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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 17:01
Glané sur le site de Michel Collon


L'AVIS ALTERNATIF D'ELISABETH MARTENS

 

Les faits

D’après des témoins occidentaux présents sur place, e.a. James Miles, journaliste pour « The Economist », les violences commises à Lhassa  ont été inaugurées par des Tibétains, dont des lamas qui encourageaient des groupes de jeunes à commettre des actes destructeurs.

Les manifestations de violence étaient organisées : les Tibétains portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails molotov. Les morts causés par ce drame sont tous des Chinois. Les dégâts matériels, destruction de commerces, incendie de véhicules, étaient clairement tournés contre les Chinois. Les manifestants tibétains s’en sont également pris à des écoles primaires, des hôpitaux et des hôtels.

De sorte que les Occidentaux présents sur place, pour la plupart des touristes, se demandaient quand la police allait intervenir. Rejointe par l’armée chinoise, elle est intervenue suite à deux jours de violence. Les autorités chinoises craignaient-elles la réaction des pays occidentaux ? … pays qui, en réalité, n’attendaient que cette intervention pour parler de « répression sauvage par l’armée chinoise et de chasse aux manifestants ». Comment lire ces faits ?

Y a-t-il lieu de parler d’un « génocide culturel » au Tibet ?

En Chine vivent six millions de Tibétains répartis sur différentes provinces, principalement le Tibet, le QingHai, le Gansu, le Sichuan et le Yunnan. Ces six millions de personnes sont bien loin de toutes désirer l’indépendance du Tibet. Il leur apparaît clairement, dans leur vie quotidienne, que la Chine leur a apporté beaucoup plus qu’elle ne leur a retiré. En 50 ans, la population tibétaine a triplé grâce aux soins de santé et aux améliorations dans les domaines agricole, économique et autres.

Depuis les années quatre-vingt, la culture et la religion du Tibet s’exercent librement, les enfants sont bilingues, des instituts de tibétologie ont été ouverts à l’intention des jeunes Tibétains, les monastères regorgent de lamas (même des jeunes enfants), et, en rue, les fidèles font allègrement tourner leurs moulins à prière. Il ne s’agit nullement d’un « génocide culturel », tel qu’on le présente chez nous. En réalité, la très grande majorité des six millions de Tibétains se méfie de la communauté tibétaine en exil qui représente pour eux un danger de déstabilisation.

Au sein de la communauté en exil, les avis sont d’ailleurs assez partagés, par exemple, Pangdung Rinpoché du monastère de Sera, actuellement exilé à Munich, dit textuellement que « le Dalaï Lama, en commercialisant le Bouddhisme tibétain, cause plus de dégâts à la culture tibétaine que le gouvernement chinois » . Il est pourtant évident que la Chine exerce un contrôle sur les provinces tibétaines, mais que vise ce contrôle chinois ? Il vise uniquement les « divisionnistes », qu’ils soient Tibétains, Chinois, Occidentaux, lamas, laïcs, vieux, jeunes, hommes ou femmes. Ces personnes, qui par leurs actes ou leurs paroles cherchent à en entraîner d’autres dans une lutte pour l’indépendance, sont sévèrement poursuivies et punies, tels les manifestants de cette semaine.

D’après le gouvernement chinois, cette lutte est poussée par la communauté en exil et soutenue par le discours ethnique que tient le Dalaï Lama. On ne peut nier qu’il existe des différences culturelles entre les Tibétains et les Chinois, on pourrait même parler d’un gouffre. Toutefois, les heurts qui ont lieu régulièrement au Tibet ne relèvent pas d’un conflit ethnique, mais sont l’expression de la tension existant entre la Chine et l’Occident depuis 50 ans.

A qui sert le discours ethnique ?

Mettre en avant un « conflit ethnique » en vue de diviser un pays est un procédé bien connu des gouvernements occidentaux. Rien que durant ces deux dernières décennies, on peut citer comme exemples : les Balkans, l’URSS et le Moyen Orient, sans oublier plusieurs conflits en Afrique. En ce qui concerne la Chine, les Etats-Unis se sont attelés à cette tâche dès le début de la Guerre Froide. Depuis 50 ans, le Tibet est un de leurs plus valeureux chevaux de bataille, dont le Dalaï Lama est le fier destrier.

Dès 1949, le ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis déclarait que « ce qui nous importe n’est pas l’indépendance du Tibet, mais l’attitude à adopter vis-à-vis de la Chine » . Dix ans plus tard, le Dalaï Lama choisit clairement ses alliés et décide l’exil, moyennant gros financement et soutien logistique de la CIA . En 1989, Sa Sainteté perçoit le prix Nobel de la Paix, la même année que le mur de Berlin s’est vu chuté et que la Place TianAnMen s’est vue hantée par une statue de la liberté en papier mâché. En 2007, le Dalaï Lama est décoré du plus prestigieux insigne du Congrès américain et déclare que « Bush est désormais un membre de sa famille ».

Ce dernier événement n’a été que peu relayé par les médias européens : on comprend leur embarras face à cette alliance affichée du Dalaï Lama avec le gouvernement des Etats-Unis, alors que la politique extérieure de ce dernier est de plus en plus interpellée par l’Europe. L’enjeu du conflit Chine-Occident, exprimé à travers les violences de Lhassa, n’est pas un « petit Kosovo », mais il s’agit du tiers de la Chine, un territoire qui vaut cinq fois la France et qui ouvre l’accès au gigantesque marché économique chinois, de quoi faire basculer l’économie mondiale !

Mission de l’Occident bien pensant : imposer la démocratie, coûte que coûte

Les violences qui ont eu lieu à Lhassa cette semaine sont à lire dans la continuité : 1949-59-89. Sans doute, on peut les considérer comme un « feu vert » donné par les Etats-Unis, relayé par le Dalaï Lama et concrétisé par quelques jeunes Tibétains à qui on a dû promettre monts et merveilles occidentales en bout de course. Ils deviendront des héros nationaux, à moins qu’ils ne croupissent dans les prisons chinoises.

Espérons toutefois que ces incidents ne soient pas un « exercice de style », précurseurs d’une série d’autres violences dont il n’est pas difficile de prévoir les échéances : les JO de Pékin cet été 2008, la date anniversaire des 50 ans de la « Rébellion nationale » en mars 2009, et l’expo universelle à Shanghai en 2010. Autant d’événements médiatiques qui vont rassembler la presse internationale et sur lesquels compte l’Occident pour mettre la Chine au pas de sa « démocratie ». Mais peut-on réellement en vouloir à la Chine de mener sa barque indépendamment des exigences de notre marché et loin de notre éthique démocratique ? N’oublie-t-on pas trop facilement que c’est ce marché économique, mis en place par nous-même et enrobé dans nos « Droits universels de l’homme », par lequel meurent de faim et de soif des centaines de milliers de personnes par jour ?



1. www.economist.com: « Fire on the roof of the world » (14/3/08), « Lhasa under siege » (16/3/08)
2. Pangdung Rinpoché cité par Gerald Lehner dans « Zwischen Hitler und Himalaya, Die Gedächtnislücken des Heinrich Harrer », Czernin Verlag, 2007
3. dans les archives du « Foreign Relations of United States » : images.library.wisc.edu/FRUS/EFacs
4. voir les mémoires tibétaines des anciens agents de la CIA : Conboy K., Morrison J., « The CIA’s Secret War in Tibet », U.P.Kansas 2002

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24 mars 2008 1 24 /03 /mars /2008 15:44
Quand le lobby pro-israélien
se déchaîne contre l’ONU


   DANS sa rubrique "Point de vue" du 27 février 2008, Le Monde a généreusement offert ses colonnes à un texte d’une hystérie verbale et d’une mauvaise foi insondables. Les accusations qu’il profère à l’égard du conseil des droits de l’homme de l’ONU sont si mensongères que même la liste des signataires ne tempère qu’à peine notre stupéfaction : Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel, Pierre-André Taguieff, Frédéric Encel .. On peut facilement compléter la liste tant l’omniprésence des intellectuels organiques du lobby pro-israélien nous est devenue familière.
   Le titre sans nuances de cette prose haineuse est déjà tout un programme : "L’ONU contre les droits de l’homme". Dès les premières lignes, on peut y lire cet appel angoissé : "L’année 2008 verra-t-elle simultanément le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU et la destruction de ses principes par la même ONU ? Tout porte à le redouter, tant depuis un certain nombre d’années, par ses dérives, l’ONU s’est caricaturée". Inévitablement le lecteur non averti s’alarme : l’organisation internationale serait-elle brusquement devenue suicidaire ?
   Mais par bonheur la suite nous éclaire aussitôt sur les préoccupations profondes de nos signataires : "A Durban, en Afrique du Sud, s’est tenue en 2001 la conférence mondiale contre le racisme, à l’initiative des Nations-Unies. C’est au nom des droits des peuples que furent scandés des "mort à l’Amérique !" et "mort à Israël !" et c’est au nom du relativisme culturel qu’on fit silence sur les discriminations et violences commises contre les femmes".
Quel rapport entre la géopolitique du Moyen-Orient, manifestement en cause dans les appels à combattre les Etats-Unis et Israël, et l’oppression des femmes que viendrait cautionner le "relativisme culturel" ? Probablement aucun. Mais amalgamer les deux sujets présente l’intérêt polémique de suggérer une pernicieuse concurrence entre les victimes : vous qui condamnez Israël et l’Amérique, vous ne dites rien de la souffrance des femmes opprimées dans les pays musulmans. C’est une antienne dont la rhétorique lobbyiste est coutumière : elle permet de détourner le lecteur occidental de la critique de la politique américaine ou israélienne en fixant son attention sur un problème interne des sociétés moyen-orientales.
   Ce rapprochement polémique entre les deux sujets, pourtant, est particulièrement cocasse. L’Arabie saoudite, où le port du voile est obligatoire et les femmes interdites de conduite automobile, est l’alliée historique des Etats-Unis dans la région. Le régime obscurantiste des talibans, lui, a vu le jour sous les auspices d’une CIA qui a prêté ses camps d’entraînement sur le sol américain aux combattants du mollah Omar. En revanche, l’Irak et la Syrie baasistes, plus proches de la norme occidentale en matière de condition féminine, n’eurent pas droit aux mêmes égards. Le premier a été pulvérisé sous les bombes US, la seconde est rangée dans la catégorie des "Etats voyous". Mais peu importe : les partisans de la politique américaine au Moyen-Orient se croient fondés à donner des leçons en matière d’émancipation féminine.
   S’agissant de l’ONU, en outre, on ne s’étonnera guère d’un tel ressentiment de la part des porte-parole du néoconservatisme à la française. Car les résolutions du conseil des droits de l’homme, comme hier les déclarations de l’assemblée générale, ont osé mettre en cause la répression israélienne en Palestine occupée. Les 47 Etats élus par leurs pairs au CDH bénéficient de l’égalité de vote. La sensibilité qui s’y exprime reflète donc une opinion majoritaire qui n’a aucune raison de cautionner l’occupation militaire des territoires arabes. Que les thuriféraires d’Israël, cependant, se rassurent : ces résolutions demeurent symboliques à défaut d’être exécutoires. Mais ce n’est pas suffisant. Il leur faut aussi en stigmatiser le principe par un usage grossier de la calomnie.
   C’est à quoi s’emploient rageusement les signataires. "Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances qui s’y constituent, les discours qui s’y tiennent, les textes qui s’y négocient et la terminologie utilisée anéantissent la liberté d’expression, légitiment l’oppression des femmes et stigmatisent les démocraties occidentales .. Le CDH est devenu une machine de guerre idéologique à l’encontre de ses principes fondateurs. Ignorée des grands médias, jour après jour, session après session, résolution après résolution, une rhétorique politique est forgée pour légitimer les passages à l’acte et les violences de demain".
   Symptôme d’une psychose paranoïaque ou monument de la démonologie occidentale : on hésite sur le diagnostic. La seule certitude, c’est que ce réquisitoire contre des forfaits inexistants témoigne d’une inventivité hors du commun. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU voudrait "anéantir la liberté d’expression" ? On se demande bien pourquoi et comment. Mais nos interrogations demeurent sans réponse. Nos polémistes annoncent "la mise à mort de l’universalité des droits" par l’ONU elle-même, mais cette mort annoncée reste nimbée de mystère. Aucune citation des résolutions du CDH ne vient étayer cette accusation, et les détracteurs de l’ONU condamnent ses idées supposées avec une violence inversement proportionnelle aux preuves de ce qu’ils avancent. Visiblement, ils préfèrent parler à sa place en procédant directement au commentaire de ce qu’elle est censée avoir dit.
   En guise de citations, on doit alors se contenter des propos résumés au style indirect, sans guillemets, qu’aurait tenus M. Doudou Diène, rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie auprès de l’ONU. L’intellectuel sénégalais aurait ainsi déclaré qu’"énoncer une critique contre le port de la burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste, et que la loi française contre le port des signes religieux à l’école participe du racisme antimusulman". Seul problème : ces citations sont introuvables. Si chacun de ces énoncés soulève évidemment des objections, encore faut-il qu’il ait été formulé. Une polémique grossière sur des citations qui n’en sont pas : le procédé condamne ses auteurs.
   Au demeurant, les seules citations que les idéologues publiés par Le Monde auraient dû produire à l’appui de leur propre thèse sont celles du CDH lui-même. Mais ils se gardèrent bien de le faire. Livrant leur interprétation tendancieuse en lieu et place de la pensée d’autrui, ils pérorent gravement en prenant leur fantasme pour la réalité : "La confusion est à son comble, affirment-ils, quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion". Mais d’où vient cette idée ? Qui l’a émise ? Nul ne le sait. N’importe qui, en revanche, peut vérifier ce qu’a énoncé le CDH sur la question religieuse. Il suffit de consulter les compte-rendus officiels des six sessions réunies depuis sa création en juin 2006.
   Le 30 mars 2007, le CDH a ainsi adopté une résolution " sur la lutte contre la diffamation des religions". Ce texte nuancé insiste sur "le droit de chacun à la liberté d’expression, qui devrait s’exercer de façon responsable et peut donc être soumis à de restrictions, prescrites par la loi et nécessaires pour le respect des droits ou de la réputation d’autrui, la protection de la sécurité nationale, de la santé ou de la morale publiques, et le respect des religions et des convictions". Sur le plan des principes, ce texte ne diffère guère du droit positif en vigueur dans la plupart des pays, les Etats occidentaux ayant eux aussi entouré l’exercice de la liberté d’expression de certaines limites juridiques. En France, la reconnaissance de la liberté d’expression n’entraîne aucun droit à diffamer son voisin, toute forme d’injure manifestant une discrimination raciale ou religieuse est punie par la loi, et certaines dispositions législatives ont même eu pour effet d’énoncer une vérité officielle sur des faits historiques.
   Naturellement, la teneur de cette résolution du CDH n’est pas indifférente au contexte politique lié à la "guerre contre le terrorisme" menée tambour battant par Washington. "Le Conseil se déclare préoccupé par les images stéréotypées négatives des religions et par les manifestations d’intolérance et de discrimination en matière de religion ou de conviction. Il se déclare en outre profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l’islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l’homme. Il note avec une vive inquiétude l’intensification de la campagne de diffamation des religions, et la désignation des minorités musulmanes selon des caractéristiques ethniques et religieuses depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001".
L’adoption de ce texte s’est heurtée à l’opposition des pays occidentaux, mis en minorité lors du vote final. Aucun d’entre eux n’y a vu, toutefois, le danger mortel pour la civilisation universelle que dénoncent les signataires de notre pamphlet antionusien. Au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Allemagne "a fait remarquer que, comme l’a établi le rapport de M. Doudou Diène, la discrimination fondée sur la religion ne concerne pas uniquement l’islam, mais également le judaïsme, le christianisme et des religions et croyances venues d’Asie, ainsi que des personnes sans religion. Elle a également souligné qu’il est problématique de séparer la discrimination fondée sur la religion des autres formes de discrimination. Elle a aussi jugé l’utilisation du concept de diffamation contre-productive, préconisant plutôt un texte axé sur la liberté de religion ou de conviction".
   Que ce débat témoigne d’une différence de sensibilité sur les questions religieuses entre pays membres de l’organisation de la conférence islamique (OCI) et pays occidentaux est une évidence. Cela méritait une réflexion sur la sécularisation relative des sociétés concernées et la référence, explicite dans les pays musulmans, à des valeurs religieuses. Mais cette réflexion n’effleura même pas l’esprit de nos intrépides signataires qui, faute d’avoir lu les textes auxquels ils font vaguement allusion, en dénaturent volontairement la signification. Refusant de discuter rationnellement les arguments de l’autre, on préfère le stigmatiser en imaginant une dramaturgie grossière mettant en scène des personnages réels. Ce théâtre de marionnettes, du coup, tient lieu d’argumentaire.
   C’est ainsi que nos signataires s’en prennent violemment à Mme Louise Arbour, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. " Elle a participé à une conférence à Téhéran consacrée aux droits de l’homme et à la diversité culturelle, dénoncent-ils. Portant le voile, comme la loi de la république islamique l’exige, la haut-commissaire a été le témoin passif de l’énoncé de principes à venir, ainsi résumés : offense aux valeurs religieuses considérée comme raciste. Bien pire, dès le lendemain de cette visite, vingt et un Iraniens, dont plusieurs mineurs, furent pendus en public. C’est en sa présence que le président Ahmadinejad a renouvelé son appel à la destruction d’Israël".
   Encore une fois, l’art de l’amalgame intellectuel atteint des sommets. Mêlant tout et son contraire, le texte publié par Le Monde mise sur la confuse indignation du lecteur en anesthésiant au passage son jugement critique. Louise Arbour portait le voile à Téhéran, soit. Mais aurait-elle pu, en Israël, organiser une réunion pendant le shabbat ? Les régimes religieux ont des exigences que n’ont pas les autres. On peut le déplorer, mais ils sont chez eux. L’offense à la religion, dans certains pays, est considérée comme une forme de racisme. Faut-il que nous allions les convaincre du contraire, et de quelle manière ? La peine de mort, enfin, est cruellement appliquée en Iran. Mais les aspects odieux du régime de Téhéran ne le résument pas pour autant, et le régime saoudien n’a rien à lui envier. Surtout pas l’amitié des Etats-Unis, où un président texan a été élu sur sa réputation d’exécuteur intraitable des criminels supposés. Sans parler d’Israël, seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles.
Les diatribes iraniennes contre l’Etat hébreu relèvent, elles, d’un affrontement géopolitique dont l’un des principaux paramètres est l’attitude d’Israël lui-même. S’il avait appliqué la peine de mort aux civils palestiniens avec davantage de discernement depuis soixante ans, il n’aurait pas suscité un tel rejet de la part de ses voisins proches ou éloignés. Sous occupation militaire, amputés d’une partie de leur territoire, ou régulièrement bombardés par son aviation, ces derniers ont d’excellentes raisons de le détester. Mais peu importe. Décidés à instruire à charge contre Mme Arbour pour son séjour à Téhéran, nos polémistes incriminent "son silence et sa passivité", qu’elle aurait justifiés par "le respect de la loi iranienne et le souci de ne pas offenser ses hôtes".
   "Charbonnier est maître chez soi", commentent-ils. C’est le docteur Goebbels qui utilisait cet argument d’opportunité, à la tribune de la Société des nations en 1933, pour se soustraire à toute critique d’une institution internationale impuissante". On croit rêver. Car, analogie pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui s’assied sur la SDN en 1933 et l’Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967. Comme son lointain prédécesseur, Israël, lui aussi, se "soustrait à toute critique d’une institution internationale impuissante". Et s’il le fait, c’est pour mieux conquérir "son espace vital, de la mer au Jourdain", selon la belle formule employée par Effi Eitam, ministre d’Ariel Sharon, en 2002.
"Les grands crimes politiques ont toujours eu besoin de mots pour se légitimer. La parole annonce le passage à l’acte", philosophent nos signataires. Ils n’ont pas tort : le 29 février, le vice-ministre israélien de la Défense Matan Vilnaï a brandi la menace d’une "shoah" contre les Palestiniens avant de lancer à Gaza la sanglante opération qui fit 110 victimes palestiniennes en une semaine. Quitte à enfreindre un tabou religieux, l’Etat hébreu, manifestement, a franchi un cap sémantique avant de déchaîner sa puissance militaire : il est passé "de la parole à l’acte".
Mais le meilleur a été gardé pour la fin. "Les idéologies totalitaires avaient remplacé les religions. Leurs crimes, les promesses non tenues d’avenir radieux ont ouvert grande la porte au retour de Dieu en politique. Le 11 septembre 2001, quelques jours après la fin de la conférence de Durban, c’est bien au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis". Lier dans une même trame le 11 septembre 2001 et les résolutions du CDH, il fallait oser. Il est vrai que nous avons affaire à des spécialistes.
"Retour de Dieu en politique", disent-ils. Nos intellectuels savent de quoi ils parlent : Israël n’est-il pas l’Etat confessionnel par excellence ? "Si la revendication d’un coin de terre est légitime, affirmait Theodor Herzl, alors tous les peuples qui croient en la Bible se doivent de reconnaître le droit des juifs". Bibliquement établie, la légitimité d’un Etat juif en Palestine va de soi : le texte sacré tient lieu de titre de propriété. Pour les sionistes religieux, le retour des juifs en Eretz Israël est inscrit dans le récit de l’Alliance lui-même. Prendre possession de la terre que Dieu a donnée aux juifs fait partie du plan divin, et ce serait le contrarier que de renoncer à cette offrande.
   Du coup, aucun compromis n’est possible avec les Arabes. En 1947, le grand rabbin de Palestine martelait le statut théologique du futur Etat juif : "C’est notre forte conviction que personne, ni individu, ni pouvoir institué, n’a le droit d’altérer le statut de la Palestine qui a été établi par droit divin". Chef du parti national-religieux, le général Effi Eitam expliquait à son tour en 2002 : " Nous sommes seuls au monde à entretenir un dialogue avec Dieu en tant que peuple. Un Etat réellement juif aura pour fondement le territoire, de la mer au Jourdain, qui constitue l’espace vital du peuple juif". Au moins, c’est limpide.
   Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que le lobby pro-israélien exècre l’ONU : son appétence pour le droit international est inversement proportionnelle à son engouement pour le droit divin. Il est vrai que l’un est infiniment plus favorable au Grand Israël que l’autre. Percuter les résolutions de l’ONU avec la Thora relève de l’exploit intellectuel et du prodige politique : Israël l’a fait. Pour nos signataires, "c’est au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis". Ce n’est pas tout à fait faux, à condition d’inclure dans l’analyse l’Etat hébreu, cet artefact colonial bâti au forceps sur les ruines de la Palestine au nom de la Bible et de la Shoah.
   A propos de terrorisme, l’Etat d’Israël, qui plus est, peut se targuer d’un palmarès hors compétition. Les odieux attentats du 11 septembre 2001 ont fait dix fois moins de victimes que le siège de Beyrouh par Tsahal en 1982. Ses admirateurs occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. L’Etat hébreu mérite bien ce concert de louanges que les intellectuels organiques lui décernent à longueur de colonnes. Et quelle outrecuidance, de la part de l’ONU, de vouloir fourrer son nez sale dans les affaires intérieures israéliennes !
   A l’instar des pires calomnies, les accusations publiées dans Le Monde du 27 février se sont répandues sur la toile. Elles suscitent sur certains blogs des commentaires haineux que l’on ose à peine citer. M. Doudou Diène y est qualifié de " défenseur de la secte du pédophile fou et des adorateurs du caillou". On y lit que "depuis les invasions musulmanes le croissant fertile est devenu le croissant stérile, et la civilisation a émigré en Occident". Sur l’ONU, un internaute déchaîné résume à sa façon l’article publié par Le Monde : "l’ONU, c’est un ramassis de la racaille islamiste et tiers-mondiste". Qu’attend-on pour supprimer l’ONU ? Ce sera encore plus simple. Islamophobie déclarée, haine du monde arabe, stupéfiante arrogance occidentale, tout y est. Opération réussie, mesdames et messieurs les intellectuels organiques.

                                                                                                                                                                                  Bruno Guigue

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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 08:11


Fidel Castro


Rarement un révolutionnaire, un homme d’Etat aura provoqué autant de réactions aussi passionnées que Fidel Castro. Certains l’ont adoré avant de le brûler sur la place publique, d’autres ont d’abord pris leurs distances avant de se rapprocher de ce personnage hors du commun. Fidel Castro n’a pas de pareil. Il est « Fidel » ou le « Comandante » pour les Cubains et les latino-américains, pas le « leader maximo », une formule ânonnée par les adeptes européo-étatsuniens du raccourci facile.

Le jeune Fidel, fils d’un aisé propriétaire terrien, né il y a 81 ans à Biran dans la province de Holguin, n’affiche pas au départ le profil d’un futur révolutionnaire. Un de ses compagnons, Alfredo Guevara, fils d’immigrés andalous et légendaire inspirateur du cinéma cubain, dira de lui : « Ou c’est un nouveau José Marti (le héros de l’indépendance), ou ce sera le pire des gangsters ». Premier coup d’éclat : l’attaque de la caserne Moncada, le 26 juillet 1953. Un échec. Arrêté et condamné à 15 ans de prison, Fidel rédige « l’Histoire m’acquittera », un plaidoyer expliquant son action et se projetant sur l’avenir de son pays. Libéré en 1955, il s’exile avec son frère Raul au Mexique. Plusieurs opposants à la dictature de Batista rejoignent Fidel. Parmi eux, un jeune médecin argentin, Ernesto Rafael Guevara de la Serna.


Le 2 décembre 1956, Fidel monte une expédition avec 82 autres exilés. Venant du Mexique à bord du « Granma », ils débarquent après une traversée mouvementée dans la Province Orientale (sud-est de Cuba). La troupe de Batista les y attend. Commence alors dans la Sierra Maestra une lutte de guérilla. Fidel Castro apparaît au grand jour dans les journaux nord-américains et européens. A Washington, on ne s’en émeut guère lassés des frasques d’un Batista peu présentable. Après l’entrée de Fidel dans La Havane, le 9 janvier 1959, on observe avec intérêt ce « petit bourgeois qui viendra à la soupe comme tout le monde », ricane-t-on au département d’Etat. Même le vice-président Nixon mandaté pour le recevoir afin de vérifier s’il est communiste soufflera à Eisenhower : « C’est un grand naïf, nous en ferons notre affaire ». Tant que Fidel ne s’attaque pas à leurs intérêts économiques, les dirigeants étasuniens ne s’alarment pas. Lorsque la révolution commence à exproprier des industries nord-américaines, la United Fruit par exemple, la donne change brutalement.

Le premier attentat dans le port de La Havane, le 4 mars 1960, sonne le prélude à une longue liste d’actes terroristes : le cargo battant pavillon tricolore, La Coubre, explose dans le port de La Havane faisant plus de cent morts, dont six marins français. Pendant ce temps, une opération de grande envergure se prépare du côté de Miami : le débarquement de la Baie des Cochons. En avril 1961, au lendemain de l’annonce par Fidel de l’orientation socialiste de la révolution, le gouvernement des Etats-Unis missionne la CIA pour encadrer 1400 exilés cubains et mercenaires latino-américains. Fidel en personne dirige la contre-attaque. La tentative d’invasion se solde par un fiasco. Les Etats-Unis signent là leur déclaration de guerre à la révolution cubaine. Pendant des dizaines d’années, ils utiliseront toute la panoplie terroriste pour tenter d’assassiner Fidel, jusqu’à la combinaison de plongée sous-marine enduite de poison, faciliteront le débarquement de groupes armés, financeront et manipuleront les opposants, détruiront des usines, introduiront la peste porcine et des virus s’attaquant au tabac et à la canne à sucre. Ils organiseront l’asphyxie économique de l’île en décrétant un embargo toujours en vigueur. « El Caballo » (le cheval) comme l’appellent parfois les gens du peuple, ce que Fidel n’apprécie pas, a survécu à Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Reagan, Ford et assisté aux départs à la retraite de Carter, Bush père et Clinton.

Tant d’années d’agressions et de coups tordus, tant d’années de résistance d’un petit pays de douze millions d’habitants face à la première puissance économique et militaire mondiale. Qui fait mieux ? Lorsqu’on évoque le manque de libertés à Cuba, ne faudrait-il pas d’abord se poser la question : un pays harcelé, étranglé, en guerre permanente, constitue-t-il le meilleur terreau pour favoriser l’épanouissement de la démocratie ?

 

La crise des fusées ? Nikita Khrouchtchev décide, en 1962, d’installer à Cuba des missiles afin, officiellement, de dissuader les Etats-Unis d’agresser l’île. La direction soviétique met deux fers au feu : dissuader les Etats-Unis d’agresser Cuba, afficher un clair avertissement à Washington sur l’air de « nous sommes désormais à proximité de vos côtes ». La tension atteint un point tel qu’un grave conflit mondial est évité de justesse. Les missiles soviétiques retirés, Fidel regrettera que le représentant de l’URSS à l’ONU n’ait pas reconnu la réalité des faits. « Il fallait dire la vérité », disait-il. Il fut bien obligé de se plier à la décision finale de Moscou même si dans les rues de La Havane des manifestants scandaient à l’adresse de Khrouchtchev : « Nikita, ce qui se donne ne se reprend pas. »

Entre Moscou et La Havane, au-delà des rituels, les relations ont toujours été conflictuelles. Les Soviétiques voyaient d’un mauvais œil le rôle de Fidel dans le mouvement des non alignés, l’implication cubaine aux côtés des mouvements révolutionnaires latino-américains, puis l’aide à l’Afrique. Ils ne supportaient pas la farouche volonté d’indépendance et de souveraineté de La Havane. Une fois l’URSS disparue, les nouveaux dirigeants russes ont pratiqué avec le même cynisme abandonnant l’île, coupant du jour au lendemain les livraisons de pétrole et déchirant les contrats commerciaux. Quel autre pays aurait pu supporter la perte en quelques semaines de 85% de son commerce extérieur et de 80% de ses capacités d’achat ? L’Espagne, ancienne puissance coloniale, a laissé à Cuba un héritage culturel, les Etats-Unis son influence historique et ses détonants goûts culinaires. Mais la Russie ? Rien, même pas le nom d’un plat ou d’un cocktail.

L’exportation de la révolution ? Fidel n’a jamais utilisé le mot « exportation ». Doit-on reprocher ou remercier Fidel d’avoir accueilli les réfugiés fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haïti et de Bolivie, d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants des parias de toute l’Amérique latine et, plus tard, aux enfants contaminés de Tchernobyl ? Doit-on lui reprocher ou le remercier d’avoir soutenu les insurrections armées au Nicaragua, au Salvador et d’avoir sauvé, face à l’indifférence des dirigeants soviétiques, l’Angola fraîchement indépendante encerclée par les mercenaires blancs sud-africains fuyant, effrayés, la puissance de feu et le courage des soldats cubains, noirs pour la plupart ?

Les libertés ? Fidel, un tyran sanguinaire ? Il y eut d’abord l’expulsion des curés espagnols qui priaient le dimanche à la gloire de Franco. Complice de Batista, l’église catholique cubaine était et demeure la plus faible d’Amérique latine. Les relations avec l’Eglise catholique furent complexes durant ces longues années jusqu’au séjour de Jean Paul II en 1998 annoncée trop rapidement comme l’extrême onction de la révolution. Ce n’est pas à Cuba que des évêques et des prêtres ont été assassinés, mais au Brésil, en Argentine, au Salvador, au Guatemala et au Mexique. Il y eut la fuite de la grande bourgeoisie, des officiers, des policiers qui formèrent, dès la première heure, l’ossature de la contre révolution encadrée et financée par la CIA. Il y eut ensuite les départs d’hommes et de femmes ne supportant pas les restrictions matérielles. Il y eut l’insupportable marginalisation des homosexuels. Il y eut les milliers de balseros qui croyaient pouvoir trouver à Miami la terre de toutes les illusions. Il y eut la froide exécution du général Ochoa étrangement tombé dans le trafic de drogue. Il y eut aussi ceux qui refusaient la pensée unique, la censure édictée par la Révolution comme « un acte de guerre en période de guerre ». Que la révolution ait commis des erreurs, des stupidités, des crimes parfois n’est pas contestable. Mais comment, dans une situation de tension extrême, écarter les dérives autoritaires?

A Cuba, la torture n’a jamais été utilisée. On tranchait les mains des poètes à Santiago du Chili, pas à la Havane. Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères en Argentine, pas à Cuba. Il n’y a jamais eu des dizaines de milliers de détenus politiques dans l’île mais un nombre trop important qui ont dû subir pour certains des violences. Mais n’est-ce pas curieux que la plupart des prisonniers sortant des geôles cubaines aient été libérés dans une bonne condition physique ?

Voici un pays du Tiers monde où l’espérance de vie s’élève à 76 ans, où tous les enfants sont scolarisés et soignés gratuitement. Un petit pays par la taille capable de produire des universitaires de talent, des médecins et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant les médailles d’or, des artistes, des créateurs. Où, dans cette région du monde, peut-on présenter un tel bilan ?


Fidel a tout vécu. La prison, la guérilla, l’enthousiasme révolutionnaire du début, la défense contre les agressions, l’aide internationaliste, l’abandon de l’URSS, une situation économique catastrophique lors de la « période spéciale », les effets de la mondialisation favorisant l’explosion du système D, aujourd’hui la maladie. Il a (difficilement) accepté l’adaptation économique avec un tourisme de masse entraînant la dollarisation des esprits. Il a très mal supporté le retour de la prostitution même si dans n’importe quelle bourgade latino-américaine on trouve plus de prostituées que dans la 5 eme avenue de La Havane. Alors, demain quoi ?

Fidel à la retraite, la révolution va-t-elle s’éteindre ? Il ne se passera pas à Cuba ce qui s’est produit en Europe de l’Est car la soif d’indépendance et de souveraineté n’est pas tarie. Il y a dans cette île des millions d’hommes et de femmes – y compris de l’opposition – prêts à prendre les armes et à en découdre pour défendre la patrie. Le souvenir de la colonisation, malgré le fil du temps, reste dans tous les esprits, les progrès sociaux enregistrés, au-delà des difficultés de la vie quotidienne, constituent désormais des acquis. Il y a plus. La révolution a accouché d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes refusant le retour au passé, des cadres « moyens » de trente à quarante ans performants en province, des jeunes dirigeants nationaux aux talents confirmés. Une nouvelle époque va s’ouvrir avec des atouts que Fidel n’avait pas. L’Amérique latine, ancienne arrière cour des Etats-Unis, choisit des chemins progressistes de développement, l’intégration régionale est en marche, les échanges économiques permettent le transfert de savoir faire contre des matières stratégiques, le prestige de la révolution cubaine demeure intact auprès des peuples latino-américains. Cuba, enfin, peut respirer.


Il n’y aura pas de rupture à Cuba. Il y aura évolution. Obligatoire. Pour qu’elle puisse s’effectuer dans les meilleures conditions, les vieux commandants de la Révolution vont devoir ranger leurs treillis vert olive et passer la main. Les atlantes du futur, de plus en plus métissés, sont prêts. Ne sont-ils pas les enfants de Fidel ?

José Fort












 

 


 



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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 12:39
Superbe réponse du ministre brésilien de l'Education  interrogé par des étudiants aux Etats-Unis... 
La presse nord-américaine a refusé de publier ce texte.
 

               Pendant un débat dans une université aux États-unis, le ministre de l'Éducation Cristovam Buarque, fut interrogé sur ce qu'il pensait au sujet de l'internationalisation de l'Amazonie.

               Le jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu'il espérait une réponse d'un humaniste et non d'un  Brésilien.

               Réponse de M. Cristovam Buarque :

               En effet, en tant que Brésilien je m'élèverais tout simplement contre l'internationalisation de l'Amazonie. Quelle que  soit l'insuffisance de l'attention de nos gouvernements pour ce  patrimoine, il est nôtre.

         En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation du  milieu ambiant dont souffre l'Amazonie, je peux imaginer que l'Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l'importance  pour toute l'humanité. Si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser  les réserves de pétrole du monde entier.

               Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que l'Amazonie l'est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des réserves de pétrole se sentent le droit d'augmenter ou de diminuer l'extraction de pétrole, comme d'augmenter ou non son prix.

               De la même manière, on devrait internationaliser le  capital financier des pays riches.

          Si l'Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle  ne peut être brûlée par la volonté de son   propriétaire, ou d'un pays.

               Brûler l'Amazonie, c'est aussi grave que le chômage  provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l'économie  globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays  entiers pour le bon plaisir de la spéculation.

               Avant l'Amazonie, j'aimerai assister à l'internationalisation de tous les grands musées du monde. Le  Louvre ne doit pas appartenir à la seule France.

               Chaque musée du monde est le gardien des plus belles  oeuvres produites par le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l'Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d'un seul propriétaire ou  d'un seul pays.  Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé  d'enterrer avec lui le tableau d'un grand maître. Avant que cela n'arrive, il  faudrait internationaliser ce tableau.

              Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations unies organisent le Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays  ont eu des difficultés pour y assister, à cause de difficultés aux  frontières des États-unis. Je crois donc qu'il faudrait que New York, lieu  du  siège des Nations unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait  appartenir à toute l'humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres,  Rio de Janeiro, Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté  particulière, et son histoire du monde devraient appartenir au monde entier.

               Si les États-Unis veulent internationaliser l'Amazonie à cause du risque que fait courir le fait de la laisser entre les  mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire  des États-unis.

               Ne serait-ce que par ce qu'ils sont capables  d'utiliser de telles armes, ce  qui provoquerait une destruction mille fois plus  vaste que les déplorables incendies des forêts brésiliennes.  Au cours de  leurs débats, les actuels candidats à la Présidence des Etats-Unis ont  soutenu l'idée d'une internationalisation des réserves forestières du monde en échange d'un effacement de la dette. Commençons donc par utiliser  cette dette pour s'assurer que tous les enfants du monde aient la  possibilité de manger et d'aller à l'école.

               Internationalisons les enfants, en les traitant, où  qu'ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l'attention du monde entier. Davantage encore que l'Amazonie.Quand les dirigeants du monde  traiteront les enfants pauvres du monde comme  un Patrimoine de l'Humanité,  ils ne les laisseront pas travailler alors qu'ils devraient aller à l'école,  ils ne les laisseront pas mourir alors qu'ils devraient vivre.

              En tant qu'humaniste, j'accepte de défendre l'idée d'une internationalisation du monde. Mais tant que le monde me traitera  comme un Brésilien, je lutterai pour que l'Amazonie soit à nous. Et   seulement à nous !

              Ce texte n'a pas été publié.

Aidez à sa diffusion.

               Merci !!!

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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 12:37

Communiqué de l’APPO sur le 25 novembre 2006

 

Salut tout le monde, ci-dessous le communiqué de l’APPO sur la répression du 25 novembre, à faire diffuser le plus possible, à tous les médias possibles ... !!!

AU PEUPLE DE OAXACA AUX PEUPLES DE MEXIQUE ET DU MONDE AUX MEDIAS DU MONDE ENTIER

Suite aux agressions que notre peuple a subi au cours de ces dernières heures, et dans le contexte du développement de notre lutte pour une transformation profonde de la situation politique, économique, sociale et culturelle, dont le but est d’en finir avec la situation ancestrale de misère et de faim à laquelle nos peuples ont été soumis ;

Et suite à la journée de lutte d’hier, où l’APPO avait programmé une « méga-marche » de la Casa Oficial de Santa Maria Coyotepec jusqu’au centre historique de la ville, pour y établir un encerclement pacifique de la Police Fédérale Préventive (PFP), qui occupait la place centrale de la ville, l’Assemblé Populaire des Peuples de Oaxaca affirme :

1) Qu’Ulises Ruiz Ortis, il y a quelques jours, a déclaré qu’il préparait une opération afin d’obtenir le contrôle de la ville avant le 1er décembre ;

2) Que depuis plusieurs jours, la PFP, de concert avec divers corps policiers, tueurs à gages, paramilitaires et casseurs à la solde d’Ulises Ruiz, a commencé à se poster sur de nombreux toits du centre historique, sans la permission des propriétaires, dans le but d’agresser notre mouvement ;

3) Qu’hier, après que la commission du Conseil Populaire des Peuples de Oaxaca a parcouru les entrées des rues de la ville en vue de l’encerclement pacifique de la PFP, les policiers, tueurs à gages et paramilitaires placés sur les toits de plusieurs bâtiments ont commencé à tirer des billes et du gaz lacrymogène sur nos camarades, avant le déclenchement d’une offensive générale de la PFP qui s’est soldée par des arrestations massives et des affrontements au cours desquels les paramilitaires, la PFP et d’autres corps policiers ont utilisé leurs armes à feu contre les militants de l’APPO ;

4) Que face à cette offensive, les membres de l’APPO et le peuple en général ont commencé à faire valoir leur droit de se défendre pour éviter un massacre en utilisant des pierres, des bouts de bois, des pétards et tout autre objet qu’ils pouvaient trouver, la majorité ne s’étant pas préparée à une telle confrontation ;

5) Que d’après nos estimations provisoires, il y a 165 prisonniers politiques, des dizaines de disparus, des centaines de blessés, ainsi qu’un nombre élevé mais indéterminé de morts.

Dans ce contexte, l’Assemblée Populaire des peuples de Oaxaca :