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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
21 mai 2016 6 21 /05 /mai /2016 22:09

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Le candidat nationaliste sera-t-il le prochain président autrichien ?

Le candidat nationaliste sera-t-il le prochain président autrichien ? (Crédits : REUTERS/Leonhard Foeger)

Norbert Hofer, candidat de la formation nationaliste FPÖ, est donné favori de l'élection présidentielle autrichienne de dimanche prochain. Comment expliquer un tel succès ?

Dimanche 22 mai, les électeurs autrichiens auront à choisir leur président fédéral entre l'ancien dirigeant des Verts Alexander van der Bellen, qui a obtenu 21,34 % des voix au premier tour et le représentant du parti d'extrême-droite FPÖ, Norbert Hofer, qui a obtenu 35,05 % des voix le 2 mai dernier. Selon le dernier sondage disponible (ils sont rares), publié le 12 mai dernier, Norbert Hofer obtiendrait 53 % des voix et deviendrait donc président fédéral.

L'élection de Norbert Hofer serait un véritable coup de tonnerre en Europe, car, pour la première fois, un représentant de l'extrême-droite deviendrait chef d'un Etat membre de l'UE et de la zone euro et il y serait parvenu par une élection directe au suffrage universel. Certes, les pouvoirs du président fédéral sont limités, car l'Autriche est sous un régime parlementaire. Certes, il peut démettre l'ensemble du gouvernement de son propre chef (article 70 de la Constitution), mais il ne peut, comme le président français, dissoudre la chambre basse du parlement, le Conseil National, sans proposition gouvernementale. Il ne peut donc pas influer réellement sur le détail de la politique en Autriche.

Reste que l'élection du Conseil national en 2018 pourrait confirmer la tendance. La FPÖ est donnée par le dernier sondage Gallup à 34 % des intentions de vote contre 22 % à l'ÖVP conservatrice, 21 % à la SPÖ sociale-démocrate et 13 % aux Verts. Nobert Hofer, s'il est élu à la Hofburg, siège de la présidence autrichienne dimanche, fera donc tout pour gêner le gouvernement de grande coalition SPÖ-ÖVP désormais dirigé par l'ancien patron des chemins de fer, Christian Kern. Quelles sont les raisons de cette poussée de l'extrême-droite ?

La persistance de la pensée nationaliste

Il n'y a pas de cause unique, mais plutôt un faisceau de raisons. L'Autriche est un pays particulier. Grande puissance européenne pendant des siècles, le pays est devenu un petit Etat mal taillé et travaillé par la nostalgie de la grandeur perdue des Habsbourg. Cette réalité a maintenu la vivacité du courant national-allemand (« deutschnational »), favorable à l'Anschluss avec l'Allemagne durant l'entre-deux-guerres et qui a persisté après-guerre sous une forme nationaliste raciste. A cela s'est ajouté un manque de culpabilité pour la période nazie du pays. A partir de 1986 et de la montée en puissance de Jörg Haider, la FPÖ - qui dès sa création en 1955 regroupait d'anciens nazis et des nationalistes - a cristallisé une partie de cet électorat qui lui a permis d'atteindre 27 % des voix en 2000. C'est sur ce terreau idéologique qui s'est élargi au rejet de l'Union européenne après l'adhésion du pays en 1995 que la formation d'extrême-droite a prospéré et qu'elle prospère encore.

Dans ce contexte, la crise des réfugiés et sa gestion ont provoqué un sentiment de rejet d'une partie de l'électorat à la fois de l'UE et des populations arrivantes. Une grande partie de l'électorat a alors quitté les grands partis, ÖVP et SPÖ pour se replier vers la solution deutschnational, la FPÖ. En un an, ce parti a gagné près de dix points dans les sondages. Le 2 mai, le score de Norbert Hofer est un record historique pour la FPÖ. Mais faire de la crise des réfugiés la seule cause du succès de cette formation serait une erreur. C'est aussi que cette crise intervient alors même que surgit une crise politique et économique.

L'épuisement de la « grande coalition »

Politiquement, l'Autriche est épuisée par les grandes coalitions entre la SPÖ et l'ÖVP qui ont gouverné le pays pendant 39 des 69 dernières années. L'électorat populaire traditionnel de la SPÖ est excédé par le fait que les Sociaux-démocrates délaissent aux Conservateurs les questions économiques et sociales tandis que les tenants de l'ÖVP se plaignent des compromis passés par leur parti avec la « gauche ». Dans les deux cas, la FPÖ est devenu la destination naturelle de ces deux populations déçues. Face à un problème d'ampleur comme la crise des réfugiés, les hésitations de la « grande coalition » a encore alimenté son rejet et le choix de la FPÖ. Beaucoup d'Autrichiens, épuisés par le « compromis » des grandes coalitions, semblent tentés par un choix tranchant, de « rupture » que lui offre la formation de Norbert Hofer.

La crainte du déclassement économique

Un autre élément - parmi de nombreuses autres causes - est la situation économique de l'Autriche. Certes, a priori, l'Autriche demeure un des pays les plus prospères d'Europe. En parité de pouvoir d'achat, le PIB par habitant autrichien est supérieur de 30 % à la moyenne européenne. Il n'est dépassé que par les Pays-Bas, l'Irlande et le Luxembourg. Le taux de chômage harmonisé est de 5,8 %, bien inférieur à la moyenne de la zone euro (10,2 %). Bref, on est en droit de se demander, comme beaucoup, pourquoi un pays aussi bien portant à un recours massif au vote protestataire nationaliste. Pourtant, l'économie n'est pas entièrement étrangère à la poussée de la FPO qui, rappelons-le, a débuté avant la crise des réfugiés (en 2013, le parti avait obtenu 20 % des voix).

Car le problème est moins le niveau de l'économie, que son rythme d'évolution. La compétitivité prix de l'Autriche s'est dégradée, notamment au fil de la modération salariale allemande et de la dévaluation interne pratiquée dans plusieurs pays de la zone euro comme l'Italie ou les Pays-Bas. L'Autriche a également cessé de profiter de la manne de la croissance d'Europe centrale qui avait porté le pays durant le début des années 2000. Résultat : la croissance des salaires, jadis très forte, s'est réduite sous les 2 % par an. Le chômage au sens national, prenant en compte l'ensemble des inscrits à l'AMS, le Pôle Emploi local, a atteint en avril, un plus haut à 9,1 % de la population active. Enfin, la croissance est au ralenti. Malgré une nette accélération (+0,6 % sur un trimestre) au premier trimestre, le PIB n'est durant cette période que 1 % au-dessus de son niveau de l'an passé. En zone euro, seuls le Portugal, la Finlande et la Grèce font pire...

Cette situation a conduit à un sentiment de peur du déclassement caractéristique des pays « riches » du nord de l'Europe et que l'on retrouve aussi au Pays-Bas, en Finlande, dans les pays scandinaves, en France et en Italie. La classe moyenne est aisée, mais sa confiance dans l'avenir est faible. Cette crainte se voit dans le niveau très faible de la confiance des ménages, un des plus bas de la zone euro. Cette classe moyenne apeurée cherche donc des solutions de « défense » et se tournent vers les partis nationalistes.

Le programme économique de la FPÖ

Quel est le programme économique de la FPÖ ? C'est globalement un programme très libéral. En novembre 2015, la représentante du parti lors du débat budgétaire au parlement était Barbara Kolm, directrice de l'institut Hayek. Preuve que le parti « des libertés » reste ancré dans une double culture : celle du nationalisme allemand et celle du libéralisme. La FPÖ est le représentant d'un courant fort de la pensée économique germanique : le national-libéralisme qui allie un cadre national protecteur à une compétition forte sur le marché intérieur.

Le programme de défense des travailleurs autrichiens passent donc par la « fermeture» aux étrangers de l'emploi dans certains secteurs, par des protections nationales contre le « dumping social » et par la priorité donnée aux Autrichiens pour les transferts sociaux. Mais en termes de politique budgétaire, la FPÖ se veut plus orthodoxe que les partis traditionnels, parlant même d'une « discipline budgétaire de fer » fondée sur la réduction de la « bureaucratie », sur la suppression des subventions et sur la fin du « gaspillage. » Cette politique permettra d'offrir des cadeaux fiscaux aux PME et aux ménages « autrichiens », qui, par ailleurs, devront accepter une réduction des transferts sociaux. La redistribution passe donc par la baisse des impôts.

La FPÖ ne veut donc pas quitter la zone euro et l'UE pour pratiquer de la relance budgétaire, mais pour pouvoir pratiquer de la discrimination nationale et pouvoir protéger certains secteurs. Ce parti est donc une aile nationaliste du libéralisme autrichien qui rejette le libéralisme sociétal promu par les Verts et le parti Neos, lui-même issu de l'aile gauche de la FPÖ, ainsi que le libéralisme « européiste » de l'ÖVP. Il profite à la fois des échecs de l'UE, de l'épuisement de la « grande coalition » et de la crainte du déclassement d'une grande partie de la population. Cet aspect "libéral" du programme permet de rassurer nombre d'électeurs autrichiens.

La FPÖ, partenaire des grands partis au niveau local

A ceci s'ajoute un autre aspect, souvent négligé : l'attitude ambiguë des partis traditionnels envers la FPÖ. On se souvient qu'en 2000, le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel avait accepté une alliance avec Jörg Haider. Cette alliance avait conduit à la division du parti, Jörg Haider fondant un nouveau parti, le BZÖ. Mais il avait prouvé qu'il n'existait pas de « cordon sanitaire ». De plus, cette scission avait permis de reporter les scandales du parti de Jörg Haider sur le BZÖ et non sur la FPÖ. De plus, malgré les attaques et les cris d'orfraies du personnel politique écologiste, social-démocrate et conservateur, la FPÖ n'est pas exclue du jeu politique.

Au niveau local, les Sociaux-démocrates gouvernent ainsi avec le parti nationaliste dans le Burgenland, Land de l'est du pays et les Conservateurs font de même en Haute-Autriche. Pour une raison simple : en excluant leur aspect « nationaliste », ce qui est le cas au niveau régional, la FPÖ est un parti libéral classique défendant la « bonne gestion » et est très compatible avec le reste de la politique autrichienne. Du coup, ceci rend tout « front républicain » impossible. Et c'est ce qui explique que, dimanche, beaucoup d'électeurs vont se tourner au deuxième tour vers Norbert Hofer.

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10 mai 2016 2 10 /05 /mai /2016 15:35
Après le vote des communistes, la primaire sans majorité, le débat s’impose ! Déclaration des initiateurs du texte "Unir les communistes"
, par  Marie-Christine Burricand

 

 

Les résultats du vote des communistes pour choisir le texte qui sera la base commune de discussion sont maintenant connus.

Le résultat indique un nouvel affaiblissement de l’organisation communiste, avec une perte de 11.317 cotisants et 4.535 votants depuis le 36ème congrès. Le délitement du lien entre le parti et ses adhérents est donc confirmé, d’autant que les chiffres doivent être mis en lien avec le nombre total d’adhérents qui n’a pas été indiqué pour cette consultation. C’est la première question sur laquelle notre congrès devra travailler.

Dans ce contexte, notre texte "Unir les communistes" obtient 3.755 voix, soient 12,9 % des suffrages exprimés. Nous progressons de 61 voix et de près de 2 %. Les tentatives de division n’y ont rien changé, nous nous affirmons comme la première base d’opposition à l’effacement du PCF, force d’action et de proposition pour l’avenir du parti communiste. Le combat contre la liquidation du PCF a besoin d’unité et nous porterons la voix de tous ceux qui s’y opposent sans exclusive. Nous appelons au rassemblement de tous ceux qui veulent faire vivre et renforcer le PCF.

Notre texte arrive en tête dans le Pas-De-Calais, le Nord et les Ardennes, confirme son ancrage dans les départements où nous sommes traditionnellement présents, Rhône, Hérault, Bouche-du-Rhône, Gironde, Var, élargit son audience dans de nouveaux départements, Alpes-Maritime, Ain, Ardèche, Bas-Rhin, Savoie, Saône et Loire, Dordogne, Haute-Garonne... C’est un bon résultat obtenu par l’engagement courageux de nombreux camarades malgré l’affaiblissement du parti. 

Le texte proposé par le Conseil National n’a pas convaincu les communistes. Il ne recueille que 14.942 voix (51,2 %) soit une perte de 9.655 voix par rapport à 2012 (-22% des exprimés). Il est minoritaire dans 34 fédérations. C’est un résultat historiquement bas pour un texte proposé par la direction, qui traduit une grande perte de confiance. Même en cumulant les voix des deux textes de la direction ("Ambition communiste" et "France en commun"), le résultat est en dessous de 2012 avec 2.745 voix perdues (-11% de voix), aggravé hors région parisienne où la direction est moins présente avec 2.769 voix perdues (-14% de voix). 

Trois questions importantes ont porté ce refus des communistes de légitimer le texte de la direction : le refus des primaires avec le parti socialiste, la nécessité d’un débat ouvert sur les conditions du refus du diktat européen après l’expérience grecquela crédibilité et le contenu de notre projet de rupture avec le capitalisme.

Avec les conférences de section et départementales, une nouvelle étape du Congrès s’ouvre. Nous attendons du Conseil National qu’il tire les enseignements de ce vote, c’est pourquoi nous demandons qu’il se réunisse sans plus tarder.

La primaire et le soutien obligé à un candidat issu du PS sont de fait caduques, faute de majorité affirmée. Pour autant, la ligne de fuite en avant dans le Front de Gauche aboutissant à soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon n’a pas fait recette. Le vote sur les textes envoie un message fort, celui de la nécessité de réexaminer complètement la question de l’élection présidentielle dans toutes ses composantes : stratégie, candidats, programme. Une consultation des communistes sur la stratégie aux élections présidentielles devient une nécessité.

La faiblesse du résultat du texte proposé par le Conseil National, la dispersion des suffrages et la multiplicité des textes, la persistance depuis maintenant près de 20 ans de la contestation de la ligne d’abandon initiée au congrès de Martigues et jamais remise en cause depuis… tout cela oblige au débat stratégique que nous avons demandé au travers du texte 3. 

Nous souhaitons que ce débat s’ouvre dans la fraternité et sans tabou et le Conseil National doit prendre des décisions précises et concrètes dans ce sens. Nous le disons fermement : il faut apprendre à écouter tous les communistes pour construire l’avenir du PCF avec eux. C’est incontournable pour éviter au PCF de s’enfermer dans une impasse mortifère, ouvrir une alternative à notre peuple face au capitalisme, reconstruire l’unité des communistes. Tout passage en force est voué à l’échec et au désaveu de la direction, nous prendrons toute notre place pour que les communistes aient le débat qu’exige leur vote, comme la situation politique et sociale.

Caroline Andreani (93), Paul Barbazange (38), Jean Baus (54), Luc Bazin (26), Floriane Benoit (38), Michelle Bardot (67), Pascal Brula (69), Robert Brun (26), Marie-Christine Burricand (69), Michel Dechamps (04), Herve Fuyet (92), Clara Gimenez (34), Guy Jacquin (01), Jean Jacques Karman (93), Armand Lecoq (34), Jean Pierre Meyer (83), Pierre Alain Millet (69), Sandrine Minerva (34), Hervé Poly (62), Gilbert Remond (69), Eric Ruiz (27), Laurent Santoire (93), Bernard Trannoy (33), Danielle Trannoy (33), Serge Truscello,...

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6 mai 2016 5 06 /05 /mai /2016 13:43
La loi « Travail » au Parlement

par · 3 mai 2016 sur Russeurope

La « Loi Travail » est actuellement discutée au Parlement. Les amendements seront nombreux et, à la fin des fins, il n’est pas impossible que le gouvernement utilise l’article 49.3 qui stipule qu’un texte est adopté sauf si une motion de censure est votée. Le projet de loi a, assurément, été amendé. Mais, l’économie de ce texte reste très contestable. Ce texte n’est pas « amendable » dans le sens où des changements mineurs pourraient rectifier les passages les plus scandaleux. Il est porteur d‘une logique globale qu’il faut comprendre pour la refuser.

 

Une loi inamendable

On l’oublie trop, le principal problème soulevé dans ce texte n’est pas la question des licenciements économiques, la taxation des CDD ou encore la représentativité des organisations patronales. Ces points sont bien sûr des causes supplémentaires pour protester contre cette réforme, mais ils sont relativement secondaires par rapport à l’économie générale du texte. Cette économie tient en un mot : décentralisation. Ce texte en réalité est porteur d‘une vision du monde du travail où l’employé et l’employeur seraient à égalité. Nous serions en présence « d‘acteurs » passant librement des contrats entre eux. Cette « égalité » peut bien être inscrite dans le droit, on sait qu’elle est factice. Où, plus précisément, elle ne s’applique que dans la très petite entreprise. Dès que l’on est en présence d’une entreprise comptant plusieurs salariés, et à fortiori dans les entreprises où ils se comptent en centaines voire en milliers, c’est une autre logique qui joue. Le salarié à besoin de l’emploi pour vivre. Pour l’employeur, que ce soit tel ou tel n’a pas d’importance. Il peut même se permettre de ne pas embaucher pour un temps. Ceci est fondamental. Il y a une asymétrie dans le « contrat de travail » qui réduit à néant l’idée d‘égalité juridique.

 

L’individualisation des salariés et la casse du droit du travail

En fait, le droit du travail s’est construit, depuis la seconde moitié du XIXème siècle autour de la notion cruciale du droit collectif des salariés. Le droit du travail, tel qu’il existe de nos jours comme coagulation des luttes passées, a toujours voulu sortir le travailleur de ce tête-à-tête avec l’employeur parce que dans ce tête-à-tête le travailleur est nécessairement perdant. Ainsi, les conventions collectives donnent des droits à TOUS les travailleurs d‘une branche (dans le cas des accords de branche) ou d’un pays tout entier. C’est au nom de cette logique que le SMIG des années soixante fut unifié et homogénéisé dans le SMIC, assurant ainsi la forte croissance des revenus et de la production.

Renvoyé à l’individuation, soit personnelle, soit dans le cadre d’une entreprise, le travailleur est nécessairement perdant. C’est ce que savent les employeurs depuis que le travail salarié s’est développé, et c’est pourquoi ils ont poussé, un temps, à cette loi.

La responsabilité du gouvernement est ici immense, qui prend le risque de défaire cette architecture collective et de renvoyer les salariés à leur condition individuelle. Il aura fallu attendre 2016 pour voir un gouvernement se disant « socialiste » procéder à cette destruction du code du travail. C’est un immense scandale qui appelle une sanction exemplaire.

 

Une folie macroéconomique et ses raisons

Mais, ce gouvernement fait pire. Il procède à cette réforme alors que nous connaissons un chômage de masse, situation qui aggrave l’asymétrie initiale. Il procède à cette réforme alors que les salaires les plus faibles sont aujourd’hui stagnants. L’écart entre la progression de la productivité et celle du salaire médian (et non du salaire moyen) montre bien que l’avantage est aux employeurs. Mais, tout cela a des conséquences macroéconomiques évidentes. La faiblesse des gains salariaux par rapport aux gains de productivité est une des causes du chômage de masse. Les économistes qui l’attribuent à ces gains de productivité devraient porter un bonnet d’âne. Si les revenus salariaux avaient connus une croissance comparable à celle de la productivité, la demande serait au niveau des capacités productives à emploi constant. En procédant à cette réforme dans le contexte très dégradé que nous connaissons depuis maintenant près de 25 ans, ce gouvernement commet bien plus qu’une faute tant sociale qu’économique. Il mène en réalité une guerre de classe contre les salariés en les fragilisant devant leurs employeurs d‘une part et en créant la situation économique qui les prive de toute capacité de résistance. Cette situation économique se démultiplie d‘ailleurs dans les coupes sur les investissements publics et dans la destruction programmée de l’école.

C’est donc bien d’une guerre de classe dont il s’agit. Il faudra donc s’en souvenir quand les mêmes viendront quémander nos suffrages.

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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 09:21

Cet article est reposté depuis Réveil Communiste.

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19 février 2016 5 19 /02 /février /2016 22:29

par · 13 février 2016 sur le blog Russeurope

Christophe Barret et moi-même avons écrit une lettre ouverte au dirigeant de PODEMOS, Pablo Iglesias. Nous l’avons fait parce qu’il nous semble que ce que représente PODEMOS est un enjeu, au-delà de la seule gauche espagnol, qui concerne toutes les gauches européennes, mais aussi tous les européens, et même s’ils ne sont pas de gauche, qui étouffent sous la dictature européenne. Jean-Luc Mélenchon ne dit pas autre chose dans son texte où il annonce, de fait, sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. PODEMOS, d’ailleurs, refuse la dichotomie traditionnelle entre gauche et droite et revendique clairement une démarche populiste, comme celles qui ont porté des gouvernements d’espérance en Amérique Latine.

Mais, certaines ambiguïtés demeurent dans le discours de PODEMOS. Or, venant après la capitulation de SYRIZA en juillet 2015, capitulation qui s’est suivie d’une reprise, certes contrainte et forcée, de la politique des « mémorandums » européens, de nouvelles ambiguïtés sont désormais insupportables. Elles portent en elles le risque de voir un mouvement social être conduit à l’échec alors que des solutions existent bel et bien. La position adoptée par Tsipras n’a rien changée sur le fond. La perspective du « GREXIT » est toujours d’actualité et la politique du nouveau mémorandum s’est révélée tout aussi mortifère, et toute aussi incapable de sortir la Grèce de sa crise que celle des précédant mémorandums. Les manifestations qui se multiplient ces derniers jours tant à Athènes que dans d’autres villes de Grèce en témoignent. Les menaces d’une insolvabilité de la Grèce, en mars ou en juin prochain, le confirment.

Dans l’intérêt des peuples d’Espagne, mais aussi dans celui des peuples européens, soumis à un pouvoir anti-démocratique dont la tête est tantôt soit à Francfort, soit à Bruxelles ou soit à Berlin, et que relaie, hélas, les élites politiques nationales, il faut une politique de claire rupture. Et c’est justement pour aboutir à cette clarification que la présente lettre a été écrite. Elle sera donnée en mains propres par Christophe Barret aux dirigeants de PODEMOS dans les jours qui viennent. En attendant, et pour lancer ici un débat dont l’importance et l’enjeu dépasse PODEMOS, je la publie, tant en français qu’en espagnol.

A - 011 PI

Texte français

 

Cher Pablo Iglesias,

Face à la crise multiforme qui touche l’Union Européenne, les succès électoraux de PODEMOS appellent de nombreuses initiatives. Militant des marges du monde politique, vous proposez un nouveau discours politique dont il convient aujourd’hui de méditer les points forts. Dans la bataille pour la conquête du sens commun accepté par la grande majorité de nos concitoyens, il vous est paru préférable de privilégier à la traditionnelle dichotomie gauche/droite l’opposition des peuples à leurs élites. La crise que traverse la social-démocratie semble confirmer la nécessité d’un tel aggiornamento.

Néocolonialisme, compradorisation et populisme

Candidat du groupe de la Gauche Unitaire Européenne à la présidence du Parlement Européen le 30 juin 2014, vous justifiiez vos choix politiques et stratégiques en ces termes : « la démocratie, en Europe, a été victime d’une dérive autoritaire (…) nos pays sont devenus des quasi-protectorats, de nouvelles colonies où des pouvoirs que personne n’a élus sont en train de détruire les droits sociaux et de menacer la cohésion sociale et politique de nos sociétés ».

Nous partageons ce diagnostic. Les élites politiques des pays de l’Union Européenne sont bel et bien soumises à une puissance extérieure. Ce colonialisme sans métropole représente un défi pour les démocrates. Un concept, né à une autre époque et sur un autre continent, peut nous aider à comprendre le phénomène : celui de la « compradorisation des élites ». Selon une définition aujourd’hui communément admise, une élite compradore « ou « bourgeoisie compradore ») tire sa position sociale et son statut de sa relation avec une puissance économique étrangère qui domine son territoire d’origine. Ce concept fut, naguère, du plus grand intérêt pour comprendre l’évolution de d’une Amérique latine que vous connaissez bien ! Aujourd’hui, en Europe, une nouvelle compradorisation est en œuvre, rendue possible par les institutions européennes et la puissance économique allemande.

De-même sommes-nous nombreux à faire nôtre le projet de Podemos de revivifier la démocratie. Nos prenons acte du fait que votre démarche populiste de contestation, authentiquement de gauche, se double de la volonté d’assumer les responsabilités de l’État – quand bien même ce souverainisme sans drapeau vous amène aussi à explorer les voie d’autres types de médiations selon un « processus constituant » dont il vous appartiendra, à terme, d’expliciter davantage.

De la dynamique européenne et des mouvements de contestation

La confiance dont vous témoignent aujourd’hui vos électeurs vient du fait que vous avez été, avec vos compagnons, les premiers à porter au Parlement une expression politique du mouvement des Indignés de 2011. La révolte des classes moyennes inexorablement entraînées dans un processus de paupérisation qui menace aujourd’hui de nombreuses régions du continent européen intéresse de très nombreux citoyens, bien au-delà des cercles des militants de la gauche de toujours. Un sursaut incroyable a eut lieu, il y a un an, en Grèce. Hélas, ce « Vaisseau venu de Grèce » que chantait en 1974 Lluís Llach s’est brisé sur les récifs des politiques d’austérité dressés par les institutions européennes. L’alliance de la social-démocratie avec celles du Parti Populaire européen (PPE), pour que rien ne change, peut être vue comme une réminiscence de « la Sainte Alliance des possédants » de 1848. Pour nos maîtres, le nouveau printemps de peuples n’aura pas lieu !

Dans un très long article publié – déjà presque en forme de bilan –, l’été dernier, dans la New Left Review, vous sembliez pourtant toujours considérer comme possible « un processus de recouvrement de la souveraineté » des peuples. En dépit de ce que nous appelons le processus de compradorisation des élites, il vous semble encore possible d’impulser des transformations du système productif et d’envisager une « reconfiguration  des institutions européennes en un sens plus démocratique », notamment avec l’établissement d’un Parlement de la zone euro[1]. Ce faisant, vous cherchez à créer un rapport de force au sein du conseil européen. C’est une stratégie courageuse, mais c’est aussi une stratégie discutable, qui peut avoir des implications graves non seulement sur PODEMOS mais de manière plus générale sur les autres mouvements de contestation européen. Chercher à créer un rapport de force dans le conseil européen implique de considérer que ce dernier aurait une quelconque légitimité. Or, le conseil n’a pas d’autre légitimité que celle de chaque pays. C’est un organisme de coordination et non de subordination. Il est vrai qu’il tend à se comporter comme un organisme de subordination ; mais faut-il l’accepter ? Faut-il se plier à la vision anti-démocratique des institutions européennes ? En faisant cela, on perd une bataille avant même de l’avoir menée.

Concrètement, construire un rapport de force implique que des mouvements anti-austérité arrivent simultanément au pouvoir dans différents pays. Force est de constater que cette perspective n’est pas crédible. Les temps électoraux et politiques restent propres à chacun des pays, parce qu’ils traduisent l’histoire et la culture politique nationale. Vous en savez quelque-chose, aujourd’hui, en Espagne. Ainsi, en s’engageant dans la direction de la construction d’un rapport de force au sein du conseil européen, PODEMOS fait un double cadeau aux partisans de l’austérité. D’une part, il fait un cadeau aux ennemis des peuples en leur reconnaissant une légitimité qu’ils n’ont pas et d’autre part il entraîne les différents mouvements dans une voie illusoire, celle qui consisterait à attendre que les élections permettent l’arrivée au pouvoir simultanée de majorité anti-austérité dans les pays de l’Union européenne.

Il nous semble donc que c’est dans une voie dangereuse, et même suicidaire, que PODEMOS s’engage.

Construire le champ de l’affrontement

La question majeure qui se pose alors est celle de la construction du champ politique de l’affrontement. Ce champ doit se construire tant en Espagne (comme dans tout autre pays) que dans l’Union européenne. Mais, dans cette construction, deux éléments vont peser lourd pour le futur.

  1. L’Europe

La question du rapport avec les institutions européennes, devenues aujourd’hui le camp retranché des partisans de l’austérité et conçue comme telle en réalité dès le départ, se pose. Nous souhaitons tous une large coordination entre les pays européens, et ceci inclut bien entendu des pays qui ne sont pas membres de l’Union européenne, comme la Suisse, la Norvège, la Russie et même ceux du Maghreb. Mais, nous devons constater que l’implacable logique du politique s’impose en ce qui concerne la nature de nos relations avec les institutions européennes. Il est ici dangereux de nourrir et d’entretenir des illusions, et nous pensons que certains points dans le programme de PODEMOS sont justement de cette nature. Il ne sert à rien de mettre en avant la sincère volonté de construire une « autre » Europe si les dirigeants européens sont d’emblée résolus au conflit.

Du moment que pour les partisans de l’austérité la venue au pouvoir d’un mouvement ou d’un parti dans l’un des pays de l’UE menace de remettre en cause pouvoir et privilèges, ils mettront en œuvre, et on l’a vu dans le cas de la Grèce au printemps 2015, tous les moyens à leur disposition, y compris des moyens illégaux et des pratiques de corruption, pour amener ce mouvement ou ce parti à résipiscence. La nature des relations entre les partisans de l’austérité et leurs adversaires constitue le couple amis / ennemis. Ce sera une lutte sans pitié ni merci. Nous serons d’emblée projetés dans la logique de l’antagonisme. Il faut donc ici poser la question du programme et de l’action de PODEMOS. Êtes-vous prêt à cet affrontement et à toutes ses conséquences ?

Cette perspective implique de définir le cercle des relations « agoniques », c’est à dire entre adversaires susceptibles de s’unir pour résister à des ennemis communs. De fait, la nature de l’affrontement avec les institutions européennes ne dépend pas de PODEMOS, comme il n’a pas dépendu de SYRIZA. Cette nature sera déterminée par l’action des dirigeants européens ; si, pour arriver à un accord, il faut deux volontés, une seule suffit pour provoquer le conflit. Mais, en imposant un cadre d’affrontements antagoniques aux partis anti-austéritaires dès qu’ils arrivent au pouvoir, les dirigeants européens peuvent permettre de faire émerger un autre cadre, celui des relations agoniques. Ce cadre, c’est celui des relations entre forces certes opposées, mais où l’affrontement avec les institutions européennes requalifie l’opposition d’un conflit entre adversaires et non plus entre ennemis. La question se pose donc à vous, comme elle se pose à toutes les forces luttant contre l’austérité en Europe : quelles sont les forces avec lesquelles vous pourriez passer des accords ou une trêve le temps de régler cet affrontement décisif ?

  1. L’Euro

La question de l’affrontement avec les institutions européennes nous conduit à celle de l’Euro. Ce que l’on appelle la « monnaie unique » est en réalité un mécanisme qui a bloqué les nécessaires ajustements de taux de change entre des économies dont les structures sont très différentes tout en permettant de créer un espace unifié pour la spéculation financière. C’est pourquoi l’Euro est aujourd’hui défendu essentiellement par les banquiers et la « finance ». Mais, c’est aussi pourquoi les pays de l’Europe du Sud n’ont pas eu d’autre choix que celui de s’engager dans des stratégies de dévaluations internes, une course mortifère au « moins coûtant, moins disant », dont les conséquences sont immensément plus graves que celle de réajustements des taux de change. C’est l’origine réelle des politiques d’austérité dont la logique est de conduire à une « hyper-austérité ». La concurrence se joue désormais dans le degré d’engagement dans l’hyper-austérité.

La question de l’Euro ne relève donc pas, comme vous semblez le croire, uniquement du domaine symbolique de l’hégémonie culturelle. C’est une question concrète, qui se traduit dans des centaines de milliers de licenciements, dans des millions de jeunes et de moins jeunes travailleurs privés de leur emploi, dans la baisse de tous les minima sociaux. Vous ne pourrez pas mettre en place une politique contradictoire à l’austérité sans vous attaquer à l’Euro. Ici encore, l’exemple de SYRIZA et de la Grèce, est parlant ; ayant renoncé à quitter l’Euro, même si désormais une majorité de la population serait d’accord avec une telle perspective, le gouvernement de SYRIZA a été contraint d’appliquer le même austérité que celui de Nouvelle Démocratie, et il perd aujourd’hui toute la légitimité qui découlait de son discours contre l’austérité. La stratégie qui consiste à chercher à « gagner du temps » est ici, très clairement, une stratégie perdante. À terme, vous serez, n’en doutez pas, confrontés aux mêmes choix. Quelle sera alors votre réponse ?

À l’occasion de votre passage à Paris, en septembre 2015, vous avez déclaré qu’une sortie de la zone euro n’est envisageable, d’un point de vue espagnol, qu’à la seule condition qu’un pays membre de l’Union Européenne pesant économiquement plus que l’Espagne ne l’envisage d’abord officiellement. Votre prise de position se veut respectueuses des débats qui traversent nombre des forces politiques, y compris PODEMOS – comme on a pu le constater à l’occasion de sa dernière université d’été. Dans le numéro de La New Left Review dont il a été question, vous nous rappelez que PODEMOS est aujourd’hui pensé comme un « instrument fondamental du changement politique »[2]. L’aggiornamento permanent auquel ses militants le soumettent ne saurait être possible si vous n’acceptez pas de débattre des questions et des impasses auxquelles nous devons faire face.

 

Nous vous prions de croire, cher Pablo Iglesias, en notre volonté résolue d’impulser un véritable changement tant en France, qu’en Europe.

 

Jacques Sapir, économiste, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, auteur de Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2016.

Christophe Barret, historien et essayiste, auteur de Podemos. Pour une autre Europe , Paris, éditions du Cerf 2015.

 

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 18:16
A gauche, au diable les écuries !
, par  Guillaume Sayon sur le site du réseau "Faire vivre et renforcer le PCF"
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Alors que la solidarité avec les salariés de Goodyear grandit partout dans le pays, que dans l’espace anglo-saxon la gauche entreprend un virage intéressant sous la houlette de Corbyn en Grande-Bretagne et de Bernie Sanders aux États-Unis (dans la limite de ce qui est envisageable là-bas pour l’heure), qu’une grève générale contre la réforme des retraites allume un incendie social en Grèce, notre gauche à nous ne cesse de s’étioler en nourrissant de faibles perspectives de transformation. Le piège des primaires fonctionne parfaitement, le PS chavire totalement et s’abandonne aux pires trahisons, devenant un véritable repoussoir populaire, une machine à démanteler violemment notre modèle de protection sociale, notre république, notre nation.

L’heure est suffisamment grave pour prendre le temps de la réflexion, pour ne pas passer sous silence les tromperies et autres illusions dérisoires que nourrissent trop de responsables de la gauche. Je suis en colère par la déliquescence programmée de mon parti, je suis révolté par le manque d’imagination et de courage de ma famille politique. J’ai le sentiment désagréable d’une accélération brutale et mortifère des événements et de l’absence extrêmement préoccupante d’une réponse politique à la hauteur des enjeux. On peut toujours débattre sans limite de l’obsolescence des partis, du manque de dynamique citoyenne et j’en passe, la réalité doit être appréhendée avec plus de praticité. Des voix ouvrières fortes transpercent le bouclier médiatique et touchent au cœur des milliers d’hommes et de femmes dans tout le pays. Des français qui connaissent cette dure réalité, qui connaissent la brutalité de l’exploitation, qui connaissent l’horreur de vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, la précarité, la peur de perdre du jour au lendemain son gagne-pain.

Tout cela en parallèle du triplement de la fortune en 5 ans des 10 français les plus riches, avec une fortune cumulée qui est passée de 60 à 200 milliards d’euros entre 2009 et 2015. Tout cela alors qu’une vaste enquête démontre que le peuple français est foncièrement méfiant envers le capitalisme (15 % des français seulement prêtent des vertus au capitalisme). Tout cela alors que plus de la moitié du corps électoral ne se déplace plus dans les isoloirs. Tout cela pendant que notre ministre de l’économie, sinistre pantin de la finance mondiale, parade à Las Vegas avec le gratin patronal français, dans la ville du vice, de la tromperie, de l’argent sale et facile, pour dire à quel point la régulation, même modeste, est une entrave au miracle libéral ! La crise est profonde. Crise de confiance, crise d’avenir, crise métaphysique, crise… Le danger réside dans le fait qu’en occultant de proposer au pays un vaste débat sous cet angle précis, la confrontation se durcit autour de problématiques réactionnaires (remise en cause de la laïcité, fantasmes autour des réfugiés…). Le gouvernement mange dans la gamelle opportuniste en flattant les instincts autoritaires sous perfusion médiatique. L’État d’urgence se transforme en nouveau régime ordinaire permettant de contenir l’exaspération sociale et salariale. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, conséquence directe des politiques impérialistes que nous menons, c’est une camisole de force géante que le gouvernement est en train d’établir. Museler les oppositions, imposer les valeurs et les croyances, inoculer un climat de peur permanente… La République s’est totalement inféodée au capital et répond sans broncher à ses prérogatives. Nous sommes dans la phase la plus grave et la plus répugnante du capitalisme. Je vous conseille de lire ou de relire Lénine qui dresse une description exemplaire de ce phénomène dans Impérialisme, stade suprême du capitalisme.

Ce qu’il nous manque donc cruellement, c’est une organisation capable de soulever ces contradictions, de les articuler dans une réflexion et une pratique qui permettent de créer un élan de résistance, de dessiner les contours d’une alternative globale et sans concession. Des millions de personnes attendent ce mouvement. Certains se structurent dans des organisations encore modestes. Cependant il est nécessaire de réussir à massifier, à fédérer cette sphère. L’émiettement est notre pire ennemi. Il a toujours été le pire ennemi des travailleurs. Pour autant et pour répondre d’office aux gogos qui agitent sournoisement le chiffon des rassemblements boiteux et opportunistes, ce travail de rassemblement ne peut se faire n’importe comment et à n’importe quel prix. Oui, on ne peut que désespérément déplorer le temps de la valse des renégats. Je me moque de 2017. 2017 est un leurre, tout juste un rendez-vous électoral d’une république bourgeoise totalement corrompue et impuissante.

L’urgence est à créer l’émulation révolutionnaire à la base. Redonner des perspectives aux travailleurs, soutenir et accompagner leurs luttes, créer les conditions d’une mise en commun de ces dernières en les replaçant dans le cadre d’une lecture globale du rapport de force, recréer du sens commun par une démarche dialectique matérialiste, bref reprendre les bases et édifier le mouvement avec patience et méthode (sans donc se préoccuper du calendrier électoral qui ne nous concerne plus vraiment). Créer des temps de rencontre et d’échanges dans les quartiers, dans les entreprises autour de batailles concrètes. Une action contre le logement insalubre, une mobilisation pour promouvoir l’éducation populaire, une mobilisation populaire autour d’une école, des actions pour promouvoir la baisse du temps de travail et de meilleurs salaires… Il faut créer du mouvement, de l’action avec le soucis permanent du rassemblement, du travail collectif, avec le soucis permanent d’inscrire ces luttes dans la confrontation incessante entre dominants et dominés. Il faut nous éduquer à la lutte permanente d’une classe face à une autre. C’est ce défi que nous avons à relever. Alors au diable les écuries, entrons dans la course !

G.S.

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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 17:40

Le journal de 20H de samedi 30 janvier a fourni une illustration supplémentaire de la volonté de cette chaîne publique non pas d’informer, mais de manipuler l’opinion. On y était habitué depuis qu’elle s’est spécialisée dans le dénigrement systématique de tous les mouvements sociaux. Mais ses prétendus journalistes ont franchi un cap dans la lecture qu’ils ont donnée de ce qui se passe aux USA.

Dans une présentation des élections primaires qui vont commencer outre-Atlantique, la présentatrice et le correspondant local de la chaîne ont renvoyé dos-à-dos le démagogue Donald Trump et le socialiste Bernie Sanders au nom de ce qui est présenté comme un même « populisme ».

Historiquement, il y a toujours eu des acteurs politiques qui remettent en question le système. Ils le font au nom d’une idéologie, affichée ou pas. Ce fut le cas tout au long des 19e et 20e siècles par des socialistes et par des gens d’extrême-droite.

Mais depuis que la social-démocratie a renoncé à contester le système capitaliste pour adhérer au néo-libéralisme, on dérive en Europe vers un système à l’américaine où deux courants politiques adhèrent totalement au système et se concurrencent uniquement sur l’occupation du pouvoir. L’alternative est limitée à des choix de personnes. Désormais, les contestataires du système, qu’ils se réclament de l’idéal social ou de la tradition nationaliste, qu’ils expriment une analyse critique des inégalités sociales ou qu’ils flattent les passions les plus égoïstes, sont qualifiés invariablement par le prêt à penser dominant de « populistes ».

Il y a toujours eu, à l’occasion des primaires américaines, des populistes au sens traditionnel de ce terme qui désigne les démagogues flattant avec hystérie les passions les plus basses. Ils se situent le plus souvent à la droite des Républicains. Il y a eu un Barry Goldwater, plus récemment une Sarah Palin, aujourd’hui, c’est Donald Trump. C’est un classique du paysage politique américain.

La grande nouveauté des prochaines élections présidentielles, c’est l’émergence au sein du parti démocrate, d’un authentique discours de gauche. Après les grands espoirs et les immenses déceptions de la présidence Obama, la candidature de Mme Clinton est apparue davantage comme la perpétuation d’un système inique où les inégalités sociales s’accentuent, où l’emprise des firmes privées sur les choix politiques a atteint des sommets, en dépit de la crise de 2008. Obama a déçu parce qu’on attendait de lui une politique à la Franklin D. Roosevelt, celle du New Deal qui avait encadré le capitalisme après la crise des années trente, au siècle passé. Mais Obama a cédé devant Goldman Sachs. Et les plus faibles ont payé la crise provoquée par la rapacité des plus riches. Et voici que surgit Bernie Sanders, un homme dont tout l’engagement politique, jusque-là marginalisé, a été consacré à promouvoir la justice sociale. Et à la grande surprise des prétendus journalistes, son combat devient celui de millions de ses concitoyens. Un homme qui non seulement dénonce les injustices du capitalisme, mais fournit la démonstration que les valeurs du socialisme ont encore une pertinence.

Cela, bien entendu, c’est intolérable pour les défenseurs d’un système dont tous les efforts tendent à nous convaincre qu’il n’y a pas d’alternative, que le seul choix que nous ayons encore se limite à des choix de personnes. Il faut donc disqualifier un Bernie Sanders aux USA, un Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne. Pour cela un mot : populisme. Une présentation : renvoyer dos-à-dos démagogues de la droite extrême et authentiques candidats de gauche. On a vu cela chez nous, en 2012. On le voit une nouvelle fois à l’occasion des primaires américaines.

Pourquoi payons-nous encore pour des stations de radio et des chaînes de télévision publiques qui nous intoxiquent au lieu de nous informer honnêtement ?

rmj

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 14:22

Lu sur Collectif Communiste Polex

 

publié le : 7 janvier, 2016

Bien que ma seule qualité d' "expert" consiste à pratiquer la Corse et son histoire depuis 50 ans, je me permets quelques réflexions sur les dernières élections dans l'île. Elles sont à la fois spécifiques et semblables à l'effondrement national de toute les gauches: le PCF- Front de gauche a perdu près de la moitié de son influence ( de 10 a 5 pour cent ), et c'est bien le plus grave. Le PC y était plus résistant qu'ailleurs grâce au rôle joué par lui lors de l'insurrection antifasciste de 1943. Mais ce passé est bien lointain pour les générations actuelles. D'autant que sa collusion électoraliste avec la "Gauche"radicale de Giacobbi à l'assemblée sortante n'a rien arrangé.

Le phénomène essentiel est le score désastreux de Giacobbi, président sortant totalement discrédité, par son soutien au gouvernement austeritaire Hollande.-Valls, et par les accusations non-démontrées de corruption: une correction bien méritée! une part des électeurs de gauche n'ont pas voté le 13 :le PS a toujours été faible en Corse, des radicaux fidèles de l'ancien maire radical de Bastia, et des communistes sont restés chez eux. Dès lors, la progression forte des nationalistes réunis ( alors qu'ils ont surtout de la haine les uns pour les autres ) a fait la différence: ils ont en Corse tiré profit d'électeurs furieux du chômage et de la pauvreté qu'ils subissent, comme ailleurs en France, et de la vague de xénophobie anti-musulmane répandue dans toute la France, qui, ailleurs, s'est portée surtout sur le FN.

Je n'ai aucune amitié pour les Nationalistes, pas plus ceux de Corse que les Nationalistes francais.

Ils ont en commun de nier cette réalité qu'est la lutte de classe entre exploiteurs et exploités au sein de la Nation. Mais j'ai toujours pensé que pour mieux les combattre, il fallait ne pas les caricaturer: pas plus que le FN n'est le parti Nazi, les Nationalistes corses ne sont le banditisme, ou la corruption, comme le répètent la majorité des Francais abreuvés par leurs médias depuis des décennies. Les crimes , trop nombreux dans l'île, même si l'insécurité quotidienne y est moindre qu'ailleurs, y sont liés, comme l'essentiel des explosions, à la spéculation immobilière le long des côtes, au Milieu, et aux politiciens corrompus, plus nombreux à Droite ou au PRG que parmi les dirigeants nationalistes actuels. Par ailleurs, les Indépendantistes les plus nostalgiques des " actions armées "d'autrefois. les amis de Talamoni et autres, sont de moins en moins influents , au profit des fidèles de Simeoni ( fils ), qui a pris la mairie de Bastia et la gouverne avec des PS et des hommes de Droite ou Centristes. Comme il a raté la majorité des sièges à l'Assemblée territoriale, son problème est de savoir avec qui il va la diriger, droite ou giacobbistes, qui , franchement , se valent. Ne fantasmons pas, Simeoni ne rêve pas d'indépendance, pas plus que les nationalistes qui ont eu la majorité avec la Droite en Martinique.

Par contre, tous ces politiciens sont pro-UE et " libéraux ", quitte à se déchirer pour les postes, comme l'UMP et le PS partout en France. Un bel exemple: ils ont tous approuvé la cession de la SNCM, ex service public privatisé sous la pression de l'UE et de l'état français, à Rocca, un affairiste Corse , accusé il y a peu de fraude : 300 licenciements prévus, qui s'ajoutent à des centaines d'autres. Et peut être le pire à venir: le syndicat nationaliste STC, jouant la division entre les salariés, propose que les emplois sauvegardés soient réservés à des Corses. Dans la nouvelle Assemblée de Corse, Nationalistes, Radicaux, UMP, ne manqueront pas d'approuver en commun des mesures néfastes dans les mois qui viennent, y compris des décisions déjà approuvées par la majorité de gauche avec Simeoni dans celle sortante, comme la co-officialite de la langue. Certes,il est regrettable que l'indépendantiste Talamoni,qui a obtenu 5 pour cent des suffrages,soit devenu le successeur du PCF Bucchini à la présidence de l'Assemblee de Corse, mais son élection à un poste essentiellement honorifique ne doit pas nous inciter à prendre pour argent comptant ses provocations: il s'est certes exprimé en langue corse, comme le socialiste Le Drian en breton à l'Assemblee régionale de Rennes, et il a réaffirmé les convictions qui sont les siennes depuis 30 ans, que ne partagent pas 80 pour cent des Corses, contrairement à ce que croit Monsieur Chevenement. Évidemment ,cela fait le jeu des idéologues de l'UE supranationale et fédéraliste. Mais il serait naïf d'embarquer dans une grande campagne avec Hollande contre les Nationalistes corses, alors qu'ils partagent pour l'essentiel les mêmes choix politiques et sociaux.

En fait, la société corse, avec ses spécificités, connaît les mêmes tensions que la société française en géneral, traversée en cette fin d'année 2015 par une vague sans précédent de xénophobie contre les immigrés, Arabes et Musulmans, boucs émissaires des conséquences du capitalisme et de ses partisans. Il a suffi qu'à Noël une dizaine de de jeunes d'un quartier populaire d'Ajaccio, en rupture avec l'Islam respectueux des lois de leurs familles marocaines, allument un incendie de détritus au pied des immeubles et " caillassent " pompiers et policiers accourus, comme le font parfois certains écervelés en quête de repères des grandes banlieues parisiennes, pour que se déclenche le mécanisme abject des " ratonnades " d'il y a 60 ans à Alger: L'indignation légitime des Ajacciens contre les délinquants qui se croient audacieux en agressant des pompiers volontaires, a permis à quelques excités d'extrême-droite ( Lepenistes ou Nationalistes ) d'attaquer le quartier coupable d'abriter des Maghrébins,et ses lieux de prière musulmans, aux cris de " Nous sommes chez nous! " ( le slogan favori de tous les meetings du FN ) et " Arabi Fora! ". Exactions heureusement stoppées par la police, et condamnées par l'ensemble des élus corses.

Ces lamentables événements ne sont que le reflet d'une atmosphère dans toute la France, même si les médias pro-gouvernementaux en parlent peu: quelques jours avant ces événements de Corse, la mosquée d'Ermont , en Val d'Oise, avait subi un incendie volontaire, après bien d'autres incidents ignores du public.

Quant au PCF corse, il doit d'abord soigner ses plaies, et s'interroger sur ses orientations, trop calquées sur celles opportunistes du PCF national ces dernières années, ce qui n'a malheureusement rien de spécifique à l'île...

Francis Arzalier

Résultats
liste   voix % exprimés Nombre de sièges
Autonomiste Simeoni 52 840 35,34% 24
divers gauche Giaccobi 42 607 28,49% 12
droite Rossi 40 480 27,07% 11
fn Canioni 13 599 9,09% 4

 

Historien, F. Arzalier a publié " les Nations nécessaires et leurs pathologies nationalistes " ( ed. Delga, 2015 ). Il le présentera et animera le débat à
L'ESPACE CULTUREL LA CLEF
34,RUE DAUBENTON, PARIS Veme Metro Censier
LE MERCREDI 13 JANVIER 2016 à 18h
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2 janvier 2016 6 02 /01 /janvier /2016 15:50

Vivelepcf, 30 décembre 2015

 

La dépendance du PCF-FdG au PS est des éléments qui ont certainement le plus pesé dans les très mauvais résultats de ses candidats aux élections régionales, touchés également par le vote sanction de la politique du PS au gouvernement.

Malgré des appels de militants, jusqu’au Conseil national, à aucun moment, les directions du PCF n’ont avancé la perspective d’une rupture avec la participation aux exécutifs régionaux dirigés par le PS, même pas entre les deux tours quand le jeu cynique du PS avec le FN est apparu au grand jour et, en Ile-de-France, après le dérapage scandaleux de Bartolone sur la « race blanche ».

Cette position (plutôt absence de position) est allée de pair avec le maintien en place jusqu’au bout des vice-présidents PCF dans les exécutifs de gauche sortants, bien que ceux-ci aient constitué des relais de la politique d’austérité nationale, des soutiens aux « réformes » territoriales et ferroviaires, entre autres, que les communistes combattent.

Après le résultat du second tour, dans la plupart des 13 nouvelles régions, la question ne s’est plus posée. 7 sont dominées par la droite, la Corse par les nationalistes. Dans 4 des 5 que la gauche va gérer, les listes FdG ont été éliminées au premier tour et n’ont donc aucun élu.

Onesta (EELV-européiste) et Delga (PS, ministre de Valls) règlent leur accord régional

Reste le cas de la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. La liste issue de la fusion des listes conduites par le PS et EELV l’a emporté au second tour. Il y a 7 élus PCF sur 158 qui figuraient sur la liste EELV-FdG+ « Nouveau Monde ». Ils n’ont pas résisté à la tentation d’occuper les 2 vice-présidences offertes sur 15 au sein d’un exécutif présidé par Carole Delga, PS, ex-ministre de Valls, accompagné d’un bureau de l’Assemblée qui devrait être présidé par Gérard Onesta, EELV, européiste, corédacteur du projet de constitution européenne Giscard en 2005.

Jean-Luc Gibelin, ancien syndicaliste passé directeur d’hôpital, s’est vu octroyer la 6ème vice-présidence – aux transports – et la camarade du Lot, Marie Piqué, la 15ème  – aux solidarités, services publics et logement (domaines hors des prérogatives des régions).

On voit déjà les commentaires à l’encontre du Parti : « vos dirigeants sont prêts à tout pour quelques bonnes places ». Si elles émanent du PG, qui a certes refusé de participer à l’exécutif en LR-MP, mais qui a obtenu quelques bonnes places de conseillers dans la même combinaison régionale, elles ne seront pas recevables.

Tout indique que, si le cas s’était présenté, les candidats élus PCF dans les autres régions auraient également continué à cogérer les régions derrière le PS. Des particularités régionales (encore davantage effacées avec l’agrandissement des régions) l’auraient plus ou moins justifié : une plus ou moins grande distance des dirigeants régionaux du PS vis-à-vis du gouvernement, un poids du PCF autonome plus ou moins grand. En Bretagne, le vice-président sortant de la région aux transports, le PCF Gérard Lahellec vient d’être reconduit à ce poste dans l’équipe du ministre de la guerre Le Drian. Mais il s’était présenté directement sur les listes PS au 1er tour, contre les listes FdG et le résultat de la consultation dans le PCF. Il avait argué que puisque le FdG était d’accord pour valoriser le bilan des élus sortants et qu’il envisageait de toute façon le ralliement à Le Drian et une alliance avec lui, il n’y avait pas de raison de prendre le risque d’être éliminé au 1er tour…

Dans les régions, les départements (avec des nuances locales), à Paris derrière le social-libéralisme de Delanoë/Hidalgo, la direction du PCF continue à considérer le PCF-FdG comme une force d’appoint et une caution de gauche au PS. « Tirer le PS à gauche », « limiter les dégâts dans des contrepouvoirs locaux » : ces arguments ne fonctionnent plus, s’ils ont jamais fonctionné. Aux dernières régionales, la campagne commune entre les deux tours en Ile-de-France, menée sous les caméras, par Pierre Laurent en compagnie d’Emmanuelle Cosse et de Claude Bartolone, dignitaire du PS au pouvoir, a encore plombé durablement l’image du PCF.

Et ce n’est pas qu’une question d’image : c’est une question de stratégie et de ligne politiques profondes. Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées est l’exemple qui les a le mieux illustrées.

Le mal était fait avant le 1er tour dans la décision de se rallier à l’EELV Gérard Onesta. Loin de représenter une « gauche de contestation », Onesta dans EELV (Cohn-Bendit !) est un européiste libéral, militant acharné du développement des féodalités régionales européennes contre la démocratie nationale. Pour ce rôle d’avant-garde, malgré les 10% seulement obtenu par ses listes (la moitié des résultats de 2010), Onesta va obtenir du PS (le 4 janvier 2016) la présidence d’un « bureau de l’assemblée régionale » spécialement créé à sa demande.

Vis-à-vis des communistes et des électeurs, il y a eu tromperie sur la marchandise. Rien n’était clair dans les termes des consultations des communistes : leurs résultats aberrants par département le traduisent (98% dans l’un, 35% dans l’autre). Il y a eu décision directe de la direction du PCF, notamment de Marie-Pierre Vieu et de Pierre Laurent qui a même envoyé une circulaire pour demander aux secrétaires départementaux de garantir la désignation de Vieu comme chef de file des candidats du PCF. Le lendemain, Vieu s’engageait avec Onesta…

A la stratégie de satellisation dans les institutions à la social-démocratie, se double une nouvelle stratégie de recomposition à « gauche », plus poussée que le Front de gauche (EELV/Frondeurs), dans un deuxième bloc social-démocrate effaçant, reniant les positions communistes.

Encore un sombre enseignement de ces lamentables élections régionales.

Retrouver le chemin des luttes, contre le système PS/LR (ex-UMP)/FN, de plus en plus dangereux, passe par une rupture avec cette suite, sans fin, de combinaisons suicidaires de la direction du PCF.

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 23:07

Nous vivons une étrange catastrophe. Un Président de la République issu d’un parti en déshérence, une classe dite dirigeante qui ne cherche son salut que dans les anathèmes, un exécutif qui n’a plus que les apparences de l’autorité… Autant de symptômes d’une grave crise de régime.

Le résultat du premier tour des régionales n’est pas un accident de parcours. Il se situe dans la logique des décennies récentes. Il ne sert à rien de se voiler la face : la légitimité du pouvoir est atteinte en France. Si sa légalité est effective, c’est seulement grâce à des institutions tout entières dans les mains d’une personne inamovible.

Mais l’illégitimité n’est pas que celle du sommet de l’État. Elle est celle de l’appareil du pouvoir national et européen dans son ensemble et donc de la règle du jeu qui lui donne raison. Elle est la conséquence d’une contradiction majeure : celle d’un système politique qui prétend tirer sa légitimité de la démocratie alors que les aspirations populaires sont étouffées, alors même que les institutions de Bruxelles nient l’existence du peuple souverain.

La montée du Front national n’est que l’expression malheureusement logique de cette situation. Les appels pathétiques à y faire barrage, qu’ils soient issus de Paris ou de Bruxelles, peuvent de moins en moins être entendus dès lors qu’ils émanent de ceux qui depuis des années, en particulier après le 29 mai 2005, bafouent cette souveraineté.

Les abominables tueries qui ont frappé les Français sont le fait de fanatiques sanguinaires. Mais, facteur aggravant, ces crimes touchent une société que les responsables successifs ont déconstruite et que sa déliquescence fragilise. Il est ahurissant, dans ce contexte, qu’un Président de plus en plus affaibli puisse décider, en s’appuyant sur un Parlement qui n’est plus que l’ombre de lui-même, de réformer profondément une fois de plus la Constitution.

La logique mortifère que subissent les Français ne pourra être endiguée que par la remise à plat de notre vie publique, aujourd’hui dans l’impasse. Seul le peuple, en tant que corps social souverain, peut donner une réponse autre que la marche vers l’autoritarisme. Encore faut-il que la vitalité de la société soit reconnue comme fondement de la démocratie. Tel est le sens de l’élection d’une Assemblée constituante en France.

Il est encore temps. C’est toujours le combat qu’on ne commence jamais qu’on met le plus de temps à gagner.

Article également publié par l’ASSOCIATION POUR UNE CONSTITUANTE : www.pouruneconstituante.fr
et par Agoravox.

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