Check News a traduit pour vous plusieurs extraits d'interviews et de discours, où Sahra Wagenknecht expose sa vision d'une politique d'immigration en Allemagne.
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On peut résumer ses positions ainsi. Sahra Wagenknecht défend le droit d’asile dans sa forme actuelle et s’est opposée à son durcissement. Elle estime cependant que pour régler la crise des réfugiés, il ne suffit pas d’ouvrir les frontières du pays, mais de traiter les causes, qui justifient que des personnes quittent leur pays en guerre. Ainsi elle est contre la vente d’armes à des pays étrangers, notamment la Turquie ou l’Arabie Saoudite.
En ce qui concerne les immigrés, qui ne relèvent pas du droit d’asile, elle estime qu’une position d’ouverture totale des frontières n’est pas une position de gauche, car l’immigration de main-d’œuvre étrangère augmente la concurrence entre les travailleurs allemands et immigrés et tire, selon elle, les salaires vers le bas. Elle y voit une politique souhaitée par le patronat pour baisser le coût de la main-d’œuvre.
Aussi Sahra Wagenknecht considère que cette main-d’œuvre supplémentaire pour l’Allemagne, notamment les travailleurs qualifiés, est un manque à gagner pour les pays d’origine de ces immigrés. Elle défend la mise en place de «limites à la libre circulation des marchandises» pour que ces pays en voie de développement ne soient pas abusés par les pays industrialisés.
Elle commence ce discours par se féliciter des résultats de Die Linke en progrès lors des élections fédérales du Bundestag, puis insiste sur le fait que Die Linke doit capter l’électorat ouvrier, qui s’est éloigné du parti dans des zones sinistrées, telles que le bassin ouvrier de la Ruhr ou les Länder de l’Allemagne de l’Est. Les propos traduits ici, font suite à un passage, où elle explique qu’elle est fière que son parti s’oppose à la livraison d’armes aux pays étrangers.
«Chers camarades, nous sommes également d’accord pour dire que les guerres sont une cause majeure des mouvements de migration mondiaux. Et nous convenons que les personnes persécutées doivent se voir accorder l’asile. Je suis fier que le groupe parlementaire au Bundestag ait voté contre tout durcissement de la loi sur l’asile et qu’il continuera à le faire. Je pense que cela montre où nous en sommes dans ce dossier.
Et nous sommes également d’accord sur le fait que les réfugiés de guerre doivent être aidés. Il n’y a personne dans Die Linke qui s’interroge à ce sujet. Et je ne pense pas qu’il soit élégant de toujours prétendre que c’est différent. Non, ce n’est pas différent.
Ce dont nous discutons, c’est de savoir si un monde sans frontières dans des conditions capitalistes peut vraiment être une revendication de gauche. Même là, il y a quelque chose qui n’est pas controversé. Nous défendons le droit des pays pauvres de défendre et de protéger leurs marchés, leurs économies, avec des tarifs douaniers contre nos exportations agricoles. Mais cela signifie aussi fixer des limites à la libre circulation des marchandises. Nous exigeons un contrôle des capitaux pour empêcher les spéculateurs financiers de décider des devises, des taux d’intérêt et du sort d’économies entières. C’est pourquoi nous voulons bien entendu fixer des limites à la libre circulation des capitaux.
Oui, beaucoup d’entre nous sont probablement d’avis qu’il est irresponsable d’éloigner les pays pauvres de leurs spécialistes qualifiés parce que la pauvreté et la misère sur le terrain ne font qu’augmenter. Oui, nous discutons de la question de savoir s’il devrait y avoir des limites pour la migration de main-d’œuvre et, si tel est le cas, quelles sont-elles. Mais pourquoi ne pouvons-nous pas le faire objectivement, sans diffamation ?
Le politicien de gauche Bernie Sanders a également une opinion très tranchante à ce sujet. Je cite Bernie Sanders : «Ouvrir les frontières. Non. C’est une suggestion des frères Koch.» Ce sont de grands industriels avec 40 milliards d’actifs. Je cite Bernie Sanders : «Ce que la droite aime dans ce pays, c’est une politique d’ouverture des frontières. Amenez beaucoup de gens qui travaillent pour deux ou trois dollars de l’heure. Ce serait formidable pour eux. Je n’y crois pas. Je crois que nous devons travailler avec le reste des pays industriels pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Mais nous ne pouvons pas le faire en appauvrissant la population de ce pays.» Voilà ce que dit Bernie Sanders. Et quand Jeremy Corbyn parle sur le sujet, ça sonne pareil. Vous n’avez pas à partager cette opinion, mais Bernie Sanders et Jeremy Corbyn ne sont en aucun cas des gens qui courent après la droite et adoptent leurs arguments. Qu’est-ce que c’est que cette non-culture du débat!
Je ne m’attends pas à ce que tout le monde soit d’accord avec moi non plus. Bien sûr que non. Mais ce que j’attends, c’est une discussion solidaire. Et si moi et d’autres camarades de mes propres rangs sommes accusés de nationalisme, de racisme et de proximité avec l’AfD, ou si l’on suppose que nous cédons à l’ère du temps droitiste, alors c’est le contraire d’un débat solidaire !»
La suite et l'intégralité de l'article ici : http://www.liberation.fr/checknews/2018/09/04/que-dit-exactement-sahra-wagenknecht-sur-l-immigration_1676492
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