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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
25 juin 2019 2 25 /06 /juin /2019 16:40

Les parlementaires récemment élus ont-ils eu leur mot à dire ?

Evidemment NON

Et la transition énergétique ? L'empreinte carbone ? Que dit Mr de Rugy ?

"Pour l'interprofession française bétail et viande (Interveb), l'UE manque de transparence. "Comment (la Commission européenne) peut-elle déclarer publiquement exclure toute négociation agricole avec les Etats-Unis... tout en accordant aux mêmes Etats-Unis un nouvel accès élargi au marché européen pour ses viandes bovines ?", dénonce Dominique Langlois, président d'Interbev, dans un communiqué. Il rappelle aussi que ces viandes, garanties "sans hormones", "n’en sont pas moins issues de feedlots contenant 30.000 bovins en moyenne, engraissés de manière industrielle aux antibiotiques activateurs de croissance (une pratique strictement interdite au sein de l’UE)".

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24 juin 2019 1 24 /06 /juin /2019 14:31
6 mai 2019, devant le Tribunal de grande instance de Paris

6 mai 2019, devant le Tribunal de grande instance de Paris

« J’ai du mal à imaginer ce qu’il faut de courage et de force à ceux qui ont été abîmés par le travail pour participer à ce procès »

par

Jusqu’au 12 juillet, se tient à Paris le procès d’anciens hauts dirigeants de la multinationale France Télécom, devenue Orange, accusés de harcèlement moral par une centaine de parties civiles. Mardi 11 juin, Fanny Jedlicki, docteure en sociologie, est venue témoigner à la barre. Elle est revenue sur le rapport du cabinet d’expertise Technologia auquel elle a participé en 2009/2010, et qui a mis en évidence une souffrance massive de milliers de salariés. Nous publions ici une partie de sa déposition.

 

L’enquête que Technologia a mise en place pour le comité de pilotage de France Télécom/Orange et à laquelle j’ai participé activement, apparaît hors normes par rapport aux expertises habituelles réalisées pour des CHSCT (Comités Hygiène et Sécurité et Conditions de Travail), pour plusieurs raisons :
– d’abord il s’agit d’une enquête au périmètre national ;
– ensuite une équipe comptant environ 30 consultants a été réunie (alors qu’habituellement les expertises, du fait d’un périmètre restreint, se font plutôt en binôme) ;
– enfin c’est une enquête qui a donné l’occasion à un nombre inégalé de salariés d’exprimer une souffrance d’une lourdeur émotionnelle rarement atteinte.

Une souffrance immense

Pour rappel, il y a eu plus de 80 000 répondants au questionnaire, et le cabinet a reçu un très grand nombre d’appels téléphoniques de salariés voulant rencontrer un consultant et faire partie des « 1000 entretiens » réalisés avec des salariés (tirés au sort parmi l’ensemble des salariés). Ces demandes furent si nombreuses et appuyées, qu’en accord avec le comité de pilotage, Technologia a mis en place une procédure ad hoc pour répondre à leurs attentes, en affectant un consultant aux entretiens téléphoniques avec les salariés voulant témoigner volontairement. Tout s’est donc passé comme si la mission Technologia avait permis la libération de la parole salariée. Le besoin de parler était d’autant plus grand que la direction était dans un déni de la gravité de la situation et des causes de celle-ci.

Et cette enquête par entretiens a charrié une souffrance d’une telle ampleur qu’elle s’est imposée aux consultants d’une façon assez particulière. Au fil des entretiens, au fur et à mesure des jours, nous nous sommes retrouvés avec la question suivante : que faire pendant ou après l’entretien face aux fréquents cas de salariés en détresse aiguë, dont les propos à forte charge mortifère reliaient explicitement leur souffrance psychologique aux conditions de travail, et parfois nominativement à certains responsables ici présents ? [...]

Lire la suite sur le site de Bastamag :

https://www.bastamag.net/Proces-France-Telecom-Orange-suicides-travail-management-stress

Voir aussi cet article du Monde visible intégralement pour les abonnés :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/04/au-proces-france-telecom-la-douleur-des-familles-des-victimes-chaque-fois-qu-il-rentrait-il-me-disait-qu-il-n-y-arrivait-pas_5471052_3224.html

 

Il reste pour la CGT un grand absent sur le banc des accusés : les actionnaires (dont l’Etat), qui ont fermé les yeux sur la maltraitance institutionnalisée dans l’entreprise.

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14 juin 2019 5 14 /06 /juin /2019 16:40

Avec le CETA, impossible de contrôler les multinationales étrangères qui pourraient faire appel à une juridiction privée extra-territoriale.

Si la privatisation d'ADP venait à être mise en oeuvre par le gouvernement français, elle serait difficilement, voire impossible à remettre en cause, même si un vote majoritaire le souhaitait.

La bataille contre la privatisation d'ADP est directement liée au vote sur le  CETA  au Parlement français Les parlementaires européens, élus à la proportionnelle, avaient voté NON au CETA au Parlement européen.  Il serait anti-démocratique que le Parlement français déjuge ce vote.

Peu de Français souhaitent une telle société libérale.  Il faut en finir avec le "Il n'y a pas d'autre choix" de M. Thatcher.  On peut dire NON aux multinationales.  On peut dire NON au capitalisme mondialisé.

YG

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10 juin 2019 1 10 /06 /juin /2019 14:20

Voir la vidéo sur le site de Ruptures

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1 juin 2019 6 01 /06 /juin /2019 23:21
derniere Minute

Comme indiqué dans l’édition d’avril, Ruptures n°86 arrivera aux abonnés aux alentours du 6 juin.

Ce décalage programmé de quelques jours vise à intégrer les dernières informations après le sommet européen du 28 mai, ainsi qu’un dossier complet sur les élections européennes et leurs suites.

En outre, une première émission vidéo, sous forme d’un débat entre Coralie Delaume, Etienne Chouard et Pierre Lévy sera prochainement mise en ligne. Plus de détails sous peu…

 

 
 
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28 mai 2019 2 28 /05 /mai /2019 14:47
Lancement de la campagne du Brexit Party - Photo Oli SCARFF / AFP

Lancement de la campagne du Brexit Party - Photo Oli SCARFF / AFP

Revue de presse

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24 mai 2019 5 24 /05 /mai /2019 15:20

Le 26 mai prochain, nous sommes appelés à élire nos députés européens.

Depuis 1957 les gouvernements européens ont oeuvré dans l'ombre pour enfermer les citoyens de chaque pays adhérent dans une Europe ayant pour principes quasi constitutionnels le capitalisme mondialisé : "Libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux", "concurrence ... pas faussée".

Tout le pouvoir a été confié à la commission européenne, véritable gouvernement de l'Union européenne. Politique agricole commune, Traité de Maastricht, Traité de Lisbonne : peu à peu les Etats ont été privés de pans entiers de leur souveraineté au plan monétaire, commercial, économique, extérieur. Pendant ce temps la défense était confiée à l'OTAN.

Toute la politique de la France aujourd'hui est corsetée et inspirée par l'UE : Casse des transports publics, des retraites, du droit du travail, de la sécurité sociale, privatisations ... Tout est dans les directives. Toutes les luttes des dernières années ont eu pour enjeu ces politiques européennes. Même si les salariés, tout comme les gilets jaunes, préfèrent s'adresser à ceux qu'ils ont élus en France, en oubliant l'UE plus lointaine.

Dans cette Europe là, les Français peuvent voter pour un changement politique et social. Mais les traités européens s'y opposent. Juncker l'a bien martelé à propos de la Grèce : "Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens".

Sauf à décider d'en sortir.

Alors changer l'Europe en changeant la majorité du Parlement européen ?

Ce dernier n'a aucun pouvoir. Il ne désigne pas la commission. Ni même le président de la commission. C'est un arrangement entre amis européistes et non le résultat de l'application d'un texte institutionnel. Même si le président était, jusqu'alors, le chef du parti victorieux : socialiste ou de droite. Le Parlement ne vote ni les traités, ni les directives, ni même les lois européennes. Chaque fois qu'il vote contre l'avis de la commission - c'est très rare - il doit ensuite discuter avec la commission et faire des "compromis". Il ne décide donc de rien.

Dans cette UE dominée par les lobbys et le capitalisme mondialisé, le citoyen n'a aucun pouvoir. Tous les 5 ans, les institutions européennes lui donnent l'illusion qu'il peut décider. Mais aucune élection au Parlement ne peut faire évoluer quoique ce soit en Europe. Et même si une percée des opposants aux politiques européennes se faisait, la droite européenne bâtirait une alliance très rapide avec les socialistes et les libéraux pour s'opposer au "populisme".

Alors la décision se fera dans chaque pays, mais certainement pas dans les urnes dimanche prochain.

Je ne veux cautionner ni l'illusion sociale, ni l'illusion démocratique. Je m'abstiendrai.

Soutenons, renforçons les luttes partout où elles existent - syndicales, politiques, gilets jaunes - et à faire la clarté sur les politiques européistes du pouvoir Macron-Philippe. Seule solution pour créer le rapport de force nécessaire pour en finir avec ces politiques européennes mortifères. Et pour sortir de cette UE qui les conduit.

Yvette Genestal

 

 

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24 mai 2019 5 24 /05 /mai /2019 14:42

Mardi 21 mai au matin, la CGT a distribué de nombreux tracts devant les bureaux de poste de la gare et de l’hôtel de ville menacés de fermeture.

Le grand débat est clos depuis quelques semaines maintenant, mais l’interrogation sur l’avenir de certains services publics demeure. Mardi 21 mai au matin, plusieurs membres de la CGT se sont réunis devant deux bureaux de poste de Rouen menacés de fermeture : le bureau de la gare et celui situé rue Orbe, à proximité de l’hôtel de ville. « Nous sommes là pour informer et sensibiliser la population, car c’est elle qui va être directement touchée par ces fermetures », expose Fabien Leseigneur, représentant CGT. D’après le groupe La Poste, le bureau de la gare doit fermer d’ici la fin du mois de septembre 2019. Celui situé rue Orbe fermera, lui, en fin d’année.

Un « point de contact » en remplacement du bureau

Pour compenser cette fermeture, un « point de contact » est envisagé pour le bureau de la gare. Mais cette option ne convient pas : « On met en place ce genre de choses, mais avec des personnes qui ne sont pas formées. Et il faut savoir que toutes les opérations aujourd’hui réalisables en bureau ne le seront pas forcément dans ces points de contact ».[...]

La totalité de l'article ici, sur le site de Paris-Normandie : https://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/rouen--une-petition-lancee-pour-sauver-les-bureaux-de-poste-de-la-gare-et-de-la-rue-orbe-CB15057126?utm_source=newsletter_mediego&mediego_euid=f2c3147b0e&mediego_ruuid=16c55998-2517-4964-b656-97477c7a49c2_0&mediego_campaign=20190522_news_actu&utm_content=20190522&utm_campaign=newsactu&utm_medium=email

Gares, bureaux de postes et guichets SNCF, Hôpitaux et maternité ... : Leur disparition progressive sur le territoire est un des symboles de l'attaque généralisée contre les services publics  C'est bien la politique de l'UE et  du capitalisme mondialisé qui inspire ces décisions et la casse de la Poste : suppression des bureaux de poste, précarisation accrue, recours aux sous-traitants et travailleurs indépendants, salariés sous-payés, parfois même en dehors de toute légalité ...

Vive l'Union Européenne et ses directives sur les services :  Macron en est un partisan et élève zélé.  Moins il y a de services publics, plus il y a de services privés et nous payons de plus en plus pour les actionnaires du capitalisme mondialisé. 

Doucement, depuis 1957 et le traité de Rome, le capitalisme a su mettre au pas les pays européens et aucune élection "européenne" n'y a rien changé.  En 2005, le vote des citoyens français pouvait y mettre un coup d'arrêt.  Ce vote n'a pas été respecté. 

Comme le dit Juncker, « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » 

YG

 

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22 mai 2019 3 22 /05 /mai /2019 15:55

14 septembre 2015

Extraits

Traité du fonctionnement de l'UE

 

"Article 120

Les États membres conduisent leurs politiques économiques en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union, tels que définis à l’article 3 du traité sur l’Union européenne, et dans le contexte des grandes orientations visées à l’article 121, paragraphe 2. Les États membres et l’Union agissent dans le respect du principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, favorisant une allocation efficace des ressources, conformément aux principes fixés à l’article 119."

"Le Conseil européen, sur la base du rapport du Conseil, débat d’une conclusion sur les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union.

Sur la base de cette conclusion, le Conseil adopte une recommandation fixant ces grandes orientations. Le Conseil informe (?) le Parlement européen de sa recommandation." [...]

Traité de Maastricht

"4. Lorsqu’il est constaté, dans le cadre de la procédure visée au paragraphe 3, que les politiques économiques d’un État membre ne sont pas conformes aux grandes orientations visées au paragraphe 2 ou qu’elles risquent de compromettre le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire, la Commission peut adresser un avertissement à l’État membre concerné. Le Conseil, sur recommandation de la Commission, peut adresser les recommandations nécessaires à l’État membre concerné. Le Conseil, sur proposition de la Commission, peut décider de rendre publiques ses recommandations.

Dans le cadre du présent paragraphe, le Conseil statue sans tenir compte du vote du membre du Conseil représentant l’État membre concerné."

 

Pacte de stabilité et de croissance  fut signé à Amsterdam, le 17 juin 1997 (merci M. Jospin) :

Les Etats membres  : " 3. s’engagent à prendre les mesures budgétaires correctrices qu’ils jugent nécessaires pour atteindre les objectifs de leurs programmes de stabilité ou de convergence lorsqu’ils reçoivent un avertissement sous la forme d’une recommandation adressée par le Conseil conformément à l’article 103 paragraphe 4 du traité; "

2005 : «Améliorer la mise en œuvre du pacte de stabilité et de croissance»:

Quand vous votez, le Conseil et la Commission vous surveille.  Interdit de changer de politique:

" Le Conseil invite les États membres, lors de l’élaboration de la première actualisation de leur programme de stabilité/convergence après l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement, à faire preuve de continuité pour ce qui est des objectifs budgétaires approuvés par le Conseil sur la base de la précédente actualisation du programme de stabilité/convergence et à fournir – avec une prévision pour l’ensemble de la législature – des informations sur les moyens et les instruments qu’ils entendent utiliser pour atteindre ces objectifs dans le cadre de la description de leur stratégie budgétaire. […] "

 

Le rôle du parlement dans tout cela ?  Aucun. Il est seulement informé.  Et encore.  Rappelons que les négociations commerciales ( TAFTA, CETA) se tiennent et se sont tenues sous le sceau du secret.

 

Lire l'article très documenté ici sur le site Les Crises : https://www.les-crises.fr/comment-bruxelles-a-mis-l-europe-sous-tutelle-1/

 

 

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21 mai 2019 2 21 /05 /mai /2019 15:30
© FRANCOIS GUILLOT Source: AFP
Didier Lombard, ancien PDG de France Telecom (image d'illustration).

Le rédacteur en chef du mensuel Ruptures Pierre Levy revient pour RT France sur la vague de suicides chez France Télécom, à la suite de laquelle sept anciens dirigeants de l'entreprise comparaissent aujourd'hui devant la justice.

Procès France Telecom : guerre (commerciale), crimes de guerre et vrais responsables

Le procès de sept anciens dirigeants de France Telecom s’est ouvert le 6 mai. Il devrait durer au moins deux mois, tant les charges sont lourdes, et les victimes nombreuses. Au banc des accusés figure en particulier Didier Lombard, président du groupe entre 2005 et 2010, ainsi que la société elle-même, en tant que personne «morale» – un terme pour le moins ironique.

Les prévenus sont accusés de harcèlement organisé à l’échelle de l’entreprise qui comptait, en 2005, près de 200 000 salariés. L’objectif n’est alors pas dissimulé : il s’agissait de se débarrasser de 22 000 d’entre eux. Par tous les moyens, en particulier les pires, puisque la plupart des employés avaient encore le statut de fonctionnaire : ils ne pouvaient donc pas être licenciés aussi facilement que des salariés du privé. Dès lors, le plan baptisé Next – évidemment un anglicisme, modèle de management oblige – flanqué de son volet «social» visait à mobiliser la hiérarchie autour d’un objectif principal : provoquer coûte que coûte les départs annoncés.

En réalité, ce sont des milliers d’agents qui sont détruits, brisés, poussés à la dépression, condamnés aux anxiolytiques, ou dont la vie personnelle et familiale bascule.

La pression est telle que près d’une vingtaine de salariés se suicident. Une douzaine d’autres commettent des tentatives analogues. Cela, c’est la partie émergée de l’iceberg. En réalité, ce sont des milliers d’agents qui sont détruits, brisés, poussés à la dépression, condamnés aux anxiolytiques, ou dont la vie personnelle et familiale bascule. On peut espérer que le procès mette au jour ces dramatiques réalités, mais qui pourra jamais recenser vraiment l’ampleur des drames humains ?

En cause : les méthodes de harcèlement, la pression de et sur la hiérarchie pour «faire du chiffre» (en poussant aux départs), mais aussi et peut-être surtout la tragique contradiction entre la culture de service public à laquelle le personnel est historiquement attaché, et les perspectives de mercenaires commerciaux offertes à ceux qui restent.

Les juges instructeurs n’ont pas retenu l’incrimination d’homicide involontaire, au motif qu’il est juridiquement délicat d’établir un lien de causalité directe entre les faits reprochés et l’issue fatale à laquelle certains ont été acculés. Dans la réalité vécue, celle-ci ne fait pourtant guère de doute. Du reste, la qualification aurait sans doute pu être, non d’homicide involontaire, mais bien d’homicide volontaire. Car que visaient donc M. Lombard, son DRH et leurs complices, si ce n’est la mort sociale de milliers de salariés ? Pour nombre d’entre eux, le départ d’une entreprise à laquelle ils avaient lié intimement leur existence et tant donné, et les faibles perspectives de trouver un autre emploi correspondant à leur expérience, valaient mise au rancart de la société.

En 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la porte ou par la fenêtre.

Délinquance, ou véritable criminalité ? Les propos de Didier Lombard, tenus en petit comité à l’époque mais dont la trace a été retrouvée, éclairent l’état d’esprit qui régnait alors : «En 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la porte ou par la fenêtre»… Une image particulièrement sinistre quand on songe que certains se sont en effet défenestrés sur leur lieu de travail. Et que dire de cette formule utilisée devant les médias de l’époque par le président moquant cette «mode du suicide» qui se répandait parmi ses troupes ? Il y a donc eu un premier, puis un deuxième, puis un troisième, jusqu’à un dix-neuvième acte tragique (connu), et la direction poursuivait sciemment son travail planifié…

Pour leur défense, les prévenus mettent en avant l’introduction de la concurrence, et la véritable guerre commerciale qui en a résulté.

Et cela, en dépit des alertes et plaintes déposées par les syndicats, des signalements de la médecine du travail, de l’intervention de l’inspection du travail.

Pour leur défense, les prévenus mettent en avant l’introduction de la concurrence, et la véritable guerre commerciale qui en a résulté. Et sur ce point, il faut leur donner raison. Cela ne constitue cependant nullement une excuse : la guerre ne saurait excuser les crimes de guerre. D’autant que M. Lombard et son état-major partageaient pleinement, et se faisaient même les chantres de l’idéologie ultralibérale à l’origine de cette offensive meurtrière, non seulement à l’égard des salariés, mais aussi destructrice du principe même de service public. Ils en ont été les exécutants zélés.

L’histoire débute au deuxième semestre 1989, quand l’Union européenne (alors sous présidence tournante française) décide du principe d’une ouverture des télécommunications à la concurrence.

Mais les véritables donneurs d’ordre étaient (et restent) conjointement à Paris et à Bruxelles. L’histoire débute au deuxième semestre 1989, quand l’Union européenne (alors sous présidence tournante française) décide du principe d’une ouverture des télécommunications à la concurrence. En 1993, la Commission européenne donne cinq ans pour une libéralisation totale, et produit, en 1994, 1996 et 1999 des directives en précisant les modalités, avalisées par les Etats membres.

Ceux-ci engagent parallèlement leur mise en œuvre. En France, le scénario bien huilé est éclairant : les PTT sont scindés en deux en 1990 ; un an plus tard, la partie télécom est transformée en exploitant de droit public ; puis devient, en 1996, une société anonyme ; en 1997, son capital est ouvert au privé ; et en 2004, l’Etat devient minoritaire au sein de celui-ci. Dès le début des années 2000, la concurrence imposée par l’Union européenne fait rage, les nouveaux venus privés imposent une course aux tarifs les plus bas par un moins-disant social accéléré. Face à cela, c’est donc en 2005 que les dirigeants de l’entreprise autrefois publique lancent le plan Next.

Au passage, les usagers sont devenus des clients, et les décennies de recherche, de développement, et de savoir-faire technologique de pointe reconnus mondialement aux télécoms françaises sont passées par pertes et profits : la rentabilité est devenue le maître mot.

Il y a bien un lien de causalité directe entre l’introduction de la concurrence orchestrée par l’UE [...] et les dégâts humains, sociaux mais aussi économiques qui en ont résulté.

Bref, le cadre contraignant vient bel et bien de Bruxelles ; et les gouvernants français successifs, quelle que soit leur couleur politique, ont été des acteurs de premier plan. On notera en particulier que l’étape décisive, l’ouverture du capital, a été l’une des premières mesures du gouvernement Jospin associant toutes les nuances de la «gauche plurielle».

Quoi qu’il en soit, il y a bien un lien de causalité directe entre l’introduction de la concurrence orchestrée par l’UE, la privatisation mise en œuvre par les gouvernants français, la guerre commerciale sans merci qui en a découlé, et les dégâts humains, sociaux mais aussi économiques qui en ont résulté. Il est bon que les plus hauts dirigeants d’un groupe emblématique se retrouvent ainsi face à la justice – c’est du reste une première. Mais on attend encore que les responsables politiques figurent, eux aussi et plus encore, sur le banc des accusés.

D’autant que les magistrats instructeurs n’ont pas hésité à rappeler que le plan Next «a été conçu sous la pression des marchés financiers», et que les promesses faites à ces derniers ont été tenues rubis sur l’ongle : 22 000 départs, et 7 millions d’euros de cash-flow.

A qui profite le crime ?

 

 
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