FIGAROVOX. – Jair Bolsonaro a été élu ce dimanche à plus de 55 % des voix. Comment expliquer cette victoire ?
Christophe VENTURA. – Les ressorts de cette élection ne sont pas neufs, car en réalité l’accession de Bolsonaro à la présidence du Brésil est la matérialisation et l’approfondissement d’une crise multiforme engagée depuis plusieurs années et dont il exprime une des réponses possibles.
Cette crise est d’abord économique et sociale. Depuis cinq ans, le Brésil vit une forte dégradation économique (dont deux années de récession en 2015 et 2016) qui est devenue sociale (chômage, précarisation généralisée, augmentation du coût de la vie, réduction des protections sociales, des services publics, des revenus par habitant, augmentation des inégalités, etc.). Les classes populaires et une partie importante des classes moyennes n’ont cessé, dans ce contexte, de voir leur condition d’existence, leur mobilité sociale, pour elles et leurs enfants, se détériorer. Cette dynamique déstabilisatrice et porteuse de la montée de tous les ressentiments intervient dans un pays où, selon l’ONG Oxfam, les 6 personnes les plus riches possèdent autant que les 100 millions les plus pauvres (pour une population d’environ 210 millions de personnes) !