SNCF. Aujourd’hui, le trafic au départ et à l’arrivée de la gare du Havre sera de nouveau impacté par le mouvement des cheminots. Pour ces derniers, comptant sur le soutien des usagers, il y va de la survie d’un service de qualité.
Les deux Intercités (Le Havre-Paris) de 6 h 27 et 13 h 57 puis rien d’autre. Pas plus de deux rames se sont donc, comme annoncé, élancées des quais de la gare du Havre alors qu’à quelques pas de là, une centaine de cheminots tenaient le piquet de grève. Entre agacement et envie de se faire entendre comme force de proposition alors que la gare est quasi désertée par les usagers ayant, de leur côté, pris leurs dispositions. Il devrait en être de même aujourd’hui dès 5 heures, au deuxième des 36 jours de grève déposés au cours des trois prochains mois.
Face à l’ouverture à la concurrence
Agacement face aux difficultés de trouver un interlocuteur régional. « Comment arriver à se faire entendre ? Au Havre, nous n’avons plus de direction régionale. C’est donc au directeur d’établissement des contrôleurs et des voyageurs que nous avons remis nos revendications locales ainsi qu’une copie d’Ensemble pour le Fer (NDLR : le rapport de la Fédération CGT des cheminots sur l’avenir du service public ferroviaire) », fustige Baptiste Bauza, délégué syndical CGT-SNCF. « C’est à l’image du semblant de négociations que met en place le gouvernement qui n’a pas manqué de rappeler qu’il restait encore un mois de rencontres. Mais tout cela est à l’image de l’émission de télévision The Voice. Sauf que cette fois, c’est l’inverse, la ministre (NDLR : Élisabeth Borne) nous écoute puis nous tourne le dos une fois qu’on en a terminé. »
À entendre les syndicalistes, les rares usagers rencontrés aux abords de la gare se voudraient compréhensifs. Selon un sondage Ifop publié le week-end dernier, 46 % des Français trouveraient le mouvement des cheminots justifié. « Évidemment pour eux c’est plus difficile les jours de grève mais les passagers n’oublient pas que la galère c’est au quotidien qu’ils la vivent », martèle Jean-Marie Mutel, secrétaire du syndicat CGT des cheminots du Havre. « Alors que l’on m’explique en quoi nos conditions de travail empêchent un train d’arriver à l’heure. On cherche tout simplement à monter les Français contre les cheminots en vue de préparer l’ouverture à la concurrence. »
Car autour du tas de palettes enflammées au pied de la salle Duponchel, c’est évidemment le sujet qui est sur toutes les lèvres. Une préparation qui serait à l’origine de bon nombre de dysfonctionnements. « On a cherché à cloisonner chaque métier afin de mieux portionner la SNCF avant de la découper en secteurs soumis l’un après à la concurrence », poursuit le délégué. « Conséquence, on interdit aux cheminots d’être polyvalents. Donc si un conducteur fret est disponible afin de pallier l’absence d’un conducteur voyageur, il ne peut le remplacer. »
Michel, jeune retraité, arborant fièrement son badge « CGT-cheminots » est venu soutenir ses anciens collègues. « J’étais électricien au service équipement. Puis du jour au lendemain, on a séparé les activités haute et basse tension. J’étais chargé de la basse tension. Si un problème sur la haute tension intervenait, il fallait donc faire venir un collègue de Rouen. Comment peut-on imaginer que c’est de la faute des cheminots si la SNCF n’est plus capable de fournir un service de qualité ? »
Un service que le syndicat local CGT des cheminots voudrait repenser. Ce matin, à l’occasion d’une rencontre sous-préfecture, une délégation déposera une série de propositions « pour le développement du ferroviaire local ». Parmi elles, une desserte sur la zone industrielle du Havre où chaque jour 36 000 personnes se rendent. « La direction et le gouvernement ne sont pas dans une démarche constructive. Nous, si, et nous le prouvons ».
[...] La suite sur le site de P Nie : http://www.paris-normandie.fr/region/greve-sncf-au-havre--les-cheminots-se-veulent-force-de-proposition-JD12667709
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