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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 20:54

Nous ne laisserons pas salir l'histoire de Renault-Billancourt!

Publié le par Front Syndical de Classe

On le sait Renault-Billancourt n'a pas été fermé en 1992 pour des raisons économiques.

C'est sous Mitterrand, Rocard que les 10 de Renault sont licenciés, prélude à la fermeture totale.

Il fallait que la "forteresse ouvrière" soit réduite au silence pour que puisse se déployer le règne de l'argent, des Tapie les contre-réformes et la remise en cause de tous les conquis de la Libération et du Conseil National de la Résistance.

A présent c'est la mémoire même de cette histoire et des combats qui la jalonne qui est attaquée travestie sous couvert de témoignages.

C'est pourquoi la vérité devait être rétablie, ce à quoi le texte de l' Association des Travailleurs Renault Ile Seguin, "Nous ne laisserons pas salir l'histoire de Renault-Billancourt" procède.


Une réplique qui doit être largement connue et diffusée.

Et le texte signé le plus largement.

Par ailleurs, l'ouvrage de Youcef Haji, "De Renault-Billancourt à l'Olympia, IDBIHI, parcours d'un marocain 1968-1987" préfacé par Roger Silvain constitue une toute autre approche qui au travers d'un parcours personnel retrace bien l'ambiance et les combats de cette époque.

__________________

ASSOCIATION DES TRAVAILLEURS RENAULT ILE SEGUIN (ATRIS)

Nous ne laisserons pas salir l'histoire de Renault-Billancourt

 

Samedi 21 novembre 2015 s'est tenu à la Sorbonne un « séminaire Marx 21e siècle », devant un public d'universitaires et d'étudiants. L'invitée en était Laurence Bagot, l'auteure d'un livre paru aux Éditions de l'Atelier sous le titre « Ceux de Billancourt ».

Plusieurs membres d'ATRIS ont assisté à cette réunion et sont intervenus dans le débat.
 

Nous remercions les organisateurs du séminaire de nous avoir permis de nous exprimer. Le contenu de cet ouvrage, sous couvert de témoignages réécrits, choisis à la seule convenance de l'auteure, défigure gravement l'histoire de Renault-Billancourt et la mémoire des dizaines de milliers de salariés qui y ont travaillé de la Libération à la fermeture de l'Île Seguin en 1992.


Sans apporter de preuves, ce livre salit le rôle d'Henri Krasucki, accusé d'avoir voulu « échanger » la fermeture de Renault-Billancourt contre le maintien des chantiers navals de la Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, en 1986. C'est infâme, tout comme affirmer, sans davantage de justifications, que la CGT a abandonné les travailleurs immigrés dans la bataille pour le maintien de l'usine et de l'emploi.

La CGT a toujours été un trait d'union et de solidarité entre les salariés qui défendaient leurs salaires et leurs conditions de travail.
 

Nous appelons toutes les personnes et les organisations concernées par le mouvement social à dénoncer ces mensonges, alliant l'ignorance et la manipulation, qui entachent ce qui fut un des grands chapitres de l'histoire sociale en France.
 

Nous demandons aux médias de nous aider à rétablir, de manière argumentée et contradictoire, la réalité de l'histoire de Renault-Billancourt. Nous sommes à la disposition des historiens, de la presse, des supports audiovisuels et internet pour fournir des éléments, preuves à l'appui, sur ce qu'ont été la vie et les luttes
des travailleurs de Renault-Billancourt.


Vous pouvez soutenir cette action d'ATRIS et des premiers signataires en signant ce texte sur l'adresse suivante :

21atris21@gmail.com
 

 

LES PREMIERS SIGNATAIRES


Arezki AMAZOUZ, président d'ATRIS, ancien secrétaire CGT Renault-Billancourt, ancien membre de la CE confédérale ;

Pierre BERNARDINI, défenseur des victimes de l'amiante Renault-Billancourt;

Joëlle CHASTRUSSE, déléguée CGT 1975-82 et 2003-2012 ;

Robert CRÉANGE, ancien directeur CGT des activités sociales du C.E. Renault-Billancourt ;

Mustapha DHAOUADI, ancien secrétaire CFDT à Renault-Billancourt ;

Pierre FABRE, ancien secrétaire général général CGT du groupe Renault ;

Mohand HADJAZ, secrétaire CGT Renault- Billancourt 1970-73 ;

Youssef HAJI, écrivain ;

Aimé HALBEHER, secrétaire général CGT Renault-Billancourt en 1968 ;

Georges HUBSCHMIDTT, ingénieur CGT tôlerie Renault ;

Mostefa IDBIHI, ancien ouvrier, auteur du livre « De Billancourt à
l'Olympia » ;

Ibrahima LY, délégué CGT à Renault-Billancourt jusqu'en 1992 ;
 

Alain MAS, ancien élu UGICT-CGT, DSC adjoint Renault TCR ;

Michel MONDIOT, ancien technicien Renault-Billancourt ;

G é r a r d M U T E A U , ancien administrateur CGT salarié du groupe Renault ;

Philippe MUTEAU, militant CGT ;

Yves PERRIN, membre des « Dix de Billancourt » ;

Claude POPEREN, secrétaire général de la CGT Renault-Billancourt 1958-1967 ;

Jean-Pierre ROSSI, monteur, Délégué du Personnel CGT ;

Daniel SANCHEZ, secrétaire général de la Fédération de la Métallurgie CGT ;

Roger SILVAIN, secrétaire CGT Renault- Billancourt 1971-76 ;

Serge TONNEAU, ex-tourneur outilleur, militant CGT. ;


Anne-Marie VIERGE, ancienne déléguée CGT à Renault-Billancourt ;

PierreVIERGE, ancien délégué CGT à Renault-Billancourt

 

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14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 15:24

13 Novembre 2015 , Rédigé par Réveil Communiste 

Annie Lacroix-Riz pose "la question préalable des sources de la série « Apocalypse Staline » sur France 2"

Publié par Initiative Communiste

Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7

L’histoire de Guerre froide entre Göbbels et l’ère américaine

Les trois heures de diffusion de la série « Apocalypse Staline » diffusée le 3 novembre 2015 sur France 2 battent des records de contrevérité historique, rapidement résumés ci-dessous.

Une bande de sauvages ivres de représailles (on ignore pour quel motif) ont ravagé la Russie, dont la famille régnante, qui se baignait vaillamment, avant 1914, dans les eaux glacées de la Baltique, était pourtant si sympathique. « Tels les cavaliers de l’apocalypse, les bolcheviques sèment la mort et la désolation pour se maintenir au pouvoir. Ils vont continuer pendant 20 ans, jusqu’à ce que les Allemands soient aux portes de Moscou. […] Lénine et une poignée d’hommes ont plongé Russie dans le chaos » (1er épisode, « Le possédé »).

Ces fous sanguinaires ont inventé une « guerre civile » (on ignore entre qui et qui, dans cette riante Russie tsariste). L’enfer s’étend sous la houlette du barbare Lénine, quasi dément qui prétend changer la nature humaine, et de ses acolytes monstrueux dont Staline, pire que tous les autres réunis, « ni juif ni russe », géorgien, élevé dans l’orthodoxie mais « de mentalité proche des tyrans du Moyen-Orient » (la barbarie, comprend-on, est incompatible avec le christianisme). Fils d’alcoolique, taré, contrefait, boiteux et bourré de complexes (surtout face au si brillant Trotski, intelligent et populaire), dépourvu de sens de l’honneur et de tout sentiment, hypocrite, obsédé sexuel, honteux de sa pitoyable famille, Staline hait et rackette les riches, pille les banques, etc. (j’arrête l’énumération). On reconnaît dans le tableau de cet « asiate » les poncifs de classe ou racistes auxquels le colonialisme « occidental » recourt depuis ses origines.

Vingt ans de souffrances indicibles infligées à un pays contre lequel aucune puissance étrangère ne leva jamais le petit doigt. Il y a bien une allusion sybilline aux années de guerre 1918-1920 qui auraient fait « dix millions de morts » : les ennemis bolcheviques sont encerclés partout par une « armée de gardes blancs ». On n’aperçoit pas la moindre armée étrangère sur place, bien qu’une cinquantaine de pays impérialistes étrangers eussent fondu, de tous les points cardinaux sur la Russie, dont la France, l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis, etc. (c’est au 2e épisode seulement, « L’homme rouge », qu’on apprend que Churchill a détesté et combattu l’URSS naissante : quand? comment?).

Pour échapper à cette intoxication sonore et colorée, le spectateur aura intérêt à lire l’excellente synthèse de l’historien Arno Mayer, sympathisant trotskiste auquel son éventuelle antipathie contre Staline n’a jamais fait oublier les règles de son métier : Les Furies, terreur, vengeance et violence, 1789, 1917, Paris, Fayard, 2002. L’ouvrage, traduit par un gros éditeur pour des raisons que je ne m’explique pas, vu les habitudes régissant la traduction en France, compare aussi les révolutions française et bolchevique. Comparaison particulièrement utile après une ère Furet où la française a été aussi malmenée que la russe. Pour Mme Clarke et M. Costelle comme pour les historiens et publicistes qui ont occupé la sphère médiatique depuis les années 1980, la Terreur est endogène, et dépourvue de tout rapport avec l’invasion du territoire par l’aristocratie européenne. Et, de 1789 à 1799, expérience atroce heureusement interrompue par le coup d’État, civilisé, du 18 Brumaire (9 novembre 1799), la France a vécu sous les tortures des extrémistes français (jacobins), mauvaise graine des bolcheviques.

« Le peuple soviétique » est soumis sans répit aux tourments de la faim notamment à « la famine organisée par Staline au début des années trente, catastrophique surtout en Ukraine », où elle aurait fait « 5 millions de morts de faim », victimes de l’« Holodomor » , à la répression permanente, incluant les viols systématiques, aux camps de concentration « du Goulag » (« enfer pour les Russes du désert glacé », où toutes les femmes sont violées aussi) si semblables à ceux de l’Allemagne nazie (un des nombreux moments où les séquences soviétique et allemande sont « collées », pour qu’on saisisse bien les similitudes du « totalitarisme »). Mais il gagne la guerre en mai 1945. On comprend d’ailleurs mal par quelle aberration ce peuple martyrisé pendant plus de vingt ans a pu se montrer sensible, à partir du 3 juillet 1941, à l’appel « patriotique » du bourreau barbare qui l’écrase depuis les années 1920. Et qui a, entre autres forfaits, conclu « le 23 août 1939 » avec les nazis une « alliance » qui a sidéré le monde, l’indigne pacte germano-soviétique, responsable, en dernière analyse, de la défaite française de 1940 : « Staline avait tout fait pour éviter la guerre, il avait été jusqu’à fournir à Hitler le pétrole et les métaux rares qui avaient aidé Hitler à vaincre la France ».

Il est vrai que l’hiver 1941-1942 fut exceptionnellement glacé, ce qui explique largement les malheurs allemands (en revanche, « le général Hiver » devait être en grève entre 1914 et 1917, où la Russie tsariste fut vaincue avant que les bolcheviques ne décrétassent « la paix »). Il est vrai aussi que l’aide matérielle alliée a été « décisive » dès 1942 (épisodes 2 et 3), avions, matériel moderne, etc. (4% du PNB, versés presque exclusivement après la victoire soviétique de Stalingrad).

Il n’empêche, quel mystère que ce dévouement à l’ignoble Staline, qui vit dans le luxe et la luxure depuis sa victoire politique contre Trotski, alors que « le peuple soviétique » continue d’être torturé : non pas par les Allemands, qu’on aperçoit à peine dans la liquidation de près de 30 millions de Soviétiques, sauf signalement de leur persécution des juifs d’URSS, mais par Staline et ses sbires. Ainsi, « les paysans ukrainiens victimes des famines staliniennes bénissent les envahisseurs allemands ». Ce n’est pas la Wehrmacht qui brûle, fusille et pend : ces Ukrainiens « seront pendus par les Soviétiques revenus, » et filmés à titre d’exemples comme collabos. Staline fait tuer aussi les soldats tentés de reculer, tendance bien naturelle puisque le monstre « déclare la guerre à son peuple » depuis 1934 (depuis lors seulement?), qu’il a abattu son armée en faisant fusiller des milliers d’officiers en 1937, etc.

La critique mot à mot de ce « documentaire » grotesque s’avérant impossible, on consultera sur l’avant-guerre et la guerre l’ouvrage fondamental de Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars: From World War to Cold War, 1939-1953. New Haven & London: Yale University Press, 2006, accessible désormais au public français : Les guerres de Staline, 1939-1953, Paris, Delga, 2014. La politique d’« Apaisement » à l’égard du Reich hitlérien fut l’unique cause du pacte germano-soviétique, que les « Apaiseurs » français, britanniques et américain avaient prévue sereinement depuis 1933 comme la seule voie ouverte à l’URSS qu’ils avaient décidé de priver d’« alliance de revers ». Cette réalité, cause majeure de la Débâcle française, qui ne dut strictement rien à l’URSS, est absente des roulements de tambour de Mme Clarke et de M. Costelle. On en prendra connaissance en lisant Michael Jabara Carley, 1939, the alliance that never was and the coming of World War 2, Chicago, Ivan R. Dee, 1999, traduit peu après : 1939, l’alliance de la dernière chance. Une réinterprétation des origines de la Seconde Guerre mondiale, Les presses de l’université de Montréal, 2001; et mes travaux sur les années 1930, Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition) et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2008.

Les réalisateurs, leurs objectifs publics et leur conception de l’histoire

La seule émission de France Inter du 30 octobre au matin (disponible sur Internet jusqu’au 28 juillet 2018) a donné une idée des conditions du lancement « apocalyptique », tous médias déployés, de cette série Staline qui rappelle, par les moyens déployés, l’opération Livre noir du communisme en 1997. Elle éclaire aussi sur les intentions des réalisateurs installés depuis 2009 dans la lucrative série « Apocalypse » (http://apocalypse.france2.fr/

La musique et le son de ces trois heures éprouvantes sont adaptées à leurs objectifs. La « colorisation », qui viole les sources photographiques, porte la marque de fabrique de la série « Apocalypse » : elle s’impose pour attirer « les jeunes gens », faire sortir l’histoire de la case poussiéreuse où elle était confinée, argue Isabelle Clarke, éperdue de gratitude (bien compréhensible) à l’égard de France 2 qui « a remis la grande histoire en prime time (sic) »; aussi modestement, le coauteur Daniel Costelle attribue cette place d’honneur sur nos écrans domestiques à la qualité du travail accompli par le tandem depuis les origines de la série (2009). La « voix de Mathieu Kassovitz » est jugée « formidable » par les auteurs et leur hôtesse, Sonia Devillers : l’acteur débite, sur un ton sinistre et grandiloquent, le « scénario de film d’horreur » soviétique et stalinien qui fascine tant Mme Clarke.

Pour que la chose soit plus vivante, les auteurs, qui font « des films pour [s’]enthousiasmer [eux]-mêmes », ont décidé qu’ils n’auraient « pas de parti pris chronologique » : ils ont plus exactement pris le parti de casser la chronologie, par de permanents retours en arrière supposés rendre le « travail un peu plus interactif ». La méthode empêche toute compréhension des événements et des décisions prises, 1936 ou 1941 précédant l’avant Première Guerre mondiale, le conflit et 1917, une de ses conséquences. On sautille sans arrêt d’avant 1914 à 1945 dans chaque épisode et en tous sens : il est d’autant plus impossible de reconstituer le puzzle des événement morcelés que les faits historiques sont soigneusement épurés, sélectionnés ou transformés en leur exact contraire (c’est ainsi que les perfides bolcheviques auraient attaqué la Pologne en 1920, alors que c’est Varsovie qui assaillit la Russie déjà envahie de toutes parts). On nous explique souvent que le montage d’un film est fondamental, l’escroquerie « Apocalypse Staline », qui y ajoute le mensonge permanent et les ciseaux du censeur, le confirme.

La conjoncture est au surplus du côté des auteurs :

1° la propagande antisoviétique est depuis 1917 obsédante en France comme ailleurs en « Occident », mais elle a été infléchie pendant quelques décennies, à la fois par une fraction du mouvement ouvrier (surtout) et des intellectuels et par les circonstances, en particulier celles qui ont précédé et accompagné la Deuxième Guerre mondiale. Ce n’est plus le cas depuis les années 1990 où le mouvement ouvrier, toutes tendances confondues, s’est aligné sur les développements du Livre noir du communisme : seul défenseur de l’URSS depuis la naissance de la Russie soviétique, le PCF ne cesse depuis 1997 d’expier ses affreuses années staliniennes et de déplorer sa non-condamnation du si funeste pacte germano-soviétique. Rappelons que sa mise en œuvre offrit aux Soviets un répit de près de deux ans et leur permit de doubler les effectifs de l’armée rouge à leurs frontières occidentales (portés de 1,5 à 3 millions d’hommes). Jérôme Joffrin, dans un article qui se veut nuancé sur le « bourreau » Staline, auquel cependant « nous devons beaucoup », a légitimement relevé qu’il était délicat naguère de raconter en France absolument n’importe quoi sur l’URSS mais que l’obstacle a été levé par les rapports de forces internationaux et intérieurs (http://www.liberation.fr/planete/2015/11/02/staline-gros-sabots-contre-un-bourreau_1410752).

2° La liquidation de l’histoire scientifique française de l’URSS a été d’autant plus aisée depuis les années 1980 que l’offensive antisoviétique et anticommuniste s’est accompagnée d’une entreprise de démolition de l’enseignement général de l’histoire, soumis à une série de « réformes » toutes plus calamiteuses les unes que les autres. Le corps enseignant du secondaire l’a déploré, mais sa protestation n’est plus guère soutenue par des organisations autrefois combatives sur le terrain scientifique comme sur les autres. « Les jeunes gens », auxquels la casse de l’enseignement historique inflige désormais 1° la suppression de pans entiers de la connaissance, 2° l’abandon de la chronologie, sans laquelle on ne peut pas saisir les origines des faits et événements, et 3° le sacrifice des archives originales au fameux « témoignage », se sont trouvés, s’ils ont eu le courage de supporter les trois heures de ce gavage, en terrain particulièrement familier.

3° L’histoire scientifique relative à la la Russie, anglophone notamment, est en fort développement depuis une vingtaine d’années mais elle est en général inaccessible au public français : les ouvrages idoines sont traduits dans les six mois, les autres pratiquement jamais, sauf exception. Quelques-uns de ces « trous » percés dans le Rideau de Fer de l’ignorance historique du monde russe ont été mentionnés ci-dessus. Quoi qu’il en soit, quand les ouvrages sérieux sont traduits, ils sont ensevelis dans le néant, tous médias confondus.

De l’histoire, quelle histoire ?

Svetlana Aleksievitch, conseillère en « témoignages »

Isabelle Clarke admet qu’« Apocalypse Staline » ne relève pas de la catégorie de l’histoire, elle le revendique même. Elle se déclare fascinée par l’immense travail de Svetlana Alexievitch, dont l’attribution du prix Nobel de littérature d’octobre 2015 rappelle le couronnement « occidental » de l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne (https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Soljenitsyne), lauréat de 1970, avec des motivations semblables. Quelles que soient ses éventuelles qualités littéraires, Mme Aleksievitch n’a été promue que pour des raisons idéologico-politiques, conformément à une tradition d’après-guerre que la documentariste et historienne britannique Frances Stonor Saunders a exposée en 1999, dans un ouvrage essentiel sur la Guerre froide culturelle : c’est l’intervention expresse des États-Unis, via l’action clandestine pratiquée sur les questions culturelles (comme sur les les opérations politiques et même militaires) par le truchement de la CIA ou d’institutions financées par elle. Ce fut en l’occurrence via le Congress for Cultural Freedom (CCF) fondé, après une série d’initiatives préalables, en juin 1950, et qui bloqua l’attribution du prix Nobel de littérature à Pablo Neruda au début des années 1960 : Neruda fut écarté en 1964, au profit de Jean-Paul Sartre, dont Washington suivait de près et appréciait les démêlés avec le PCF, mais qui eut l’élégance de le décliner. Le pouvoir positif de soutien des États-Unis, depuis 1945, aux « dissidents » ou à des anticommunistes très divers a été aussi efficace que leur capacité de nuisance contre les intellectuels combattus : le Nobel de littérature a récompensé un nombre tout à fait disproportionné d’adversaires notoires du communisme en général et de l’URSS ou de la Russie en particulier : la consultation systématique est éclairante :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Nobel_de_litt%C3%A9rature#Ann.C3.A9es_1960

Isabelle Clarke se félicite du « travail de témoignage » réalisé par Svetlana Aleksievitch, grâce à laquelle « les crimes communistes », jamais jugés, ont enfin pu être recensés : en l’absence d’instruction et d’accès aux faits, il a fallu compter sur les témoignages, très longs à obtenir, et autrement plus éclairants que la recherche historique. Ces témoignages égrenés au fil des trois films, jamais liés à l’établissement des faits, forment donc la trame historique du « scénario de film d’horreur ». Svetlana Aleksievitch ne prétend pas, elle, faire œuvre d’historienne. Obsédée par la quête de l’Homo sovieticus, concept proclamé impossible, puisqu’on ne saurait changer les humains en changeant le mode de production, l’auteur de La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (traduction publiée en 2013 chez Actes Sud) (http://www.actes-sud.fr/la-fin-de-lhomme-rouge-de-svetlana-alexievitch) « enregistre sur magnétophone les récits des personnes rencontrées, et collecte ainsi la matière dont elle tire ses livres : “Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu. C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose… L’Histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne” » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Svetlana_Aleksievitch).

Nous sommes donc avisés que ce spectacle « émotionnel » et « occidental », organisé à grand tapage par les responsables de la série « Apocalypse Staline », est fondé sur de la littérature antisoviétique larmoyante, appréciée et récompensée comme telle par « l’Occident » civilisé.

Les « conseillers historiques » d’« Apocalypse Staline » : l’institut d’histoire sociale, De Boris Souvarine à Pierre Rigoulot

Quand on passe à « l’histoire » stricto sensu, le bilan est pire, et caractérisé par des pratiques malhonnêtes et non explicitées. Isabelle Clarke se flatte d’avoir « remis en prime time (sic) la grande histoire » et de ne pas avoir négligé l’histoire qu’elle aime moins que la littérature : elle aurait étudié tous les ouvrages « recommandés par nos conseillers historiques » : « Robert Service, Jean-Jacques Marie, Simon Sebag Montefiore » (ce dernier toujours traduit dans les mois qui suivent ses publications anglophones), dont les travaux sont caractérisés par une vision à peu près caricaturale du monstre, avec des nuances dont le lecteur de leurs travaux peut seul juger. Quels « conseillers historiques »? On a pourtant le choix parmi les historiens français de l’URSS, presque également soviétophobes et médiatiques : aucune carrière académique n’étant depuis trente ans ouverte à un spécialiste de l’URSS soviétophile, il n’en existe pas.

Dans la rubrique « crédits » du 3e épisode, figure la mention de citation(s) d’un seul ouvrage d’historien, le Staline de Jean-Jacques Marie, spécialiste du monstre sur la base d’ouvrages de seconde main (les seules autres citations proviennent de Mme Aleksievitch). Les « conseillers historiques » allégués n’ont pas été mentionnés, mais on relève, parmi les sept personnalités qui ont fait l’objet de « remerciements », juste nommées mais non présentées, un seul « historien » présumé : Pierre Rigoulot (les six autres sont artistes ou spécialistes techniques).

M. Rigoulot dirige l’institut d’histoire sociale, fondé en 1935 par Boris Souvarine, célèbre et précoce transfuge du communisme (1924) qui, fut, selon une tradition née en même temps que le PCF, embauché par le grand patronat français. Souvarine, trotskiste proclamé antistalinien (catégorie de « gauche » très appréciée pour la lutte spécifique contre les partis communistes), fut employé comme propagandiste par la banque Worms. Il fut un des rédacteurs de la revue les Nouveaux Cahiers, fondée en 1937 en vue de la scission de la CGT, financée et tuteurée par le directeur général de la banque Jacques Barnaud, futur délégué général aux relations économiques franco-allemandes (1941-1943). La revue, qui chanta sans répit les louanges d’une « Europe » sous tutelle allemande, fut publiée entre la phase cruciale de la scission, d’origine patronale, de la CGT (n° 1, 15 mars 1937), et la Débâcle organisée de la France (n° 57, mai 1940). Souvarine y voisinait avec la fine fleur de la « synarchie » issue de l’extrême droite classique (Action française) qui allait peupler les ministères de Vichy : il n’y était requis qu’en tant que spécialiste de (l’insulte contre) l’URSS et de la croisade contre la république espagnole assaillie par l’Axe Rome-Berlin.

Cette « petite revue jaune », qui attira bien des « collaborations », selon l’expression du synarque et ami de Barnaud, Henri Du Moulin de Labarthète, chef de cabinet civil de Pétain, est annonciatrice de presque tous les aspects de la Collaboration. Elle est conservée dans les fonds d’instruction de la Haute Cour de Justice des Archives nationales (W3, vol. 51, en consultation libre : régime de la dérogation générale, série complète jusqu’au n° de décembre 1938) et des archives de la Préfecture de police (série PJ, vol. 40, sous dérogation quand je l’ai consultée). Le lecteur curieux constatera que « Boris Souvarine, historien » (ainsi qualifié au 3e épisode, « Staline. Le maître du monde »), dans ses articles, réguliers, dresse entre 1937 et 1940 un portrait de l’URSS (et) de Staline en tout point conforme à ce que le spectateur français a appris, le 3 novembre 2015, sur le cauchemar bolchevique. Souvarine partit pour New York en 1940, y passa la guerre, et prit alors contact avec les services de renseignements alors officiellement voués à la seule guerre contre l’Axe (notamment l’Office of Strategic Services (OSS), ancêtre de la CIA, mais fort antisoviétiques. Il ne revint en France qu’en 1947 C’est le soutien financier clandestin du tandem CCF-CIA qui lui permit d’éditer et de faire triompher son Staline : en panne d’éditeur et de public de la Libération à la fin des années 1940, le chef de l’« Institut d’Histoire sociale et de Soviétologie » (définitivement reconstitué en mars 1954) accéda ainsi au statut d’« historien » que lui accorde « Apocalypse Staline ».

Deuxième « historien », non signalé comme tel, mais « remercié » dans les crédits, Pierre Rigoulot, présumé cheville ouvrière des films sur Staline, fait peser sur les trois épisodes de la série une triple hypothèque.

1°. M. Rigoulot n’est pas un historien mais un idéologue, militant au service de la politique extérieure des États-Unis, officiellement apparenté depuis les années 1980 aux « néo-conservateurs », selon Wikipedia, qu’on ne saurait taxer d’excessive complaisance pour le communisme : aucun des ouvrages qu’il a rédigés sur l’URSS, la Corée du Nord (sa nouvelle marotte depuis sa contribution sur le sujet dans Le Livre noir du communisme), Cuba, ne répond aux exigences minimales du travail scientifique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rigoulot)

2°. Faussaire avéré sous couvert de prendre la défense « des juifs », il a été, pour son ouvrage L’Antiaméricanisme (éditions Robert Laffont, 2005), condamné en diffamation par jugement de la 17e chambre du TGI de Paris, le 13 avril 2005, « ayant inventé de toutes pièces [une] fausse citation » antisémite (absente) d’un ouvrage de Thierry Meyssan, adversaire manifestement jugé sans péril (même référence en ligne).

3°. L’IHS, que M. Rigoulot a rejoint en 1984 comme bibliothécaire, puis « chargé des recherches et publications », et dont il est le directeur, n’est pas une institution scientifique : c’est une officine de Guerre froide et, après la Libération, de recyclage des collaborationnistes de sang et/ou de plume issus de l’extrême droite classique et de la gauche anticommuniste. Cet organisme a été depuis la Libération financé par la banque Worms, le CNPF et, quasi officiellement, par la CIA. Il a été intimement lié à Georges Albertini, second de Marcel Déat déjà employé avant-guerre par la banque Worms et recyclé à sa sortie de prison (1948) dans la propagande anticommuniste et antisoviétique de tous ces bailleurs de fonds. On trouvera sur tous ces points une ample bibliographie, fondée à la fois sur les archives policières françaises (de la Préfecture de police) et sur les fonds américains qui établit la convergence de tous les auteurs

Les trois volets d’« Apocalypse Staline » traitent, et sur le même ton haineux, tous les thèmes serinés depuis sa fondation par l’IHS, notamment ceux du Goulag (« la terreur et le goulag sont la principale activité du Politburo », 3e épisode, « Staline. Le maître du monde »), dont M. Rigoulot a fait depuis 1984, date de son entrée dans cette officine, un des thèmes privilégiés de ses travaux, et de l’« Holodomor », « organisé » par Staline.

Conclusion

On pourrait proposer au spectateur de visionner, en supprimant le son de cette projection grotesque, les bandes de « rushes » (les auteurs des films prétendent avoir livré du pur document brut, particulièrement authentique, mais le film de fiction, soviétique d’ailleurs, y occupe une part non négligeable). Il percevrait ainsi immédiatement qu’on pourrait faire une toute autre histoire de l’URSS sous Staline que celle qui s’appuie sur un matériau frelaté.

Là n’est pas l’essentiel. Le service public de télévision français a une fois de plus, en matière d’histoire, bafoué les principes minimaux de précaution scientifique et ridiculisé les spectateurs français, en leur servant un brouet de pure propagande antisoviétique : il avait déjà ouvert, entre 2011 et 2013, le service public aux seuls héritiers de Louis Renault, venus se lamenter, avec ou sans historiens complices, sur la spoliation de leur grand-père quasi résistant. Est-il normal que la société France Télévisions, financée par la redevance versée par tous les contribuables, se prête à une opération digne du « ministère de l’information et de la propagande » de Göbbels? On attend le « débat » qu’impose la malhonnêteté avérée de l’entreprise. J’y participerai(s) volontiers.

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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 15:42

LES DOSSIERS DE WIKILEAKS SUR L’AMÉRIQUE LATINE

Par Alexander Main, Dan Beeton  |  26 octobre 2015     Lu dans Mémoire des luttes
 

Au début de l’été 2015, le monde avait les yeux rivés sur le combat héroïque de la Grèce contre un diktat néolibéral désastreux. On a pu voir comment les autorités financières de la zone euro ont infligé au peuple grec une douloureuse correction publique avec un zèle sadique.

Lorsque le gouvernement de gauche de la Grèce décida d’organiser un référendum national sur le programme d’austérité imposé par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) se livra à des représailles en restreignant les liquidités des banques grecques. Ce qui provoqua une fermeture prolongée de ces établissements financiers et plongea la Grèce dans une récession encore plus grave. Malgré le vote massif du peuple grec contre l’austérité, l’Allemagne et le cartel des créanciers européens ont pu bafouer la démocratie et obtenir exactement ce qu’ils voulaient : la complète soumission à leur programme néolibéral.

Au cours des quinze dernières années, un combat similaire contre le néolibéralisme a été livré dans tout le continent américain et, pour l’essentiel, sans la moindre information du public. Au début, Washington tenta de réprimer toute contestation en recourant à des méthodes encore plus féroces que celles utilisées contre la Grèce, mais le mouvement de résistance de l’Amérique latine contre l’agenda néolibéral a été largement couronné de succès. C’est un récit épique qui voit progressivement le jour grâce à l’exploration continue de l’énorme masse de câbles diplomatiques américains rendus publics par WikiLeaks.

Le néolibéralisme était très solidement implanté en Amérique latine bien longtemps avant que les autorités allemandes et celles de la zone euro ne commencent à imposer par la force des ajustements structurels à la Grèce et aux autres pays périphériques endettés. En recourant à la contrainte (les conditionnalités attachées aux prêts du FMI) et à l’endoctrinement (en formant les Chicago boys de la région), les Etats-Unis ont réussi, dès le milieu des années 1980, à répandre l’évangile de l’austérité fiscale, de la déréglementation, du prétendu « libre-échange », de la privatisation et de la réduction draconienne du secteur public à l’échelle de tout le continent.

Le résultat fut étonnamment semblable à ce que l’on a pu voir en Grèce : croissance stagnante (pratiquement aucune augmentation du revenu par tête d’habitant durant les deux décennies 1980-2000), pauvreté croissante, baisse du niveau de vie pour des millions de foyers, et pléthore de nouvelles opportunités pour les investisseurs et les grandes entreprises internationales avec, à la clé, des profits rapides.

A la fin des années 1980, la région commença à se rebeller et à se soulever contre les politiques néolibérales. Au début, la rébellion était essentiellement spontanée et inorganisée – comme ce fut le cas du Caracazo [1] au Venezuela début 1989. Mais, par la suite, les candidats anti-néolibéraux ont commencé à gagner les élections et – au grand dam de l’Establishment de la politique étrangère américaine – un nombre croissant d’entre eux ont tenu leurs promesses de campagne et ont commencé à mettre en œuvre des mesures de lutte contre la pauvreté, ainsi que des politiques hétérodoxes qui ont réaffirmé le rôle de l’Etat dans l’économie. Entre 1999 et 2008, les candidats orientés à gauche – opposés à des degrés variables au néolibéralisme et à l’hégémonie américaine – ont remporté les élections présidentielles au Venezuela, au Brésil, en Argentine, en Uruguay, en Bolivie, au Honduras, en Equateur, au Nicaragua et au Paraguay.

Une bonne partie de l’histoire des efforts du gouvernement américain pour contenir et faire refluer la vague anti-néolibérale est accessible à travers les dizaines de milliers de câbles diplomatiques de WikiLeaks en provenance des missions diplomatiques américaines de la région, du début des années 2000 à 2010. Les câbles – que nous analysons dans le livre The WikiLeaks Files : The World According to U.S. Empire publié par Verso Books – révèlent jour après jour les mécanismes d’intervention politique des Etats-Unis en Amérique latine, transformant en pure dérision la position officielle du Département d’Etat qui proclame que « les Etats-Unis ne s’ingèrent pas dans la politique intérieure des autres pays ». Un soutien matériel et stratégique est apporté aux groupes d’opposition de droite, dont certains sont violents et anti-démocratiques. Les câbles donnent aussi une image édifiante de l’état d’esprit idéologique de guerre froide qui règne chez les diplomates américains, et les montre tentant de faire usage de mesures coercitives rappelant celles récemment appliquées pour étouffer la démocratie grecque.

Sans surprise, les grands médias ont largement occulté ou passé sous silence cette embarrassante chronique d’agression impériale, préférant se concentrer sur les rapports des diplomates américains qui faisaient état d’actions potentiellement embarrassantes ou illicites de la part de responsables étrangers. Les quelques experts ayant pignon sur rue qui ont proposé une analyse plus développée des câbles prétendent, et ce n’est guère étonnant, qu’il n’existe pas de véritable fossé entre la rhétorique officielle des Etats-Unis et la réalité dépeinte dans ces câbles. Selon les propres mots d’un spécialiste américain des relations internationales, « on n’y trouve nullement l’image des Etats-Unis comme marionnettistes tout-puissants essayant de tirer les ficelles de différents gouvernements pour servir les intérêts de leurs grandes entreprises ».

On ne trouve pas une telle image ? Lecteurs, jugez par vous-mêmes.

[...]  Lire la suite sur Mémoires des luttes

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 10:04
VU SUR EL DIABLO

VU SUR EL DIABLO

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 09:18

Majed Bamya, mardi 20 octobre 2015

Lu sur le site de l'Association France Palestine Solidarité

Escalade : a lieu chaque fois qu’un Israélien est tué. Il faut que plusieurs centaines de Palestiniens soient tués avant d’évoquer une escalade

Civil : mot non utilisé pour les Palestiniens, y compris les enfants. S’utilise par contre pour des colons armés et des soldats de réserve, et la possibilité d’étendre l’usage de ce terme aux soldats d’occupation en activité est actuellement en cours d’examen.

Sécurité : droit exclusivement réservé aux Israéliens, et qui permet de justifier à peu près tout, y compris des bombardements aveugles, des massacres, un mur dans le territoire palestinien occupé, des arrestations arbitraires massives, des incursions, des assassinats extrajudiciaires, des démolitions de maisons, et d’autres punitions collectives, y compris une siège de plus de 1,8 million de Palestiniens dans la bande de Gaza depuis plus de 7 ans

Regain de violence : terme permettant de mettre dans le même sac l’occupant et le peuple occupé, en négligeant les causes pour se concentrer uniquement sur les conséquences, ce qui permet de dédouaner la puissance occupante de sa responsabilité en tant que source principale et instigateur de la violence

Territoire palestinien occupé : là où presque tout se déroule sans qu’on l’explique clairement. Si vous souhaitez évoquer un colon vivant illégalement dans le territoire palestinien occupé, il est préférable de parler d’un civil sans localisation géographique

Occupation : comment, je ne comprends pas ! Mot trop complexe, l’éviter afin de ne pas créer de confusion à propos de la situation actuelle. Evoquer seulement "les deux parties" ou "les Palestiniens et les Israéliens". De même, les termes "oppression" et "déni de droits" s’appliquent à tous les autres contextes, mais pas au Moyen-Orient

Résistance : apparemment interdite sous toutes ses formes par le droit international quand elle vient des Palestiniens et considérée comme un droit pour tous les autres peuples du monde. Les Palestiniens ont seulement le droit de recourir à des négociations

Négociations : Dialogue au moyen duquel Israël explique, les armes à la main, toutes les raisons pour lesquelles il ne peut pas arrêter les activités de colonisation, ni mettre fin à l’occupation, ni évoquer le retour des réfugiés de Palestine, ni permettre aux Palestiniens de contrôler leurs propres frontières, ni discuter du sort de Jérusalem qui doit rester occupée, tout en dénonçant l’intransigeance palestinienne

BDS : Boycott, Désinvestissement, Sanctions, une campagne qui a largement contribué à mettre fin à l’apartheid, et considérée comme héroïque lorsqu’elle était lancée contre l’apartheid en Afrique du Sud, mais c’est de l’antisémitisme pur et simple d’appeler à BDS contre l’apartheid israélien

Paix : cela signifie que les Palestiniens doivent rester calmes alors que l’occupation s’intensifie, que leurs droits sont violés et leurs terres volées. Toute révolte contre l’occupation menace les efforts de paix tandis que l’occupation et la colonisation sont entièrement compatibles avec les efforts de paix

Couverture médiatique : Pour les Palestiniens, c’est comme à la loterie, ils ont une chance sur un million de gagner.

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 14:42

Nous publions ci-dessous un article trouvé sur "Toute l'Europe" et quelques extraits d'une interview du nouveau secrétaire de la CES. Comme langue de bois on ne fait pas mieux.  On retrouve le «dialogue social » dont les militants syndicaux savent qu’il signifie "négocier les reculs sociaux" , ou « partenaires sociaux » qui sous-entend qu’actionnaires et salariés ont des intérêts communs alors qu’ils ont des intérêts diamétralement opposés.  C’est d’ailleurs cette opposition fondamentale et les luttes qu’elle génère que Marx appelle « lutte de classes ».  Et puis le secrétaire de la CES vante le « modèle social européen », formule qui n’a aucun sens à l'heure où l’UE veut au contraire détruire tous les acquis sociaux, non seulement en France, mais aussi dans les autres pays européens.
Mais il est des expressions qui devraient alarmer les salariés et les militants syndicaux.
Ainsi «  aider les partenaires sociaux à forger de nouvelles relations industrielles appropriées et un dialogue social convenable ».  Les salariés d'Air France apprécieront.

Il s’agit d’inviter les salariés à collaborer à la bonne marche de l’économie dans leurs entreprises et à supporter stoïquement, et si possible avec le sourire, les baisses de salaires, augmentation de temps de travail, déréglementations, abandon des droits inscrits dans le code du travail …  En bref on leur demande de comprendre un peu les difficultés des patrons et du Medef qui ont tant de mal à remplir les poches de leurs actionnaires.
Enfin Luca Visentini reprend l’expression « économie sociale de marché » que l’on retrouve dans le traité de Lisbonne et semble l’intégrer aux objectifs de la centrale syndicale européenne. On sait depuis dix ans ce que veulent dire les contre-réformes sociales dûes à l’instauration de la dite «économie sociale de marché ».   Il convient pour être clair de rappeler ce dont il s’agit.


Voici quelques extraits de Wikipédia pour tenter d’y voir clair :
 « L’économie sociale de marché est un système économique basé sur le capitalisme de marché, censé être naturellement social. Elle a été développée et mise en place en Allemagne de l'Ouest par l'Union chrétienne-démocrate sous la direction du Chancelier Konrad Adenauer.
La doctrine de l'économie sociale de marché  assume l'idée que le libre-marché est naturellement social.
Au Royaume-Uni, l'expression est reprise dans les années 1970 dans la même acception que celle des ordolibéraux par le Center for Policy Studies, qui réunissait les tories les plus libéraux, dont Margaret Thatcher et Keith Joseph. Le centre se fit un moment l'apologiste de l'économie sociale de marché, expression qui permettait de rappeler que seule une économie de marché pouvait permettre le progrès social.
Le Traité de Lisbonne, tout comme la Constitution européenne qu'il a vocation de remplacer, instaure l' « économie sociale de marché » comme un des objectifs principaux de l'Union européenne : "Elle (L'Union) œuvre pour [...] une économie sociale de marché hautement compétitive [...]".


Bref, avec la CES et Mr. Luca Visentini, tout ira pour le mieux dans la meilleure économie « sociale » de marché possible. La Commission et Mr Juncker sont déjà ravis. La centrale européenne va œuvrer effectivement pour l’"intégration européenne" des salariés rétifs.  Mais là personne ne pourra dire qu’il a été trompé.  C’est dans les statuts de la Confédération Européenne des Syndicats.
Yvette Genestal

 

02.10.2015

 
Luca Visentini

Créée en 1973, la Confédération européenne des syndicats (CES) regroupe aujourd'hui la plupart des fédérations syndicales en Europe. Organisation représentative des travailleurs auprès des institutions européennes, elle s'efforce avec difficulté de faire progresser l'Europe sociale. Elu secrétaire général de la CES lors de son 13e congrès à Paris, Luca Visentini nous expose ses priorités et sa volonté de renouveler le dialogue social européen.

Au cours de cette interview, le nouveau secrétaire général de la CES développe ses priorités pour relancer l'économie européenne : relancer l'investissement public,  augmenter les salaires pour lutter contre la déflation, et instaurer un véritable dialogue social au niveau européen.

Voir l'interview : 

"dialogue social", "modèle social européen", "partenaires sociaux", "stimuler l'économie pour relancer l'emploi" et un petit nouveau : l'"économie sociale de marché"... un vrai langage de technocrate européen versus "social-démocrate"

Luca Visentini souhaite ainsi rencontrer prochainement le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, pour discuter des prochaines mesures sociales à mettre en oeuvre. Lors de son discours d'ouverture du congrès de la CES le 29 septembre, M. Juncker a appelé à "compléter la dimension sociale de l'Europe" avec "un socle de droits sociaux minimaux" et à "relancer le dialogue social européen", tout en affirmant que "le contrat de travail normal est un contrat de travail à durée indéterminée" et que "l'économie sociale de marché doit rester le modèle social européen".

 

Né à Udine (Italie) en 1969, Luca Visentini rejoint l'Union italienne du travail (UIL) à 20 ans. En 2007, il intègre la Confédération européenne des syndicats comme membre du comité Économie et Emploi, puis devient secrétaire confédéral de l'organisation en 2011, lors du 12e congrès. Le 2 octobre 2015, il succède à Bernadette Ségol comme secrétaire général de la CES.

Avec trois recueils publiés en 2004, 2005 et 2007, Luca Visentini est également écrivain et poète. Il a fondé des associations et des réseaux actifs dans le domaine de la littérature et le théâtre.

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 14:33

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Le 13e congrès de la Confédération européenne des syndicats s'est ouvert hier mardi 29 septembre 2015 à Paris. 507 délégués y sont présents dont 8 pour la CGT. La Française Bernadette Segol, secrétaire générale sortante qui n'est syndiquée dans aucune confédération française, y a invité le pouvoir exécutif de l'Europe capitaliste, celui qui décide de tout à la place des peuples et donc des travailleurs, à savoir Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et François Hollande pour les 28 chefs d'état et de gouvernement membres de l'UE. Ils ont parlé en premier devant les congressistes rassemblés.

Un peu comme si au congrès de la fédération des cheminots CGT, Guillaume Pépy, le patron qui saborde le rail public dont il a la charge, venait présenter son programme. Bonjour l'ambiance, mais ce n'est que mon point de vue.

Jean-Claude Juncker donc, ex-patron du groupe de la monnaie unique et ex-premier ministre du paradis fiscal qui est le grand-duché du Luxembourg, une sacré référence en progrès social, a promis "un socle social minimum qui entourera, pour le protéger, le marché du travail". Vous avez bien lu, le marché du travail, celui qui est dirigé par le patronat et ses alliés gouvernementaux de droite et de gôche en Europe. Mais pas les travailleurs du vieux continent.

Ensuite a parlé François Hollande, une référence lui aussi en matière de progrès social, lui qui ouvre au privé tous les services publics français,  lui qui a allongé la date de départ à la retraite, lui qui va charcuter le Code du Travail sous les vivats du MEDEF...

Bon, d'entrée de jeu, le camarade Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, avait ouvert le congrès de la CES ainsi: "Tout au long de la semaine, nous ne ferons pas la révolution; mais nous allons changer l'Europe; avant d'être celle des marchés, l'Europe doit être celle des salariés". Vous avez bien lu, on garde toutefois l'Europe des marchés et donc le capitalisme.

Dormez bien travailleurs et nations de l'Europe, la CES est bien partie pour défendre toujours plus de justice et de progrès social.

Les quelques interventions citées ont été prises dans le compte-rendu que fait l'Humanité du premier jour du 13e congrès de la CES.

Sinon, travailleurs de France et de Navarre, vous avez le bonjour de François de l'Elysée, celui qui allait s'attaquer à la finance et au patronat.

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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 08:54
Affaire Volkswagen : « Chaque jour dans le monde des dirigeants de multinationales […] en  (fermant) une usine  (mettent) des milliers de salariés sur le carreau ».  Les médias, la « justice », les gouvernements ne s’indignent pas …
 

Un scandale à dimension planétaire, rien de moins. C’est ainsi désormais qu’est décrite « l’affaire Volkswagen ». Pour sa part, Le Monde enrage, qui titre son éditorial (23/09/2015) : Volkswagen porte un coup à l’Europe. Péché mortel. Angela Merkel en personne, délaissant un instant les réfugiés, n’a pas tardé à prendre part à l’hallali.

On sait que le géant automobile allemand a été accusé, par les experts américains, d’avoir installé un dispositif permettant de tricher lors de tests anti-pollution. Le patron de la firme a reconnu les faits, et a été contraint à la démission.

Oh, on ne pleurera pas sur son sort. On doute en effet qu’il dégringole dans la catégorie des « Harz 4 », la famélique allocation pour travailleurs en fin de droits (qui tire son appellation, d’ailleurs, du nom d’un précédent chef du personnel de VW, qui fut promu par l’ancien chancelier Schröder à la tête d’une commission chargée de réformer le marché du travail).

Pourtant, qui voudrait prendre quelques distances avec l’emballement médiatico-politico-financier, pourrait formuler quelques remarques.

Par exemple constater qu’une fois encore, ce sont les autorités d’outre-Atlantique qui donnent le la, dès lors qu’il s’agit de charger une multinationale qui n’a pas son siège aux Etats-Unis. L’amende phénoménale infligée à la BNP – qu’on ne défendra certes pas ici – avait été décrétée par la justice d’outre-Atlantique. Et pour préserver ses juteux marchés américains, l’établissement financier avait gentiment réglé cette punition extra-territoriale.

Imaginons un instant que la tricherie du groupe allemand ait été mise au jour par quelque tribunal moscovite. Les réactions, notamment parmi les dirigeants occidentaux, eussent-elles été les mêmes ?

On pourrait formuler une autre observation de portée générale. La ruse employée par le groupe d’outre-Rhin semble constituer un crime inexpiable. Pourtant, il y a chaque jour dans le monde des dirigeants de multinationales qui, d’un trait de plume, déplacent des capitaux, ferment une usine ici, délocalisent ailleurs. A la clé, des milliers de salariés sur le carreau, des milliers de familles plongées dans la détresse.

Mais ça, c’est normal – il en va de la sacro-sainte compétitivité.

Tel va le monde en 2015. Une fredaine contre l’environnement ? Vous voilà en enfer. Une restructuration industrielle ? Un acte de gestion inévitable, voire courageux. Il est vrai qu’il ne s’agit pas là de la nature – mais seulement de l’Homme.

 

SOURCE: Ruptures

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 08:49

Publié par Jean Lévy

Des images pour comprendre

Les Crises a sorti un article sur les troubles du 31 août 2015 (les-crises.fr). En complément, nous pouvons ajouter que le bilan des heurts est à présent de 3 morts et d’environ 150 blessés. De plus, il s’avère que presque tous les activistes qui ont été arrêtés sont d’anciens membres de bataillons de volontaires qui ont, précédemment, combattu au Donbass (novosti.dn.ua).

Le choc est rude pour le pouvoir, Porochenko parle de “coup de poignard dans le dos” (sputniknews). Le premier policier mort a été enterré en héros. Les Svoboda et autres ultras sont à présents stigmatisés alors que ce sont eux qui ont formé les troupes de première ligne du Maidan de 2014 et ont permis l’arrivée au pouvoir de ce régime 

Svoboda est à présent taxé d’anti-sémitisme et de nazisme (même pas de néo). Il est loin le temps où Fabius soutenait que le parti était à droite, mais pas à l’extrême (franceinter.fr vers 4mn10)…

Son chef, Oleg Tiagnybok est particulièrement ostracisé voire accusé (facebook) par ceux qui se pressaient pour être pris en photo avec lui :

Nuland (1.bp.blogspot), Biden (media.zenfs.com), Ashton (laplumeagratter.fr), Kerry 2.bp.blogspot), Walesa (les-crises.fr) ou encore Le Pen père (les-crises.fr).

En fait, “l’idiot utile” a cessé de l’être et à présent il devient tout naturellement l’ennemi. Voir à ce propos un autre article des Crises (les-crises.fr). L’opposition entre ultranationalistes et Kiev dégénère même, apparemment, en conflit armé sporadique dans les premiers jours de septembre, du côté de Shirokino, entre armée ukrainienne et garde nationale (novorossia.today).

Le 4 septembre, deux haut-responsables de Svoboda, Ihor Shvaika and Yuriy Syrotiuk, sont suspectés d’incitation à l’émeute (unian.info). Plus tard, un projet d’attentat contre le ministre de l’intérieur, Avakov est déjoué par le SBU le 8 septembre (fortruss).

Le SBU arrête le commandant du bataillon “Slobozhanshina” et l’accuse d’avoir préparé cet assassinat  ainsi que d’autres assassinats qui devaient être perpétrés à Kharkov et à Kiev (ukranews.com).

Comme, de toutes les façons, axiome de base, c’est la faute de la Russie (vz.ru), le pauvre Oleg Tiagnybok est accusé… d’être contrôlé par le FSB parce que son père travaillait pour le KGB (gordonua) et le ministre de l’intérieur l’accuse d’utiliser des méthodes staliniennes (korrespondent.net)…

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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 10:48

 

Ce 17 septembre 2015, j’ai écouté France Inter et j’ai été frappé par la présence, à
quelques minutes d’intervalle, de deux invités :

1. De 8 h 20 à 8 h 50 (avec une interruption de 7 ou 8 minutes pour la revue de presse), l’invité était Jean Tirole, "prix Nobel d’économie" en 2014.

2. De 10 h 04 à 10 h 50, dans l’émission "Un jour en France", le sujet était "Rigueur sur la ville" et traitait de la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités locales. Il y avait deux maires, l’un UDI, l’autre communiste, et Agnès Verdier-Molinié, présidente de l’iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques).

Quel est le problème ? Il est que ces deux invités tiennent le même discours et que France Inter fait comme s’il s’agissait d’experts quelconques (je veux dire situés de façon aléatoire sur l’éventail des opinions) invités à donner leur avis sur un sujet. Alors que ce n’est précisément pas le cas.

Jean Tirole, professeur d’économie à Toulouse, titulaire de multiples distinctions, membre d’institutions prestigieuses, est pour la simplification des licenciements, la fin du CDI. Il estime que le chef d’entreprise s’y connaît mieux que le juge en matière d’emplois, et que la France a le plus fort taux de prélèvements (fiscaux et parafiscaux) de toute l’Europe. Il a, récemment, bloqué la création, dans l’université, d’une section économique professant des idées opposées aux siennes. Autant dire qu’il est encensé par la presse prêchant la pensée unique économique (c’est-à-dire pratiquement toute la presse).

Agnès Verdier-Molinié est la vice-présidente d’une officine, l’iFRAP, obsédée par la dépense publique (elle parle des impôts comme s’il s’agissait d’une indemnité de guerre versée à un pays ennemi, dont les habitants s’appelleraient fonctionnaires). Elle plaide pour la suppression de l’impôt sur le revenu, sur les sociétés, sur les successions (évidemment aussi, pour la suppression de l’ISF), pour le licenciement de la majorité des fonctionnaires, pour l’augmentation du temps de travail, pour la suppression du SMIC, de toutes les allocations à caractère social, pour la "réforme" (entendre la démolition) du Code du travail, pour la privatisation, etc.

- Autrement dit, selon elle, pour guérir le corps social français (intoxiqué à l’étatisme, au socialisme, à la règlementation, à l’égalitarisme, au fiscalisme) il faut lui administrer l’ultralibéralisme en potion, en injection, en purge et en lavement...

- Il y a un deuxième point commun : c’est que ces deux invités usurpent des titres. Le journaliste a présenté Jean Tirole comme le titulaire du "prix Nobel d’économie"... lequel prix Nobel n’existe justement pas ! Il n’y a, en effet, qu’un « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », dont le nom a été très rapidement - et très frauduleusement - simplifié en "prix Nobel d’économie", ce qui permet à ses titulaires de se parer du prestige de la distinction réservée aux disciplines "dures" que sont la physique, la chimie et la médecine.

- Et d’intimider l’opinion avec des équations et des courbes, qui, aux esprits contemporains (formatés à la révérence des sciences), sont ce qu’étaient, aux esprits de jadis, les formules latines ou les citations de l’Ecriture et des docteurs de l’Eglise...

Agnès Verdier-Molinié est invitée, par tous les médias, à se prononcer comme un oracle sur l’économie alors que ses seules compétences universitaires en la matière se résument... à une maîtrise d’histoire ! [Tout comme François Lenglet, "spécialiste" d’économie au journal de France 2, est titulaire... d’une maîtrise de lettres modernes et d’une maîtrise de philosophie]. Mais aucun des journalistes des chaînes de radio ou de télévision ne pointe les biais idéologiques de l’intéressée, non plus, d’ailleurs, que ses bourdes, ses confusions ou ses manipulations de chiffres. Et ne relève qu’elle-même, qui tempête contre les subventions publiques aux associations, ne voit néanmoins pas d’inconvénient... à être financée par des dons défiscalisés !

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