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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 22:27

Par sur le blog Russeurope· 7 juillet 2015

euro-373008_640La nouvelle réunion de l’Eurogroupe que s’est tenue aujourd’hui, mardi 7 juillet, a été marquée par un sommet d’hypocrisies publiques. Ces hypocrisies ont marqué la réunion le lundi 6 juillet en fin de journée de Mme Merkel et de François Hollande à l’Elysée. La France et l’Allemagne ont appelé, par la bouche de François Hollande, la Grèce à soumettre une liste de « propositions sérieuses, crédibles, pour que (sa) volonté de rester dans la zone euro puisse se traduire »[1]. La Chancelière allemande a, en ce qui la concerne, dit attendre « maintenant des propositions tout à fait précises du Premier ministre grec »[2]. Mais, une hypocrisie peut en cacher une autre. Les discours des acteurs camouflent – plutôt mal aujourd’hui – le fait que sans une solidarité importante entre les pays membres, une Union monétaire comme l’Euro est condamnée à périr.

L’hypocrisie des demandes de réformes

Il est stupéfiant, et consternant de mauvaise foi, de voir des acteurs aux responsabilités si éminentes que Mme Merkel et François Hollande, continuer à demander des « réformes » à Alexis Tsipras. Ce dernier, dès son élection le 25 janvier dernier, a dit toute la nécessité de mener de profondes réformes en Grèce. De fait son gouvernement, unissant la gauche de Syriza et la droite souverainiste de l’ANEL (les « Grecs Indépendants »), est certainement le gouvernement le mieux placé pour conduire un important programme de réforme et de modernisation en Grèce. Ce gouvernement n’est pas lié par les relations clientélistes, les pratiques de collusion et de corruption qui étaient si développées au point d’en devenir emblématiques que ce soit avec le gouvernement de Papandréou (les « socialistes » du PASOK) ou avec le gouvernement de droite de Samaras (la « Nouvelle Démocratie »). De fait, le gouvernement issu des élections du 25 janvier a proposé un renforcement du système fiscal, transférant une partie de la charge sur les plus riches et supprimant de nombreuses niches et exemptions fiscales, et il a aussi proposé des réformes importantes touchant tous les sujets sensibles, y compris le régime des retraites. Mais Alexis Tsipras a aussi dit que pour que la Grèce puisse continuer à faire ses efforts, efforts qui – rappelons-le – lui ont permis de dégager un solde budgétaire primaire (autrement dit avant remboursement de la dette), soit un excédent budgétaire, elle devait retrouver confiance en son avenir. Cela passe par la croissance. Or, et ceci est attesté de nombreux côtés, que ce soit par des économistes plutôt classés à gauche (comme Krugman[3], Stiglitz[4] ou Piketty) ou par des institutions internationales classées à droite comme le FMI[5], la dette de la Grèce n’est pas supportable. Elle enfonce chaque jour un peu plus le pays dans l’abîme de la dépression. Les réformes que le gouvernement grec est disposé à faire sont liées, et il ne peut en être autrement, à une restructuration profonde de la dette de la Grèce, sans doute sur le modèle de ce qui avait été consenti à l’Allemagne en 1953.

Dès lors, demander des réformes « sérieuses et crédibles » comme l’ont fait et la Chancelière allemande et le Président français n’a aucun sens. Ces propositions ont été faites il y a des semaines. Certaines, en particulier les mesures fiscales frappant les plus riches, ont même été trouvées « excessives » par l’Eurogroupe. En réalité, en refusant de voir le point de blocage réel, la question de la restructuration de la dette de la Grèce, Mme Merkel et M. Hollande adressent une fin de non-recevoir au gouvernement grec. Mais, et c’est là le plus répugnant dans cette crise, une fin de non-recevoir enrobée de paroles doucereuses, dégoulinantes de « bienveillance », de déclarations d’amitié, de proclamation de la volonté de garder la Grèce dans la zone Euro. C’est de l’hypocrisie à l’état pur.

L’hypocrisie de la Banque Centrale Européenne (BCE)

La BCE s’est jointe à ce concours d’hypocrisie et de mauvaise foi. Rappelons ici les faits : elle maintient certes le programme d’aide à la liquidité d’urgence (dit « ELA ») pour les banques grecs MAIS elle en limite le plafond, ce qui organise DE FAIT une pénurie croissante de liquidités en Grèce. Si la BCE s’était tenue à ses règles et à se charte, elle aurait dû suspendre l’ELA dès le samedi 27 juin. Mais, les règles ont été tant et tant tordues depuis 2012, que ce soit à propose de l’OMT (Outright Monetary Transactions) ou des TLTRO, qu’elles n’ont plus grand sens. Ou, plus précisément, on ne les invoque que quand on doit prendre une décision politique un peu gênante. Hypocrisie donc, encore et toujours.

Donc, si la BCE avait suspendu l’ELA le 27 juin, on aurait pu crier à l’ingérence dans un problème politique grec, le référendum. Mais, en maintenant l’ELA tout en en conservant le plafond au niveau fixé le 26 juin, la BCE a contraint les banques grecques à la fermeture et a limité l’accès des Grecs, tant ménages qu’entreprises, à la liquidité. Elle a, de plus, mis des limites strictes au mécanisme automatique de transfert au sein de la zone Euro (ce que l’on appelle le compte Target2). Le résultat a été une ingérence massive dans la vie politique grecque. Cette ingérence n’a pas donné le résultat escompté, et les Grecs ont rejeté le projet d’accord qui leur était soumis par une majorité de 61% de « Non ». Alors, la BCE a décidé le 6 juillet de commencer à appliquer une décote sur les collatéraux à ses prêts que lui ont fournis les banques commerciales grecques. De fait, la BCE est en train d’expulser la Grèce hors de la zone Euro[6]. Ici encore, on va se réfugier derrière les « règles » de la BCE et sa charte. Mais on peut remarquer que l’on n’avait pas eu ses scrupules sur bien d’autres sujets. L’application des règles apparaît comme bien élastique, et soumise – en réalité – au bon vouloir politique d’un organisme qui n’est soumis lui-même à aucun contrôle politique. Nouvelle démonstration de l’immense hypocrisie de M. Draghi et de ses confrères.

Une monnaie unique sans solidarité ?

Mais la situation de la Grèce soulève un autre problème. Peut-on continuer à faire fonctionner la « zone Euro », ou pour l’appeler de son nom l’Union Economique et Monétaire, sans organiser en son sein d’importants flux de transferts ? Quand la Californie se trouva, lors de la crise financière de 2007-2009, en défaut de paiement, elle ne sortit pas de la zone Dollar parce qu’elle bénéficia d’importants flux de transferts en provenance du budget fédéral des Etats-Unis. Or, aujourd’hui, non seulement les flux de transferts sont très limités en Europe (où le budget de l’UE est plafonné à 1,23% du PIB) mais ils se heurtent à l’opposition de plus en plus forte de nombreux pays, et en premier lieu l’Allemagne.

Il ne s’agit pas, ici, de faire un quelconque reproche à ce sujet à l’Allemagne. Etablir un fédéralisme budgétaire au sein de la zone Euro prélèverait de 8% à 12% du PIB de l’Allemagne tous les ans, selon les méthodes de calcul. L’économie allemande n’y résisterait pas. La question n’est donc pas de savoir si l’Allemagne veut une politique de transferts, une fois qu’il est constaté qu’elle ne peut pas en payer le prix. Mais, il faut alors en tirer les conséquences quant à la zone Euro. Et l’on voit bien que la zone Euro ne peut survivre sans un mécanisme assurant des transferts importants en son sein. Cela, les différentes autorités de notre pays comme de nos voisins, le savent pertinemment.

Dès lors, s’obstiner de réunion de l’Eurogroupe en Conseils européens à tenter de faire vivre une zone monétaire sans accepter d’en payer le prix est une folie dangereuse. Prétendre que la stabilité de cette dite zone serait mise en cause par un pays, aujourd’hui la Grèce et qui sait demain, peut être l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, relève à nouveau de la plus immense hypocrisie.

 

L’enfoncement des gouvernements européens dans une hypocrisie aux formes multiples mais dont le résultat est chaque jour plus évident renvoie aussi fondamentalement à un manque de courage. Manque de courage de Mme Merkel qui n’ose pas dire à son peuple qu’il lui faudra payer pour avoir l’Euro, ou que l’Euro ne sera plus[7]. Manque de courage de François Hollande, qui n’a pas voulu affronter de face Angela Merkel et lui dire que, faute de consentir à l’Union de transferts (et on en comprend parfaitement les raisons) la zone Euro ne pouvait être maintenue. Manque de courage de M Rajoy, qui a longtemps lié le sort de l’Espagne à celui de l’Allemagne et qui n’a pris que tardivement conscience qu’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro le mettrait, lui, désormais en première ligne. Manque de courage de M. Renzi, le fringant Premier ministre italien qui a commis les mêmes fautes que son homologue espagnol alors que la logique et la raison lui commandaient de soutenir la Grèce.

Manque de courage de tous, qui feront sans doute de la Grèce un bouc émissaire, une victime expiatoire, pour une situation qui est de la responsabilité de tous en réalité et pour se refuser à voir la réalité tant qu’il en est encore temps. Et si cela n’est pas une immense et incommensurable hypocrisie, alors les mots n’ont plus de sens.

[1] http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/hollande-et-merkel-affichent-une-position-commune-sur-la-grece-1052927#UpICzy8xld0pGTT3.99

[2] http://www.rfi.fr/europe/20150706-francois-hollande-angela-merkel-affichent-leur-unite-grece/

[3] Krugman P., « Europe’s Many Economic Disasters », New York Times, 3 juillet 2015, http://www.nytimes.com/2015/07/03/opinion/paul-krugman-europes-many-disasters.html

[4] Stiglitz J, « Europe’s attack on Greek democracy », le 29 juin 2015, http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-troika-eurozone-by-joseph-e–stiglitz-2015-06

[5] The Guardian, « IMF says Greece needs extra €60bn in funds and debt relief », 2 juillet 2015, http://www.theguardian.com/business/2015/jul/02/imf-greece-needs-extra-50bn-euros?CMP=share_btn_tw

[6] Sandbu M., « Free Lunch: ECB, enemy of the euro? », Financial Times, 6 juillet 2015, http://www.ft.com/intl/cms/s/3/bbf26c42-23bb-11e5-bd83-71cb60e8f08c.html

[7] Voir Godin R., Grèce : Pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque, La Tribune, 7 juillet 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-angela-merkel-refuse-de-parler-de-la-dette-grecque-490094.html

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 22:13
Sur latribune.fr

 

Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque. Pourquoi ?

Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque. Pourquoi ? (Crédits : © Hannibal Hanschke / Reuters)

Romaric Godin  |   -  

Malgré le référendum, Alexis Tsipras doit renoncer à parler de la dette ou risquer le Grexit. La chancelière refuse d'ouvrir le dossier, prise dans le piège de ses propres mensonges.

 

Les réactions allemandes au « non » grec massif lors du référendum du 5 juillet ont des airs de fins de non-recevoir. L'incapacité franco-italienne à représenter un contre-pouvoir effectif à la puissance allemande, le poids de l'opinion outre-Rhin, incarné par la une de la Bild Zeitung de ce mardi 7 juillet (une Angela Merkel coiffée d'un casque à pointe accompagné du titre « nous avons besoin d'une chancelière de fer »), la prédominance de la logique financière (représentée par une réunion de l'Eurogroupe précédant celle du Conseil) laisse à Alexis Tsipras le choix suivant : ou accepter un accord sans restructuration de la dette, c'est-à-dire trahir son mandat fraîchement renouvelé, ou se préparer au Grexit.

Le nœud de la dette et l'engagement de la chancelière

Car l'essentiel du problème qui déchire la zone euro réside bien dans cette question de la dette. Une question sur laquelle la chancelière allemande refuse d'avancer. Pourquoi ? Parce que c'est le cœur du discours d'Angela Merkel aux Allemands depuis 2010 : l'aide à la Grèce ne coûtera rien aux contribuables allemands. Lors d'une réunion électorale en mars 2010 en Rhénanie du Nord, elle avait proclamé : « pas un euro pour les Grecs ! » Et lorsque, pour « sauver l'euro » en mai, elle avait dû faire passer la pilule d'un prêt à Athènes, elle avait affirmé que ce prêt serait remboursé. Puis que les garanties du FESF (Le Fonds européen de stabilité financière qui a prêté à la Grèce à partir de 2011) ne seraient pas exercées. Et lorsque l'on s'est rendu compte que la situation devenait intenable, le discours sur le « manque de réformes de la Grèce » a pris le relais.

Les « promesses impossibles » d'Angela Merkel

Or, la chancelière a tenu à son peuple des promesses impossibles. Elle a trompé les Allemands en prétendant que les Grecs pourront rembourser leurs dettes. Le niveau d'endettement de la Grèce (177 % du PIB) est intenable, le rythme des remboursements place le pays dans une obligation de dégager des excédents primaires qui asphyxient une économie déjà dévastée. La rationalité, sur cette question n'est pas du côté allemand. Du reste, le refus de discuter de la question de la dette n'est pas argumenté par les créanciers. On se contente de prétendre qu'il n'y a pas d'urgence ou que ce n'est pas le problème. Mais dans ce cas, pourquoi alors refuser d'en parler ? Tout simplement parce que accepter de restructurer une dette détenue par les contribuables de la zone euro mettrait à jour ce mensonge originel des dirigeants européens à ces mêmes contribuables : celui que la cavalerie financière mise en place en 2010 est intenable. La chancelière allemande a fait prendre des risques inconsidérés à ses compatriotes et, aujourd'hui, sa seule ambition n'est que de le dissimuler derrière une diabolisation de la Grèce et un discours moral.

L'erreur des Européens

Cette volonté de se dédouaner de ses propres fautes est renforcé par le fait que la recette appliquée à la Grèce, celle d'une austérité aveugle, n'a fait encore qu'aggraver le problème. Si les deux restructuration de la dette privée, de 2011 et 2012, n'ont pas permis de réduire le taux d'endettement du pays, c'est parce que la troïka a imposé (souvenons-nous que cette troïka envoyait des ordres par mail aux ministres) une politique hautement récessive à la Grèce. Le PIB s'est effondré, le taux d'endettement a mécaniquement gonflé. Et l'on se retrouve dans l'impasse. Une impasse qui, là encore, va coûter cher aux contribuables de la zone euro. Mais comme ni la chancelière, ni ses collègues ne veulent accepter leur responsabilité, ils se cachent derrière une pseudo-mauvaise volonté grecque. Sauf que, là encore, l'argument ne tient pas. La Grèce a réalisé un ajustement budgétaire quasiment unique dans l'histoire, ses « efforts » mesurés par la baisse du PIB ne sont égalés par aucun autre pays, ni l'Irlande, ni l'Espagne, ni la Lettonie. Mais cette médication n'a pas fonctionné parce qu'elle n'était pas adaptée aux structures économiques de la Grèce. Le remède a donc été pire que le mal et a conduit à l'insoutenabilité de la dette.

Angela Merkel en difficulté

Face à une telle situation, Angela Merkel avait la possibilité de se montrer courageuse et d'expliquer ses erreurs aux contribuables allemands. Mais l'opération est bien trop risquée politiquement pour elle. Depuis 2010, la droite de la CDU et la CSU bavaroise, suivis à partir de 2013, les Eurosceptiques d'AfD, ne cessent de la mettre en garde contre les risques liés à cette politique grecque pour les contribuables. Accepter une restructuration de la dette aujourd'hui, ce serait pour la chancelière donner raison à ses adversaires de droite. Dans un contexte où, depuis janvier, la presse allemande, dans la foulée de Wolfgang Schäuble, a chauffé à blanc l'opinion contre les Grecs et où l'affaire des écoutes de la NSA avec la complicité des services secrets allemands a déjà coûté cher  à la chancelière en termes de popularité, cette dernière ne peut reconnaître ses erreurs sans risquer un effondrement politique. Qui laisserait une place libre sur sa droite.

Prise à son propre piège

En réalité, donc, Angela Merkel s'est prise à son propre piège. Non sans ironie, c'est précisément celui que la plupart des médias occidentaux reprochent à Alexis Tsipras : celui des promesses intenables et de la démagogie. Il est piquant de constater que lorsque le premier ministre grec entend défendre les retraites, il est unanimement taxé de démagogie, mais lorsqu'Angela Merkel protège à tout prix les contribuables allemands, elle est qualifiée de « raisonnable. » C'est qu'en réalité, nul en Europe n'a intérêt à voir la chancelière en difficulté politique. Surtout pas la France dont les élites redoutent par-dessus tout une sortie de l'Allemagne de la zone euro. Or, beaucoup craignent que sans le « bouclier » Angela Merkel, la première économie de la zone euro soit tenté de quitter l'UEM. Dès lors, il n'y a pas d'autres solutions que de tenir un discours d'une grande dureté à l'encontre de la Grèce. Quant aux Sociaux-démocrates, ils sont durs avec la Grèce pour cette même raison : aujourd'hui, ils ne peuvent gouverner qu'avec Angela Merkel...

La complicité européenne

Les créanciers européens font un calcul simple : affaiblir Angela Merkel, c'est prendre le risque d'une sortie de l'euro de l'Allemagne. Pour éviter cela, il faut absolument couvrir les mensonges proférés aux électeurs et aux contribuables de la zone euro depuis 2010. Comment ? En accablant la Grèce, en affirmant qu'elle est seule responsable de ses maux, qu'elle est irréformable et que son gouvernement est aux mains d'extrémistes démagogues. Peu importe que le gouvernement grec ait à plusieurs reprises renoncé à de grandes parties de son programme et qu'il ait accepté le 22 juin un plan d'austérité de 8 milliards d'euros. Ce qu'il faut, c'est absolument interdire le discours sur la dette qui pourrait mettre à jour les mensonges décrits ci-devant. Et donc fustige l'irrationalité grecque qui cache l'irrationalité des créanciers. Pour résumer la logique dominante dans la zone euro est la suivante : il vaut mieux que la Grèce sorte de la zone euro plutôt que l'Allemagne. On comprend mieux alors la passivité franco-italienne. Et pourquoi la Commission européenne n'a pas fait, comme le FMI, son mea culpa sur l'austérité.

Le plan en cas de Grexit : une communication bien rôdée

C'est la logique du plan présenté ce matin par la Bild Zeitung. Angela Merkel laisserait la Grèce sortir de la zone euro. Athènes procéderait alors logiquement à un défaut unilatéral. On aura donc ce défaut nécessaire, mais l'Allemagne ne l'aura pas voulu, ni provoqué. On poussera des cris d'orfraies pour la forme à Berlin, fustigeant ces « bolchéviques » qui volent les contribuables allemands. Ces derniers pourront alors payer la facture en étant persuadé que la chancelière a défendu jusqu'au bout leurs intérêt et que l'affaire est maintenant réglé par le Grexit. Angela Merkel sera la grande gagnante politique de l'opération. Les Eurosceptiques pourront critiquer les plans de 2010, mais la chancelière aura beau jeu de leur répondre que sans la « gauche radicale » grecque, son plan aurait fonctionné. Fermez le ban.

L'opération de communication est donc parfaite. La diabolisation du gouvernement grec n'a aucune autre fonction que celle de sauver la position d'Angela Merkel. Reste une question : est-ce la fonction du projet européen d'assurer le projet politique d'un dirigeant, fût-elle la plus puissante d'Europe ?

L'auteur

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 15:10

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 09:39
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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 09:37
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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 09:31

Déclaration du secrétaire général du CC du KKE, Dimitris Koutsoumbas, sur le résultat du référendum du 5 avril 2015

Publié le par anonyme sur Analyse communiste internationale. 

Pour mémoire le KKE appelait, pour le référendum,  à mettre dans l'urne un bulletin disant " : NON à l'accord, NON à la faillite continue du peuple, NON à la voie européenne et capitaliste !".  Ce qui revenait à voter nul.

Déclaration du secrétaire général du CC du KKE, Dimitris Koutsoumbas, sur le résultat du référendum du 5 avril 2015

Nous saluons les milliers de personnes qui ont suivi l’appel du KKE à ne pas céder au chantage. Nous saluons en particulier les électrices et électeurs qui ont inséré le bulletin du KKE reprenant sa proposition de formulation de la question pour le référendum faite au Parlement mais bloquée par le gouvernement. Comme cela, le peuple a été privé du droit de voter sur cette proposition, la possibilité lui a été ôtée de pouvoir choisir entre plusieurs propositions.
Face à la question parcellaire et contradictoire du référendum-éclair, une partie de la population a pu déjouer la confusion, donner une première réponse avec des bulletins nuls ou blancs, alors qu’un grand nombre de personnes sont restées à l’écart de ce vote, ne serait-ce qu’à cause de difficultés financières et des coûts trop élevés des transports pour se rendre sur les lieux de vote.
Dès la décision prise d’organiser le référendum, nous avons constaté, à juste titre, qu’indépendamment de l’issue du vote, il ne peut y avoir de solutions alternatives, véritablement positives pour le peuple, dans le cadre de l’UE, des voies capitalistes, de la reconnaissance des dettes. Toutes les autres forces politiques, aussi bien dans le camp du NON que dans celui du OUI portent des solutions incluses dans ce cadre. Elles se retrouvent toutes à défendre la nécessité de se conformer aux règles de l’UE, à défendre les intérêts des parties du capital qu’elles représentent respectivement.
Nous nous adressons particulièrement aux électrices et électeurs qui ont voté aujourd’hui pour le NON et ont cru qu’il pourrait ainsi être mis fin à la politique d’austérité, qu’ils pourraient résister efficacement aux mesures les plus dures et au mémorandum. Nous appelons tous ceux qui se sentent aujourd’hui renforcés par la victoire du NON, à ne pas rester passifs et à ne pas valider la tentative du gouvernement de transformer ce NON en un OUI à de nouveaux accords antipopulaires. Nous leur tendons la main pour les combats à venir contre l’aggravation de leurs conditions de vie.


Parallèlement, nous nous adressons aussi aux électrices et aux électeurs qui ont voté OUI sous la pression de leur employeur, dans la peur de la fermeture des banques, dans l’idée de protéger leur salaire, pension et quelques économies. Nous les appelons à réfléchir à nouveau à leur vote, à résister à partir d’aujourd’hui aux chantages, à ne pas glisser dans des directions conservatrices et réactionnaires, à ne pas apporter de l’eau au moulin des partis précédemment au gouvernement.
Le gouvernement de collation SYRIZA-ANEL ne doit pas pouvoir oser utiliser le résultat du référendum pour infliger à notre peuple de nouveaux et lourds sacrifices, de nouveaux mémorandums valables dans la durée. Les accords que M. Tsipras a promis de signer, sur la base de sa proposition d’il y a trois jours aux « trois institutions », c’est-à-dire à la Troïka, conduisent, avec une précision mathématique, à un nouveau mémorandum encore pire. Il légitime ainsi les mémorandums précédents, y compris les lois qui les ont mis en œuvre, et, encore plus grave : il n’hésite pas à conduire le peuple à une véritable faillite. L’autre alternative possible, dont la Troïka a parlé, c’est-à-dire une voie de sortie de l’euro, représente également une option qui frapperait seulement la classe ouvrière et les autres couches populaires.
Il n’en est que plus urgent et nécessaire que le mouvement et le peuple reprennent massivement la proposition du KKE de sortie de la crise. Les conditions préalables en sont : la socialisation des monopoles, le détachement de l’UE, la dénonciation unilatérale de la dette, l’établissement d’une planification centrale scientifique pour le développement de la société, pour le peuple, avec le peuple réellement au pouvoir. Le KKE se tiendra au premier rang de tous les combats de notre peuple dans la période à venir. Nous continuerons à renforcer le caractère antimonopoliste et anticapitaliste de la lutte, sa jonction avec le KKE.
Nous organisons et préparons la résistance, la disposition à résister dans l’éventualité de nouveaux développements négatifs. Nous soutenons les plus faibles, les méprisés. Nous organisons des initiatives pour aider les familles des couches populaires à survivre, avec des comités d’action sur les lieux de travail, dans les entreprises, les hôpitaux, les supermarchés, dans les bureaux, avec des comités populaires dans les quartiers, avec des groupes de solidarité et d’entraide, avec des groupes et comités de contrôle.
Notre réponse à la tentative de polarisation et de division du people réside dans l’unité de la classe ouvrière, la diffusion des positions de classe dans le mouvement, dans le renforcement du rassemblement populaire. La proposition du KKE réunit la majorité du peuple dans le présent et pour l’avenir, contre l’ennemi véritable, l’UE, le capital et sa domination.


Athènes, 5 juillet 2015

source:http://inter.kke.gr/fr/articles/Declaration-du-secretaire-general-du-CC-du-KKE-Dimitris-Koutsoumbas-sur-le-resultat-du-referendum-du-5-avril-2015/

Publié dans Grèce

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 08:58

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 08:56

Reçu par courrier

RÉFÉRENDUM GREC : LA LEÇON DE CHOSES EUROPÉENNE
 

Communiqué du Bureau politique du Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP).
 
Le 6 juillet 2015.
 
L’extraordinaire processus politique à l’œuvre en Grèce depuis l’élection d’Alexis Tsipras, le 25 janvier 2015, peut être considéré comme une leçon de choses européenne. Il révèle au grand jour la réalité, la véritable nature des institutions européennes et leur incompatibilité radicale avec le moindre processus démocratique. Jusqu’à présent, aucun gouvernement de la « nouvelle » gauche « radicale » (Syriza, Podemos, Front de gauche, Die Linke, etc.), se distinguant apparemment des partis de gauche classique tout en restant dans la logique européiste, n’était parvenu au pouvoir au sein de l’Eurozone. Les forces politiques, comme le Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP) en France, ou Antarsia, MARS, Plan B ou l’EPAM en Grèce, qui sont pour une reconquête des processus démocratiques par la sortie des traités et institutions néolibérales européennes, étaient accusés de faire des procès d’intention ou de professer un scepticisme jugé désagréable de la part de ceux qui pensent qu’une rupture avec le néolibéralisme est compatible avec le maintien dans les institutions européennes.
 
(…)
 

 

Nous appelons les syndicalistes et tous les citoyens à signer l’Appel ci-dessous pour exiger que la CGT, la CFDT, FO, la CFTC, l’UNSA, syndicats français membres de la CES, et la FSU qui a demandé son adhésion, condamnent les propos de la CES : les Grecs doivent être souverains et libres de choisir leur destin. Pour accéder à l’Appel et le signer, cliquez ci-dessous :
http://www.m-pep.org/Appel-aux-syndicats-francais-membres-de-la-Confederation-europeenne-des

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6 juillet 2015 1 06 /07 /juillet /2015 23:01

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6 juillet 2015 1 06 /07 /juillet /2015 22:52

Crise grecque Yanis Varoufakis, un ministre qui dérange...

Yanis Varoufakis, un ministre qui dérange... (Crédits : © Alkis Konstantinidis / Reuter)

Romaric Godin  |   -sur La Tribune.fr

La volonté de l'Eurogroupe de se débarrasser du ministre grec des Finances ne repose pas sur un "style", mais bien plutôt sur des divergences plus profondes.

Il semble que l'exercice soit devenu le passage obligé de tout journaliste travaillant sur les questions européennes. Depuis quelques semaines, les colonnes des journaux s'emplissent d'articles à charge contre le ministre hellénique des Finances, Yanis Varoufakis. Le dernier en date est celui publié par le journal français de référence, Le Monde, qui titre, avec appel de une, sur « l'exaspérant Monsieur Varoufakis. »

L'agacement européen

Le schéma de ces articles est souvent le même : l'homme est jugé évidemment compétent (il est difficile de lui contester cette qualité, sauf à contester celle des habituels « clients » des journaux économiques), mais insupportable et absolument nul en négociations.

De nombreuses citations issues de Bruxelles suivent pour montrer combien, en effet, cet économiste grec est « agaçant » aux yeux des fonctionnaires et officiels européens, avec ses chemises bariolées, son ton docte et son « fort ego. »

Son crime principal, aux yeux de Bruxelles, est de ne pas avoir changé pour "rentrer dans le rang". Comme le « déplore une source européenne », pour reprendre l'article du Monde daté du mardi 12 mai, il a refusé de suivre le chemin de son prédécesseur Evangelos Venizelos, le président du Pasok, qui, lui avait "changé".

Pour finir, le portrait du ministre est celui d'une "rock star", d'un Icare médiatique attiré irrésistiblement par le soleil médiatique. Entre les lignes, le lecteur comprend que, si ce Yanis Varoufakis est si insupportable, c'est parce qu'il n'est qu'un narcisse superficiel qui fait son "show". Son rôle n'aura été que d'agiter les bras pour rendre les négociations aussi captivantes qu'une série américaine. Bref, ce ministre n'est qu'une sorte de clown, utile un moment, mais qui aurait fait son temps.

Le storytelling européen contre Yanis Varoufakis

Cette image a été construite soigneusement par l'Eurogroupe et la Commission depuis les premiers jours du gouvernement Tsipras. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem n'a jamais caché qu'il n'avait pas digéré « l'humiliation » du 30 janvier, lorsqu'un Yanis Varoufakis, très à l'aise, l'avait surpris en proclamant la fin de la troïka.

L'acmé de ce storytelling a été la réunion de Riga du 25 avril, lorsque le ministre grec a été accusé par ses dix-huit collègues d'être à l'origine du blocage. Ce même storytelling, tissé avec soin par Jeroen Dijsselbloem le soir du 11 mai, a enfoncé le clou en notant les « progrès » des négociations une fois la « rock star » disparue.

Mais tout ceci n'est qu'un écran de fumée. Alexis Tsipras a été soucieux d'ôter rapidement un argument aux créanciers. Depuis, les négociations n'ont en réalité pas véritablement avancé. La situation reste la même : les négociations n'avancent que parce que la Grèce fait des concessions. Yanis Varoufakis ou pas, les blocages demeurent : la Grèce refuse toujours les « réformes » des retraites et du marché du travail que lui réclament ses créanciers.

Yanis Varoufakis n'était, en réalité, pas le problème. Son rejet était le symptôme d'un rejet politique du nouveau gouvernement grec.

Le miroir amer tendu par le ministre à ses collègues

La réalité du « problème Varoufakis » est donc ailleurs. Elle peut se décliner en plusieurs points.

Le premier est la détermination du ministre-économiste à placer ses collègues devant leurs responsabilités. En 2010, Yanis Varoufakis s'était opposé aux « plans de sauvetage », jugeant, non sans raison, comme il le soulignait dans son ouvrage Le Minotaure Planétaire*, que "les remèdes que l'Europe applique sont pires que le mal". Pour lui, il était donc urgent - et c'était la tâche à lui assignée par Alexis Tsipras - de rompre avec la logique du « programme » qui a conduit la Grèce dans une spirale déflationniste et a détruit une grande part de sa capacité productive. D'où les coups de boutoir assénés à ce système lors des premiers jours du gouvernement : le refus de discuter avec la troïka, les demandes de restructuration de la dette, le blocage de l'Eurogroupe sur la question du "programme existant".

Pour les collègues de Yanis Varoufakis, cette remise en cause de la logique en place depuis 2010 est inacceptable. D'abord parce que cette logique est le ciment de l'Eurogroupe, lequel n'a jamais fait de mea culpa sur cette politique. Mais surtout parce que cette politique remettait en cause un autre storytelling européen : celui de la reprise de l'économie grecque grâce aux "réformes qui portent enfin leurs fruits". Or, Yanis Varoufakis, en bon économiste, sait parfaitement que cette « reprise » est à la fois de façade et fragile. Après un effondrement économique inédit en temps de paix, seul un effort d'investissement massif au niveau européen allié à une restructuration de grande ampleur de la dette peut réellement contribuer à redresser le pays. Mais cette vision s'oppose à la pensée dominante de l'Eurogroupe: la purge est nécessaire et doit être menée jusqu'au bout pour qu'advienne "la croissance saine".

Yanis Varoufakis est donc, dans l'Eurogroupe, un corps idéologique étranger qui leur tendrait le miroir hideux des erreurs de l'Europe depuis 2010. En réclamant un changement de politique envers la Grèce, le ministre hellénique prend des allures de mauvaise conscience insupportable venant briser le mythe de la reprise radieuse qui succède à l'austérité.

Et pire, il s'entête. Et c'est là tout le sens de la déploration de la "source européenne" citée par "Le Monde" : en 2011 aussi, Evangelos Venizelos avait tenté de mettre en garde contre ces erreurs. Mais, heureusement, il était rentré dans le rang. Et l'on avait pu continuer cette politique insensée qui a ruiné la Grèce.

Quatre ans plus tard, Yanis Varoufakis ne peut accepter de faire la même erreur. Et c'est pourquoi il fallait l'écarter.

L'obsession de la justice sociale

Pourquoi cet entêtement ? Principalement, parce que le ministre a une obsession - et c'est sa deuxième faute devant les créanciers-, celui de la justice sociale. Sa position est que l'austérité pratiquée depuis cinq ans en Grèce a surtout fait payer les plus pauvres.

Des études sont, du reste, venues lui donner raison. Il sait que la nature de la reprise ne pouvait guère renverser la vapeur et, là aussi, il demande donc une action urgente. D'où son insistance, dans les deux premiers mois du gouvernement, à intégrer aux discussions avec l'Eurogroupe le traitement de "l'urgence humanitaire". Son ambition affichée est politique : le développement de la pauvreté et la paupérisation des classes moyennes font évidemment le jeu des extrêmes.

La position du ministre grec est alors simple : l'Europe doit utiliser la victoire de Syriza comme une chance en écoutant ses propositions « modérées » afin d'éviter d'avoir à traiter avec les extrêmes, du type Aube Dorée. Le 5 février, devant Wolfgang Schäuble, il met ainsi en garde :

« Quand je reviendrai chez moi ce soir, je me trouverai devant un parlement dans lequel le troisième parti n'est pas un parti néo-nazi, mais un parti nazi. »

Mais ce discours est inaudible au sein d'un Eurogroupe qui juge précisément que les Grecs sont déjà aux mains d'extrémistes qu'il faut mater (en avril, un officiel déclarera qu'Alexis Tsipras doit rompre avec son aile gauche). Les ministres de la zone euro n'y voient qu'un chantage à Aube Dorée pour leur arracher des concessions.

Surtout, le traitement « social » de la pauvreté est, pour les Européens, une erreur. Là encore, l'idéologie joue à plein. Dans la vision de l'Eurogroupe, la lutte contre la pauvreté vient naturellement après, c'est une conséquence de l'assainissement et de la libéralisation de l'économie. Ces deux éléments créent de la richesse qui, in fine, se répand dans les couches les plus basses de l'économie. La patience est donc une obligation. Mieux même, tout traitement « social » de ce problème freine la mutation « structurelle » nécessaire en accroissant le rôle de l'Etat et en créant des distorsions sur le marché de l'emploi.

Bref, les demandes de Yanis Varoufakis ne sont que du misérabilisme au mieux, du populisme au pire. On aura la preuve évidente de cette idéologie à la mi-mars lorsqu'un fonctionnaire européen tente de stopper la loi de lutte contre l'urgence humanitaire.

Sur ce plan, Yanis Varoufakis a finalement eu raison des créanciers, la loi est passée. Mais cette victoire n'est que partielle: la lutte contre la pauvreté doit passer par un changement de politique, donc par la remise en cause de la logique du programme.

Un problème personnel qui cache un fossé idéologique

Le troisième point de rupture avec Yanis Varoufakis: il a en réalité payé sa cohérence. Le ministre hellénique n'a jamais abandonné ses objectifs. Jusqu'à ce lundi 11 mai au soir où il a répété que les deux « lignes rouges » d'Athènes étaient la fin du cercle vicieux déflationniste et la meilleure répartition de l'effort. Bref, les deux précédents points de rupture.

A chacune de ses listes de réformes, toutes rejetés par l'Eurogroupe, il a pris en compte ces deux éléments: meilleure justice dans la répartition de l'impôt, lutte contre l'évasion fiscale des entreprises et des plus aisés, facilitation de la reprise par la mise en place d'un traitement des arriérés fiscaux pour les PME et les particuliers...

Le cœur du rejet de ces listes, comme celui de l'agacement que susciterait Yanis Varoufakis, ne réside pas en réalité dans les chemises fantaisie du ministre ou dans son aspect décontracté de rock star. Il repose sur des fondements idéologiques. Les créanciers européens ne veulent pas admettre leurs erreurs passées, car c'est tout le fondement de leur logique économique qui s'effondrerait alors. Ils ne peuvent donc admettre les positions de Yanis Varoufakis. La volonté de le discréditer en permanence n'est donc pas le fruit d'une logique personnelle.

Les leçons du François Hollande de 2012

Beaucoup cependant s'interrogent sur le style trop « agressif » du ministre grec. La critique est fréquente du manque de « sens politique » de Yanis Varoufakis, qui n'a pas accepté les règles en vigueur à Bruxelles pour les contourner.

Ceci s'explique cependant aisément par le précédent français. Comme il l'avait souligné, dix jours avant l'élection, dans un entretien accordé à "La Tribune", Yanis Varoufakis a été marqué par les suites de l'élection de François Hollande qui, selon lui, n'a "rien tenté" contre la logique austéritaire. Du coup, la stratégie du compromis du président français en 2012, qui s'est soldée par un échec patent (le fameux "pacte de croissance" dont l'existence reste à prouver) est devenu la stratégie à éviter par excellence.

Face à un blocage idéologique, le ministre grec a tenté de forcer la décision en prenant d'emblée des mesures fortes, comme la dissolution unilatérale de la troïka. Le succès de cette stratégie n'est pas certain, mais elle a clairement mis les Européens dans l'embarras, les confrontant aux conséquences ultimes de leur propre fermeté.

La réalité de la stratégie européenne

En réalité, derrière ce durcissement, la position de Yanis Varoufakis était une des plus modérée au sein de Syriza. Le ministre grec a toujours été défavorable à la sortie de la zone euro, il a toujours proposé une solution européenne au problème grec.

Alexis Tsipras aurait pu nommer Costas Lapavitsas, par exemple, un économiste de Syriza clairement partisan de l'annulation de la dette et de la sortie de l'euro. Les créanciers auraient alors pu paniquer.

En détruisant Yanis Varoufakis, les Européens ont dévoilé leur but: non pas trouver un « compromis » raisonnable, mais mettre au pas un gouvernement qui ne leur convient pas. Comme le souligne dans la préface à l'édition française du Minotaure Planétaire, Yanis Varoufakis, "l'Union européenne a, de longue date, pris l'habitude de considérer la démocratie comme un luxe et un désagrément".

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