1million 254.293 mille votes BLANCS et NULS
Publié par Jean Lévy et mis en ligne sur le blog d'Action communiste avec un commentaire d'Yvette Genestal sur la Normandie en fin d'article.
C’est le nombre des citoyens qui ont refusé l’offre politique
de l’ensemble des partis ou coalitions en lice au second tour des élections régionales.
Le fait que des électeurs fassent l’effort de se déplacer pour simplement refuser de choisir parmi les bulletins de vote, constitue un fait politique de grande importance.
Pourtant ils avaient le choix entre la « fausse gauche », la vraie droite extrême et l’extrême droite…
En glissant un bulletin blanc dans l’urne, ces Français exprimaient un autre choix : celui d’un vote différent, porteur de véritable changement et de progrès.
Certes, les bulletins blancs ont été les plus massifs dans les régions, en PACA (115.050), et en Nord-Pas-de-Calais-Picardie (117.469), où ne subsistaient que la droite dure et le Front national, du fait du retrait des listes dites de « gauche ».
Mais dans les autres régions où l’offre était tripartite, PS avec ou sans Front de gauche, « Les Républicains » et le FN, le vote blanc s’est compté par des dizaines de milliers de bulletins.
Ainsi en Champagne-Lorraine-Alsace, 51.418, en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, 62.455, en Auvergne-Rhône-Alpes, 58.679, en Bretagne, 43.227, en Ile-de-France, 90.265...
Chiffres identiques dans les autres régions.
Il faut noter aussi des différences constatées entre les secteurs « bourgeois» et populaires.
Ainsi à Paris même, si seuls 90 électeurs ont voté BLANC dans le 1er arrondissement, 149 dans le 8ème, 565 dans le 16ème, ils étaient 1374 dans le 18ème, 1131 dans le 19ème et 1521 dans le 20ème.
En banlieue, c’est par le volume de l’abstention que s’est mesuré le rejet du vote : 54% d'abstentions à Drancy, 57% à La Courneuve, 63% à Bobigny, mais 38% à Antony, 44% à Courbevoie, 40% à Levallois-Perret, 42% à Rueil-Malmaison…
Ainsi, 4,88% des électeurs ont voté BLANC au total en France.
C’est un chiffre extraordinairement élevé, surtout dans un scrutin fortement médiatisé, soumis à la pression du « danger FN ».
Ces 1.254.293 électeurs et, bien sûr, une très large part des 18 millions de ceux qui ne se sont pas dérangés, tous ont voulu marquer ainsi leur opposition à l’ensemble des forces politiques en présence.
Ils constituent ensemble un front du refus du monde politique actuel, toutes familles confondues.
Cela donne une lueur d’espoir pour la lutte qui s’annonce.
Commentaires pour la Normandie : En Normandie la différence entre la liste de droite et la liste socialiste est de 4709 voix. C'est peu. Surtout si l'on compare ces chiffres au nombre de bulletins blancs, 12 119 pour la seule Seine-Maritime et 29 278 pour toute la Normandie.
Si on ajoute le nombre de bulletins nuls, en considérant que les électeurs qui déchirent un bulletin, mettent deux bulletins différents ou émettent des commentaires politiques critiques sur les bulletins ont voulu eux aussi exprimé leur rejet des politiques actuelles et passées, on atteint pour le total des blancs et nuls 18 641 pour la Seine-Maritime et 51 662 pour toute la Normandie. Comme l'écrit Jean Lévy, ces électeurs, et une large part de ceux qui se sont abstenus constituent un front du refus des politiques actuelles.
Et si les abstentionnistes du premier tour se sont, pour certains, déplacés pour voler au secours de la liste socialiste, ils n'ont visiblement pas été assez nombreux. Les électeurs de droite ont été plus nombreux. Certes dans la plupart des communes, la liste socialiste réunit plus que le total des voix de "gauche" du premier tour, mais rien n'interdit de penser que certains électeurs Verts, LO ou PCF-Front de gauche du premier tour ne se sont pas déplacés au second. Dans deux villes de Seine-Maritime, Gonfreville l'Orcher et Dieppe, Nicolas Mayer Rossignol ne fait pas le plein des voix de gauche. Dans ces deux villes la liste de Sébastien Jumel, le maire communiste de Dieppe, tête de liste PCF-Front de gauche, était arrivé largement en tête au premier tour.
On peut donc raisonnablement penser que certains électeurs vraiment à gauche n'ont pas voulu se déplacer pour mettre dans l'urne un bulletin social-démocrate, c'est à dire un bulletin de soutien à la politique du Parti socialiste, fusse celui d'une liste baptisée abusivement "Union de la gauche" et constituée hâtivement après le premier tour.
Yvette Genestal