La France Insoumise vient de publier une lettre au Parti Communiste Français proposant un échange sur la présidentielle et un label commun aux prochaines législatives dans la perspective d’une majorité gouvernementale. Le ton déterminé, les reproches faits aux autres, l’absence de toute ouverture sur les sujets qui divisent... la forme ne laisse que peu de chance à un échange positif. Cependant, les discussions sont enbcours, et il est important d’aider à un débat franc et en vérité. Permets donc que nous commencions par une lecture critique de cette lettre qui ressemble plus à une injonction au ralliement qu’à la recherche des conditions d’un rassemblement.
Dimanche dernier, trois blocs politiques clairement délimités ont émergé des urnes. L’un autour des libéraux, l’autre avec l’extrême droite, le troisième avec l’Union populaire.
C’est un constat facile, mais qui cache le fait principal, la faiblesse historique de la gauche, résultat bien sûr de décennies d’une gauche gouvernementale qui a délaissé les milieux populaires, mais aussi du poids écrasant des idées de droite, réparties entre une droite nationale-populiste et une droite libérale-atlantiste, mais au total très largement majoritaire.
Dans ce contexte, l’Union Populaire a certes écrasé la gauche, mais n’a pas freiné son affaiblissement. Au contraire, à coté d’un vote communiste réapparu à un niveau faible, d’un vote écologiste très loin de ses espoirs, la "famille socialiste", comme l’appelle Jean-Luc Mélenchon, est au plus bas. Le total des forces issues du parti socialiste de Mitterrand, socialistes et insoumis, est à 23,69% en dessous de 2017 (25,94%), et même de son bas niveau de 2002 (23,83%). Le total gauche et écologistes est à 31,92% à 12 points de 2002 qui était pourtant son plus bas niveau, celui qui a donné pour la première fois le 2eme tour à Le Pen. Et ne comparons pas avec le niveau de la gauche en 1981 !
La lettre et tous des discours au peuple de gauche reposent ainsi sur un incroyable mensonge. Non, il n’y a pas trois blocs, mais un peuple divisé comme jamais, écartelé entre le vote fasciste, l’abstention, et une gauche défaite. Et il y a un bloc décisif, l’abstention, qui a progressé encore une fois alors même que la colère contre Macron et les craintes contre Le Pen-Zemmour semblaient de voir mobiliser largement.
Ce refus de dire la vérité du rapport de forces politique est un choix conscient qui vise à justifier une stratégie électoraliste visant à conforter la prééminence de la FI à gauche, acceptant de fait la domination des idées de droite. C’est pourtant un débat nécessaire pour tous ceux qui ont combattu la politique de Macron. Comment expliquer que pour la première fois, un président de droite sortant progresse ?
En toute hypothèse, compte tenu des positions prises par les deux protagonistes, le second tour bloque surtout les ruptures indispensables, vitales, pour répondre à la crise écologique, sociale et démocratique.
Ce n’est pas le second tour qui serait, par erreur en quelque sorte, ce qui bloque les ruptures nécessaires. C’est le fonds même de cette élection présidentielle qui enferme tout débat politique dans le débat de second tour, dans le vote contre le pire, contre ce qu’on ne veut pas. C’est l’élection présidentielle de cette cinquième république qui bloque les ruptures, celle que François Mitterrand appelait le coup d’état permanent avant de s’en servir jusqu’à réintroduire le Front National dans la vie publique. Le débat qu’il faut ouvrir est bien celui des conditions pour construire une hégémonie politique populaire avant une élection présidentielle, en dehors même des logiques électorales, pour refuser la logique médiatique électorale des présidentielles et imposer une autre logique, celle d’un peuple uni et organisé porteur par lui-même de ces ruptures. Or, ton choix de concentrer la construction de ta force politique autour des seules élections présidentielles, autour de tes candidatures en jouant à fonds la médiatisation présidentielle, jusqu’à ces hologrammes symboliques, ce choix est par lui-même un frein à la construction de cette hégémonie populaire pourtant nécessaire.
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Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon - Faire Vivre le PCF !
Dimanche dernier, trois blocs politiques clairement délimités ont émergé des urnes. L'un autour des libéraux, l'autre avec l'extrême droite, le troisième avec l'Union populaire. C'est un con...
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