J’ai pris mes distances avec la politique française et ses jeux politiciens… mais ce blog je l’ai encore découvert récemment est un lieu de réflexion, de dialogue apaisé et ou chacun de nous apporte ce qu’il croit juste. Poursuivons donc…
Aujourd’hui je voudrais que les communistes, encartés ou non, se sachant ou non communistes, bref nos lecteurs, réfléchissent au changement de ton de Mélenchon… Je parle de l’article paru hier dans l’Humanité avec ses propositions. L’article lui-même a un sens, celui d’une Humanité qui a choisi son camp. Celui du ralliement à Mélenchon que ce soit par affinité comme Marie-Georges Buffet, ou que ce soit comme les amis de Pierre Laurent, en faisant référence à l’épuisement du potentiel militant à l’idée de mener une campagne électorale. La logique est alors qu’avec d’autres ce serait plus facile. donc plus réaliste. C’est une vision du monde. Le choix d’une mort douce pour un parti sans utilité, qui ne combat plus, n’a plus de stratégie, ni de but, sinon celui de “dégager” une fois de plus le président pour lequel il a fini par voter au coup d’avant, pour éviter l’épouvantail de l’extrême-droite. Celui-ci étant conçu pour nous faire voter pour une chèvre et en tous les cas un soutien du capitalisme, un tenant de la même politique..
Ce n’est pas le choix du 38e congrès, mais ce n’est un secret pour personne que l’Humanité et une partie de la direction bicéphale n’ont jamais réellement porté le 38e congrès. Pourquoi s’obstinent-ils dans leur épuisement ?
Même si l’on veut voir là rien d’autre que de l’inertie et un manque de foi en l’avenir, cet article de l’humanité revient à appuyer ceux qui comme Marie Georges Buffet ont décidé de faire campagne pour Mélenchon en violation de la démocratie collective, celle du Congrès, celle de la décision des militants. Ils poursuivent ce qui a été mis en oeuvre depuis plus de vingt ans et dont il est miraculeux que le parti y ait survécu.
Réfléchissons, sans procès, quelle force politique aurait survécu à de telles directions, l’une Robert Hue, qui a littéralemnt détruit avec la mutation toute l’organisation du parti et qui est désormais un soutien officiel de Macron, la seconde Marie-Georges Buffet qui préfère Mélenchon à son parti et lui a imposé déjà cette candidature au nom de regroupements gauchisants qui ont fourni la base du mouvement de Mélenchon. Enfin, le troisième, Pierre Laurent qui joue l’épuisement, l’incapacité à faire face à une campagne appuyée par le directeur de l’Humanité et toute la presse communiste. Le tout dans un contexte où tout ce qui faisait l’originalité et la richesse de ce parti a été remis en cause.
Parlons franchement: il y a plusieurs interprétations possibles à cette brochette -disons de rois fainéants à la direction du PCF. Comment désigner poliment ceux qui tous ont suivi une ligne d’abandon et au plan international se sont conformés à la social démocratie et à son soutien aux bonnes œuvres de l’OTAN - sont-ils de simples produits de l’échec de l’URSS, de rapports de force défavorables? Ils seraient le produit du découragement d’une époque… Une manière de réalisme et le sauve qui peut autour des élus, quitte à voir se rétrécir à chaque élection leur nombre, cela permet une survie de ceux qui sont en place jusqu’à la retraite. Il y a ça et la vente location du patrimoine accumulé par le PCF. Il était énorme, rien que Draveil et Bazainville, le manoir XVIIIe siècle où Maurice Thorez a fini ses jours représentent des sommes fabuleuses.
Il y a une autre interprétation, la CIA qui a accompli avec l’aide de Gorbatchev et Eltsine, la fin de l’URSS, ne pouvait pas laisser en l’état les plus grands partis de l’ouest de l’Europe. C’est mon interprétation. Pourquoi le cacherais-je? L’histoire et les archives trancheront. Avant cette “révélation”, je pense que cela devrait donner simplement matière à réflexion sur les forces et faiblesses des partis “léninistes”. S’ils représentent à ce jour le meilleur outil de combat contre le capital, ils ont incontestablement un talon d’Achille: comment un parti composé de militants d’un haut niveau politique peut-il laisser s’installer à sa tête des gens qui n’ont plus rien de communiste et par “esprit de parti” se montrer incapables de les déloger? En ce sens le 38e congrès a été une agréable surprise, mais l’appel à l’unité a freiné l’élan et créé les conditions d’une direction bicéphale aujourd’hui à l’oeuvre pour poursuivre la destruction.
Ce qui est extraordinaire c’est que ce parti survive à de telles directions et une telle auto-destruction dans une période aussi peu favorable, mais que le souvenir de ses mérites, de ce qu’il a représenté de conquêtes sociales soit si fort dans notre peuple, que l’image du militant soit si respectée que partout où les communistes se battent ils obtiennent des résultats. Comme je l’ai dit un jour et l’image a fait flores, chaque français a dans sa poche une carte du PCF, celle de la sécurité sociale. Aujourd’hui tout ce qui résiste en matière de service public est plus ou mois lié à ce qui grâce au programme de la résistance et aux ministres communistes a été mis en place à la libération.
Partout où des communistes agissent encore, avec leur solidarité, leur dimension de classe ils arrivent à rassembler. Ils sont le visage du désintéressement. Ils sont affaiblis, effacés mais ils ne sont pas méprisés comme les autres. Regardez malgré la dérive de l’Humanité les titres de presse des communistes d’antan sont encore un patrimoine collectif dont la droite veut s’emparer. Arnal, le créateur de Pif le chien, de la guerre d’Espagne au camp de concentration de Matauhausen, est encore une valeur. Une marque qui a survécu à trois directions de liquidateurs.
Mieux, au moment où il va fêter son centenaire, le PCF est le seul parti qui n’a pas eu à changer de nom. Mais là aussi ce n’est pas faute d’avoir été sollicité par les dites directions: en finir avec la marque tout en l’utilisant pour ses propres intérêts et sournoisement disqualifiant ce passé comme le font les capitalistes… et le PCF a survécu à tout cela…
C’est de ce constat qu’il nous faut partir, ne sous estimons pas ce parti et ce qu’il représente.
Revenons donc aux propositions de Melenchon… Là encore il faut regarder le fond et ce qu’elles signifient.
Personnellement croyez-le bien je n’ai aucune antipathie pour Melenchon, ce n’est pas lui que je blâme, lui il n’a jamais caché qui il était, ni son passé de lambertiste, le courant du trotskisme le plus anticommuniste, le plus sectaire, ni sa fidélité à Mitterrand le liquidateur du PCF et par la même occasion du parti socialiste. Il a des qualités intellectuelles indéniables, et témoigne parfois au plan international d’un courage dont n’ont plus la moindre idée nos “rois fainéants”. Et j’ai considéré comme un signe de faiblesse la haine que lui manifestaient ceux qui s’estimaient dupés par lui alors qu’ils ne l’avaient été que par eux-mêmes. J’ai apprécié que Fabien Roussel ne joue pas ce petit jeu là, qu’il soit correct avec le monde politique et singulièrement avec les autres forces de gauche en tenant compte des nécessaires combats communs.
Si pourtant j’ai toujours choisi le PCF, même flanqué de ses directions de rois-fainéants, c’est parce que le PCF ne se limite pas ni à Robert Hue, ni à Marie Georges Buffet, ni Pierre Laurent et qu’il existe aujourd’hui un Fabien Roussel, avec lequel je n’ai aucune accointance personnelle mais qui représente néanmoins ce qui rend ce parti différent des autres. En lui demeure ce lien privilégié avec les couches populaires, la classe ouvrière, mais aussi la nation qui ne se comprend que dans l’internationalisme.
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