En septembre de l’année dernière, nous avons relevé que des représentants de Facebook rencontraient le gouvernement israélien pour déterminer quels comptes Facebook de Palestiniens devaient être supprimés au motif qu’ils constituaient une « provocation ». Les réunions – convoquées et présidées par l’un des responsables israéliens les plus extrémistes et autoritaires, la ministre de la Justice pro-implantations Ayelet Shaked – sont intervenues après qu’Israël eut menacé Facebook que son refus de se conformer de son propre chef aux ordres israéliens aboutirait à la promulgation de lois obligeant Facebook à le faire malgré tout, sous peine d’amendes sévères ou même de blocage dans le pays.
Les résultats prévisibles de ces réunions sont maintenant clairs et bien documentés. Depuis lors, Facebook a lancé un déchaînement de censure contre les militants palestiniens qui protestent contre l’occupation israélienne illégale de plusieurs décennies, entièrement menée et décidée par des responsables israéliens. En effet, les responsables israéliens se vantent publiquement de l’obéissance de Facebook en ce qui concerne les ordres de censure israéliens :
Peu de temps après la publication de l’accord entre le gouvernement israélien et Facebook, la ministre israélienne de la justice, Ayelet Shaked, a déclaré que Tel Aviv avait soumis 158 demandes au géant des médias sociaux au cours des quatre mois précédents, demandant de retirer les contenus jugés provocants. Elle a déclaré que Facebook avait accepté 95% des demandes.
Elle a raison. On peut difficilement exagérer la soumission aux diktats d’Israël : comme l’a dit le New York Times en décembre de l’année dernière, « les agences de sécurité israéliennes surveillent Facebook et lui envoient des posts qu’ils considèrent comme une provocation. Facebook a répondu en supprimant la plupart d’entre eux. »
Ce qui rend cette censure particulièrement importante, c’est que « 96 % des Palestiniens ont déclaré que leur principale utilisation de Facebook était de suivre les informations ». Cela signifie que les autorités israéliennes ont un contrôle quasi absolu sur une tribune de communication cruciale pour les Palestiniens.
Dans les semaines qui ont suivi ces réunions Facebook-Israël, The Independent rapporte que « le collectif activiste Palestinian Information Center a déclaré qu’au moins 10 comptes de leurs administrateurs pour leurs pages Facebook en arabe et en anglais – suivies par plus de 2 millions de personnes – ont été suspendus, sept d’entre eux en définitivement, ce qu’ils disent être le résultat de nouvelles mesures mises en place à la suite de la rencontre de Facebook avec Israël ». En mars dernier, Facebook a brièvement fermé la page Facebook du parti Fatah, suivie par des millions de personnes « à cause du post d’une vieille photo de l’ancien chef Yasser Arafat tenant un fusil. »
Un rapport publié en 2016 par le Palestinian Center for Development and Media Freedoms a détaillé l’étendue de la censure de Facebook :
Pages et comptes personnels filtrés et bloqués : Palestinian Dialogue Network (PALDF.net) Gaza now, Jerusalem News Network, Shihab agency, Radio Bethlehem 2000, Orient Radio Network, page Mesh Heck, Ramallah news, le journaliste Huzaifa Jamous d’Abu Dis, le militant Qassam Bedier, le militant Mohammed Ghannam, le journaliste Kamel Jbeil, les comptes administratifs pour Al Quds Page, les comptes administratifs Agence Shihab, le militant Abdel-Qader al-Titi, le jeune militant Hussein Shajaeih, Ramah Mubarak (compte activé), Ahmed Abdel Aal (compte activé), Mohammad Za’anin (toujours supprimé), Amer Abu Arafa (toujours supprimé), Abdulrahman al-Kahlout (toujours supprimé).
Inutile de dire que les Israéliens ont pratiquement les mains libres pour publier ce qu’ils veulent sur les Palestiniens. Les appels lancés par les Israéliens pour le meurtre de Palestiniens sont monnaie courante sur Facebook et restent en grande partie non perturbés.
Comme l’a rapporté Al Jazeera l’année dernière, « des discours incendiaires postés en hébreu… ont attiré beaucoup moins d’attention de la part des autorités israéliennes et de Facebook ». Une étude a révélé que « 122 000 utilisateurs appellent directement à la violence avec des mots tels que “meurtre” “tuer”, “brûler” les Arabes étaient les premiers destinataires de commentaires haineux ». Pourtant, il semble y avoir peu d’efforts de la part de Facebook pour les censurer .[...]
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