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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 09:28

La population de Gaza a un besoin urgent d’aide. Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, appelle à la solidarité afin de se secourir des enfants éprouvés par deux mois de bombardements et plusieurs années de guerre. 

 

Palestinian Medical Relief Society, association de médecins partenaire du Secours populaire, a joué un rôle crucial aux côtés des victimes pendant les bombardements qui ont ensanglanté Gaza, en juillet et août 2014.
Eloise Bollack

Agissant  depuis de nombreuses années dans la région du Proche-Orient, le Secours populaire français a toujours été présent aux côtés des populations victimes des conséquences des guerres et des conflits, grâce à l’action des associations humanitaires.

Auprès de toutes les victimes

C’est toujours le cas aujourd’hui en Palestine, en Irak, en Syrie où se déroulent des tragédies humaines. Ces dernières années, plusieurs aides d’urgence ont été prodiguées pour donner des moyens d’intervention aux médecins et former des secouristes, soutenir au plan matériel et psychologique les enfants et leurs familles. En 2015, le Secours populaire français accueillera à nouveau des enfants palestiniens et israéliens, avec d’autres enfants d’une cinquantaine de pays dans le  monde, au sein des  villages d’enfants « copain du Monde ».

L’implication des partenaires auprès des enfants 
L'association de médecins palestiniens, Palestinian Medical Refief Society et l'association israélienne, Physicians for human rights, partenaires non confessionnels de très longue date du SPF interviennent sans relâche pour dispenser aide médicale, matérielle et psychologique aux victimes, au nombre desquelles figurent des enfants. Dès le début des bombardements, le 8 juillet dernier, les équipes médicales mobiles ont prodigué soins d’urgence et post opératoires, mais également soutien psycho-social, distribution de nourriture, vêtements, kits d’hygiène, eau, kits pour bébés, etc. Elles continuent aujourd’hui, tandis qu’un cessez-le-feu semble s'inscrire dans la durée. Nous faisons appel à tous les gens de cœur, aux associations, aux médias, aux personnalités, afin que parvienne encore plus l’indispensable solidarité. Les enfants victimes des bombardements souffrent de blessures, de traumatismes psychologiques, d'un manque de soins, de nourriture, de matériels scolaires, de jeux. Nous avons un besoin urgent de moyens financiers pour continuer à aider ceux qui souffrent physiquement, psychologiquement, et pour leur faire parvenir les fruits de la solidarité. Les milliers d’enfants, orphelins, blessés, traumatisés déjà recensés par nos partenaires peuvent et doivent être immédiatement secourus.

 

Pas d’action sans don !

Votre soutien financier nous permettra d’apporter une solidarité concrète aux familles sinistrées. L’ampleur de l’aide dépend des fonds que nous réussirons à collecter.


 

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 08:28

Vu sur le blog Investigaction.  Pour voir les dix images de colère et de solidarité, cliquez sur le lien.

 

MICHEL COLLON : yAce est un jeune dessinateur politique au talent incroyable, comme ont déjà pu le constater les lecteurs d’Investig’Action avec notamment la série “USA : 10 chiffres qui disent tout” et "Palestine, 10 images de colère et de solidarité". Investig’Action est fier de vous présenter maintenant la troisième et dernière série consacrée à l’occupation de la Palestine et aux souffrances de ce peuple qui résiste et mérite notre soutien. 10 images de colère, 10 images pour briser le silence, 10 images pour développer la solidarité. Merci donc à nos lecteurs de diffuser en indiquant et en allant aussi visiter l’excellent site de yAce.

 

Page FB de yAce : https://fr-fr.facebook.com/iamyAce

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 08:21

Melenchon-point-de-vue.jpg

COMMUNIQUÉ

En décidant de renoncer à la livraison des navires acquis par la Russie, François Hollande commet une trahison insupportable qui dévalorise totalement la parole de notre pays et raye la France comme fournisseur indépendant de matériel de défense.

 

Mesure sans signification militaire dans le conflit actuel, cette décision achève la vassalisation de notre pays à la main des USA et de la politique belliqueuse de l’OTAN.

 

François Hollande est une calamité dans tous les domaines essentiels de la vie de notre pays.

Le 3 septembre 2014

Jean-Luc MÉLENCHON

source: le blog de JLM

 

Lu sur El Diablo

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 10:30



Quand est évoquée la question du financement, des soutiens des djihadistes de l'EIIL/ISIS (Etat islamique de l’État et du Levant), la réponse semble « complexe », « obscure », rétive aux explications « simples ». Or, même s'il subsiste des zones d'ombres, des noms reviennent systématiquement : ceux des alliés des USA.



Cela fait des mois que l'ex-Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki accuse directement l'Arabie saoudite et le Qatar du financement des fondamentalistes islamistes de l'EIIL. Des dénonciations qui ont rencontré les démentis des autorités saoudiennes, le mépris des puissances occidentales.

Il faut pourtant prêter une oreille au « faucon » John McCain, en février 2014, à la Conférence de sécurité de Munich : « nous remercions Dieu pour les Saoudiens, le prince Bandar et nos amis qataris ».



isis-mccain.jpgEn mai 2013, John McCain s'était rendu en Syrie pour rencontrer ces « combattants de la liberté », posant sur une photo où on retrouvait, outre le Général Idris de l'Armée syrienne libre, des guerriers des factions islamistes d' « Al Nosra » tandis que l'EIIL revendique depuis cette photo comme preuve de sa légitimité, plusieurs de ces combattants présents ayant depuis rejoint le groupe.



La politique états-unienne n'a pas été uniforme depuis le début de la guerre civile en Syrie, des dissensions se sont faits jour sur les modalités du soutien aux rebelles – direct ou indirect, tout azimut ou ciblé, intervention armée ou coopération avec d'autres puissances dans la région (Iran).

 

Une chose est sûre, trois pays reviennent systématiquement quand on évoque le soutien aux islamistes d'Irak et de Syrie – l'Arabie saoudite, le Koweït et la Turquie – trois alliés incontournables des États-Unis dans la région.



L'Arabie saoudite, l'épicentre du djihadisme



20140620-Latuff_Saudi-and-ISIS.gifLe premier au banc des accusés est l'Arabie saoudite, pointé par les gouvernements irakien, iranien et syrien mais aussi par son « meilleur ami/ennemi », le Qatar.

Première question, celle du financement. Bien que les Saoudiens aient toujours dénié tout soutien financier aux guérillas islamistes, on sait désormais que les deux principaux bailleurs de fonds de la rebellion syrienne, en rivalité par ailleurs, sont le Qatar et l'Arabie saoudite.

On sait également que les dits « modérés » (mais qui est modéré dans ce conflit ?) ont depuis longtemps perdu le contrôle au profit des dits « extrémistes », les groupes liés à Al-Qaeda en tête.

Dans ce cadre, la rivalité entre Qataris et Saoudiens portaient sur l'identité des groupes islamistes à soutenir, le Qatar auraient favorisé plutôt le « Front al-Nosra » tandis que les Saoudiens privilégiaient l' « EIIL » ou la nouvellement formée « Armée de l'Islam » (JAI).

Or, en février dernier, une rencontre à Washington entre les services de renseignement alliés des Etats-unis – Jordanie, Turquie, Qatar, Arabie saoudite – débouchait sur une affirmation de la nécessité de cesser de financer, d'armer les groupes « extrémistes » plutôt que les « modérés ».

Le premier pays visé était l'Arabie saoudite dont le chef des services de renseignement, le prince Bandar bin Sultan venait, peut-être sur sollicitation américaine, d'être congédié. Un aveu du bien-fondé des suspicions irako-irano-syriennes, inavouables publiquement bien sûr.

 

De quoi s'attarder sur la personnalité du prince Bandar bin Sultan, et son rôle dans la préparation militaire de la rébellion. Belliciste et influent, résolu mais aussi incontrôlable, le prince Bandar a fini par agacer les Etats-unis qui ont demandé sa mise sur la touche.

Pourtant, jusque-là, la collaboration des services saoudiens avec la CIA avait fonctionné à plein, comme dans les camps d'entraînement des djihadistes en Jordanie.

Ou encore dans la « rat line », un approvisionnement d'armes libyennes jusqu'en Syrie via la frontière turque, avec des financements saoudiens, et l'action d'agents de la CIA américaine et du MI-6 britannique, une opération coordonnée par le directeur de la CIA, David Petraeus.

 

La « rat line » a été divulguée au moment de l'attentat contre le consulat américain à Benghazi, en septembre 2012. Elle était contenue dans une annexe classifiée secrète à un rapport du Département d'Etat sur l'événement.

Toutefois, les doubles objectifs de l’État saoudien, les plans secrets de soutien aux islamistes radicaux du prince Bandar ont refroidi les États-Unis.

L'influence de ce dernier auprès des cercles dirigeants néo-conservateurs et des groupes pétroliers est notable, profitant de sa charge d'ambassadeur aux Etats-unis de 1983 à 2005 pour tisser son réseau, lui qui fut un ami personnel de Ronald Reagan, George Bush (père et fils) ou encore Dick Cheney. Il fut pendant longtemps la face publique du « lobby saoudien » à Washington.

Pourtant, le prince Bandar n'a jamais caché ses intentions. Ainsi, en juillet dernier, le prince Bandar a parlé franc jeu avec le président russe Poutine, après avoir menacé à demi-mot les JO de Sotchi d'attentats terroristes :

 

« Ces islamistes tchétchènes (...) sont comme ceux que nous contrôlons en territoire syrien, ils ne bougent pas sans que nous nous coordonnions. Nous les utilisons contre le régime syrien, mais ils n'auront pas d'influence dans l'avenir politique du pays ».

 

Sur le terrain, les forces militaires de l'EIIL sont composés de combattants de toute nationalité, mais avant tout saoudiens selon diverses estimations.

En 2007, les Etats-unis avaient déjà estimé que 45 % des combattants étrangers en Irak étaient saoudiens. Selon un institut de recherche basé aux Emirats arabes unis, l'INEGMA, 4 000 combattants saoudiens et 1 500 des Emirats seraient présents dans les rangs de l'ISIS.

De quoi éveiller quelques doutes chez les responsables américains, en coulisses bien sûr. En 2009, Hillary Clinton avait signé un mémo secret – révélé par Wikileaks – spécifiant que :

 

« l'Arabie saoudite représente une base de soutien financier capitale pour Al-Qaeda, les Talibans (…) les donateurs d'Arabie saoudite constituent la source la plus importante de financement des groupes terroristes sunnites dans le monde ».

 

Faut-il rappeler que 15 des 19 responsables directs des attentats du 11 septembre 2001 étaient Saoudiens, l'immense majorité des financements d'Al-Qaeda venait d'Arabie saoudite, tout comme son idéologie « wahhabite » dont s'est inspiré Ousama Ben Laden.

 

Aucun « terroriste », pas un sou ne venaient alors d'Iran, de Syrie ou d'Irak.



Le Koweit, et les autres pays du Golfe : la plaque-tournante du financement

 

Toutefois, pour ce qui concernerait le financement, il faudrait voir d'abord du côté des riches fortunes des pays du Golfe : Qatar, Émirats arabes unis et surtout Koweït.

 

Présenter ce financement comme « indirect » peut prêter à sourire quand on sait l'imbrication intégrale et même l'identité entre grandes fortunes et familles princières dans les Emirats.

Selon un rapport du think tank libéral Brookings Institution – financé partiellement par le Qatar – le Koweit est désormais devenu « une plaque-tournante du financement de la myriade de groupes rebelles en Syrie », chiffrant le montant des aides à plusieurs centaines de millions de $.

Utilisant la législation extrêmement laxiste du Koweit, une dizaine d'hommes de l'affaire de l'émirat auraient fait transiter des millions de $ via la Turquie ou la Jordanie pour financer la rebellion tandis que des membres de la minorité chiite au Koweit soutiendraient, eux, le régime d'Assad.

Le rapport de la Brookings Institution souligne que la collecte de fonds pour les rebelles syriens est devenue à partir de 2011 enjeu de rivalités entre tribus et clans, notables cléricaux ou politiques, poussés par les partisans du salafisme.

Des campagnes furent menées expliquant qu'on pouvait « avec 800 $ acheter une roquette », ou « équiper un soldat avec 2 500 $ », les noms de riches donateurs, parlementaires ou dignitaires religieux comme Jaman Herbach, Walid al-Tabtabai, Hadjaj al-Ajmi ou Abd al-Rahmane al-Anizi, représentent ces financements ouvertement proclamés pour les djihadistes syriens.

Les stratégies des donateurs koweitiens allaient du financement de la création de brigades salafistes regroupées dans « Jahbat al-Asala wa al-Tanmiya », du renforcement de groupes islamistes dont « Ahrar al-Sham » (soutenu par Shafi al-Ajmi) ou « Jabhat al-Nosra » (financé par Ghanem al-Mutairi).

Selon la Brookings Institution, tous les groupes financés par les Koweïtiens collaborent avec les mouvements d'Al Qaeda, d'abord le Front al-Nosra, ensuite l'EIIL.

Les Etats-unis ont d'ailleurs ciblé et gelé les avoirs il y a une semaine de trois individus pour financement de l'EIIL – ainsi que d'al-Nosra – qui se révèlent être Mohammed al-Ajmi, Hadjadj al-Ajmi et Abd al-Rahmane al-Anizi, des noms déjà mentionnés et connus des observateurs.

Le Qatar – tout en finançant des analyses qui dédouanent l'émirat, accusant ses voisins saoudiens et koweïtiens – dénie toute implication dans le financement, bien que l'on sache qu'il ait été le premier bailleur de la rébellion islamiste syrienne, avec 3 milliards de $ dépensés de 2011 à 2013.

Cette somme aurait servi avant tout à financer les islamistes du « Front al-Nosra », tandis que le Qatar aurait alimenté un réseau de trafic d'armes permettant d'armer notamment les rebelles en missiles anti-aériens.



La Turquie, base logistique des rebelles islamistes



6_172014_b4-pipes-turkey-isi8201.jpgEt la Turquie dans tout cela ?

 

Que ce soit pour le transport d'armes, les voies d'acheminement des rebelles, ou le transfert de fonds, tous les acteurs évoquent une voie royale :la frontière longue de 800 km entre la Turquie et la Syrie, qu'un journaliste turc a qualifié « d'autoroute à deux sens pour les djihadistes ».

 

Un simple coup d’œil à une carte révèle que les « rebelles syriens » contrôlent – en dépit de leurs revers face aux troupes syriennes gouvernementales – toujours le nord de la Syrie, le long de la frontière turque, ce qui laisse l'hypothèse lourde d'une base arrière turque pour les rebelles.

Une institution confirmée par nombre d'observateurs qui soulignent que les djihadistes utilisent les camps de réfugiés comme camps d'entraînement, traversent la frontière pour se soigner, se reposer ... ou simplement prendre un verre de thé et manger un kebab dans le sud de la Turquie.

C'est par exemple le témoignage d'un combattant d'ISIS interviewé par le journal turc « Yurt », évoquant « le soutien dont son organisation reçoit d'Ankara, sans lequel ils n'auraient pas autant de combattants, et ne contrôleraient pas tous ces territoires ».

Interviewé au cœur de l'Anatolie, il ajoute que lui et ses compagnons sont traités ici de leurs blessures. Certains sont soignés dans des hôpitaux publics et privés à Ankara, Istanbul et Izmir. Selon les observateurs, 3 000 militants d'ISIS se trouveraient en Turquie à l' heure actuelle.


Le Washington Post insistait récemment sur la « répression tardive des combattants islamistes (12 août 2014), rappelant que « dans les étals poussiéreuses du marché, parmi les boutiques de baklava et les kebab, les habitants mentionnent des combattants islamistes qui achetaient leurs uniformes et les derniers portables Samsung ».

« Tandis que les djihadistes blessés de l'EIIL et d'Al-Nosra étaient soignés dans les hôpitaux turcs (…) les riverains indiquent que Reyhanli et les autres villes turques frontalières étaient devenues des étapes pour les combattants et les armes destinées à alimenter les rebelles syriens. »

 

Ce secret de polichinelle ne pouvait plus être caché après que le 1er janvier 2014, un camion rempli d'armes et de munitions à destination de la Syrie était arrêté à Adana, près de la frontière. Les policiers qui ont divulgué des photos de la prise, le procureur public d'Hatay qui a tenté de mener l'enquête ont tous été démis de leurs fonctions, l'affaire a été classée sans suite.

Ce camion appartenait à l'IHH (la Fondation turque pour les droits de l'Homme et l'aide humanitaire), une organisation de charité islamique – à laquelle est liée le fils du Président Erdogan –, paravent pour le financement de groupes djihadistes comme en Syrie, avec des livraisons d'armes avérées au moins à partir de septembre 2012.

 

L'implication des services de renseignement turcs, le MIT, est directe selon le journaliste turc Cengiz Candar pour qui l'organisme est l' « accoucheur » du groupe djihadiste.

Son rôle indirect semble indiscutable tant la porosité de la frontière turco-syrienne ne peut s'expliquer que par un laissez-faire (ou plutôt laissez-passer) coupable.

Certains combattants kurdes syriens dénoncent le fait que des officiers turcs aient participé à des interrogatoires de leurs militants capturés par ISIS.

Le journal turc Aydinlik a révélé, lui, que des anciens membres des Forces spéciales avaient été envoyés en Syrie pour épauler ISIS, avec une base logistique pour cette opération dans la ville de Konya, en Anatolie centrale.

Certains officiers des renseignements occidentaux – cités dans The Telegraph, le 14 avril 2014 – estiment que c'est le MIT turc qui serait à l'origine de l'attaque au gaz sarin du 21 août dernier, cherchant à provoquer l'entrée en guerre des Etats-unis.

Selon les autorités turques, il y aurait plus de 1 000 combattants turcs dans les rangs d'ISIS, soit un dixième de leurs forces. Difficile de croire que les services de renseignement turcs auraient manifesté une telle incompétence face à ce flot de combattants ayant résidé sur leur sol, traversé leurs frontières, étant de leur nationalité.

 

Enfin, un dernier élément troublant, accablant, ce sont les autres sources de revenus d'ISIS : d'abord le trafic de pétrole revendu dans la région.

Là encore, ce n'est guère un surprise, ce pétrole est revendu essentiellement à la Turquie, qui pomperait 1 500 tonnes par jour, soit 4 % de sa consommation, à prix cassés. Selon le député turc d'opposition, Ali Ediboglu, les rebelles d'ISIS auraient vendu pour 800 millions de $ de pétrole au gouvernement turc.

 

Il peut subsister des zones d'ombres sur qui est derrière la subite émergence de l'EIIL. Elles ont trait au degré d'implication des pays occidentaux – et de leurs services secrets. Mais le rôle des plus proches alliés des Etats-unis dans cette rébellion nous en apprend beaucoup sur son instrumentalisation au service des desseins impérialistes dans la région.

 

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 08:55

 Lu sur PCF.fr

 

Hier en SYRIE, aujourd’hui en UKRAINE, le « petit commerce » de FABIUS

par  D.troupenat


Incorrigible, notre Ministre des Affaires étrangères est toujours prêt à engager la France dans des guerres civiles, le plus souvent à la remorque des États Unis et dans le cadre de l’OTAN dont Hollande s’était engagé à quitter le commandement intégré. Rappelons simplement que c’est ce dernier qui a défendu la motion de censure déposée par le PS le 8 Avril 2008 pour s’opposer à la réintégration de la France dans le commandement intégré. Laurent Fabius était également intervenu au nom du PS contre cette réintégration à l’occasion du vote de la confiance le 19 Mars 2009.
Souvent le PS varie, bien fol est qui s’y fie !

En Syrie, Fabius a engagé la France au côté de l’opposition à BACHAR El ASSAD, sans se soucier qu’il ne s’agissait pas d’une opposition purement politique, dans ce contexte la France a fourni des armes à des groupes tels que État Islamique en Irak et au Levant et à Al Nosra relai d’Al Quaida, l’Arabie Saoudite et le Qatar, modèles de démocratie assuraient le financement.
L’EIIL sévit actuellement en Irak, et nous fournissons des armes aux Kurdes pour qu’ils puissent se défendre !

Maintenant, Fabius engage la France aux côtés du gouvernement Ukrainien, issu du coup d’État largement réalisé avec l’aide de la CIA meilleure spécialiste en la matière et qui comprend plusieurs membres du parti SVOBODA ouvertement inspiré du nazisme: le vice premier ministre, le président du conseil de sécurité nationale (ministre de l’intérieur) le ministre de l’agriculture, le ministre de la défense. On pourrait ajouter le Procureur Général dont les pouvoirs sont importants.
Malgré cela on conduit la France la fleur au fusil dans le conflit engagé par le pouvoir Ukrainien contre les russophones de certaines régions de l’Ukraine qui exigent la reconnaissance d’un certain nombre de droits et on entre en conflit avec la Russie comme au bon vieux temps de la guerre froide avec l’Union Soviétique !

Là encore, la diplomatie française propose de fournir des armes, et d’imposer un boycott des
produits en provenance de Russie. Bien évidemment la Russie a de quoi riposter, et ce sont nos travailleurs et nos paysans qui feront les frais d’une opération voulue par les États Unis.

Je vous conseille la lecture ou la relecture du poème de Boris Vian « le petit commerce ».
L’histoire d’un petit vendeur qui avait du mal à vivre et qui a trouvé le moyen de faire fortune en vendant des canons, mais qui finit mal :

« Je vendais des canons dans les rue de la terre /

Mais mon commerce a trop marché/

J’ai fait faire des affaires à tous les fabricants de cimetières/

Mais moi maint’nant je me retrouve à pied/

Tous mesclients sont morts en chantant/

Et seul dans la vie/

Je vais sans souci/au coin des vielles rues, le coeur content, le pied léger/

Je danse la carmagnole, y a plus personne sur le pavé/

Canons en solde ! »

Les civils des régions bombardées sont massacrés, le ravitaillement pose un dramatique problème humanitaire.

Pour l’instant, il y a encore de juteuses affaires à conclure et la bourse se porte bien.
C’est ainsi que le capitalisme est grand.

 

Père Denis

 

 

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 10:11
Israël perd huit milliards de dollars et des partis arabes rejoignent le boycott
Middle East Monitor

Mustafa Barghouti, le secrétaire général du mouvement Initiative nationale palestinienne, a estimé qu’Israël a subi des pertes de l’ordre de huit milliards de dollars en raison de la campagne de boycott contre les colonies illégales, ce qui équivaut à 20 pour cent de leur PIB.

En ce qui concerne les derniers efforts palestiniens visant à intensifier le boycott des colonies, Barghouti a révélé qu’un accord a été conclu avec 13 partis démocratiques arabes pour former des comités de boycott dans le monde arabe.


Dans une déclaration à Quds Net News Agency jeudi il a dit : « l’Union européenne n’a pas émis de décision de boycott d’Israël, mais ce qui se passe est un boycott de toute relation ou d’accord avec les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. »

En outre : « Cette initiative s’étend dans le monde entier et pas seulement dans les pays européens, de nombreuses zones dans le monde sont également prêts à boycotter les colonies. »

L’accord avec les partis arabes de participer à la campagne de boycott a été conclu après la participation d’une délégation du mouvement Initiative Nationale palestinienne dirigée par Barghouti, avec une délégation du Fatah, dirigée par Nabil Shaath au Forum social-démocrate arabe. Il a eu lieu à Amman, en Jordanie, sur deux jours et a pris fin mercredi.

Le projet de résolution présenté par l’Initiative Nationale palestinienne en ce qui concerne Jérusalem fut adopté à l’unanimité, ainsi qu’un mouvement de masse de boycott et de sanctions contre Israël et la décision de soutenir la résistance populaire palestinienne et la lutte pour la justice pour les Palestiniens contre l’occupation et les colonies.

Les délégués ont appelé les peuples du monde arabe et ses amis à adopter une stratégie de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël jusqu’à ce qu’il mette fin à la discrimination et l’occupation injuste.

Il est prévu que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève votera jeudi et vendredi sur cinq résolutions condamnant Israël. Il s’agit notamment d’une résolution appelant à encourager le boycott des colonies israéliennes et couper tous les investissements avec elles. Pendant ce temps, la diplomatie israélienne n’a pris aucune action directe pour lutter contre ces décisions et est occupée avec des grèves dans leurs ambassades et consulats internationaux.

Un haut responsable israélien a déclaré que la proposition de résolution appelant à un boycott des colonies est en train de créer une tension et anxiété au sein du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Ayant compris que la diplomatie israélienne est complètement paralysée en raison des grèves, ils ont rapidement décidé d’affecter un envoyé spécial à Genève. En attendant, le vice-président israélien du Conseil national de sécurité, Aaron Larmon, devait arriver mercredi, mais une décision de dernière minute a été prise d’annuler la visite après que des responsables du bureau du Premier ministre ont compris qu’ils ne seraient pas en mesure d’influencer les décisions qui se profilent à Genève.

Le projet de résolution au Conseil de droits de l’homme des Nations Unies à Genève a été fondé sur la proposition faite par un groupe d’États arabes au Conseil des droits de l’homme, y compris l’Autorité palestinienne, et est intitulé Colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, à Jérusalem-Est et les hauteurs du Golan. Le projet de résolution, qui sera soumis au vote, est le premier de son genre à condamner Israël par des résolutions du Conseil de droits de l’homme des Nations Unies.

Israël considère l’intitulé très dangereux car il reprend les termes de la campagne BDS contre les colonies, et bien qu’une décision du Conseil des droits de l’homme n’impose aucune obligation à un État, un vote favorable entraînera plus de boycotts des colonies israéliennes et le boycott des entreprises israéliennes qui coopèrent avec les colonies, qui y opèrent, ou même qui ouvrent des filiales là-bas.


Middle East Monitor


Traduction "le boycott est plus qu’un droit, un devoir" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

»» http://www.middleeastmonitor.com/news/middle-east/10590-israel-loses-e...
URL de cet article 26809
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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 09:36
Lu sur le blog "Russeurope".  Cliquez sur le titre pour retrouver l'intégralité de l'article.

Novorossia

 

Il est désormais plus que temps que la politique reprenne ses droits dans la crise ukrainienne. Mais, ceci implique en premier lieu qu’un cessez le feu soit rapidement conclu entre les gouvernement de Kiev et les insurgés. C’est vers ce résultat que devraient tendre toutes les énergies. Mais, on doit constater que ce n’est pas le cas, et que l’hystérie antirusse se fait très présentes dans les médias. Il faut alors rappeler ici plusieurs points qui semblent avoir été systématiquement oubliés dans les commentaires que l’on peut lire ou entendre sur la situation en Ukraine.


(1) Le gouvernement de Kiev a employé une force disproportionnée qui a aboutit à des pertes civiles et des destructions sans nombres dans les villes tenues par les insurgés. Les bombardements sans discrimination entre cibles militaires et civiles ont été très nombreux. On peut ici formuler le soupçon que les chefs militaires des forces de Kiev ont délibérément  voulu punir les populations et ont cherché à procéder à un nettoyage ethnique en provoquant l’exode des populations russophones. Tout ceci constitue autant de « crimes de guerre ». Il est frappant que, jusqu’à une période très récente, en fait jusqu’au samedi 23 août, il n’y ait pas eu de reportage sur le sujet sur les « grandes » chaînes de télévision. La presse française, d’habitude – et c’est son honneur – si prompte à s’émouvoir a été sur l’Est de l’Ukraine bien longtemps et bien étrangement silencieuse. Était-ce parce que les victimes étaient « ethniquement » russes comme l’on dit ? Croire que la Russie, qu’il s’agisse de l’État Russe ou de la population de la Russie, pouvait se désintéresser du sort de ces populations était une profonde illusion, et une profonde erreur. De fait, croire que la Russie pourrait adopter une attitude de stricte neutralité par rapport à ces événements n’avait aucune base. La Russie a pris, jusqu’à ces derniers jours, une position de non-belligérance. La présence de volontaires russes, qui seraient environ 3000 dans les forces insurgées, témoigne du profond mouvement de sympathie que le sort fait aux populations de l’Est de l’Ukraine a suscité.

(2) La présence de troupes russes est alléguée par les autorités de l’OTAN, et bien entendu par le gouvernement de Kiev. Le gouvernement russe dément ces accusations. L’OTAN estime, pour l’instant, autour d’un millier le nombre de soldats russes. Notons que, même si l’OTAN a raison sur ce point, ce nombre de soldats est parfaitement insuffisant pour expliquer l’effondrement militaire que les forces de Kiev ont subi ces derniers jours. On estime en effet à 50 000 le nombre de soldats (de l’Armée et de la Garde Nationale) qui sont engagés dans les opérations contre les insurgés. Ces derniers n’alignent, quant à eux que des effectifs d’environ 15 000 hommes. Si la présence de ces troupes russes était confirmée, elles n’auraient pu jouer qu’un rôle local et marginal dans les combats qui ont eu lieu depuis ces derniers jours. Leur présence ne saurait donc expliquer les défaites multiples subies par les forces de Kiev. Elle ne permet pas, non plus, de comprendre pourquoi les forces ukrainiennes sont en train de s’effondrer au sud de Donetsk et autour de Mariupol.


Carte 1

Front Sud

De ce point de vue, il est significatif que le Département d’État du gouvernement des États-Unis parle aujourd’hui d’« incursion » et non, comme de nombreux journalistes d’« invasion ». Cela signifie que le problème est politique et non militaire. Il est clair que, si elle est avérée, cette présence de troupes russes n’est pas acceptable et que la Russie doit retirer ces troupes au plus vite. La Russie doit, si c’est le cas, revenir à une position de non-belligérance et les pays de l’Union européenne et les États-Unis se garder de tomber dans le piège tendu par Kiev qui, à l’évidence, cherche à internationaliser le conflit.

 

[...]

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 08:46
Interview d'Emmanuel Todd le 28 mai 2014 sur Herodote.net

« La Russie nous surprendra toujours »

 

L'historien Emmanuel Todd a entrevu en 1976 la fin de l'URSS avec un essai au titre provoquant : La chute finale. Aujourd'hui, dans un entretien inédit avec Herodote.net, il prend à nouveau l'opinion à rebrousse-poil en annonçant la renaissance de la Russie et l'effondrement de l'Ukraine. Avec des chiffres que nos dirigeants auraient intérêt à méditer.

Télécharger les entretiens avec Emmanuel Todd (Herodote.net, 2014)

Herodote.net : Vous tentez de comprendre les sociétés humaines et entrevoir leur futur à travers leurs indicateurs démographiques. Depuis quarante ans, la Russie est l'un de vos terrains de chasse favoris. Cela tombe bien. Au moment où elle fait à nouveau trembler l'Europe, dites-nous comment vous la percevez.

Emmanuel Todd : En 1976, j'avais découvert que la mortalité infantile était en train de remonter en URSS et ce phénomène avait troublé les autorités soviétiques au point qu'elles avaient renoncé à publier les statistiques les plus récentes. C'est que la remontée de la mortalité infantile (décès avant l'âge d'un an) témoignait d'une dégradation générale du système social et j'en avais conclu à l'imminence de l'effondrement du régime soviétique.

Aujourd'hui, disons depuis quelques mois, j'observe à l'inverse que la mortalité infantile dans la Russie de Poutine est en train de diminuer de façon spectaculaire. Parallèlement, les autres indicateurs démographiques affichent une amélioration significative, qu'il s'agisse de l'espérance de vie masculine, des taux de suicide et d'homicide ou encore de l'indice de fécondité, plus important que tout. Depuis 2009, la population de la Russie est repartie à la hausse à la surprise de tous les commentateurs et experts.

C'est le signe que la société russe est en pleine renaissance, après les secousses causées par l'effondrement du système soviétique et l'ère eltsinienne, dans les années 1990. Elle se compare avantageusement, sur de nombreux points, à bien des pays occidentaux, sans parler des pays d'Europe centrale ou de l'Ukraine, laquelle a sombré dans une crise existentielle profonde.

La mortalité infantile

La mortalité infantile (décès avant l'âge d'un an pour mille naissances) est sans doute l'indicateur le plus significatif de l'état réel de la société. Il dépend en effet tout à la fois du système de soins et des infrastructures, de la nourriture et du logement dont disposent les mères et leurs enfants, du niveau d'instruction des mères et des femmes en général...

Le graphique ci-dessous témoigne des progrès spectaculaires accomplis par les trois pays issus de l'ancienne URSS depuis la fin du XXe siècle. La Russie, partie de très haut (plus de 20 décès pour mille naissances) a rattrapé l'Ukraine et se situe à peine au-dessus des États-Unis.

Plus déroutants encore sont les progrès de la Biélorussie, qui se situe désormais au niveau de la France (3 pour mille). Qui l'eut cru de ce « trou noir » au milieu de l'Europe, dirigé par un obscur autocrate ? On verra qu'en tous points la Biélorussie colle à la Russie. Les deux pays ont des structures familiales similaires et la Biélorussie, au contraire de l'Ukraine, se satisfait d'une indépendance restreinte.

Mortalité infantile comparée en Russie, en Ukraine, en France... (Herodote.net, 2014)

 

Herodote.net : Mais quelle fiabilité pouvons-nous accorder à ces statistiques ?

Emmanuel Todd : La plus grande qui soit. Les données démographiques ne peuvent pas être trafiquées car elles ont leur cohérence intrinsèque. Les individus dont on a enregistré un jour l'acte de naissance doivent se retrouver dans les statistiques à tous les grands moments de leur existence et jusqu'à leur certificat de décès. C'est pour cela que le gouvernement soviétique a cessé de publier les taux de mortalité infantile quand ils lui ont été défavorables.

Ça n'a rien de comparable avec les données économiques ou comptables que l'on peut allègrement trafiquer comme l'ont fait le gouvernement soviétique pendant plusieurs décennies ou les experts de Goldman Sachs quand ils ont dû certifier les comptes publics de la Grèce pour lui permettre d'entrer dans la zone euro...

Les cigognes retrouvent le chemin de la Russie

L'indice de fécondité (nombre moyen d'enfants par femme) témoigne du renouveau démographique de la Russie même s'il est encore inférieur au seuil de remplacement des générations (comme dans tous les pays développés). Relevons dans les comparaisons ci-dessous l'effondrement de la Pologne catholique qui, visiblement, n'a pas profité de son entrée dans l'Union européenne.

   
Russie
Biélorussie
Ukraine
Pologne
France
Allemagne
États-Unis
1993
1,7
1,8
1,8
2,0
1,8
1,4
2,0
1999
1,2
1,3
1,3
1,5
1,7
1,3
2,0
2005
1,4
1,2
1,2
1,2
1,9
1,3
2,0
2013
1,7
1,6
1,5
1,3
2,0
1,4
1,9

Source : World Population Data Sheet / INED, Population & Sociétés.

 

Herodote.net : Ce regain de vitalité de la Russie est donc une surprise pour vous ?

Emmanuel Todd : Oui, tout à fait. Dans Après l'Empire, un essai consacré aux États-Unis et publié en 2003, j'ai envisagé cette éventualité dans un chapitre intitulé « Le retour de la Russie » mais je n'avais aucune donnée statistique me permettant de l'étayer. Je faisais seulement confiance à ma perception de la société russe, de ses structures familiales et étatiques.

C'est peu dire qu'elle n'est pas partagée par mes concitoyens. Dans les dernières années, j'ai été exaspéré par le matraquage anti-russe de la presse occidentale et en particulier française, avec Le Monde au coeur du délire !


Herodote.net : Vous exagérez !

Emmanuel Todd : Pas du tout. Ces médias ont réussi à aveugler l'opinion sur le redressement spectaculaire de la première puissance militaire du continent européen ! Ce faisant, je ne crains pas de le dire, ils nous ont mis en situation de risque.

La CIA s'est elle-même laissée abuser par ses préjugés. En se focalisant sur le désastre démographique des dernières décennies du XXe siècle, elle a cru à la disparition prochaine de la Russie. De même que l'Union européenne, elle a mal évalué les nouveaux rapports de force entre la Russie et ses voisins et c'est comme ça que, de maladresse en maladresse, on a abouti à l'annexion de la Crimée et à la guerre civile en Ukraine.

 

Herodote.net : Vous oubliez Poutine, sa brutalité, son homophobie...

Emmanuel Todd : Sur l'homophobie, je ne suis pas compétent, même si je suis à titre personnel favorable au mariage pour tous. Le magazine Marianne m'a confié il y a quelques semaines l'analyse d'un sondage sur la sexualité politique des Français et j'avoue que ça m'a beaucoup amusé...

Plus sérieusement, c'est vrai que le président russe n'a rien d'un social-démocrate ou d'un libéral. Interrogé par Le Point en 1990, j'avais dit qu'il ne fallait pas imaginer que la Russie devienne un jour une démocratie à l'anglo-saxonne. Ses structures familiales et étatiques s'y opposent tout autant que la violence inscrite dans son Histoire.

Mais la « poutinophobie » ambiante nous a masqué l'essentiel, ce que révèlent de façon claire les indicateurs démographiques : la chute de l'URSS a accouché d'une grande société moderne et dynamique, avec notamment un haut niveau d'éducation hérité de l'ère soviétique, des filles plus nombreuses que les garçons à l'Université et un bilan migratoire positif qui atteste de la séduction qu'exerce encore la société russe et sa culture sur les populations qui l'environnent.

Cela débouche sur ce que je qualifie faute de mieux de « démocratie autoritaire » ; un régime fort et même brutal, qui a néanmoins le soutien implicite de la grande majorité de la population.

Les filles à l'assaut de l'Université

Le pourcentage de filles par rapport aux garçons dans l'enseignement supérieur est un indicateur intéressant du degré de modernité d'une société et de la place qu'y tiennent les femmes ou qu'elles sont appelées à y tenir (source : OCDE, 2013).

  Suède
Russie
France    
États-Unis
Allemagne
140 filles pour 100 garçons
130
115
110
83

 

Herodote.net : Permettez-moi d'insister mais un président issu du KGB, la police politique soviétique, ça n'a rien de très moderne.

Emmanuel Todd : Et alors ? Le KGB et son avatar actuel, le FSB, sont des viviers pour les élites russes. Hélène Carrère d'Encausse a dit, en ironisant, qu'ils sont l'équivalent de l'ENA pour la France. Disons qu'ils participent de la nature violente du pays !

Le spectre d'Ivan le Terrible s'éloigne

Sur le chapitre des moeurs, on note de lentes améliorations en Russie, qu'il s'agisse des taux de suicide et d'homicide ou de l'espérance de vie masculine, longtemps plombée par l'alcoolisme et la violence.

   
taux de suicide (décès pour 100.000 habitants)
taux d'homicide (décès pour 100.000 habitants)
espérance de vie masculine
1998
35,5
22,9
61 ans
2010
30
10
64 ans

Pour rappel, le taux de suicide est de 16 pour 100.000 habitants en France (2008) ; le taux d'homicide est de 4,2 pour 100.000 habitants aux États-Unis et de 1 pour 100.000 habitants en France (2013).

Les graphiques ci-dessous représentent l'espérance de vie à 60 ans des femmes et des hommes. Ils témoignent du retard accumulé par l'URSS depuis les années 1950 et du redressement récent, qui demeure fragile.

Espérance de vie à 60 ans (Herodote.net, 2014)

 

Herodote.net : Vous nous assurez que la société russe se porte plutôt bien mais son économie, elle, va mal.

Emmanuel Todd : En matière d'économie, je ne veux pas trop m'engager. Notons simplement que les 1,4% de croissance de la Russie et son taux de chômage de 5,5% feraient pâlir d'envie le président Hollande. Et pour ne pas l'accabler, je ne dirai rien de l'indice de popularité de son homologue russe.

Mais il est vrai que la Russie vit pour l'essentiel sur une économie de rente fondée sur l'exploitation de son sous-sol et, de plus en plus, sur son agriculture. Pour le reste, elle s'en tient à une politique protectionniste destinée à protéger ce qui reste de son industrie.

Le pays a deux atouts : un territoire immense de 17 millions de km2 plein de richesses potentielles et une population de 144 millions d'habitants (2013) qui compte encore beaucoup de scientifiques de haut niveau, malgré le départ de 800.000 juifs pour Israël.

Ces deux atouts déterminent la stratégie de Poutine : protéger le territoire et ses ressources avec une armée performante, en attendant que l'économie mondiale achève sa transition vers l'Asie et les nouvelles technologies. On le voit mal faire un autre choix comme d'accueillir des industries de main-d’œuvre ou développer des entreprises exportatrices de biens de consommation.

Mais je m'en tiens là-dessus à des hypothèses. Ce qui, par contre, ne relève pas de l'hypothèse mais du réel, c'est le réconfortant redressement de la démographie russe. Il témoigne d'une santé qui ferait envie à de nombreux pays européens...

Cela dit, n'exagérons rien. Si par malheur, il devait arriver que je sois chassé de ma patrie, ce n'est pas en Russie que je me réfugierais mais aux États-Unis selon une tradition familiale bien établie !

Propos recueillis par André Larané pour Herodote.net, le 28 mai 2014

 

Publié ou mis à jour le : 2014-08-06 11:33:41

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 09:45

Lu sur Russeurope, le blog de Jacques Sapir.

 

Russie-Ukraine

28 août 2014
Par

 

Le gouvernement de Kiev prétend depuis maintenant plusieurs semaines que des troupes russes opéreraient en Ukraine, sans toutefois être en mesure de présenter des preuves de cela. Depuis 24h ces accusations sont reprises par des nombreuses sources. L’ambassadeur Américain à Kiev à parlé d’une « invasion » sur son compte twitter. Le Département d’Etat, plus prudent parle seulement d’incursion. Les autorités de l’OTAN prétendent aussi avoir les preuves de cette « invasion », mais aujourd’hui (28 août) on ne parle plus que d’un millier d’hommes. Les autorités russes nient tout cela, tout en reconnaissant que des unités opérant sur la frontière on pu s’égarer (ce qui est AUSSI arrivé à des unités de l’Armée Ukrainienne). Il faut alors remarquer les faits suivants :

  • (1) Il est clair qu’il y a des volontaires russes combattants avec les insurgés. Ceci n’est pas un secret. Certains de ces volontaires sont des nationalistes, d’autres sont proches du Parti Communiste de Russie (KPRF). Ceci n’est pas suffisant pour parler d’une intervention directe de la Russie, tout comme la présence de 800 « volontaires » (i.e. mercenaires) américains de la société Academi (ex Blackwater) n’implique pas le gouvernement américain. Signalons aussi que, du côté de Kiev, se battent des volontaires Suédois et Polonais, et que l’on signale, du côté des insurgés, des volontaires espagnols (membres d’une organisation d’extrême-gauche), italiens et même français.
  • (2) Que certains de ces volontaires soient d’anciens soldats, voire des soldats et officiers ayant demandé un congé sans solde est possible, et même assez probable.
  • (3) On ne doit pas exclure que des « conseillers » russes opèrent au profit des insurgés, de même que l’on sait que des conseillers de pays de l’OTAN et des Etats-Unis entraînent les soldats de Kiev et la Garde Nationale.
  • (4) La Russie fournit une aide indirecte aux insurgés, que ce soit en laissant fonctionner les filières de recrutement des volontaires ou en rétrocédant aux insurgés le matériel des troupes de Kiev quand ces dernières, encerclées, se font interner en Russie. C’est ainsi que les insurgés ont acquis les grandes quantités de matériel militaire dont ils disposent. La position de la Russie n’est pas la neutralité mais la non-belligérence.
  • (5) Les accusations de ces deux derniers jours trouvent visiblement leur source dans la défaite cuisante subie par les forces de Kiev et l’effondrement partiel des unités déployées sur la partie sud du Front. De plus, des unités importantes sont encerclées depuis maintenant 4 jours au sud de Donetsk. La crise militaire que connaît le gouvernement de Kiev est une réalité, qui peut s’expliquer sans avoir recours à l’intervention russe. Il est cependant clair que le gouvernement de Kiev, qui semble avoir compris son erreur d’avoir cru pouvoir régler la question de l’insurrection de manière militaire, cherche à internationaliser cette guerre . C’est une logique infernale dans laquelle il convient de ne pas tomber.
  • (6) Les accusations proférées par des autorités américaines amènent à se pencher sur le passé. Dans le cas du drame du vol MH17, nous sommes toujours sans les preuves que ces mêmes autorités avaient pourtant annoncées. De plus en plus de responsables, tant en Grande-Bretagne qu’en France, émettent désormais des doutes importants sur la thèse « officielle » d’une implication des forces insurgées, voire de la Russie. Compte tenu du rôle psychologique joué par ce drame, la plus grande prudence s’impose désormais pour les pays occidentaux.
  • (7) Il est cependant clair que plus longtemps les opérations militaires dureront, plus grand sera le risque d’une confrontation directe entre les forces russes et l’armée de Kiev. C’est pourquoi, il est essentiel que l’on arrive à un cessez-le-feu le plus rapidement possible. Ce cessez le feu doit être inconditionnel. Il peut s’accompagner de la possibilité pour les forces de Kiev qui sont encerclées de se retirer, avec ou sans leur matériel, jusqu’à leurs lignes.
  • (8) Le cessez-le-feu ne peut être le résultat d’un accord politique, mais au contraire il est la condition pour que des négociations directes entre le gouvernement et les insurgés puissent s’ouvrir. De ce point de vue, le temps presse…

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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 14:02

La stratégie USA/Otan de démolition des pays à travers une guerre secrète. Les « Etats faillis »

bateau-naufrage

 

Tandis que depuis la Libye en flammes des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, poussés par le désespoir, tentent chaque jour la traversée de la Méditerranée, et beaucoup y perdent la vie, le président Napolitano avertit «  Attention aux foyers qui nous entourent », à commencer par « l’instabilité persistante  et la fragilité de la situation en Libye ».

 

Il oublie, et avec lui la quasi totalité des gouvernants et politiques, que c’est justement l’Italie qui a joué un rôle déterminant pour allumer en 2011 le « foyer » de cette guerre dont l’hécatombe de migrants est une des conséquences. Sur la rive sud de la Méditerranée, face à l’Italie, se trouvait un Etat qui -d’après même la Banque mondiale en 2010- avait « de hauts niveaux de croissance économique », avec une augmentation annuelle du pil de 7,5%, et enregistrait « des indicateurs de développement humain élevés » parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et,  pour 46%, à celle de niveau universitaire. Malgré les disparités, le niveau de vie de la population libyenne était notablement plus haut que celui des autres pays africains. En témoigne le fait qu’environ deux millions d’immigrés, en majorité africains, trouvaient du travail en Libye. Cet Etat, en plus de constituer un facteur de stabilité et de développement en Afrique du Nord, avait favorisé par ses investissements la naissance d’organismes qui auraient pu un jour rendre possible l’autonomie financière de l’Afrique : la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli ; la Banque centrale africaine, avec siège à Abuja (Nigeria) ; le Fond monétaire africain, avec siège à Yaoundé (Cameroun).


Après que des secteurs tribaux hostiles à Tripoli aient été financés et armés de telle sorte que le « printemps arabe » prît en Libye, dès le début, la forme d’une insurrection armée provoquant la riposte gouvernementale, l’Etat libyen fut démoli par la guerre en 2011 : en sept mois, l’aviation Usa/Otan effectuait 10 000 missions d’attaque, avec plus de 40 000 bombes et missiles. A cette guerre participa l’Italie avec ses bases et forces militaires, déchirant le Traité d’amitié, partenariat et coopération entre les deux pays. «En souvenir des luttes de libération et du 25 avril -déclarait le président Napolitano le 26 avril 2011- nous ne pouvions pas rester indifférents à la réaction sanguinaire du colonel Kadhafi en Libye : d’où l’adhésion de l’Italie au plan d’interventions de la coalition sous conduite Otan ». Pendant la guerre furent infiltrées en Libye des forces spéciales, dont des milliers de commandos qataris, et simultanément furent financés et armés des groupes islamistes, qualifiés de terroristes quelques mois auparavant encore. Il est significatif que les milices islamistes de Misrata, qui lynchèrent Kadhafi, occupent maintenant l’aéroport de Tripoli. Dans ce cadre se sont formés les premiers noyaux de l’ISIS (Eiil) qui, passés après en Syrie, ont construit le gros de leur force en lançant ensuite l’offensive en Irak. En jouant un rôle de fait fonctionnel à la stratégie USA/Otan de démolition des Etats à travers une guerre secrète.

 

« Il est désormais évident -déclare le président Napolitano- que chaque Etat failli devient inévitablement un pôle d’accumulation et de diffusion mondiale de l’extrémisme et de l’illégalité ». Reste seulement à voir quels sont les « Etats faillis ». Ce ne sont pas les Etats nationaux comme la Libye, la Syrie et l’Irak qui, situés dans des aires riches en pétrole ou avec une position géostratégique importante, sont totalement ou en partie hors de contrôle de l’Occident, et sont ensuite démolis par la guerre.

Ce sont en réalité les plus grands Etats de l’Occident qui, en trahissant leurs Constitutions, ont failli comme démocraties, en revenant à l’impérialisme du 19ème siècle.

Manlio Dinucci

Edition de mardi 26 août 2014 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/gli-stati-falliti/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Photo : Naufrage en Méditerranée, Plainte contre l’OTAN, l’UE et les pays de la coalition en opération en Libye” GISTI, 9 juin 2011.

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