Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, lors du point de presse conjoint avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, en 2021 (NATO/Flickr/Creative Commons)
Trouvé sur le site Les Crises.
Cet article permet d'approfondir les analyses sur la situation ukrainienne. Ce qui ne veut pas dire que nous en partageons tous les aspects.
Source : Responsible Statecraft, Anatol Lieven
Peter Paul Anatol Lieven est un auteur britannique, journaliste lauréat du prix Orwell et analyste politique1, actuellement professeur à l'Université de Georgetown, professeur invité au King's College de Londres2 et membre de New America Foundation (Wikipedia)
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Les sentiments exprimés dans l’article pour Foreign Affairs cette semaine par le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba sont très compréhensibles compte tenu de l’invasion, de la destruction et des atrocités que l’Ukraine a subies – mais ils ne doivent pas devenir la base de la stratégie occidentale.
La fureur, aussi vertueuse soit-elle, ne permet pas de définir une politique. En outre, contrairement aux Ukrainiens, les responsables et analystes américains et occidentaux ne sont pas eux-mêmes soumis au même type de feu ou de menace. Ils n’ont donc aucune excuse pour laisser leur jugement être obscurci par l’émotion. Leur devoir professionnel envers leur propre pays leur impose de garder la tête froide et les nerfs solides.
Kuleba cherche à identifier l’Occident à des objectifs purement ukrainiens, sans tenir compte des coûts plus larges pour l’humanité. Dans certaines parties de son article, on a l’impression que ce sont des professionnels américains des relations publiques qui ont rédigé le texte. Mais le premier devoir des citoyens américains est envers leur propre pays. Kuleba déclare, d’une manière gratuitement offensive que :
« De plus en plus de commentateurs proches du Kremlin proposent de vendre l’Ukraine au nom de la paix et de la stabilité économique dans leur propre pays. Bien qu’ils puissent se présenter comme des pacifistes ou des réalistes, il est préférable de les considérer comme des complices de l’impérialisme et des crimes de guerre russes. »
Il y a un grand désir d’aider le peuple ukrainien à se défendre contre l’invasion illégale et brutale. Mais le président des États-Unis est élu par les citoyens américains et a prêté serment de les défendre, eux et leurs intérêts, également. Cela inclut la protection de l’économie américaine et le maintien de l’Amérique en dehors des conflits qui ne sont pas dans l’intérêt vital de la sécurité des États-Unis, ou des confrontations qui conduiront à une dévastation insensée et à des meurtres à l’étranger.
L’aspect le plus dangereux de l’article de Kuleba est la façon dont il glisse à plusieurs reprises entre l’appel à l’aide militaire occidentale pour une « victoire complète et totale de l’Ukraine » et le fait de dire que cette aide est destinée à aider les Ukrainiens à faire pression sur les forces russes afin d’amener le régime de Poutine à « négocier de bonne foi » et d’aider l’Ukraine à négocier « en position de force. » [...]
La suite ci-dessous :
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Le ministre ukrainien Kuleba accuse les critiques d'être des " complices de Poutine. "
Sa fureur est compréhensible compte tenu des destructions subies par son pays, mais elle ne peut pas devenir la base de la stratégie américaine. Source : Responsible Statecraft, Anatol LievenTra...