Lu sur El Diablo
La tension monte entre la CGT et la direction
de la SNCF
Toujours opposé à la réforme ferroviaire, le premier syndicat de l'entreprise appelle à la grève le 10 mars.
La CGT persiste dans son opposition à la réforme ferroviaire, pourtant adoptée il y a plus de 6 mois par le Parlement. Le syndicat, première organisation de l'établissement public avec 34,6 % des voix aux dernières élections professionnelles, a déposé hier un préavis de grève (non reconductible) allant du lundi 9 mars à 19 heures au mercredi 11 mars à 8 heures. La date n'a pas été choisie par hasard : c'est le 10 mars que sera consulté le comité central d'entreprise (CCE) sur la mise en oeuvre de la réforme.
En juin dernier, la CGT-cheminot avait déjà appelé à la grève durant une douzaine de jours, aux côtés de SUD-rail, pour protester contre cette réorganisation du système ferroviaire. Et le syndicat n'a pas varié dans son analyse : « Nos arguments de l'an dernier se vérifient, avance Thierry Nier, le porte-parole du syndicat. La réforme n'est pas financée, elle sera payée par les cheminots et les usagers. »
Cet appel à la grève témoigne, également, d'une dégradation des relations entre la direction et la CGT, à un moment où l'agenda social est extrêmement chargé. Les syndicats doivent notamment négocier, d'ici à juillet 2016, une nouvelle organisation du travail, un enjeu majeur pour gagner en productivité, selon le président du directoire du groupe, Guillaume Pepy. Mais ces discussions capitales s'engagent dans un climat conflictuel, ce dont les deux camps se renvoient la responsabilité.
« Avancer sans eux »
« La direction a une volonté de nous mettre hors jeu », accuse un vieux militant cégétiste. Un cadre de l'entreprise réfute toutefois toute discrimination syndicale : « La direction est ouverte à la discussion avec l'ensemble des organisations syndicales représentatives », affirme-t-il, tout en concédant que « toutes ne s'impliquent pas de la même manière dans les négociations ». Selon un expert du social à la SNCF, le noeud du problème serait là : face à une CGT braquée dans son opposition à la réforme, la direction « a décidé d'avancer sans eux ». Avec les risques que cela comporte : la CGT et Sud-rail restent majoritaires dans le groupe mais surtout chez les roulants, les cheminots susceptibles de bloquer la circulation.
Signe qu'elle ne cherche pas particulièrement à ménager son syndicat majoritaire, la direction des ressources humaines vient de lancer une négociation pour mettre en place un accord d'intéressement chez SNCF Réseau, l'un des établissements publics créés par la réforme, qui regroupe 1.100 salariés de l'ex-Réseau Ferré de France (RFF) et 50.000 cheminots de l'ex-SNCF.
Mais en attendant de nouvelles élections professionnelles à la fin de l'année, la représentativité des syndicats sera celle prévalant chez RFF… où n'étaient présents ni la CGT ni SUD, ce qui revient à les exclure des discussions. Un « déni de démocratie » dénonce la CGT dans un tract, forte d'un score de 40 % réalisé chez les 50.000 cheminots transférés. « Un message fort envoyé par la direction », juge un représentant d'un autre syndicat, même si l'analyse sur la représentativité est conforme à la jurisprudence.