Amnesty international, dans un rapport rendu public le 31 mai 2017 [1], dénonce les dérives de l’état d’urgence en France depuis son entrée en vigueur en novembre 2015, et notamment sur le droit de manifester.
L’examen de l’ensemble de ce rapport ne relève pas de la critique des médias. En revanche, ce même rapport fait état, selon ses propres termes, d’un « usage disproportionné de la force » et de violences policières. Or, avant sa publication, rares – très rares – ont été les grands médias qui ont enquêté sur ces violences. Qu’ont-ils découvert dans le rapport à ce propos et qu’en ont-ils retenu ?
Négliger les « violences policières » pour se concentrer sur les affrontements « en marge » (comme ils disent…) des mobilisations écologistes et des manifestations contre la « Loi travail » : telle a trop longtemps été la règle observée par les grands médias, et en particulier par les télévisions, si friandes d’images spectaculaires qu’elles se sont bien gardées d’enquêter sur le rôle et les agissements des forces de police. Des médias souvent plus soucieux de soutenir le « maintien de l’ordre » que d’informer.
Pourtant, une enquête semblable à celle d’Amnesty concernant les violences policières avait été menée par Reporterre et publiée en juin 2016. À l’époque, le Rapport de la Mission civile d’information sur les actions de maintien de l’ordre menées depuis les manifestations contre la loi Travail en février 2016 n’avait été commenté ni relayé quasiment nulle part, à l’exception notable de Libération, Politis, et de quelques médias alternatifs [2]. À croire qu’un média indépendant (qui ne figure pas parmi les « grands ») serait une source négligeable ou peu fiable, trop engagée et, partant moins sérieuse qu’une ONG. À moins que les faits relevés dans une enquête publiée en juin 2016, au plus fort des mobilisations sociales, ne méritent d’être (très inégalement…) pris en considération que lorsque celles-ci ont cessé ?
Dès mai 2016, nous avions nous-mêmes mis en cause le traitement médiatique du comportement des forces de police – « Loi Travail : matraquages médiatiques sur les manifestations » – en relevant notamment le contraste entre « la reprise en boucle […] des chiffres et éléments de langage de la Préfecture » et le « silence sur les violences policières » [3]. De même, nous avons montré – « Violences policières « en marge » des manifestations : les mots pour (ne pas) le dire » – comment les interventions policières étaient présentées dans des termes biaisés qui permettaient d’éluder ou de relativiser leurs conséquences.
Et pourtant …
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À propos d'un rapport d'Amnesty : médias et violences policières
Amnesty international, dans un rapport rendu public le 31 mai 2017, dénonce les dérives de l'état d'urgence en France depuis son entrée en vigueur en novembre 2015, et notamment sur le droit de...
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