialisé en 1975 par la firme américaine Monsanto. Son principe actif est le glyphosate, substance efficace mais ayant mauvaise réputation car elle serait toxique, irritante, dangereuse pour l'environnement1 et cancérogène. Il est considéré depuis mars 2015 comme cancérogène « probable » par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence intergouvernementale créée en 1965 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sous l'égide des Nations-Unies. Il convient donc de prendre les avis de cette institution très au sérieux.
Or ce n'est pas ce que fait la Commission Européenne. Elle fait même tout le contraire. Le 24 avril 2015, L'UE a autorisé la commercialisation de 19 OGMs dont 11 de Monsanto. Les autres sont des produits de l'américain Dupont et des Allemands Bayer et BASF.2 Cette autorisation valait pour 10 ans. Très adroitement, tout comme dans l'affaire des OGMs, l'UE a accepté que chaque Etat membre ait le droit de bannir individuellement ces produits, dont ceux qui contiennent du glyphosate, désormais tenu pour « probablement » cancérogène. Ce n'était pas courir un grand risque : la puissante association écologiste Greenpeace avait accusé le président de la Commission Européenne d'alors, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker « d'agir en faveur des Etats-Unis et de Monsanto », et cette accusation avait fait son chemin. Dans le contexte d’une Europe supranationale gravement fragilisée, la concession de l’UE aux Etats membres peut-être considérée comme une décision, disons, raisonnable...
Mieux : la Commission européenne a annoncé le 1er juin 2016 qu'elle proposera une réautorisation provisoire du glyphosate en Europe, pour une durée de dix-huit mois. A rapprocher de sa décision datée du 15 juin 2016 sur les perturbateurs endocriniens. On sait que ceux-ci sont soupçonnés : « (…) de contribuer à l'augmentation de nombreuses maladies : infertilité, certains cancers, développement du cerveau, etc. (…) plusieurs études ont tenté de chiffrer le coût, pour la société, des maladies liées à une exposition aux perturbateurs endocriniens. Les estimations oscillent entre 157 et 288 milliards d'euros par an en Europe. »3
Voici ce qui constitue l'essence même de l'UE : ne pas tenir compte de la souveraineté populaire dans les Etats membres, c'est-à-dire de l'opinion des peuples, rejetée comme inessentielle et « populiste ». Mais l’UE sait lâcher du lest si c’est absolument nécessaire. Une seule explication : le délitement des institutions européennes est jugé largement préférable à une éventuelle implosion du système, qui entraînerait la disparition de la caste des parasites sociaux de la rue de la Loi.
1C'est un herbicide dit « de pré-levée » : il est pulvérisé à la surface du sol avant la levée de la culture à protéger.
2 Bayer vient de racheter Monsanto pour 66 milliards de dollars (septembre 2016). Ce qui a fait dire à de vilains esprits que nous assistons au rapprochement du pesticide zyklon B (utilisé dans les camps d’extermination nazis pour gazer des êtres humains) et de l’agent orange (utilisé par les Etats-Unis contre le peuple du Vietnam).
3Stéphane Horel, Le Monde, 16.06.2016 à 17h52."
Ci-dessous la présentation du livre de Pascal Acot
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