Les salariés en grève depuis un mois, à la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, en Normandie, votent, le jeudi 27 octobre 2022, la poursuite de la grève © Ouest-France
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Initiative Communiste – Quel bilan tirer de la grève dure de la classe ouvrière des raffineries en termes de résultats revendicatifs et de modification du rapport des forces ?
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Emmanuel Lépine – La grève dans les raffineries n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel clair. Les syndicats CGT des différents sites ont alerté de longue date, à minima depuis début 2022, sur la nécessité d’augmenter les salaires rapidement face à l’inflation qui a augmenté voilà plus d’un an. La réponse des travailleurs et des travailleuses a été au-delà de ce qui était attendu, avec une mobilisation incluant des personnels peu souvent en grève comme les salariés travaillant à la journée. Chez ExxonMobil le 20 septembre, le mouvement est parti spontanément dans deux secteurs de la raffinerie de Gravenchon (76), alors que la réunion sur les salaires avec la direction était encore en cours : c’est ce type de situation que nous cherchons à organiser en permanence, à savoir le contrôle des négociations directement par les salariés. Organisés avec leur syndicat CGT, les grévistes ont décidé la grève reconductible et l’arrêt des installations de raffinage. Chez TotalEnergies, la grève a démarré le 27 septembre. Les sites qui ont décidé l’arrêt des installations sont restés chacun plus de trois semaines en grève reconductible.
Le résultat a été bien sûr des augmentations salariales qui n’auraient jamais été de ce niveau sans cette puissante mobilisation. C’est aussi pour les acteurs de ces grèves une fierté d’avoir participé à cette grande grève qui a créé un électrochoc dans le pays, qui a permis d’ouvrir les yeux de beaucoup, sur le fait qu’il était possible et nécessaire de lutter dans les entreprises, lieux d’exploitation, pour imposer des revendications.
Face à cela, les patrons n’ont pas hésité à reprendre les pires méthodes que certains croyaient révolues mais qui resurgissent dès que la classe dominante perçoit un danger, et notamment les mensonges repris médiatiquement, comme le « fake » des salariés qui seraient payés 5000 euros, ou l’intox permanente annonçant l’ouverture de négociations pour des réunions qui, en réalité, n’existaient pas. Également toute la rhétorique des supposés « blocages » alors qu’il n’y avait aucun blocage, simplement des grévistes qui refusaient de tourner les vannes ou de charger les camions. Plutôt que négocier avec les acteurs à savoir les grévistes et leurs représentants, les directions apportaient des réponses médiatiques pour tenter de monter l’opinion et les autres travailleurs contre les raffineurs, ce qu’elles ont manifestement échoué à faire. Enfin, bien sûr, le patronat n’a pas hésité à user de la répression contre le droit de grève avec les réquisitions, le recours au travail forcé plutôt que répondre aux revendications, avec toute la puissance de l’Etat au secours des actionnaires des grands groupes, ainsi que du pouvoir judiciaire qui a rejeté les référés de suspension des réquisitions. Comme on pouvait le prévoir, cette attaque a créé une réaction massive, qui s’est manifesté par la journée du 18 octobre dans toute la France.[...]
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