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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 08:43

LA PRESSE GRASSE, SUCRÉE, SALÉE


"Veules", "serviles", "lâches", "incultes", "paresseux", "prétentieux", "couchés", "lèches-bottes", "cupides", "roquets", "perroquets", etc.  : la liste semble inachevable des épithètes méritées par la majorité des journalistes que nous sommes condamnés à lire ou à entendre dans les media.

Récemment encore, dans une émission de France-Info dont le concept est l'interview de petits singes savants qui répètent avec leur élocution XVe arrondissement ce que pensent leurs parents, on a entendu un type haineux évoquer  de manière élogieuse les "services spéciaux" qui en Syrie auraient cherché à assassiner "le dictateur Bachar al Assad". Jolie manière de présenter la politique à des enfants - comme d'ailleurs à des adultes. Il est vrai que les maîtres à penser de ces gens-là sont ceux qui ont assassiné Oussama Ben Laden et jeté en mer sa dépouille plutôt que de le juger, et qui s'accommodent fort bien de la gestion de ce qui est sans doute le plus grand centre de torture institutionnel depuis la seconde guerre mondiale : Guantanamo.

L’information est une marchandise
Ces jugements sur la presse sont toutefois un peu courts. Ils présentent en effet le défaut majeur de transférer sur le plan moral une question politique de fond, et donc de reléguer l'essentiel à l'arrière-plan. Et cet essentiel c'est que les journalistes sont salariés. Ils sont engagés et payés pour produire des textes, des images et des sons qui seront revendus à des gens pour lesquels ces productions ont une certaine valeur, puisqu'ils payent pour en prendre connaissance en achetant le journal ou des livres, en s'abonnant à un site internet, en payant une redevance, en tolérant de la publicité - y compris sur les "gratuits".
Ainsi, l'information est une marchandise. Halte donc aux jugements de moralité : s'il n'y a pas de honte à vendre des yaourts, des barres chocolatées ou des plats industriellement cuisinés, il n'y en a pas plus à vendre de l'information. Seulement il faut admettre que beaucoup de contraintes sont les mêmes. Pour les préparations alimentaires industrielles, il faut d'abord proposer au public le produit qu'il attend : gras, sucré, salé, et éventuellement caféiné. Il suffira ensuite de mentir en évoquant le caractère bio, amincissant ou "naturel" du produit. Lequel sera vendu en utilisant en outre des méthodes plutôt imaginatives : il n'y a plus beaucoup de pubs pour des arabica, ou des fromages battus, ou des yaourts, qui ne mettent pas métaphoriquement en scène divers orgasmes féminins (avec force gros plans vulgaires sur les lèvres supérieures siliconées façon mérous). Bref, on présente ce qu'on vend de manière réputée attrayante. En tout cas, on prend garde de déplaire, même si c'est très mauvais pour la santé.

A vendre : anecdotes et journalisme-spectacle
Les méthodes des media sont identiques. Il faut vendre au public ce pour quoi il paye. Et le public veut en avoir pour son argent. Sur les présentatrices, des analyses assez minables ont été menées. Elles portaient sur les décolletés... On a les sociologues qu'on mérite. Notons que les hommes, à leur manière, ne sont pas en reste : Christophe Barbier et son écharpe rouge, le comique aux bretelles de clown qui agite les bras devant des cartes, et tant d'autres... Il y a, en tout cas, une indéniable appétence au vedettariat, et des méthodes savantes. Un seul exemple : Ruth Elkrief (BFM TV) qui n'est peut-être pas la pire, maîtrise admirablement les yeux en demi-lune, la fausse naïveté, le faux sourire enfantin (!) et l'air intelligent... bref, une sorte d'art de la politique-spectacle, c'est-à-dire de l'anecdotique. Ainsi, récemment, quel choux gras du pénible duo  Fillon-Copé, du faux problème Manuel Valls (missionné ou sous-frontiste ?) et de la question des accords éventuels FN-UMP ! Mais d'analyse politique approfondie que requièrent ces problèmes, lesquels ont trait à l'essence de la République elle-même, point. Ce serait difficile, donc ennuyeux, donc peu vendeur. Parce qu'en face, à l'heure des plus grandes écoutes, TF1 et France 2, continuent leurs pantalonnades. Ce que souhaitait évidemment Laurent Fabius en vendant TF1 lorsqu'il était Premier ministre - je ne lui ferai pas l'insulte de sous-entendre qu'il n'a pas voulu cela.

Comprendre la complexité du réel …
Farîd ad-Din Attâr  est un poète mystique persan du XIIe siècle. Dans un texte  devenu classique, il évoque ce que l'on peut savoir d'un éléphant en le touchant dans une pièce plongée dans l'obscurité : selon que l'on touche une patte ou l'autre, sa trompe, ou une défense, on concevra une image différente de l'animal. Mais pour en avoir une vue complète, il n'y a qu'une solution : éclairer la pièce afin de voir l'ensemble et d'en être nous-mêmes éclairés. C'est la même chose pour le monde. Il se donne spontanément à nous de manière partielle. Ainsi, par exemple, nous avons l'illusion que les hommes politiques prennent leurs décisions de manière souveraine, alors même que ces décisions sont proclamées dans des circonstances qui toujours pèsent lourd. Ainsi nous avons l'illusion que les affrontements entre tel et tel sont des affrontements de volontés libres, alors qu'ils sont marqués par des rapports de forces infiniment plus complexes.
Dans ces conditions, comment s'étonner des choix simplificateurs opérés par les journalistes, non pas d'ailleurs sur ordre des patrons de presse mais parce qu'ils ont été recrutés pour cette raison même ? Plus ce sera simple, plus on aura d'audience, coco. C'est une première raison, et celle-ci est évidente.

… pour le transformer
Une seconde raison l'est beaucoup moins : simplifier, schématiser, résumer, cultiver les apparences, entretenir les illusions, c'est désarmer ceux qui auraient la velléité, les naïfs, de changer le monde. Parce que pour frapper fort, il faut viser juste. Pourrait-on réparer un moteur sans savoir comment il fonctionne ? Evidemment non. Il est donc essentiel de comprendre la complexité du réel si l'on veut avoir la moindre chance de la transformer.
C'est pourquoi l'histoire de l'émancipation humaine a toujours été marquée par des luttes pour l'éducation et la culture. Le PCF ne s'y était pas trompé dans les années 1990, lorsque pour faciliter sa dérive social-démocrate et dans l'indifférence de la majorité de ses cadres, il liquida ses écoles centrales en tant qu'institution et en vendit les infrastructures.
Les mouvements révolutionnaires qui aujourd'hui bourgeonnent partout dans le monde manquent matériellement de tout, nous le savons. Et rien n'est facile pour y remédier. Ils souffrent aussi – c'est inévitable - de déficits théoriques. Chacun le ressent et beaucoup d'initiatives sont prises afin de combler ces manques. Il est suave que par un paradoxe dont l'histoire a le secret, nous devions cette réaction salutaire à ce qui se fait de plus médiocre intellectuellement dans les media.

Pascal Acot
 



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