Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de
démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues
d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.
Cette semaine, sur le
conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué à Thierry Steiner pour
la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"... (lors du 7-10 du 25 juillet).
A lire de nombreux blogs "anti-libéraux", on observe que le débat fait rage autour de la candidature de José Bové qui, en quelque sorte et sans jeux de mots, "couperait l'herbe sous le pied" de Marie-George Buffet...d'autres s'indignant de la candidature de la secrétaire nationale du PCF, peu rassembleuse parce que "communiste"...
Il est parfois bien utile, dans de telles circonstances, de prendre un peu l'air ambiant. Ainsi, pour peu que l'on soit à l'écoute et que l'on lance la discussion sur ce terrain, qu'entend t-on sur les lieux de travail ? D'abord que de nombreux salariés sont totalement déboussolés et ne savent plus à quel saint se vouer : 25 ans d'alternance droite/ gauche (y compris avec des ministres PCF) çà laisse des traces...
D'autre part que, pour beaucoup, il ne s'agira pas de voter pour un candidat et son programme mais d'utiliser un bulletin de vote, soit pour exprimer une colère (pas toujours bonne conseillère...) ou un rejet du candidat favori de la grande bourgeoisie capitaliste. Je connais des électeurs potentiels, disons, de la « gauche du PS », qui sont prêts à voter Royal ou même Bayrou dès le 1er tour pour barrer la route à Sarkozy.
On voit bien, qu’avec cette Constitution, la démocratie est bafouée et que le vote du 22 avril ne traduira pas réellement les aspirations populaires. Avec l’expérience acquise, tant sur le plan national qu’international, je pense qu’un communiste aujourd’hui doit s’interroger sur l’attitude la plus efficace à avoir, pas tant pour battre la droite que pour définir une politique et une stratégie qui ouvre la voie à des changements progressistes.
En effet : à quoi sert de battre la droite si 5 ans après elle revient au pouvoir encore plus réactionnaire et anti-sociale ? ( à ce compte là si l’on a pas Sarkozy en 2007 nous aurons peut-être Le Pen en 2012 !).
Sincèrement, il faut réfléchir à forger un autre outil que le PCF actuel qui soit l’outil du monde du travail, sortir du discours riches/pauvres et renouer avec l’analyse théorique autour d’exploiteurs/exploités. Très franchement en polémiquant autour des candidatures Buffet , Bové et autres, les blogueurs "anti-libéraux" sont, à mon humble point de vue, très largement hors sujet !
EL DIABLO
L’Europe a été voulue par le patronat et ses commis politiques afin d’accroître les profits du CAC 40.
Leur but ? Dévaloriser la force de travail en s’attaquant à ses trois composantes : sa formation ( éducation), sa rétribution ( salaires), sa reconstitution ( santé, allocations familiales…).
Leurs moyens ? Ouvrir sans cesse l’Europe à de nouveaux pays pour aligner par le bas les niveaux de vie et imposer ces régressions en faisant adopter une constitution européenne. L’UMP, l’UDF et le PS qui ont fait campagne pour une telle constitution ont été désavoués par les Français.
Qu’à ne cela ne tienne, ils ne désarment pas. En Juin 2006, ces 3 partis ont voté en catimini l’entrée de
Après cela, Sarkozy, Bayrou et Royal font preuve d’un brave culot en parlant d’Europe sociale.
Pas étonnant alors que les ventes de voitures qui sont une grosse dépense pour un ménage diminuent en France. A force de tout faire pour être compétitifs, licencier, réduire les salaires le patronat français a réussi un tour de force : les Français n’ont plus les moyens d’acheter ce qu’ils produisent!
Or comme tous les autres patrons, les patrons de Renault veulent augmenter encore leurs profits déjà grands. Ils choisissent donc d’investir dans des entreprises à taux de profit plus élevé, de s’implanter dans d’autres pays et de faire pression encore plus sur les salaires et sur les achats d’équipements automobiles. Renault entend encore baisser de 14% ce qu’il paie aux équipementiers. Les conséquences, on les connaît : délocalisations en Pologne, en Tchécoslovaquie …et menaces sur les emplois : Autolive, EMT,
Dans ces conditions le credo de la direction : « un salarié engagé c’est un salarié qui adhère aux objectifs et à la stratégie du groupe et qui est prêt à se dépasser pour assurer le succès de l’entreprise » revient à demander au condamné à mort de tresser lui-même la corde avec laquelle on va le pendre !
C’est pourquoi nous saluons les salariés qui aujourd’hui refusent cette logique du tout profit qui les sacrifie. Seule la lutte peut faire reculer les patrons.
C’est par les luttes que nous pourrons obtenir une augmentation des salaires qui permettent une vie digne pour les salariés et une relance de l’industrie en France. C’est par les luttes que l’on peut refuser la logique de mise en concurrence des travailleurs entre eux et la relocalisation des industries de consommation en France. Ce qui aura en outre l’avantage de réduire la circulation des camions, des avions, des bateaux et la production de gaz carbonique…
Le Pen, Sarkozy et Royal s’engagent, la main sur le cœur, à réduire la fracture sociale face à l’explosion des inégalités. Fait-il les croire quand aucun d’entre eux ne se propose de taxer les profits des grandes entreprises et de la finance ? Dans ce cas qui va payer ? Alors la fracture sociale ne risque-t-elle pas de se creuser ?
Le Pen, Sarkozy, Royal n’ont pas un mot pour s’opposer aux délocalisations, aux privatisations, à la mise à mal des services publics. Sont-ils crédibles quand ils promettent la baisse du chômage, des moyens pour :l’éducation, les transports ou la santé ?
Et pourtant tous trois sont donnés favoris par les médias pour le second tour des élections présidentielles. Est-ce à croire que ça n’est pas l’opinion publique qui fait les sondages mais plutôt les sondages qui font l‘opinion publique ?
Ci-joint une note de lecture, un point de vue de Yvonne Bollmann qui invite à la réflexion, ainsi qu’une dépêche de L’AFP sur les relations actuelles entre
Claude Beaulieu.
La faute de M. Monnet (Fayard, octobre 2006)
de Jean-Pierre Chevènement
M. Chevènement ne s’est pas seulement rallié à Mme. Royal. Comme le montre son dernier livre, il a aussi fait allégeance à l’Allemagne.
Dans « La faute de M. Monnet », rien, au début, n’annonce un tel revirement. Le lecteur y trouve « une réfutation en règle de l’idéologie post-nationale, théorisée par Jürgen Habermas, qui prétend déconnecter la démocratie de la nation ». M. Chevènement écrit que cette théorie « entend rompre avec la conception ethnique de la nation ». Il rappelle que l’identité post-nationale est définie essentiellement « par l’adhésion à des principes moraux et juridiques universels et par l’acceptation de procédures supranationales permettant de prendre collectivement des décisions ». Dans le sillage d’une telle conception, l’adoption d’une Constitution européenne aurait, selon M. Chevènement, « légitimé l’extension à l’Europe de la notion de patriotisme constitutionnel par lequel Habermas définit le patriotisme allemand d’après 1945 ».
Mais M. Chevènement pense qu’ « on ne se défait pas si facilement des vieilles habitudes de penser ». Il estime en effet que dans sa vision d’un Etat européen supranational, Jürgen Habermas « refoule les nations constitutives à l'état de "subcultures" particulières, c'est-à-dire de nations ethnocentriques. Cette démarche qui vise à dissocier, par un mouvement d'abstraction des particularités, le post-national, voulu, et le national, subi, aboutit paradoxalement sur le terrain à une régression de l'idée de nation républicaine vers une idée ethnico-culturelle ». M. Chevènement trouve « amusant de voir que Habermas recrée ainsi ce avec quoi il voulait rompre : la vieille conception allemande, particulariste, de l'idée nationale ». Il était temps que quelqu’un règle enfin son compte à Jürgen Habermas, dont la théorie post-nationale est l’alibi parfait pour la politique d’intérêt national que l’Allemagne mène tous azimuts.
M. Chevènement n’applique toutefois pas son analyse critique à l’Allemagne elle-même. Porté par son désir d’une « phase de maturation intellectuelle et pratique » dans les relations entre nos deux pays, d’« intimité intellectuelle dans le couple franco-allemand », il trace d’elle une image conforme peut-être à ses rêves, mais pas à la réalité. Il écrit ainsi que « l'abandon du jus sanguinis par l'Allemagne a aussi correspondu au retour dans les frontières de l'Allemagne fédérale des dernières minorités allemandes expatriées, notamment en Russie ». Or l'Allemagne n'a pas abandonné totalement le droit du sang et, ceci allant avec cela, il y a encore des « minorités allemandes » dans plusieurs pays. On ne saurait donc affirmer que « le problème des minorités allemandes ne se pose plus ». Leur existence, réelle ou prétendue, est même pour l’Allemagne un puissant outil de déstabilisation, qu’elle ne manque pas d’utiliser ici et là, dans des pays proches d’elle ou plus éloignés, y compris pour
Il y a plus grave. Cette longanimité soudaine de M. Chevènement l’amène à se renier lui-même, à rendre nul et non avenu son Non du 29 mai. L’Allemagne, écrit-il, « devrait voir, à travers un "petit traité institutionnel", son poids démographique reconnu, comme le prévoyait le projet de "Constitution", selon une double règle de majorité (majorité des Etats et majorité de 65% de la population). Cela supposerait l'acceptation de l'Espagne et de
Pour finir, comme s’il n’avait jamais dit Non, M. Chevènement écrit que « du fait que les conditions de possibilité d’une fédération européenne ne sont pas réunies aujourd’hui, même entre quelques Etats (à commencer par
14 décembre 2006
VARSOVIE, 16 déc 2006 (AFP) -
Le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski a dénoncé un retour en Allemagne d'une idéologie nationale accompagnée d'une tentative radicale de réviser l'Histoire, dans une
interview parue samedi dans le quotidien "Rzeczpospolita" .
"Nous observons en Allemagne un processus plus profond qu'une simple attitude de tel ou autre gouvernement.
Il s'agit d'une renationalisation de la politique, d'une remise en question exceptionnellement radicale des jugements historiques", a estimé le chef du gouvernement polonais.
"C'est un nouveau type d'idéologie nationale", a-t-il affirmé, en ajoutant qu'elle "fait abstraction des faits et crée une fausse conscience de la réalité".
Il a aussi regretté "l'antipolonisme évident, souvent raciste, d'une partie des Allemands".
Depuis leur arrivée au pouvoir à l'automne 2005, les frères jumeaux Kaczynski ont multiplié les attaques contre l'Allemagne mais jusqu'à présent aucun des deux frères, Jaroslaw, Premier ministre, et Lech, président, n'avaient tenu des propos aussi virulents.
La réaction de Jaroslaw Kaczynski intervient après l'annonce vendredi du dépôt de plaintes devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) par une organisation privée représentant des Allemands expulsés après 1945 ("Preussische Treuhand") qui souhaitent récupérer des biens ou obtenir des réparations de la part de
Le
A la demande de Staline, les alliés vainqueurs des nazis ont accepté en 1945 de déplacer
L'organisation "Preussische Treuhand" estime qu'environ un million d'Allemands ont perdu une propriété dans l'actuelle Pologne.
"L'Allemagne n'a pas expliqué pleinement sa position légale face à la propriété en Pologne. Ses déclarations dans ce domaine restent insuffisantes", s'est plaint samedi M. Kaczynski.
Il a déploré que que la chancelière Angela Merkel ait rejeté sa proposition de conclure un traité dans lequel les deux pays renonceraient mutuellement à toute revendication financière.
Vendredi, à Bruxelles, le président polonais Lech Kaczynski, frère jumeau du chef du gouvernement, avait déjà averti que la démarche de la "Preussische Treuhand" pourrait nuire gravement aux relations polono-allemandes.
"J'ai toujours craint qu'un jour, en se basant sur des mécanismes légaux européens, on ne lance des procédures qui auront un impact vraiment destructeur pour les relations entre les différents pays", a déclaré M. Kaczynski aux journalistes lors du sommet de l'Union européenne.
Le chef de l'Etat a rappelé que c'était pour parer à ce genre d'initiatives qu'il avait ordonné en 2004, lorsqu'il était encore maire de Varsovie, une estimation des pertes matérielles de la capitale polonaise durant l'occupation allemande de 1939 à 1945.
Le rapport avait chiffré à "au moins 45,3 milliards de dollars" les pertes dues à l'occupation de Varsovie qui avait provoqué une destruction de 80% de la ville et la mort de quelques 700.000 habitants.
Lech Kaczynski avait alors menacé l'Allemagne de réclamer cette somme si des revendications financières étaient adressées à
Entre les Français et leurs élus au plan national le divorce est de plus en plus flagrant. Trois faits majeurs en témoignent :
- la masse croissante des abstentions lors des élections.
- Le désaveu populaire infligé aux 90% de députés qui soutenaient le projet de constitution européenne.
- Le rejet du CPE par la voix de millions de manifestants contre l’avis du chef de l’Etat, du gouvernement et de la majorité de l’Assemblée Nationale.
Constater cela, c’est assez dire que la majorité des députés et des sénateurs, que le Président de
Les institutions reflètent le rapport de forces entre exploitants et exploités. Elles ne sont pas immuables car le rapport évolue en fonction des luttes de classes. Ainsi, au sortir de la seconde guerre mondiale, le rapport de forces étant favorable à la classe ouvrière, les institutions permettront la nationalisation de grands moyens de production, l’élargissement du secteur public, la création de la sécurité sociale, l’amélioration du code du travail etc… Mais le capital n’a de cesse de vouloir récupérer ses pertes et d’accroître ses gains. En 1958, le rapport des forces lui étant à nouveau favorable, les institutions changèrent. Elles visaient un double objectif par le biais du nouveau système électoral : servir les intérêts des exploitants en maintenant une majorité favorable au système économique existant et empêcher toute volonté transformatrice de la société.
Dès lors tous les gouvernements qui se sont succédés ont poursuivi des choix politiques en faveur du capital.
1. Le blocage et la baisse des salaires (suppression de l’échelle mobile des salaires) annoncée dès 1982, déclenchent un chômage massif. Cette «armée de réserve » de chômeurs joue depuis le rôle de levier contre les aspirations et revendications populaires.
2. Le détournement des missions publiques et collectives de l’Etat au seul profit d’une logique de «marché » et sa concrétisation par la démolition des services publics (santé, recherche …).
3. La précarisation généralisée des conditions de travail et de l’emploi des jeunes salariés (TUC, CES, …)
4. La liquidation de secteur public. De fait, les nationalisations opérées dans le secteur productif concurrentiel en 1982 qui relevaient fondamentalement d’une logique idéologique, se sont transformées en une transposition sociale-démocrate de la démarche de l’appropriation collective des moyens de production. Ainsi, la suppression des aides financières publiques a poussé les entreprises nationalisées à se tourner vers les marchés financiers puis l’ouverture du capital à des apports étrangers. Dès lors l’économie de marché a accentué la banalisation du secteur public et la décompositions de ses objectifs en faveur des usagers.
5. La remise en cause du système de protection sociale française.
6. La construction de l’Europe du capital visant à «institutionnaliser la «logique de marché », moteur du profit avec son lot de délocalisations d’entreprises, de misère et de surexploitation.
1. Le système du scrutin uninominal à 2 tours et l’élection d’un président de
L’abandon du mode d’élection à la proportionnelle des représentants de l’Assemblée Nationale a définitivement éliminé les intérêts du peuple des choix politiques de cette Assemblée.
En effet, pour les candidats présents au second tour (législatives et Présidentielles), les compromissions sont nécessaires pour obtenir les voix des candidats malheureux. Pour atteindre cet objectif, les promesses faites au 1er tour seront évacuées. Dès lors, les mécanismes du capitalisme ne risquent pas d’être remis en cause par les 2 finalistes du 2ème tour. Et pour compléter le dispositif, tout est prévu : là intervient le rôle dévolu à Le Pen et à l’extrême-droite, servant de défouloir, de dévoiement de colère au 1er tour et le cas échéant de repoussoir et d’épouvantail au second. Aucun risque pour le capital.
Une fois élus, ces « représentants du peuple » voteront des lois, concoctées par le gouvernement, essentiellement défavorables aux travailleurs. Ainsi l’Assemblée Nationale est, de fait, une caisse d’enregistrement des besoins du capital.
2. L’inefficacité du rôle de l’Assemblée Nationale vis-à-vis du gouvernement
(l’Etat) est notoire.
A ce sujet, l’exemple des débats parlementaires sur l’acte majeur que constitue l’examen de
De plus, en ramenant le mandat présidentiel à 5 ans, cette élection, précédant de quelques semaines celle des Législatives, imposez une dimension politique quasi monarchique dans notre pays. Ceux d’entre eux qui ont accepté ou minoré cette modification institutionnelle majeure ont grandement participé à la dérive actuelle. Quelle irresponsabilité d’appeler à l’abstention !
Dans ce cadre, les partis politiques institutionnels deviennent de véritables écuries de course qui recherchent un «leader » : pour, tout d’abord, atteindre le 2ème tour, puis obtenir le mandat suprême, et enfin se donner une majorité à l’Assemblée Nationale.
3. Le principe de se doter de représentants pour définir des choix politiques
« nationaux » retire au peuple son pouvoir politique, une fois les élections passées.
C’est incontestable : la volonté populaire est interdite de parole pendant la durée de mandat des élus, d’autant qu’ils n’ont jamais de compte à rendre.
Ainsi le peuple, sur les grandes questions de société (services publics, privatisations, sécurité sociale, retraites, intérêts nationaux, santé publique, énergie, …) n’a pas été consulté.
Utilisant son seul recours, le mouvement social multiplie dans ce cas les journées de grèves et de manifestations. A l’occasion des grèves contre les décisions gouvernementales visant notre système de retraites, J.P.Raffarin, rappelant où se situait le pouvoir politique, avait déclaré : « Ce n’est pas la rue qui gouverne ! ». Cette formule a dû plaire à Dominique Strauss Khan qui écrivait dans son livre «la flamme et la cendre » :
« Du groupe le plus défavorisé, (ouvriers et employés NDLR), on ne peut malheureusement pas attendre de lui une participation sereine à une démocratie parlementaire. Non pas qu’il se désintéresse de l’Histoire, mais ses irruptions s’y manifestent parfois avec violence ».
Mais l’appétit du profit du capital est insatiable. Et pourtant, les institutions qui lui sont favorables ne sont pas sollicitables à l’infini. D’une part parce que, définies dans le cadre de la nation, elles ont les limites de la constitution et se heurtent de plus en plus aux exigences de la mondialisation, d’autre part parce qu’elles provoquent la montée de la contestation populaire sous diverses formes (abstentions, grèves, manifestations, émeutes des banlieues etc…). Ni les exploitants, ni les exploiteurs ne sont satisfaits des institutions en ^place. Elles ne servent plus suffisamment les intérêts des premiers et desservent trop les intérêts des autres. Voilà pourquoi le patronat a voulu échapper au cadre, devenu trop étroit pour lui, des institutions françaises en proposant une constitution européenne. Voilà aussi pourquoi celle-ci a été refusée à plus de 65% des voix exprimées au référendum et pourquoi des millions de manifestants ont rejeté la proposition de loi sur le CPE.
Quand ceux d’en haut et ceux d’en bas sont mécontents des institutions en place, on peut dire que celles-ci sont révolues. Il faut faire place à du neuf. Evidemment les uns et les autres ne proposent pas les mêmes recettes pour changer la constitution. Il est temps que nous avancions les nôtres sans attendre en convaincant notre peuple qu’aucun acquis des luttes ne pourra être durable si les institutions ne les garantissent pas.
Faire du neuf dans nos institutions
A notre sens les lois de
Pour qu’il en soit ainsi
1. Un représentant de l’Assemblée Nationale ne doit en aucune manière négocier ses opinions pour être élu. Il doit être élu à la proportionnelle tous les 5 ans. Il peut être révoqué à tout moment par les électeurs pour non-respect des propositions qu’il a faites avant d’être élu ou tentative d’enrichissement personnel par utilisation de son mandat. Il est détaché de son entreprise d’où il est issu le temps de son mandat qu’il réintégrera, s’il le souhaite, à la fin de celui-ci.
2. Le Président de
3. Le ministre, membre du gouvernement, dirige son ministère par le biais d’une commission. Elle est constituée de fonctionnaires de l’Etat (spécialistes) pour 1/3 ; de représentants syndicaux et associatifs pour 1/3 ; de députés pour 1/3. Elle prépare les lois fondamentales qui doivent être exposées clairement.
Les lois fondamentales sont (liste non exhaustive) :
- Le droit au travail
- Le droit à la santé, à la sécurité sociale et à la retraite
- Le droit au logement
- Le droit à l’éducation et à la culture
- Le droit aux transports et à l’énergie
- Le droit à la sécurité populaire
- Les garanties des travailleurs
- Le droit à la justice collective et individuelle
- La défense nationale
- Les garanties des collectivités locales
- Le droit à la sécurité alimentaire et de l’environnement
- …
4. Ces lois fondamentales clairement rédigées sont votées, amendées, tous les 5 ans par le peuple. A l’expérience l’exécutif ne peut plus être le législatif.
Elles font l’objet d’un débat public et politique pendant plusieurs mois sur un projet initial. Les représentants politiques, syndicaux, associatifs y contribuent. Le député, dans sa circonscription où il a été élu à la proportionnelle, participe aux débats. Il transmet à l’Assemblée Nationale les remarques et opinions formulées. Le gouvernement rédige les lois qui sont soumises au vote populaire. Car le dernier mot appartient aux citoyens.
Elles s’appliquent à tous. Les députés votent les décrets d’application pour les faire respecter. Ils contrôlent les préfets représentants de l’Etat pour l’application des lois en liaison avec les commissions ministérielles.
En cas de rejet d’une ou plusieurs lois par la souveraineté populaire, le gouvernement démissionne. L’Assemblée Nationale nomme un nouveau gouvernement.
5. Les directions des entreprises publiques.
La mission du secteur public et nationalisé s’inscrit dans l’application des lois fondamentales. Le conseil d’administration dirige.
Celui-ci est constitué de :
- représentants du ou des ministères concernés ( 1/4 )
- députés (1/4 )
- des membres du comité d’établissement, représentants syndicaux élus ( 1/4 )
- des représentants des usagers ( 1/4 )
Le directeur est élu parmi les membres du conseil d’administration pour 5 ans. Les représentants des usagers sont élus par les usagers tous les 5 ans. Les membres du comité d’établissement sont élus par les salariés de l’établissement tous les 5 ans. Les salariés peuvent à tout moment remplacer leurs représentants.
Le directeur ne peut être remplacé que par le conseil d’administration.
6. Les coopérations entre des nations souveraines
Après le vote des Français ( mais également celui des Néerlandais), la constitution européenne doit être définitivement abandonnée. De plus, conformément à ce que déclaraient les promoteurs de ce texte («il reprenait et fusionnait en un seul traité, l’ensemble des textes mis en œuvre depuis l’origine de la construction/intégration européenne »), nous considérons les règles européennes comme caduques sur le plan politique. La mise en place d’un marché unique, l’obligation de mise en concurrence de la plupart des activités économiques, le respect de critères budgétaires détruisant la solidarité dans les différents pays (etc…) ne doivent plus être considérées comme intangibles. Le respect de la volonté populaire impose cette évidence.
Le champ des propositions «utopiques » évoquées dans ce document est au coeur de tous les affrontements d’aujourd’hui entre le capital et le travail. Pour ne pas retomber dans le piège de l’alternance il est en effet indispensable d’opérer des changements majeurs dans nos institutions. Evidemment, les idées émises dans ce texte ne sont que des pistes proposées à la réflexion et au débat des acteurs du mouvement social afin que ces derniers les discutent, les enrichissent et même les contredisent. En fait, il s’agit de travailler à l’élaboration d’un cahier de doléances, d’exigences politiques propre à rendre la parole au peuple et à celles et à ceux qui produisent les richesses et qui devraient avoir le droit de décider de leur répartition ;
Droit du travail : « une modernisation » qui annonce un démantèlement
Décidément, il ne se passe pas une semaine sans que
Après les services publics, les services sociaux, l’enseignement public, la civilisation du vin, voici qu’elle s’attaque au droit du travail.
Elle vient de rendre public un « livre vert » intitulé « Moderniser le droit du travail pour relever les défis du XXIe siècle ». On sait, depuis le début de l’offensive néolibérale, que les mots n’ont plus le sens qu’on avait l’habitude de leur donner. Autrefois, « moderniser », « réformer » signifiaient donner un sens au mot progrès dans une perspective volontariste vers le mieux être pour tous.
Aujourd’hui, ces mots désignent des projets de remise en cause, de démantèlement de ce qui existe.
Signalons d’emblée que le droit du travail n’est pas une matière qui relève de la compétence de l’Union européenne. En effet, devant l’absence de consensus sur une harmonisation par le haut des législations en vigueur, les Etats membres -surtout ceux dont la législation du travail est la plus avancée - ont refusé une européanisation qui aboutirait au plus petit dénominateur -commun. Ce qui n’empêche pas
L’objet annoncé du « livre vert » est de provoquer un débat en vue de répondre àla question : comment mettre le droit du travail à jour afin de rencontrer le défi majeur d’une plus grande capacité des travailleurs et des entreprises à s’adapter ? Le but du « livre vert » est d’examiner le rôle que pourrait jouer le droit du travail pour promouvoir la « flexsécurité » dans un « marché du travail plus réactif qui rendrait l’Europe plus compétitive ». Plus précisément, « comment combiner des formes nouvelles plus flexibles de travail avec « un minimum » ( !) de droits sociaux » ?
En fait, ce « livre vert » fait partie d’une stratégie d’ensemble en vue de remettre en cause le droit du travail. Ainsi qu’il l’annonce, le « livre vert » fera l’objet d’une consultation publique d’une durée de quatre mois. Suite aux réactions des partenaires concernés,
Le livre vert présente onze questions. Chacune est introduite par une argumentation qui tend à provoquer la réponse attendue dans le sens d’une flexibilité plus grande donnant préférence « au champ d’application personnel du droit du travail et non sur les questions de droit du travail collectif ».
D’autres mots pour signifier une préférence pour le contrat individuel plutôt que pour la loi.
Ces questions portent sur les priorités d’une réforme conséquente du droit du travail, sur l’adaptation du droit du travail et des conventions collectives en vue d’améliorer la flexibilité et la sécurité de l’emploi et à réduire la segmentation du marché du travail, sur l’impact de la réglementation existante sur les entreprises et les travailleurs pour accroître la productivité et s’adapter aux nouvelles technologies et à la concurrence internationale.
Elle interroge sur le rôle de la loi et des conventions collectives dans l’accès à la formation et les transitions entre les différentes formes de contrats.
Les définitions juridiques nationales du travail salarié et du travail indépendant doivent-elles être clarifiées pour faciliter les transitions entre le statut de salarié et celui d’indépendant ?
Faut-il prévoir un « socle de droits » relatif aux conditions de travail de tous les travailleurs, indépendamment de la forme de leur contrat de travail ?
Faut-il déterminer à qui incombe la responsabilité du respect des droits du travail ?
Est-il nécessaire de clarifier le statut des travailleurs employés par des agences de travail intérimaire ?
Comment offrir plus de flexibilité aux employeurs et aux travailleurs, tout en garantissant un niveau élevé de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs ?
Des questions qui vont provoquer un débat de l’ampleur connue avec la directive sur les services.
samedi 16 décembre 2006
par Raoul Marc JENNAR