A Berlin, dimanche, 13 000 Berlinois ont manifesté, sous la pluie, contre la hausse des loyers et la spéculation immobilière qui ont pour conséquences la destruction des quartiers et l’éviction des plus pauvres et des moins riches vers des périphéries de plus en plus éloignées. C’est le résultat de l’annexion de Berlin Est et de l’Allemagne de l’Est qui s’est faite aux conditions draconiennes du libéralisme et au nom de la liberté. Après l’annexion, la spéculation immobilière a flambé à Berlin. Des investisseurs allemands et étrangers s’y sont rués. Des immeubles populaires, accessibles à tous avant la « chute du mur », ont été rachetés, rénovés, leurs habitants obligés de partir à cause de la cherté des loyers. Des immeubles coopératifs – datant d’avant la RDA – ont été rachetés par des spéculateurs. Après le centre Mitte, Prenzlauer Berg, ce sont des quartiers plus populaires qui sont touchés. C’est une question très sensible à Berlin et de nombreuses luttes se déroulent sur cette question. Car la population de l’ex-Berlin Est avait l’habitude – du temps de la RDA – d’être locataire et logé à prix raisonnable. D’autre part, les Allemands, y compris à l’Ouest, ne sont pas massivement propriétaires – même si on les y incite aujourd’hui, pour des raisons de profits immobiliers …
Alors dimanche les Berlinois réclamaient que le principe « le profit avant les gens » soit aboli, un habitat pour tous et un habitat qui soit un bien collectif.
Voici ci-dessous des extraits du texte d’appel à cette manifestation et des photos.
Traduction et photos de notre correspondante à Berlin, Madeleine Röhring.
Résister - Ensemble contre l’éviction et la folie des loyers
À Berlin les gens sont refoulés par des loyers toujours plus hauts à la périphérie et hors de leurs quartiers. Des logements en location sont transformés en propriétés. Des voisinages sont détruits. Les associations sociales et les petits commerçants ne trouvent plus de locaux qu'ils puissent payer. Il y a de plus en plus de personnes sans domicile fixe. Le racisme et la discrimination ne facilitent pas la situation. Même en périphérie les loyers modérés sont rares. 74% des Berlinois ont peur de perdre leur appartement ou de devenir pauvre à cause d'un loyer trop haut.
Cette situation, c'est un système !
Dans cette société, on fait de l'argent avec l'habitat. Les logements sont des produits commerciaux, qui doivent apporter du profit. Les locataires sont mis en concurrence pour trouver un logement bon marché ou un logement social, devenu extrêmement rare. Mais un logement digne est un besoin premier des hommes, et un droit. C'est pourquoi, le principe "le profit avant les gens" doit être aboli.
Pour une ville solidaire,
- qui ne soit pas une formule commerciale, mais un habitat pour tous - indépendamment de l'origine, de la langue, de l'âge ou du salaire,
- dans laquelle les immeubles ne soient pas construits pour le profit, mais pour les habiter,
- dans laquelle les gens ne soient pas obligés de passer la nuit ou de vivre dans des logements d'urgence,
- dans laquelle l'habitat soit un bien collectif.
Nous exigeons un changement de cap radical dans la politique de l'habitat et des loyers !
Résistons!
Pour cette ville nous voulons lutter ensemble! Côte à côte, de manière solidaire - que l'on soit déjà touché ou pas. De plus en plus de gens se défendent en s'organisant en collectifs d'immeubles, en initiatives, devant les tribunaux ou dans les manifestations.
Très souvent avec succès :
la résistance, ça vaut le coup !
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