On a tous quelque chose en nous de communiste. Et même que ce quelque chose réside dans des institutions que nous connaissons très bien, dont la plupart du temps nous nous félicitons de leur existence. Lesquelles ? Le statut de la fonction publique et le régime général de la sécurité sociale, bien sûr ! C’est ce que nous explique de manière évidente non sans une certaine pugnacité l’économiste et sociologue du travail Bernard Friot, que nous avons rencontré. En plein mouvement social historique contre la réforme des retraites et de débats parlementaires cette semaine, il nous semblait plus que nécessaire de dialoguer avec lui, qu’il nous insuffle ce “Désir de communisme” face au “rouleau compresseur du capitalisme néolibéral”, concrétisé dans son dernier livre co-écrit avec Judith Bernard. L’occasion de se demander pourquoi la question du travail, si centrale pourtant, est si peu ou mal abordée à gauche et même au sein de la gauche dite “radicale”, comment retrouver un second souffle de mobilisation face à la régression des retraites, et qu’est-ce qu’apporte le mouvement des Gilets jaunes au combat social ?
Entretien, par Selim Derkaoui et Nicolas Framont
Dans votre prochain livre, “Un désir de communisme”(des conversations avec Judith Bernard à paraître en avril chez Textuel), vous réintroduisez un terme souvent discrédité encore aujourd’hui par nos ennemis idéologiques, et qui n’est pas forcément très parlant pour les dernières générations. De nos jours, à contrario, les gens de gauche ont plus ou moins tendance à se déclarer “anti” quelque chose, comme “anticapitaliste” ou “antilibéral”. Comment l’expliquez-vous ? Cette réintroduction peut-elle être efficace ?