Auteur du Manuel stratégique de l’Afrique, Saïd Bouamama analyse les manifestations populaires qui secouent l’Algérie. A travers le rejet d’un cinquième mandat de Bouteflika, c’est tout un système qui est visé par le mouvement de protestation. Comment ce “système” s’est-il mis en place ? Pourquoi la révolte survient-elle maintenant ? Quelles alternatives s’offrent aux Algériens ? Saïd Bouamama analyse les enjeux de la révolte, soulignant ses forces pleines d’espoir, mais pointant aussi les dangers qui la guettent. (IGA)

Les manifestations populaires du 22 février 2019 qui se déroulent de manière simultanée dans la plupart des grandes villes algériennes mais aussi dans de très nombreuses villes moyennes constituent indéniablement l’ouverture d’une nouvelle séquence historique dans l’histoire politique algérienne. Elles marquent l’entrée sur la scène politique d’une nouvelle génération socialisée au cours des deux dernières décennies c’est-à-dire après le traumatisme qu’a constitué la décennie noire. Celles-ci se caractérisent en effet sur le plan économique par la polarisation croissante entre une minorité sociale cliente de l’Etat rentier en enrichissement scandaleux et une grande majorité en paupérisation continue du fait des politiques libérales de désindustrialisation, de privatisation et de casse du service publics. Elles se caractérisent sur le plan politique par l’absence d’alternative crédible du fait de la tentative d’imposition par l’Etat algérien et les classes qu’il représente d’un jeu binaire que n’ont pas remis en cause les partis « d’opposition » en raison de leur adhésion à la libéralisation économique engagée par l’Etat à marche forcée : le chaos ou la résignation. Elles se caractérisent sur le plan « identitaire » par l’intégration du courant de « l’islam politique » au sein de l’appareil d’Etat et de la bourgeoisie compradore. Elles se caractérisent sur le plan sociologique par une urbanisation croissante, une pyramide des âges gardant une base très large, un taux de scolarisation élevé et une ouverture sur le monde par le biais des réseaux sociaux. Elles se caractérisent enfin sur le plan des expériences de vie de cette jeunesse par la restriction du champ des possibles à la débrouille et la « haraga ». C’est ce cocktail explosif qui arrive à maturité avec l’annonce du cinquième mandat faisant de celui-ci le prétexte conjoncturel qui exprime une causalité systémique à l’image d’une digue qui explose après l’accumulation continue et invisible d’une pression au cours des deux dernières décennies.[...]
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