Entré aux effectifs de Renault Cléon en 1981, Pascal Morel milite à la CGT depuis 1983. À 52 ans, ce dernier a pris les rênes de l’union départementale CGT de Seine-Maritime il y a un mois, succédant à Régis Gasse.
Comment se porte la CGT en Seine-Maritime ?
« Nous comptons aujourd’hui près de 23 000 syndiqués, ce qui fait de notre union départementale l’une des plus importantes de France. Notre objectif est d’atteindre les 28 000 dans les trois ans qui viennent. Nous restons le syndicat n° 1, au plan national comme au plan départemental. »
Partagez-vous l’idée que le syndicalisme est en crise ?
« Beaucoup font croire, au niveau national, que le syndicalisme chute. Mais notre travail au quotidien et sur le terrain nous démontre l’inverse. Rien qu’à Rouen, l’union locale a soutenu la création d’une centaine de bases nouvelles en 2014. Nous avons également mis en place une structure départementale de référence pour les salariés de la restauration rapide. Nous voulons créer de nouvelles antennes là où c’est possible. Il reste des territoires peu représentés : du côté de Gournay, Eu/Le Tréport, Fécamp, Duclair... Nous menons une bataille idéologique sans précédent contre ceux qui veulent nous faire croire que ce qui se passe aujourd’hui est inéluctable. »
Les défilés du 1er mai ont faiblement mobilisé (environ 4 000 manifestants revendiqués en Seine-Maritime). Comment l’avez-vous ressenti ?
« Ce n’est pas tout à fait un échec, mais cela aurait pu être mieux, oui, compte tenu de la situation actuelle et des attaques portées depuis plusieurs mois par le gouvernement. Mais nous avons aussi connu des années où le 1er mai se résumait à un simple rassemblement. »
Comment avez-vous vécu « l’affaire » Lepaon ? Faites-vous confiance à la nouvelle direction de la CGT ?
« Je n’ai pas à m’exprimer au sujet de Thierry Lepaon. Quand il apparaît des soucis de fonctionnement, nous avons des instances pour les régler. Lorsque l’on a des choses à se dire, il faut le faire au bon endroit. Quant à Philippe Martinez, je le connais bien, puisque j’ai milité pendant trente ans à ses côtés. Il partage, comme moi, la conviction qu’il faut une CGT démocratique, une CGT de lutte, une CGT qui n’est pas là pour accompagner tranquillement les réformes du gouvernement. »
Vous restez inscrit aux effectifs de Renault Cléon. Les annonces récentes concernant le nouveau moteur électrique et la centaine d’embauches à venir vous réjouissent-elles ?
« Pour ce moteur électrique, le groupe Renault a sollicité des aides publiques alors qu’il engrangeait des bénéfices. Et quand a été mis en place l’accord de compétitivité, les effectifs de l’usine étaient en baisse constante. Aujourd’hui, cet effet d’annonce de cent embauches est certes une bouffée d’oxygène pour les salariés qui en profitent, mais le site reste en sous-effectif. »
Quels sont vos principaux sujets de préoccupation à l’heure actuelle ?
« À la papeterie Chapelle-Darblay de Grand-Couronne, nos initiatives ont permis de mettre en place une commission industrielle : les salariés ont jusqu’au 30 juin pour convaincre UPM de la qualité de leur projet alternatif. Les dernières annonces de Vallourec nous inquiètent beaucoup, alors que les camarades subissent depuis longtemps à Déville des journées de chômage... Avec le départ de Schneider, au Petit-Quevilly, on redoute qu’Alstom parte également... Côté fonction publique, nous serons aussi attentifs à la fusion de la Normandie, en veillant à ce qu’elle ne se fasse pas au détriment de l’emploi. »
Vous exigez toujours le retrait de la loi Macron ?
« Oui, tout comme nous exigeons celui du pacte de responsabilité. De l’argent, en France, il y en a. Une fois de plus, la relance de la machine passera par les salaires ! L’électorat de François Hollande est très déçu, et le combat de la CGT est aussi celui de faire toute la clarté sur l’extrême droite et le Front national. Ce parti ne défend pas les ouvriers, c’est un leurre. »
Propos recueillis par Thomas Dubois
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