Petite géographie d’un géant de la construction
par Nicolas de La Casinière
Extraits
"Derrière les baies vitrées, la climatisation ronronne. L’imposant bloc gris du siège de Vinci a été édifié en 1992 pour son ancêtre, la Société générale d’entreprises (SGE), qui, en 1908, avait succédé à la société en nom collectif Giros et Loucheur, fondée en 1899. L’immeuble abrite 1 200 salariés, sur un effectif global de plus de 185 000 personnes dans une centaine de pays. L’empire Vinci pèse lourd : 38,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014 et 2,5 milliards d’euros de résultat net.
Le succès mondial de l’entreprise tient à sa capacité à miser sur deux échelles de temps : le court terme, grâce à la construction, son cœur de métier, qui génère des retours sur investissement immédiats (mais avec de faibles marges, car le secteur est gourmand en main-d’œuvre) ; et le long terme, grâce aux rentes des concessions d’infrastructures que détient l’entreprise : aéroports, ponts, tunnels, autoroutes, etc. Dans ce type de contrat, les pouvoirs publics confient à la société concessionnaire le soin de financer et de réaliser de gros chantiers de construction ou de génie civil ; en échange, elle reçoit un montant forfaitaire ou peut se rémunérer pendant une durée contractuelle grâce aux recettes d’exploitation de l’ouvrage." [...]
La suite ici sur le site du Monde Diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/DE_LA_CASINIERE/54958
Nicolas de La Casinière est en outre l'auteur de l'ouvrage suivant :

Créé en 2000, Vinci est vite devenu un champion du CAC 40 et l’un des leaders mondiaux du BTP. Autoroutes, parkings, aéroports (dont celui de Notre-Dame-des-Landes), voies ferrées, industrie nucléaire et réseaux d’eaux constituent les marchés de Vinci pour la phase construction et pour l’exploitation. Pour les partenariats public-privé et les grands chantiers, Vinci a constitué avec quelques autres majors une oligarchie très restreinte, surpuissante, imposant son ordre au monde économique et aux collectivités. Vinci incarne le capitalisme moderne avec un discours de façade écolo, une rhétorique bien rodée sur l’humain au cœur de l’entreprise, des œuvres de bienfaisance bien orchestrées. Ce qui n’empêche pas des pratiques de prédateur en profitant des opportunités ouvertes par la crise financière et économique, l’exploitation de la précarité des salariés, les proximités avec le pouvoir et quelques ennuis devant les tribunaux.
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