Merci à Jean Lévy d'avoir écrit ce texte. Nous le reprenons. Et le faisons nôtre.
par Jean LEVY
La grande imposture de François Hollande et de son gouvernement, c'est d'oser célébrer l'insurrection populaire contre l'absolutisme royal, et de fêter son symbole, la prise de la Bastille par les manouviers des faubourgs. Certes, le pouvoir actuel n'a pas innové en la matière. Pour se limiter aux cinquante dernières années, tous les présidents de la République ont participé à la mascarade, Mitterrand comme Sarkozy, Giscard comme Chirac. Au moins, le général de Gaulle avait le privilège d'avoir participé, comme on le sait, à la Libération de la France et à la recouvrance de sa souveraineté.
Mais le scandale, aujourd'hui, c'est que François Hollande, l'initiateur de l'état d'exception toujours en vigueur, célébre sans vergogne le triomphe de la Liberté conquise par le peuple au prix de son sang. Car enfin, ce 14 juillet 1789, c'est bien une population exaspérée par un régime agonisant, où une petite minorité de privilégiés - les aristocrates - régnait sans partage sur 26 millions de sujets, méprisés, réduits à la misère - et, en cette année-là, à la famine - alors que la Cour se gobergeait à Versailles dans un luxe provoquant.
Et ce pouvoir royal comptait bien réduire l'insurrection en faisant appel aux mercenaires étrangers, les régiments des Gardes suisses et du Royal allemand.
Trois ans plus tard, sentant trône menacé, il fera appel aux rois d'Europe coalisés pour réduire en cendres le Paris insurgé.
On songe aujourd'hui, aux projets d'armée européenne chargée d'assurer l'ordre sur le continent intégré.
En mai 2005, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne s'est prononcé dans un hebdomadaire allemand pour la mise en place d'une armée européenne. Le moment politique est le bon....Déjà, un "Eurocorps" est formé..
De plus, en France même, des manoeuvres militaires visent à initier la troupe aux combats de rue contre d'éventuels ennemis de l'intérieur...
Cette année, les cérémonies du 14 juillet, leur référence à la "liberté", leur utilisation par le pouvoir en place, ont quelque chose de plus indécent encore que dans la période passée.
En effet, prenant prétexte de cas de vandalisme autour des luttes sociales contre la loi travail, la France est mise en régime de liberté surveillée. Les manifestations syndicales sont confinées sur un trajet imposé, les participants contrôlés, voire fouillés, les rues barrées par des forces policères en tenue de guerre. Nul ne peut rejoindre ou quitter le défilé hors des rares points de passage autorisés, toutes stations du métro fermées : la nasse est hermétiquement bouclée.
Et ces mêmes autorités osent célébrer la "liberté" à la gloire du 14 juillet !
Que de similitudes entre la fin de règne de la monarchie, celle des années précédant la prise de la bastille et celles que nous vivons aujourd'hui :
Hier, une aristocratie excécrée qui dispose de tous les pouvoirs qu'elle exerce en dominant la multitude soumise à son bon plaisir, 26 millions de paysans, de bourgeois et de manouvriers. Aujourd'hui, une oligarchie - financiers, grands patrons, politiques à leur dévotion, tous gardés par leurs chiens de gardes, leurs médias - qui écrase à son seul profit un peuple exaspéré mais encore soumis, qui renâcle et qui commence à secouer ses chaînes...
Mais un jour viendra où celui-ci détruira les nouvelles Bastilles...
Qui l'aurait dit le 13 juillet 89 ?
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