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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 13:07
L’Europe façon Wall Sreet exige la "Loi Travail" : corrosif rappel d’une historienne.
sur le Grand soir

L'historienne Annie Lacroix-Riz consacre toute sa carrière à mettre au jour les actions de ce que l'on n'appelle plus "le grand capital"... Dommage car il demeure tout puissant. Voulue telle qu'elle est aujourd'hui par les Etats-Unis ( un marché qui obéit et une puissance supplétive au plan militaire), l'Europe, dopée par Washington à partir de 1945, vit maintenant son apothéose ultra libérale. Son dernier avatar : écrire puis imposer la "Loi Travail".

C’est sûrement faire injure au lecteur que d’étaler sous ses yeux une vérité trop première. Si le terrible virus social qu’est la « Loi Travail » nous tombe dessus, ce n’est pas pour, comme le bégaie Valls, « réformer la France en la modernisant ». Bien sûr que non. Ou alors expliquez-nous par quel miracle un gouvernement de droite en Belgique et un supposé de gauche en France, promulguent en même temps des règles identiques qui étranglent au mieux les travailleurs ? C’est tout simple, la consigne unique et mortifère vient de la Commission européenne, un machin livré à tous les lobbies. A Bruxelles, 40 000 personnes sont employées par ces officines « d’influence » qui soumettent au Parlement européen la version des lois qui convient le mieux à Wall Sreet. Ainsi soulagés d’une assommante besogne, avant de foncer à la buvette, les députés européens n’ont plus qu’à dire oui à ces lobbies qui s’activent à notre bonheur. Pendant ce temps, alors qu’ils devraient faire du tapage, peu de ceux dont le métier est de penser et de dire viennent nous mettre sous le nez l’extrait de naissance d’une Europe naguère fécondée par les Etats-Unis.

Pourtant, alors que les bataillons intellectuels sont aux arrêts de rigueur, Annie Lacroix-Riz, inoxydable sentinelle du temps, s’en vient par un livre, Les élites françaises entre 1940 et 1944, jeter boules puantes et verre pilé dans le lit de l’Europe. Cette chercheuse pour laquelle les archives ne sont pas des continents oubliés, nous rappelle, en plein blocages et fumées de lacrymos, l’origine de notre mal, pourquoi nous toussons. Ce catarrhe vient de ce que les « élites » du capitalisme français (banquiers ou élus) et nombre de leurs compères d’états voisins, ont la nécessité d’appuyer leur politique sur un pays qui joue pour eux le rôle de modèle. A partir de 1934 ce fut l’Allemagne nazie, projection d’un mode d’exploitation idéal. Plus tard, Hitler ayant hélas échoué dans la construction de sa nouvelle Europe, les trusts et les banques ont tourné leur veste pour courir au plus vite derrière le nouvel ami étasunien. Ouf. Depuis, le fleuve continue de couler tranquille, Juncker et autres perroquets de Goldman Sachs peuvent lancer leur fatwa de l’ultra libéralisme sur les travailleurs : « il n’y a pas d’alternative ». Voilà pourquoi une Loi Travail nous est tombée dessus, réclamée par ces fonds de pension étatsuniens qui sont à la justice sociale ce que Dracula est à la transfusion sanguine.

Lacroix-Riz, qui laboure le champ de ses connaissances avec une totale obstination, nous a déjà régalés d’un petit livre, Aux origines du carcan européen chez Delga. Belle Europe que cette construction confiée à deux « pères », Robert Schuman (ministre de Pétain) et Jean Monnet (agent de Washington). Cette fois l’historienne nous décrit les douloureux balancements, pour les maîtres de l’économie, entre le prodigieux Adolf Hitler et les plis de la bannière étoilée à mesure que, Staline broyant SS et Wehrmacht dans l’hiver soviétique, les « boys » pouvaient avancer vers La Manche. On plaint presque ces pauvres industriels et banquiers et leurs poulains politique d’avoir à affronter tant d’incertitude, faisant pivoter, comme les spectateurs du tennis, leurs têtes entre Washington et Berlin.

Dans L’Etrange défaite Marc Bloch qui analyse à chaud la déroute française de 40, classe les responsables de cette tragédie en cinq catégories : armée, politiques, presse, affaires et hommes de main. Annie Lacroix-Riz, spécialiste de la Cagoule, ne revient pas sur ces « hommes de main » qu’elle connait trop et qui ne sont que des exécutants (c’est le cas de le dire). Mais elle ajoute le clergé catholique accusé d’avoir été un truchement, un liant entre Vichy ou l’occupant et de trop nombreux français. D’emblée elle piétine le postulat de ces historiens bien-pensants qui écrivent que la collaboration a été essentiellement une affaire de petites gens dévoyés. Pas du tout, au-dessus de la pyramide brune, Lacroix-Riz distingue sans contestation les « élites » et autres puissants, les donneurs d’ordres.

Egale à elle-même, à ce qu’est son livre « culte » Le Choix de la défaite, la chercheuse avec son nouvel ouvrage en béton, nous démontre que plus qu’une affaire de miliciens en manteaux de cuir ou de diatribes de journalistes crapules, la collaboration fut massivement le choix des industriels et banquiers qui préféraient Hitler au Front populaire. Le verdict de l’historienne est tranchant : toute collaboration est létale, ce qui emporte le mythe des « résistants » de Vichy dont Mitterrand est la tête de gondole. Collaborer, même de façon « éloignée », c’est plonger les mains dans le sang nous montre Lacroix-Riz.

« Les élites françaises de 1940 à 1944 » porte un sous-titre qui dit tout « De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine » et, dans cette mutation qui porte d’un amour l’autre, certaines « élites » seront plus perspicaces que d’autres. Ce n’est pas par haine du nazisme ou par désespoir de vivre dans un pays occupé que certains dirigeants ont très vite pris le parti des Etats-Unis. Ni patriotes ni démocrates, ces pragmatiques se sont appuyés sur le rapport du général Doyen en date du 16 juillet 1941, un officier qui a participé à la Commission d’armistice, ou sur de semblables analyses. Pour Doyen, étant donné son degré de culture, sa puissance économique, sa population importante, son obligation de défendre la Grande Bretagne, les Etats-Unis étaient à long terme certains de gagner la guerre. Jouant cette carte, ces « élites » qui collaboraient avec l’Allemagne depuis le Plan Dawes en 1924, et encore mieux à partir de 1933, ont donc sauvé leur réputation à défaut de leur honneur. Et les américains peu regardants n’ont pas hésité à discuter et échanger avec Vichy : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier et garder une matraque fasciste capable, le moment venu, de lutter contre le communisme. D’autres « élites » moins avisées, ont poursuivi un peu plus leur chemin commun avec les nazis. Pas très grave puisqu’après 1944 les tribunaux d’épuration ont eu pour mot d’ordre de ne pas casser l’outil industriel restant debout, ni le reste d’une économie asthénique. Quelques malchanceux, comme Renault qui ne l’avait pas volé, ont payé pour le compte de tous, histoire de faire symbole.

Il est passionnant de suivre, au travers de ses envoyés spéciaux, de ses « pions », l’action des amis de l’Amérique choisis par Washington dans l’entourage de Pétain. Alger va devenir un roman de Le Carré où les intrigues pour imposer les hommes de demain sont parfois mortelles.

Au-dessus de tout cela il y a un homme détesté des yankees et peu aimé par Churchill, il s’appelle De Gaulle. Il va surfer, jouer sa carte avec pugnacité et l’aide de quelques héros.

En fin de compte Wall Sreet et nos « élites » ne pouvant se mettre en travers, vont laisser le grand général gouverner la France. Mais l’idée de construire cette Europe américaine, un marché aux ordres, demeure. Petit à petit, lui-même entouré de quelques « Atlantistes », De Gaulle va lâcher sa position de « non aligné ». Il ne reste plus qu’à être patient, Bruxelles va être le relais qui commande aux anciennes nations. Par exemple de promulguer des lois « modernes » comme cette monstruosité française sur le droit du travail.

Jacques-Marie BOURGET

PS. Sur Internet un entretien donné par Annie Lacroix-Riz est un élément très convainquant, il permet de saisir parfaitement les recherches de l’historienne.

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 13:06
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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 12:58
Le vent souffle
jeudi 2 juin 2016
par  Charles Hoareau sur Rouge Midi
 

 

Cher ami

Tu me demandes où ça en est dans le 13 le mouvement contre la loi rétrograde du gouvernement : comment te dire ? Il se passe des choses extraordinaires et nous sommes dans un mouvement qui ne se dément pas.
La semaine passée on a vu des mobilisations que de mémoire de militant on n’avait jamais vues. Jeudi 26 mai rendez-vous était donné à 6h du matin (oui 6h !) à Vitrolles sur le parking de Décathlon.
Pour une action sans plus de précision comme toujours dans ce cas-là.

Le jour venait à peine de se lever et le parking ne cessait de se remplir de centaines de gilets jaunes ou rouges tout étonnés de se voir si nombreuses et nombreux.
Le port, la centrale, le commerce, la pétrochimie, les territoriaux….Combien étions-nous au final ? Plus de 500 qui se sont séparés en deux groupes pour aller faire une opération de distribution de tracts aux ronds-points (et oui du coup évidemment on pouvait en faire plusieurs !) qui sont les entrées stratégiques des deux zones d’activité commerciales et d’entreprises de Vitrolles.

Ce qui est à noter c’est que les automobilistes dans leur très grande majorité exprimaient un soutien que nous n’avions pas connus dans des actions similaires par le passé. L’ambiance était un mélange de fête et de désir de convaincre. S’il n’y avait eu deux chauffards qui ont blessé 3 d’entre nous et nous ont toutes et tous secoués la fête aurait été complète.

Pendant ce temps les dockers étaient mobilisés devant le centre commercial que ceux qui rêvent de faire de la Provence un bronze-cul de l’Europe nous ont ouvert dans les grilles du port. Eh bien ce jour-là leur centre commercial dédié au fric et au tourisme de luxe n’a pas ouvert. Pas très loin de l’enceinte, au même moment des centaines de salariés de la construction bloquaient un chantier. Plus tard dans la matinée ils étaient des milliers à Fos dans une manif d’une ampleur telle que la ville ne se rappelle pas en avoir connue….

A midi on était encore par milliers à La Joliette : et dire que Valls avec son état d’urgence voulait interdire les manifs….

Le lendemain les copains étaient encore secoués des agressions de la veille et qui font qu’au moment où je t’écris un est encore hospitalisé dans un état grave, l’autre vient à peine de sortir de l’hôpital et en a pour six semaines de convalescence et la 3e, si elle est moins blessée, est encore toute choquée : elle n’oubliera pas de sitôt l’image du camion de 38 tonnes fonçant sur elle…mais je sais qu’elle sera à la manif.
Malgré ça le lendemain donc, vendredi dernier ils étaient des milliers à 7h à l’aéroport. 3000 selon le journal La Provence que l’on ne peut soupçonner d’être un supporter acharné de la CGT…Tu imagines les deux halls tellement pleins que certains n’ont jamais pu rentrer.

La police est venue dire en substance aux dirigeants de la CGT : « Ne vous inquiétez pas on bloque les voitures pour qu’il n’y ait pas d’accident comme hier »…Il était temps.

Et cette semaine c’est reparti sur les chapeaux de roues. Mardi à 5h (si ça continue ici la CGT va inventer le concept Nuit Manif) ils étaient encore plus de 400 à Istres à bloquer une zone. De plus les cheminots se sont mis en grève. 17% disent les médias ! A voir le peu de trains qui circulent soit on nous ment sur toute la ligne (de train !), soit la SNCF peut licencier la moitié du personnel puisqu’à 17% cela suffit pour supprimer plus d’un train sur deux !!!

Hier au soir à Martigues il y avait une rencontre entre les militants du complexe pétrochimique, George Mavrikos le président international de la FSM [1], l’UD CGT 13, des amis de Nuit Debout et François Ruffin venu faire cette convergence que nous avons dû reporter plusieurs fois à cause des événements. Moment historique de lutte, d’échange et de fraternité. Une fois de plus la FSM, qui depuis le début du mouvement a organisé des manifestations de soutien devant les ambassades de France dans le monde (Brésil, Grèce, Autriche, Italie…) et continue à le faire, une fois de plus donc, la FSM a montré que la solidarité de classe n’est pas un vain mot.

Ensuite, après avoir laissé les camarades de la chimie sur leur piquet de grève, descente à Marseille au Vieux Port, toujours avec François Ruffin, pour une autre initiative commune Nuit Debout syndicats, initiative qui comme de juste s’est terminée fort tard.

Aujourd’hui tu le sais, nouvelle manif et on sait qu’on va encore être nombreuses et nombreux et que nous faisons toutes et tous, tout ce qu’on peut pour que là où nous sommes, le mouvement s’étende en utilisant tous les moyens grèves, assemblées, votation.....
Je sais bien que les autres en face, ceux qui rêvent de voir un peuple asservi et docile, ne cessent de nous tirer dessus, je sais bien qu’un journaliste, qui ne doit pas savoir ce que c’est le travail ni la vie en Syrie a déclaré que "La France est soumise aujourd’hui à deux menaces qui, pour être différentes, n’en mettent pas moins en péril son intégrité : Daech et la CGT". Je sais bien que l’on a rarement connu des attaques aussi virulentes contre nous et en même temps une promotion aussi éhontée d’une CFDT qui ressemble plus à une officine patronale qu’à un syndicat.

Je sais bien qu’Hollande, Valls et consorts ne cessent de geindre en tapant du pied comme font les enfants à qui on a pris leur jouet : « je veux ma loi, je veux ma loi », mais tu veux que je te dise : ils ne nous arrêteront pas. Le vent de la révolte souffle trop fort.
Il y en a trop eu depuis des années. Ils croyaient nous ramener à 1930 et que l’on continue d’encaisser sans rien dire ? Je sais qu’il n’est pas simple de mettre tout le pays en grève surtout depuis qu’ils ont cassé les entreprises, multiplié la sous traitance, mis des millions de gens au chômage, mais ils ne nous arrêterons pas. Nul ne peut arrêter le vent et là je t’assure qu’il souffle trop fort. C’est le vent de la révolte, c’est le vent des humiliations refoulées, c’est le vent contre l’impuissance après les suicides des camarades de Orange ou d’ailleurs, le vent contre les burn out, la mort au travail et les délocalisations imposées, c’est le vent contre tous les racismes, les divisions, les discriminations, contre les quartiers populaires devenus des ghettos, c’est le vent des colères qui hier étaient rentrées, c’est le vent de celles et ceux qui se sentaient seuls et aujourd’hui se retrouvent unis et des milliers.
Tu te rappelles le mot de René Char ? « La dignité d’un homme seul cela ne s’aperçoit pas, la dignité de 1000 hommes ça prend l’allure d’un combat ».
C’est ce vent-là qui souffle.
C’est le vent du sens de l’histoire.

Venceremos !

 

[1] Fédération Syndicale Mondiale

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 10:25
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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 08:36
  • Écrit par  Annie Menras - Extraits - La Marseillaise
  • mercredi 27 avril 2016 18:23

Jean-Louis Garcia dans la manifestation du 31  mars. photo aMELIE GOURSAUD

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 07:51

Lu sur le site de la Fédération syndicale mondiale

02 Jun 2016
 

La USB-Italie (affiliée à la FSM) a organisé une initiative de solidarité avec les travailleurs français en lutte devant l’ ambassade Française à Rome, le 1er juin .

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 23:50

La colère sociale ne nait pas de rien.

Le président socialiste fait le contraire de ce qu'il a promis.  Il a menti aux salariés.  Il fait pire que Sarkozy : il approfondit et poursuit la politique de reculs sociaux initiée par les précédents gouvernements avec le soutien de la Commission européenne.

Tous les députés socialistes de Seine-Maritime ont voté les lois sociales scélérates voulue par François Hollande.  Une seule s'est abstenue sur l'allongement de la durée de cotisation.  Deux se sont abstenues sur le pacte de responsabilité.  Une seule a signé la motion de censure que voulait présenter les députés de gauche contre la politique de Manuel Valls et  la loi Travail.

Ce n'est pas n'importe quelle politique que ces élus du peuple soutiennent de leurs votes.  C'est l'attaque en règle de toutes les conquêtes sociales depuis plus de cent ans ! Cela n'est pas rien.  Ce n'est pas rien non plus pour des députés socialistes d'être applaudis par P. Gattaz !

Ces députés ont été élu(e)s par des salarié(e)s de gauche, dont beaucoup avaient manifesté contre la politique des précédents gouvernements et notamment la politique de Sarkozy. 

Ce sont ces socialistes qui portent plainte, Catherine Troallic, députée de la 8ème circonscription notamment, contre les militants de la CGT.  Et qui les font condamner sans même avoir le courage d'aller jusqu'au bout de leurs actes et assister au procès.  Il faut en effet oser les regarder en face, ce militant de la CGT et ses camarades, qui ont peut-être et même sans doute voter pour eux en 2012, qui ont cru en leurs promesses !

Comment feront-ils en 2017 pour aller chercher leurs voix ?  Ils leur demanderont de battre la droite et l'extrême-droite ?

Yvette Genestal

Le Havre : un militant de la CGT jugé et condamné

Un militant de la CGT condamné à de la prison avec sursis ce mercredi 1er juin 20 pour le saccage du local du PS . Phillppe Martinez dénonçe “la criminalisation de l’action syndicale” par le gouvernement et le Medef, et “la mise au pilori de la CGT, prise pour cible”

  • par R. Plumet (avec ANI)
  • Publié le , mis à jour le
 

Les actes de vandalisme ont été perpétrés au cours de la manifestation du 12 mai dernier © France 3 Baie de Seine

© France 3 Baie de Seine Les actes de vandalisme ont été perpétrés au cours de la manifestation du 12 mai dernier

 

Le PS avait porté plainte

Le tribunal correctionnel du Havre a condamné ce mercredi 1er juin un syndicaliste à six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de 18 mois pour la dégradation de la permanence du Parti socialiste du Havre. Le tribunal n’a que partiellement suivi les réquisitions du procureur de la République qui réclamait six mois de prison dont trois ferme.
Le 12 mai, à l’issue de la manifestation contre la loi Travail, plusieurs personnes avaient saccagé les locaux du PS quartier du Rond-Point et le PS avait déposé plainte pour dégradations et outrages « afin que la justice sanctionne ceux qu’elle estimerait coupables », ont bien précisé Matthieu Brasse et Nicolas Rouly, secrétaires de la section locale et de la fédération départementale du PS.Ils ne se sont pas constitués partie civile.

Le militant CGT soupçonné d’avoir été l’un des principaux auteurs du saccage des locaux avait été interpellé, placé en garde à vue puis sous contrôle judiciaire. Le local du PS qui est également la permanence de la députée socialiste Catherine Troallic est régulièrement la cible de manifestants, bien avant le débat sur la Loi Travail. C’est la première fois que les dégradations se sont transformées en saccage des bureaux.

 

La violence en question

Tentes et buffets étaient dressés ce mercredi, dès 11h30, devant le palais de justice du Havre : le comité de soutien lancé par l’intersyndicale était bien présent, tandis qu’un important dispositif de sécurité était mis en place par la police nationale dans la rue voisine. Les représentants de différents syndicats se sont succédés au micro. Philippe Lebourg, de l’union locale CGT du Havre, a rappelé que l’organisation « regrette chaque fois tout type de violence qui outrepasse l’action syndicale mais elle dénonce surtout les violences patronales et gouvernementales qui se multiplient depuis de longs mois, et qui elles restent impunies, les auteurs de ces violences n’étant jamais placés en garde à vue et encore moins convoqués au tribunal. La loi travail en est le parfait exemple ». 
 

Le PS absent

Un courrier de Philippe Martinez a été lu : le leader de la CGT a apporté son soutien au militant, dénonçant “la criminalisation de l’action syndicale” par le gouvernement et le Medef, et “la mise au pilori de la CGT, prise pour cible”.
« L’enjeu de cette audience n’est pas la répression du mouvement social, mais bien l’exercice indépendant, par le Tribunal compétent, de sa fonction punitive, si les juges l’estiment justifiée », avaient encore précisé dans un communiqué Nicolas Rouly et Matthieu Brasse. « Parce que nous croyons aux idées, nous ne pensons pas qu’elles peuvent s’imposer par la force, sinon celle des arguments et du droit… Nous ne confondons pas les revendications collectives, qui doivent être considérées, et les exactions individuelles, qui doivent être condamnées ».

Les dirigeants du PS se sont abstenus de participer à l’audience correctionnelle, « afin de ne pas contribuer à en faire une enceinte politique ».

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 23:45
Les "frondeurs" socialistes en Seine-Maritime et les raisons de la colère sociale - Faut-il sauver le PS ?

Extraits d'un article de Paris-Normandie du 28 février 2016, liens vers deux articles du 30 mai et du 1er juin (Normandie-actu). Et commentaires d'Action communiste.

 

« Tout ne va pas pour mieux, c’est certain. Les militants ne sont pas écœurés. Déboussolés, ce serait un peu fort. Disons qu’ils cherchent à avoir l’aiguille dans le bon sens pour 2017, euphémise Matthieu Brasse, secrétaire de la section socialiste du Havre. Entre le gouvernement et le parti, nous ne sommes pas à 100 % sur la même longueur d’ondes. »

Il va falloir choisir. Entre faire des procès aux militants CGT et mener une politique de « gauche ». Le message ne sera sans doute pas très clair au Havre où un militant CGT comparait devant le tribunal sur plainte du Parti socialiste. Les électeurs et les militants de gauche qui ont voté Hollande se sentent floués, trahis. Ils sont en colère. Ce sont les raisons de la colère qu'il faudrait analyser. AC


 

« Au niveau des militants, ça ne suscite pas l’adhésion, renchérit Dominique Chauvel, députée de la 10e circonscription de Seine-Maritime et maire de Saint-Valery-en-Caux. Elle vient de quitter le groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Quand il y a une telle levée de boucliers, il ne faut pas passer en force. » Elle refuse toutefois de tirer à vue sur le gouvernement : «  Le gouvernement a fait de bonnes choses et aussi de mauvais choix. »

Quelles bonnes choses ? Dominique Chauvel a exprimé son opposition à la loi Travail. Mais elle a voté le TSCG, l'ANI, le CICE et s'est abstenue sur l'allongement de la durée de cotisation et le pacte de responsabilité. Sur l'essentiel, le Travail et les salariés, ce parti qui se prétend « socialiste » et de « gauche » a mis enoeuvre une politique de droite.  AC.


 

« Il va falloir revenir aux fondamentaux du Parti socialiste, aux origines avec la Section française de l’Internationale ouvrière !, préconise Nicolas Vincent, un autre militant. »

Et bien, bon courage ! Voici ci-dessous un extrait du texte fondateur de 1905 au congrès unificateur de la SFIO :

« 1° Le Parti socialiste est un parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d'échange, c'est-à-dire de transformer la société capitaliste en une société collectiviste et communiste et pour moyen l'oragnisation économique et politiquedu prolétariat. Par son but, par son idéal, par les moyens qu'il emploie, le parti socialiste n'est pas un parti de réforme mais un parti de classe et de révolution ».

Il va falloir ramer dur pour revenir aux origines.  AC 


 

Dans la situation actuelle, de telles positions ne visent qu'à se donner une bonne conscience de "gauche". Il vaudrait mieux admettre honnêtement que le gouvernement socialiste et le parti socialiste sont devenus la "seconde droite", comme le dit fort justement Frédéric Lordon. Tout autant zélés que la droite pour appliquer les recettes austéritaires de la Commission de Bruxelles. Le moins que ces militants socialistes pourraient faire, c'est d'oser, ce qu'ils ne font pas, critiquer la politique de l'Union européenne à l'origine de toutes ces lois pro-capitalistes et quitter ce parti qui lui est totalement inféodé. Bientôt le PS mènera campagne pour signer le TAFTA. Et eux ? Ils se préparent à faire campagne pour le Parti socialiste aux prochaines présidentielles et législatives? Pour encore une fois aider le PS à berner les électeurs de gauche ?

Le parti socialiste, avec ce gouvernement, s'est définitivement déconsidéré. Il désespère le monde ouvrier et salarié. Il ouvre un boulevard au Front National. Qu'est-ce que ces socialistes « critiques » veulent-ils chercher à sauver ? Une alliance avec la droite au second tour des présidentielles ?

Action Communiste

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 23:44

Cet article est reposté depuis Le blog de Lucien PONS.

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 22:54
Tribunaux médiatiques pour syndicalistes « radicalisés »
par Frédéric Lemaire, Julien Salingue,

La mobilisation contre la Loi Travail a pris une nouvelle dimension la semaine dernière, avec une série de grèves dans différents secteurs. Les « experts » et autres éditocrates n’ont pas manqué de dénoncer des blocages jugés « irresponsables ». Mais l’hostilité médiatique à l’égard des grèves s’est aussi exprimée au travers de plusieurs interviews de syndicalistes, dont certaines se sont transformées en véritables interrogatoires.

« Est-ce que vous ne craignez pas quand même que ça se retourne contre vous ? »

La première mise en garde est lancée dès vendredi 20 mai 2016, au premier jour du mouvement de grève dans le secteur pétrolier. Le secrétaire général CGT de la raffinerie de Donges, Fabien Privé Saint-Lanne, est interviewé en duplex sur I-Télé. La journaliste Nelly Daynac annonce la couleur : « Est-ce que vous n’avez pas peur aujourd’hui qu’on vous taxe de preneurs d’otage, est-ce que vous n’avez pas peur que les consommateurs se retournent contre vous ? » On appréciera la manière courageuse dont la journaliste se réfugie derrière un « on » imaginaire, ainsi que derrière « les consommateurs » pour mettre en cause, sans l’assumer directement, les actions syndicales…

Le syndicaliste conteste le terme de « blocage », rappelant qu’il s’agit d’une grève des salariés. Mais son interlocutrice revient à la charge : « Est-ce que vous ne craignez pas quand même que ça se retourne contre vous du côté des consommateurs ? Je réitère ma question. » Visiblement préoccupée par les « craintes » et les « peurs » des grévistes, elle conclut l’entretien en évoquant de possibles violences : « Est-ce que finalement vous n’avez pas peur que sur certains lieux ça dégénère, ou tout est encadré, des consignes sont données pour que ça se passe dans le plus grand calme ? » On se demande bien qui a peur de quoi, mais de toute évidence la journaliste d’I-Télé n’est pas très à l’aise avec les mobilisations sociales.

 

« Vous trouvez ça bienvenu après les attentats qui ont frappé la France ? »

Au soir du lundi 23 mai, alors que le mouvement prend de l’ampleur et que les pénuries se multiplient dans les stations-service, deux autres syndicalistes sont invités à s’expliquer sur les plateaux des chaînes d’info en continu. Emmanuel Lépine, responsable de la branche pétrole à la CGT, est interviewé sur BFM-TV. Un bandeau barre l’écran : « Pénurie : les automobilistes inquiets ». Et les salariés des raffineries ?

Nathalie Levy s’interroge sur la prochaine étape de la mobilisation, puis se fait l’écho des déclarations du gouvernement : « Myriam El Khomri parle de citoyens, de Français pris en otage, Michel Sapin de blocages qualifiés d’illégitimes, Manuel Valls, il vous accuse ce soir de dérive et de chantage ; vous comprenez bien que la situation n’est pas tenable pour les automobilistes ? » De nouveau, on peut apprécier la façon dont l’intervieweuse se dissimule derrière divers responsables politiques, ainsi que derrière « les automobilistes » pour mieux mettre en cause les actions contre la loi El Khomri.

Comme sa collègue, elle s’inquiète – avec une touchante sincérité – de la popularité du mouvement : « Est-ce que vous êtes prêts à perdre le soutien de l’opinion publique en allant jusque-là ? Parce qu’aujourd’hui près de deux tiers des Français souhaitent que les grèves et les blocages prennent fin. Ce sont les citoyens qui risquent de se retourner contre vous, l’opinion publique ! » Elle oublie soigneusement de préciser que les mêmes sondages attribuent majoritairement la responsabilité des blocages au gouvernement. Avant de s’interroger sur les véritables motivations de la CGT : « Est-ce qu’il ne s’agit pas aujourd’hui de redorer votre blason car vous voyez bien que vous perdez du terrain ! C’est finalement, aussi, un travail chez vous en interne. »

Nathalie Levy n’est pas en reste sur la question de la violence : « Des pompistes ont déjà été pris à partie parfois même vigoureusement par des automobilistes, ils en sont venus aux mains dans certains cas, il y a eu des blessés… c’est vers ça que vous tendez, ce type de situation qui dégénère ? » Sous-entendu : les grévistes seraient responsables de ces bagarres, pour ne pas dire qu’ils les souhaiteraient. Puis elle évoque un tract de la CGT-RATP, avec un dessin de bombe à retardement, qui a manifestement terrorisé les services d’information de BFM-TV, puisqu’il en sera question de manière récurrente sur la chaîne [1]. Elle s’indigne : « Vous trouvez ça bienvenu après les attentats qui ont frappé la France, l’état d’urgence dans lequel on est ? Vous assumez ça ? » On apprécie le sens du raccourci et de l’amalgame de l’intervieweuse qui, étonnamment, n’en a pas fait de même avec l’accusation de « prise d’otage » portée par plusieurs responsables gouvernementaux.

 

« Les médias ne font pas partie du gouvernement, hein. »

Quelques heures plus tard, c’est Jean-Pierre Mercier, délégué CGT à PSA, qui est interrogé par Jean-Baptiste Boursier sur BFM-TV. Un nouveau bandeau barre l’écran et pose la question : « La "dérive" de la CGT ? » Le présentateur revient de manière un peu alarmiste sur le fameux tract : « Il y a une bombe, il y a une bombe qui est posée à côté du chef de l’État ; d’aucuns pourraient trouver que c’est un peu excessif, que ça sent la menace, est-ce que c’est nécessaire ? » Une fois de plus, « d’aucuns » ont bon dos… On découvrira ensuite (mais est-ce vraiment une découverte ?) que la perspective de grèves dans de nouveaux secteurs ne semble pas particulièrement faire plaisir au présentateur de BFM-TV : « Vous voulez quoi, le blocage complet du pays ? » Mais, alors que son interlocuteur évoque les biais dans les médias et les déclarations du gouvernement, Jean-Baptiste Boursier tient à préciser : « Les médias ne font pas partie du gouvernement, hein. » Utile précision.

Le matin même du lundi 23 mai, Philippe Martinez entamait un véritable marathon médiatique. Le secrétaire général de la CGT, cible préférée de la colère des éditocrates, intervenait dans la matinale de RTL au micro d’Olivier Mazerolle. Le syndicaliste évoque certains sondages qui témoigneraient de l’opposition de l’opinion publique au projet de loi. Son interlocuteur tempère : « On entend beaucoup, quand même, de gens qui se plaignent du fait de la pénurie d’essence dans certaines régions de France, qu’ils ne peuvent pas aller au travail. » C’est vrai qu’on les « entend beaucoup »… dans les grands médias.

Visiblement pas convaincu des motifs avancés par Philippe Martinez pour s’opposer à la loi travail, Olivier Mazerolle évoque lui aussi des motivations « internes » : si le secrétaire général de la CGT se « bagarre », ce serait pour « défendre son pouvoir de centrale syndicale », ou encore parce qu’il est « prisonnier de son extrême-gauche ». Avant de s’interroger : « Selon vos propres chiffres d’adhérents, vous représentez moins de 3% des salariés, quelle est votre légitimité à bloquer le pays ? » Car on le rappelle, il est désormais acquis que c’est la CGT qui, seule et d’un coup de baguette magique, a décrété la mobilisation générale des salariés dans les entreprises en grève. Philippe Martinez lui répond qu’on ne juge pas de la légitimité des partis politiques à leur nombre d’adhérents, par ailleurs inférieur à celui de la CGT : « Vous semblez plus légitime que l’Assemblée nationale » moque alors son interlocuteur. Et moins légitime qu’Olivier Mazerolle ?

 

« Ça va coûter des points de croissance, est-ce qu’on peut se le permettre ça aujourd’hui en France ? »

Le soir du 23 mai, Philippe Martinez est sur le plateau du « Grand Journal » de Canal plus. Le thème figure sur le bandeau : « La CGT veut-elle bloquer la France ? » Alors qu’il évoque l’absence de dialogue social de la part du gouvernement, des images de barrages et de pneus brûlés défilent en fond. Maïtena Biraben sourit : « Quand on voit les images on ne sait pas s’il y a un dialogue dans l’autre sens », provoquant les rires de l’assistance. Puis, elle met en garde son interlocuteur : « Plus de métro, plus de voiture, comment on va au boulot, comment les Français vont réagir à ça ? » Vient le tour d’Augustin Trapenard, qui accueille l’invité avec un avertissement : « Vous avez du courage quand même d’être là Philippe Martinez, parce que vous vous rendez compte que tout ça c’est assez impopulaire hein. » Avant de s’agacer, un peu plus tard : « Mais vous y croyez, sincèrement, à ça, au retrait de cette loi ? » Puis c’est à nouveau au tour de Maïtena Biraben de s’inquiéter des répercussions des grèves : « Ça va coûter des points de croissance, est-ce qu’on peut se le permettre ça aujourd’hui en France ? » De toute évidence, au vu des questions, on peut se permettre beaucoup de choses aujourd’hui, y compris de tenter de délégitimer tout un mouvement social par des questions biaisées, voire piégées.

Le lendemain matin, mardi 24 mai, Philippe Martinez est au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV et RMC. Là encore, le syndicaliste est sommé de s’expliquer : « J’ai une première question toute simple : qui gouverne en France ? » [2]. Le présentateur revient à la charge plus tard dans l’entretien : « Mais qui gouverne, c’est vous, si le gouvernement dit : parce que la CGT bloque, je retire la loi ? » Puis Jean-Jacques Bourdin s’interroge sur les motivations de la CGT. Il a de bonnes raisons pour le faire… puisque ses confrères en font de même : « Je regardais la presse ce matin : "fuite en avant de la CGT", "jusqu’au-boutisme", "la CGT se sent en danger", les ultras ont pris le pouvoir à la CGT Philippe Martinez ? » On ne doute pas que dans « la presse » du lendemain, certains confrères de Jean-Jacques Bourdin se sont à leur tour interrogés sur les motivations de la CGT, puisque Jean-Jacques Bourdin avait questionné Philippe Martinez à ce propos.

Vient – inévitablement – la question de la violence. Bourdin évoque une situation « grave », « des permanences de députés socialistes qui sont murées, qui sont saccagées, des tirs à l’arme automatique », puis s’interroge : « C’est la situation, c’est le climat dans ce pays… que vous entretenez ? » Son interlocuteur a beau réfuter ce raccourci grossier, Bourdin ressort (BFM-TV oblige), le tract de la CGT-RATP et son terrible dessin de bombe… L’interview se terminera sur une note dramatique : « Est-ce que vous n’avez pas l’impression de mettre en péril les petites entreprises ; sur la paille des salariés qui vont se retrouver à Pôle emploi ? » Sans même parler de la déforestation, de la guerre civile en Syrie et de la sécheresse dans plusieurs pays d’Afrique…

 

Florilège…

Nous aurions (malheureusement) pu poursuivre, tant les exemples sont nombreux d’interviews transformées en interrogatoires. Mais nous nous contenterons, pour finir cet article, d’un florilège de quelques-unes des « meilleures » questions entendues ces derniers jours, tout en nuance, tout en précision, tout en journalisme.


- « Est-ce qu’à 15 jours de l’Euro de football c’est raisonnable un blocage pareil ? » [3]

- « Qui gouverne aujourd’hui en France ? C’est le président, le gouvernement, ou c’est la CGT ? » [4]

- « C’est l’information de la nuit, le mouvement de blocage s’étend aux centrales nucléaires. Quel est l’objectif Monsieur Martinez ? Plonger la France dans le noir ? » [5]

- « Un petit mot sur les artisans, dont parlait également Xavier Bertrand ce matin à la radio, il y a des artisans qui n’arrivent pas à travailler parce qu’ils n’ont plus d’essence par exemple, qu’est-ce que vous dites à ces gens ce soir ? » [6]

- « Vous avez également appelé à la grève dans les transports en commun, à la RATP à partir du 2 juin, plus de métro, plus de voiture, comment on va au boulot, comment les Français vont réagir à ça ? » [7]

- « Lors de la dernière manifestation le service d’ordre de la CGT a été attaqué par les casseurs, est-ce que vous regrettez de ne pas avoir, à l’époque, désavoué les affiches de la CGT qui reprochaient à la police d’être à l’origine des violences ? » [8]

- « Est-ce que vous la sentez de votre côté [cette exaspération], Virginie Gensel-Imbrecht, est-ce que vous comprenez ce que vous dit en gros votre voisin, cette espèce de prise d’otage de gens qui n’en demandent pas tant. » [9]

- « Mais le gouvernement, Jean-Pierre Mercier, peut aussi vous répondre aussi que la grande fraction comme vous l’appelez des travailleurs n’est pas si grande que ça, que le mouvement certes dure mais qu’il ne s’est pas amplifié, ce ne sont pas des millions de gens qui sont dans la rue, le pays n’est pas bloqué. » [10]

- « Vous disiez tout à l’heure que ce texte n’avait pas fait l’objet de consultation, il a pourtant été réécrit à plusieurs reprises, et finalement le texte qui a été proposé à l’assemblée, il a été avalisé par plusieurs syndicats dont la CFDT et la CFTC, j’aimerais que vous nous expliquiez ce soir en quoi la légitimité de la position de la CGT serait plus valide que celle de la CFDT par exemple ; ils défendent les salariés après tout. » [11]


Etc.

 

***



Alors : interviews ou interrogatoires ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les représentants syndicaux sont soumis à un traitement de défaveur qui n’a pas d’équivalent lorsque des représentants du gouvernement ou du patronat sont invités. Les journalistes-intervieweurs reprennent dans la plupart des cas, et peut-être parfois inconsciemment, les « éléments de langage » du gouvernement et du Medef (« prise d’otages », « mobilisations minoritaires », « illégitimité », « blocage », etc.), qui transforment les interviews en véritables interrogatoires, durant lesquels on ne permet guère aux syndicalistes de s’exprimer tant les sommations et rappels à l’ordre sont permanents.

Certes, l’interview n’est jamais un exercice « neutre » et « objectif ». Mais l’on ne peut qu’être agacés – à défaut d’être surpris –, de constater qu’une fois de plus le traitement réservé aux syndicalistes témoigne d’une hostilité à peine dissimulée à l’égard de toute mobilisation au cours de laquelle des salarié-e-s remettent un tant soit peu en cause l’ordre des choses. On pense immanquablement ici à la « haine de classe » évoquée par le regretté Michel Naudy, dans le film Les Nouveaux chiens de garde :

Les journalistes, pour la très grande majorité, au-delà de la majorité, pour eux, les classes populaires, c’est une réserve d’Indiens. Ils ne les connaissent pas. Ils ne viennent pas de ces milieux. Ils n’en connaissent pas les codes, ils n’en connaissent pas les préoccupations, ils n’en connaissent pas les conditions de vie, ils n’en connaissent pas la culture, ils n’en connaissent pas les traditions. Dès l’instant où ces gens sortent de leur rôle qui est d’être un fond de paysage, d’être des gens pittoresques, des gens identifiables à des poncifs idéologiques, dès l’instant où ils sortent de là, où ils ne sont plus des Indiens dans leur réserve, alors ils deviennent dangereux. Parce qu’ils rompent avec le consensus mou de la démocratie molle. Ils rompent la règle du jeu, ils brûlent des pneus, ils occupent des usines, ils séquestrent des patrons, ils sont hors le champ social. Et là, l’appareil idéologique montre ses dents et mord cruellement. Et ce qui est moquerie de classe devient, à certains égards, exclusion, voire haine de classe.


Frédéric Lemaire et Julien Salingue

 

[2] Une question qui n’est pas sans évoquer la célèbre citation de Jean-Pierre Raffarin face aux mouvements sociaux qui agitaient la France en 2003 : « Ce n’est pas la rue qui gouverne ».

[3] Question posée à Éric Beynel (Solidaires), invité sur le plateau de BFM-TV le 25 mai.

[4] Question posée à Philippe Martinez (CGT) interviewé par Léa Salamé, France Inter, 25 mai.

[5] Question posée à Philippe Martinez (CGT) interviewé par Léa Salamé, France Inter, 25 mai.

[6] Question posée à Virginie Gensel-Imbrecht (CGT), invitée au « Grand journal », 25 mai.

[7] Question posée à Philippe Martinez (CGT), invité du « Grand Journal », 24 mai.

[8] Question posée à Philippe Martinez (CGT), interviewé par Olivier Mazerolle, RTL, 23 mai.

[9] Question posée à Virginie Gensel-Imbrecht (CGT), invitée au « Grand journal », 25 mai.

[10] « Remarque » faite à Jean-Pierre Mercier (CGT), invité sur le plateau de BFM-TV, 23 mai.

[11] Question posée à Sophie Binet (CGT), invitée sur le plateau de BFM-TV, 25 mai 2016.

 

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