Lors de cette inauguration, Jacques Defortescu au nom de IHS CGT 76 a retracé la vie, l’oeuvre d’Ambroise Croizat militant de la CGT et du Parti Communiste Français ministre du travail père de la Sécurité Sociale. Nous reproduisons ci-dessous le texte de son intervention.

Monsieur le maire, mesdames et messieurs les adjoints et conseiller municipaux, chers amis de Gonfreville, on m’a demandé en une demi-heure de vous faire une conférence sur Ambroise Croizat.

C’est un objectif inatteignable tant le personnage d’Ambroise Croizat est un personnage simple, très simple mais à la vie si riche, si dense, malgré une durée de vie trop courte.

Pour moi, Ambroise Croizat fut d’abord, avant d’être ministre un militant syndicaliste.

Ambroise Croizat vient au militantisme comme une chose naturelle, il est dans le creuset de cette classe ouvrière qui émerge, qui veut sa place dans la société, qui ne l’a pas encore même si le droit de constituer un syndicat a été reconnu laborieusement en 1884, que la CGT est née en 1895, que les métallurgistes s’organisent dans une Fédération nationale des ouvriers CGT de la Métallurgie qui regroupe des forces disparates de chambres syndicales professionnellement dispersées.

Quand Croizat travaille dans la métallurgie, les droits syndicaux sont très limités, la chasse aux meneurs règne sans pareil dans les usines et les forges où le travail ressemble au bagne, où l’espérance de vie est inférieure à 55 ans, où la répression envers ceux qui osent contester l’autoritarisme patronal est continuelle.

Ses premières luttes se dérouleront donc dans ce contexte et l’inspireront durant tout son parcours de syndicaliste, d’homme politique, de député communiste et de ministre du travail et de la Sécurité Sociale, il a alors 44 ans.

Ambroise vit dans la région Lyonnaise dès 1908 après le licenciement de son père à Ugine en Savoie et il habite avec toute la famille dans le quartier de Vaise dans le 9eme arrondissement de Lyon.

Il fut un des membres influents des jeunesses communistes à Lyon.

De ce que l’on peut savoir de cette entrée dans le mouvement syndical de Croizat, c’est qu’on le retrouve dans tous les conflits d’entreprises de la région Lyonnaise.

Quelles sont brièvement les revendications du mouvement ouvrier à cette époque et en particulier ce que déploie la toute jeune fédération CGTU de la Métallurgie après la scission avec les confédérés : on y trouve, selon la revue « Le métallurgiste », ainsi que celle d’une revue technique « Le Creuset », la création d’une caisse de secours de route, d’une caisse de chômage, du « sou du soldat » ; ainsi que la prise de position en faveur de la journée de huit heures, contre l’impôt sur les salaires et pour le « contrôle ouvrier ». Et sur les questions d’organisation apparait l’objectif de transformer les sections et syndicats locaux en sections d’usines et à organiser des congrès d’usines.

L’idée d’être présent et organisé dans les entreprises apparait comme essentielle pour donner de la puissance syndicale et en même temps la Fédération Unitaire de la métallurgie tente d’élargir sa présence par des comités d’unité prolétarienne rassemblant unitaires, confédérés et inorganisés.

On sent déjà la place que jouent des militants comme Benoit Frachon qui sera plus tard Président de la Confédération Générale du Travail, et qui vient du syndicat des métaux de Chambon-Feugerolles dans la Loire.  Pour eux, pour Benoît Frachon, pour Ambroise Croizat, c’est l’affirmation de ne pas en rester à une organisation isolée, en développant la tactique de «  Front unique  » dans les conflits sociaux, tactique  qui préfigurent déjà de ce qui se développera avec le Front populaire, la CGTU et la nécessaire réunification de la CGT.

A ce stade, j’ouvre une parenthèse pour vous rappeler que La CGTU sera au cœur de la grande lutte des métallos du Havre en 1922 durant 111 jours, ils s’opposeront à une baisse des salaires de 10 % du patronat havrais. La répression fut extrêmement dure, il y eut 4 morts cours de la république devant Franklin. De nombreux militants comme Henri Gautier, dont nous avons évoqués la mémoire lors de la présentation de « Voyages en terres d’espoirs » notre Lecture théâtralisée, d’après le livre d’Edwy Plenel, de l’an passé ici à Gonfreville, devra quitter la région où ils étaient interdits de travail, Henri Gautier était un proche d’Ambroise Croizat.

On peut dire que Croizat va s’initier aux batailles autour de la défense des salaires et du niveau de vie des ouvriers et l’on retrouve des écrits de l’époque dans « les hommes du métal », le livre de Jacques Varin, sur l’histoire de la Fédération de la métallurgie CGT qui attestent de ce travail syndical dans la métallurgie.[...]

La suite sur le site de l'IHS-CGT 76 :http://ihscgt76-lefilrouge.fr/inauguration-espace-ambroise-croizat-gonfreville-lorcher-le-5-avril-2019/