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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 14:16
par Frédéric Lordon, 29 mars 2016, sur son blog "La pompe à phynance"
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Au point où nous en sommes, il faut être épais pour ne pas voir qu’il en va dans les mouvements sociaux actuels de bien plus qu’une loi et ses barèmes d’indemnités. Mais l’épaisseur, en tout cas en ce sens, c’est bien ce qui manque le moins à ceux qui nous gouvernent et à leurs commentateurs embarqués. Aussi tout ce petit monde continue-t-il de s’agiter comme un théâtre d’ombres, et à jouer une comédie chaque jour plus absurde, les uns affairés à peser au trébuchet leurs concessions cosmétiques, les autres leurs gains dérisoires, les troisièmes à faire l’éloge du raisonnable ou à préparer gravement « la primaire ». Et tous se demandent quelle est la meilleure couleur pour repeindre la clôture du jardinet qu’ils continuent d’entretenir sur les flancs du volcan déjà secoué de grondements.

Lire aussi Sophie Béroud, « Imposture de la démocratie d’entreprise », Le Monde diplomatique, avril 2016. Par un paradoxe caractéristique des époques finissantes, ce sont les seigneurs du moment qui accélèrent eux-mêmes le processus de la décomposition, dont on reconnaît les étapes aux seuils de corruption du langage enfoncés l’un après l’autre. On a pour habitude en cette matière de faire d’Orwell une référence. Mais Orwell était un petit joueur qui manquait d’imagination. Soyons juste : il n’était pas complètement sans talent, il a d’ailleurs fallu attendre un moment pour que son clou lui soit rivé. Enfin c’est fait. Et c’est Bruno Le Roux, président du groupe « socialiste » à l’Assemblée, qui s’est chargé de lui enseigner à quels sommets on peut emmener le prodige du renversement des mots : « il faut que le CDI ne soit pas une prison pour le chef d’entreprise (1». Il faut admettre qu’on peine à faire le tour d’un trait de génie pareil et qu’il faut être bien accroché pour ne pas céder complètement au vertige. Ceux qui s’en souviennent penseront également à cet extrait des Nouveaux chiens de garde (2) où Bénédicte Tassart (RTL), croyant vitupérer les séquestrations de patrons, s’exclamait qu’il « est inadmissible de retenir des personnes contre leur volonté dans des bureaux », manifestement sans se rendre compte qu’elle livrait par-là même un point de vue éditorial aiguisé sur le rapport salarial (sans doute limité au secteur tertiaire mais aisément généralisable). La malheureuse cependant était tout à fait innocente. Les évocations carcérales de Bruno Le Roux sont bien mieux pesées. Tellement bien d’ailleurs qu’elles donnent considérablement à penser — quoique peut-être hors de ses intentions de départ.

Il se pourrait en effet que tout ce qui se passe en ce moment se joue précisément autour de la connexion, puissamment mise en évidence par Bruno Le Roux, du contrat salarial et de la prison. Qui se trouve enfermé vraiment, c’est bien sûr là le point de controverse résiduel, auquel par bonheur ne s’arrêtent pas trop longtemps tous ceux qui, bombes de peinture à la main, réélaborent pour leur propre compte, et de manière assez vigoureuse, la grande intuition rouquinienne.

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Loi travail : des étudiants s’expriment sur la « jeunesse » du mouvement
Source : lundi.am
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À franchement parler, le travail ne nous intéresse pas
Source : lundi.am

Et pas seulement celle-là. Car c’est décidément un gouvernement qui ne manque pas de philosophes et s’y entend dans l’art de donner à penser. On se souvient d’Emmanuel Macron méditant sur les fins dernières et qui suggérait qu’« il faut des jeunes qui aient envie de devenir milliardaires ». Passer à l’article indéfini pour lui faire dire qu’il faudrait que « les jeunes aient envie de devenir milliardaires » serait-il faire violence à une pensée que, visiblement, seule la crainte de réactions arriérées retient de la conséquence ? De l’un à l’autre en tout cas — de Le Roux à Macron — et quoique par des voies différentes, c’est bien une idée générale de l’existence qui nous est proposée.

Lire aussi Evelyne Pieiller, « Le chant des possibles », Le Monde diplomatique, avril 2016. Il y a là une invitation et il faut y être sensible. Prenons donc les choses au niveau même de généralité où elles nous sont soumises — le seul moyen de leur apporter une réponse adéquate. Disons avec honnêteté que celle-ci a pris du temps à murir. Il est vrai que tant la brutalité de l’assaut néolibéral que l’effondrement de l’« alternative communiste » n’étaient pas propices à reprendre rapidement ses esprits. Cependant trois décennies d’expérimentation soutenue en vraie grandeur ne pouvaient pas ne pas produire quelques aperceptions. Le travail du réel fait son chemin, et il le fait d’autant mieux que se développent les lieux de mise en commun (au tout premier chef le site #OnVautMieuxQueCa), où les gens découvrent que ce qu’ils vivaient chacun par devers soi est en fait très largement partagé.

Et puis, mais il faut en savoir gré à ce gouvernement dont les stimulations à penser n’ont jamais cessé, ladite « loi travail » vient là, comme une sorte d’apothéose, qui aide considérablement à ce que s’opèrent les dernières clarifications. L’idée de la vie que ces personnes nous offrent nous apparaît maintenant avec une grande netteté. C’est pourquoi, désormais en toute connaissance de cause, et y ayant bien réfléchi, nous pouvons leur répondre que non. Soulignons-le à l’usage des mal-entendants, qui se sont toujours comptés en grand nombre du côté du manche : c’est de cela qu’il est question aujourd’hui. Pas de CDD télescopiques, de comptes rechargeables, ou de barèmes à mollette : de cela, une idée de l’existence.

On peut convaincre avec des principes, on le peut encore mieux avec des images. Pour qui n’aurait pas encore les idées bien fixées quant au type de monde que la philosophie gouvernementale désire pour nous — en tous les sens de l’expression : à notre place et pour nous l’imposer —, il suffirait de regarder une ou deux choses dont le pouvoir d’éloquence posera un rude défi à la pédagogie ministérielle. Il y a bien sûr, mais tout le monde les a vues, ces images d’une controverse entre trois policiers et un lycéen parisien surarmé, celles également d’un retour des CRS sur les bancs de la faculté de Tolbiac, qui font entendre une résonance particulière des propos de François Hollande en 2012 — « Je veux redonner espoir aux nouvelles générations » — ou bien plus récemment de Najat Vallaud-Belkacem (24 mars 2016) — « Education : ce que nous faisons pour la jeunesse ». A moins qu’il ne s’agisse en fait de leur note tout à fait juste.

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Petit collage aimablement proposé par le compte Twitter @vivelefeu de Sébastien Fontenelle.

La réalité de l’ordre social se trouve pourtant autrement mieux figurée dans deux vidéos dont la première, de pur témoignage, a été faite par Fakir et laisse Henri (son nom n’est pas donné) raconter comment, employé d’un sous-traitant, il s’est trouvé dénoncé par Renault où il intervenait pour avoir, depuis sa messagerie personnelle, fait la promotion du film Merci patron ! auprès des syndicats du Technocentre… Dénoncé et puis, il va sans dire, interdit d’accès au site… et maintenant en procédure de licenciement auprès de son propre employeur. Plus confondante encore, cette scène filmée au bureau de Poste d’Asnières, lors d’une réunion syndicale à laquelle des étudiants sont venus participer pour informer de leur mobilisation… tous se retrouvant face à des policiers armés de flashball, semble-t-il appelés par la direction, et que seule la cohésion du groupe, emmené par une grande gueule de Sud PTT, armée de ce qu’il reste de droits syndicaux, permet de refouler.

Et c’est peut-être celle-là la scène canonique, celle qui dit tout : la hantise du pouvoir — la réunion des étudiants et des salariés ; la surveillance en dernière instance policière du salariat rétif, c’est-à-dire la fusion de l’Etat et du capital, paradoxalement — ou à plus forte raison — quand il s’agit du capital public ; l’alternative radicale de la soumission ou de la lutte collective. Il est bien certain qu’avec de pareils spectacles la clarté de l’entendement reçoit un puissant renfort de l’imagination. Une fameuse poussée des affects aussi. Et voici ce que cette belle propulsion nous permet de leur dire : comprenez bien que nous ne revendiquons rien. Entendez qu’après quelques décennies à faire, vous et vos semblables, la démonstration de vos talents et de votre hauteur de vue, l’idée de négocier quoi que ce soit avec vous nous apparaît absolument sans objet. C’est que « revendiquer » n’a de sens que dans un certain cadre qu’on reconnaît par-là implicitement comme légitime, et tautologiquement comme hors du champ de la revendication elle-même — puisqu’il en est le cadre… Or, vient fatalement un moment où, à force de combats dérisoires pour des miettes, et même en l’occurrence pour simplement résister à la diminution des miettes, l’impensé du cadre revient à la pensée. Non plus comme objet de « revendication » mais comme objet de renversement.

Lire aussi Serge Halimi, « Le temps des colères », Le Monde diplomatique, mars 2016. Certes, nous le savons, pour continuer d’entretenir l’illusion, vous pouvez compter sur le syndicalisme du bouton d’or, celui qui voit des « ambitions de progrès (3» au fond des plus notoires régressions, et dont la science héraldique a maintenant établi aussi bien les armoiries — « de serpillière sur balais de pont croisés » — que l’éternelle devise : « Affalé toujours déjà ». Contre un certain syndicalisme couché, ce qui naît en ce moment serait plutôt de l’ordre du mouvement debout. Comme on sait, le mouvement, entendu en ce sens, commence par le rassemblement. Des gens ont opiné que simplement manifester une fois de plus sur des trajets convenus, c’est-à-dire « revendiquer », ne serait plus suffisant. En conséquence de quoi, ils ne rentreront pas chez eux et se retrouveront quelque part pour commencer quelque chose de tout autre. Nuit Debout (4), est le nom de cette initiative, et son exposé des motifs, décalqué à même le message du film Merci patron ! dit assez son nouveau rapport au « cadre » : « leur faire peur »… Nous rassembler, ne pas rentrer, ne pas revendiquer : concentré d’inquiétante étrangeté en effet pour les administrateurs de cadre.

Et c’est vrai que, même si nous ne connaissons pas encore bien notre force, ce qui ne fait peut-être que commencer ici a tout du cauchemar pour l’Etat, qui voit ses grand-peurs s’aligner dans une conjoncture astrale du pire : la hantise de la convergence, l’abandon « en face » de la revendication, son remplacement par des affirmations.

Il se pourrait en effet que nous soyons sur le point de vivre un de ces moments bénis de l’histoire ou des groupes ordinairement séparés redécouvrent ce qu’ils ont de profondément en commun, ce commun massif institué par le capitalisme même : la condition salariale. Salariés maltraités d’aujourd’hui, lycéens et étudiants, maltraités de demain, précarisés de toutes sortes, mais aussi toutes les autres victimes indirectes de la logique générale du capital : objecteurs aux projets d’aménagement absurdes, mal-logés, sans-papiers corvéables à merci, etc.

Mais que peut faire un ministre, ou son directeur de cabinet, de tous ces gens qui en ont soupé de revendiquer ? Rien, absolument rien, ils le savent d’ailleurs, et c’est bien ce qui leur fait peur. C’est que, quand ils abandonnent le registre infantile de la revendication, les gens retrouvent aussitôt le goût du déploiement affirmatif — effroi de l’Etat qui s’est réservé le monopole de l’affirmation. Pour son malheur, la loi El Khomri aura peut-être été l’abus de trop, celui qui fait passer un point de scandale et produit dans l’esprit des gens un remaniement complet de la vision des choses, des places et des rôles. Nous n’avons aucune intention de nous battre pour des codicilles : nous voulons affirmer de nouvelles formes de l’activité et de la politique (5).

Lire aussi Frédéric Lordon, « Pour la république sociale », Le Monde diplomatique, mars 2016. Il faut entendre le poignant appel de Michel Wieviorka à « sauver la gauche de gouvernement (6» pour mesurer le degré d’inclusion des desservants intellectuels du « cadre », et par suite leur incompréhension radicale, fussent-ils sociologues, de ce qui se passe dans la société. Dans une tentative de redéfinition performative des catégories politiques qui dit tout de la glissade à droite de ce personnel d’accompagnement (à la suite de leurs maîtres auxquels il s’agit de toujours bien coller), Wieviorka fait désormais représenter « la gauche de la gauche » par… Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ! Manière d’indiquer où se situent à ses yeux les bords du monde fini — car par définition, à gauche de la gauche de la gauche… il n’y a plus rien. Ou plutôt si : il y a les fous. « La gauche folle », c’est l’expression préférée de tous les éberlués de gauche passés à droite qui n’en reviennent pas qu’on puisse ne pas se rendre à la simple raison qui donne à choisir entre « la gauche libérale-martiale de Manuel Valls » (sic), « la gauche sociale-libérale d’Emmanuel Macron », et donc « la gauche de la gauche, de Benoît Hamon à Arnaud Montebourg ». Et qui s’efforcent sans cesse, repliés dans leur peau de chagrin, de ramener toujours plus près d’eux le commencement du domaine de la folie. Alors il faut le dire à Wieviorka et à tous ses semblables, Olivennes (7), Joffrin, etc. : c’est vrai, nous sommes complètement fous. Et nous arrivons.

Frédéric Lordon

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 14:16
Nous devons relever le défi d’un parti communiste fort, puissant et influent
Base commune alternative « Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF »
, par  Michèle Picard , lu sur le site du réseau "Faire vivre et renforcer le PCF"

 

Notre congrès doit être l’occasion de regarder dans le rétroviseur sur la stratégie du PCF au regard de la situation que vivent nos concitoyens au quotidien et des résistances nécessaires au capitalisme. Est-elle adaptée à la construction d’un large rassemblement populaire pour porter un véritable projet de société capable de répondre à l’urgence sociale ?

Un regard lucide doit être porté sur ce qui a conduit à l’affaiblissement du Parti. Ce bilan n’a jamais été fait, tant sur notre histoire, sur le communisme municipal et sur l’apport de nos villes aux populations. Pourtant nous devons bien commencer par là. Il n’y a d’ailleurs pas eu, non plus, d’analyse par rapport aux nombreuses villes que nous avons perdues.

La stratégie électorale de ces dernières années conduit à une impasse. Être à la remorque du PS nous condamne à disparaître. Pour les élections municipales 2014, les villes à direction communiste ont été la cible de tous nos adversaires, du PS, de la droite et de l’extrême droite, parce qu’elles sont des terres de résistances et de solidarités que le capitalisme ne supporte pas. A Vénissieux, le mot d’ordre de la droite, de l’extrême droite et du PS était le même « 80 ans de communisme ça suffit ». Nous avons rassemblé les forces progressistes locales et mené la bataille électorale sur les acquis de notre ville, contre l’austérité et autour d’un projet ambitieux pour les Vénissians. C’est ce qui nous a permis de gagner largement l’élection. Nous nous sommes toujours opposés à la création des méga-métropoles, qui sont mises en concurrence entre-elles. A l’instar de Grand Lyon Métropole, ces métropoles éloignent les citoyens des centres de décisions. Elles ont pour objectif la dissolution des communes et des élus. On le voit bien à la métropole lyonnaise où la technocratie prend le dessus sur les élus du peuple. Les techniciens organisent des réunions avec des maires ou des élus des communes sans élus métropolitains. C’est notre conception même de la commune, comme 1er maillon républicain, qui est remis en cause, tout comme le rôle des élus, et la relation avec les citoyens qui s’en trouve fragilisée.

Nous ne pouvons plus nous accommoder de cette société qui broie les hommes, brise les solidarités, et détruit nos vies. Pourtant, nationalement, le PCF n’apparaît plus comme une alternative au capitalisme. Seul un véritable projet ouvrant des perspectives d’avenir permettrait de rassembler tous ceux qui luttent, tous ceux qui résistent aux politiques destructrices du capitalisme.

Nous devons relever le défi d’un parti communiste fort, puissant et influent. C’est en portant un projet ambitieux, en étant visible que nous insufflerons un nouveau souffle à la vie politique. C’est en étant en phase avec la société, en portant un projet et en rassemblant, au cœur des luttes, des mouvements populaires que nous redeviendrons un parti populaire de combat.

Ce texte alternatif proposé au Congrès a la volonté de porter à la discussion et à l’échange toutes les grandes questions que se posent les communistes.

Le PCF, en tant que parti d’émancipation, d’action et de rassemblement a un rôle déterminant à jouer, dans le contexte actuel, tant dans le débat idéologique que sur les combats à porter. C’est ensemble que nous y parviendrons sur une base claire, précise, sans tabou en rassemblant largement tous les communistes.

Michèle PICARD
Maire de Vénissieux
Conseillère métropolitaine

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 13:59

par · 2 avril 2016

Le débat lancé par la proposition d’Elizabeth Badinter de boycotter les firmes de prêt-à-porter qui se plient à la supposée « loi islamique », les revendications du personnel féminin d’Air-France qui refusent de porter le voile sur les vols Paris-Téhéran, enfin, le problème posé par l’introduction des pratiques religieuses dans la loi « El Khomri », montrent que la question de la laïcité est réellement aujourd’hui fondamentale. La laïcité ne peut avoir qu’un sens, celui du renvoi des croyances non testables à la sphère du privé, s’avère tout autant nécessaire pour la construction du Bien Commun, ce « Res Publica » dont le mot République est issu[1]. C’est pourquoi l’introduction de la question religieuse dans le débat publique a toujours abouti à la division, et doit donc être proscrite.

 

Laïcité et République

En effet, il ne peut y avoir de peuple, c’est à dire de base à construction politique de la souveraineté populaire, que par la laïcité qui renvoie à la sphère privée des divergences sur lesquelles il ne peut y avoir de discussions. La prise en compte de l’hétérogénéité radicale des individus implique, si l’on veut pouvoir construire une forme d’unité, qui soit reconnue comme séparée et distincte la sphère privée. En cela, la distinction entre sphère privée et sphère publique est fondamentale à l’exercice de la démocratie. Ce principe fondamental est inclut d’ailleurs dans notre Constitution : la République ne reconnaît nulle religion et nulle race.

Tel est le sens de l’article premier du préambule de notre Constitution, repris du préambule de la Constitution de 1946, et écrit au sortir de la guerre contre le nazisme[2]. La laïcité n’est donc pas un supplément d’âme à la République : elle en est en réalité le ciment[3]. Il n’est pas anodin que l’un des grand penseur de la souveraineté, Jean Bodin, qui écrivit au XVIème siècle dans l’horreur des guerres de religion, ait écrit à la fois un traité sur la souveraineté[4] et un traité sur la laïcité[5].

Les attaques actuelles contre la laïcité doivent être identifiées pour ce qu’elles sont réellement : des attaques contre la démocratie. En défendant la laïcité, c’est un principe fondamental d’organisation politique que l’on défend en réalité.

 

Le piège des fanatiques

Il convient donc d’éviter le piège que nous tendent les fanatiques de toutes obédiences. En voulant nous obliger à nous définir selon des croyances religieuses, ou des signes d’appartenances, ils aboutissent en réalité à briser le « peuple ». Et c’est cela qu’ils veulent. C’est donc très précisément le piège que nous tendent les terroristes qui veulent nous ramener au temps des communautés religieuses se combattant et s’entre-tuant. Or, si nous cédons sur ce point nous nous engageons vers un chemin conduisant à la pire des barbaries. La confusion dans laquelle se complet une grande partie de l’élite politique française, est ici tragique et lourde de conséquences. Les attaques contre les musulmans (comme celles contre les juifs, les chrétiens, les bouddhistes, etc…) sont inqualifiables et insupportables. Mais, on a le droit de critiquer, de rire, de tourner en dérision, et même de détester TOUTES les religions. Et si l’on est choqué par des caricatures, on n’achète pas le journal dans lesquelles elles sont publiées, un point c’est tout.

La notion de laïcité ne doit pas être conçue non comme une « guerre aux religions », ce qui est l’un des contre-sens actuels, mais comme tout à la fois reconnaissance de la distinction entre sphère publique et sphère privée et reconnaissance de l’obligation de chacun et de tous à considérer que la religion fasse partie uniquement de la sphère privée. La laïcité est en fait nécessaire pour comprendre les racines de l’ordre politique. Mais on doit impérativement éviter de transformer cette laïcité en une nouvelle religion. Or, c’est une tendance d’autant plus forte que l’on vit dans le mythe d’une grande communauté humaine dépourvue de conflits. En réalités, le conflit est permanent et l’un des taches du politique consiste justement à en utiliser les éléments positifs tout en évitant qu’il détruise la société humaine. De ce point de vue, le contraire de la « guerre de tous contre tous » n’est pas l’harmonie naturelle, qui est un mythe dangereux mais une forme organisation qui permette la gestion de ces conflits. C’est d’ailleurs la raison de l’importance de la Souveraineté. Si le peuple était homogène, la souveraineté ne serait pas nécessaire. Il est tragique que des intellectuels comme Michel Wieviorka fassent ainsi l’erreur d’assimiler la souveraineté à l’homogénéité alors que la lecture de Bodin, pour ne pas citer d’autres auteurs, démontre que c’est au contraire l’hétérogénéité du peuple qui impose la notion de souveraineté.

Il nous faut alors considérer la Souveraineté dans son articulation avec la Nation, et cette dernière comme un forme d’organisation politique du peuple. Encore faut-il retirer de l’espace publique ce qui ne peut être tranché par la raison. Et l’on revient inévitablement à la question de la laïcité. Dès lors qu’une population, quelle qu’elle soit, désire faire en commun quelque chose, il y a de la souveraineté. Mais, du moment où cette population est hétérogène, il convient de retirer de l’espace public certaines questions. C’est pourquoi, depuis plusieurs siècles, souveraineté et laïcité ont passé un pacte de nécessaire alliance.

 

Les racines de la laïcité

Les racines de la laïcité sont donc bien plus profondes que le débat actuel, ou elle est interprétée comme un obstacle à une religion particulière, ou même que la question de la séparation entre l’Eglise et l’Etat, qui constitua l’un des débats importants de la IIIème République. Il est donc faux de faire remonter la laïcité aux affrontements de 1904-1905, et à la séparation de l’Eglise et de l’État, même si cette dernière est un moment incontestablement important de notre histoire politique.

En fait, dans le principe de laïcité se cachent deux notions qui sont l’une et l’autre absolument essentielle. La première est celle de la séparation entre sphère privée et sphère publique. Cette distinction est fondatrice en réalité de l’existence même d’une démocratie, car il ne peut y avoir de démocratie sans conflit, mais aussi sans compromis éteignant pour un temps, ce dit conflit[6]. Sans cette distinction, la démocratie n’est qu’une coquille vide. Mais, et c’est là toute la force du travail de Bodin, cette distinction ne prend réellement sens que parce que des individus aux fois différentes acceptent de travailler ensemble. Cela pose la laïcité non pas simplement comme un principe de tolérance, et de ce point de vue la tolérance est une forme inférieure à la laïcité[7], mais comme une forme d’organisation où la conviction personnelle se plie à l’existence de Res Publica, de choses communes qui nécessitent et impliquent un travail en commun.

Mais il faut comprendre qu’elle impose à tous un devoir de réserve, qu’elle interdit le prosélytisme outrancier, et en particulier les tenues vestimentaires qui constituent des formes de prosélytismes, et qu’elle impose de distinguer les valeurs dans lesquelles on croit, qui ne peuvent être que personnelles et relèvent alors de la sphère privée, des principes qui sont des règles qui régissent l’action publique. Telle est la ligne rouge de la laïcité.

[1] Voir Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2016.

[2] Le texte est le suivant : « Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ». http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/la-constitution-du-4-octobre-1958/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946.5077.html

[3] Poulat E. Notre Laïcité, ou les religions dans l’espace public, Bruxelles, Desclées de Bouwer, 2014.

[4] Bodin J., Les Six Livres de la République, (1575), Librairie générale française, Paris, Le livre de poche, LP17, n° 4619. Classiques de la philosophie, 1993.

[5] Bodin J., Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, traduction anonyme du Colloquium Heptaplomeres de Jean Bodin, texte présenté et établi par François Berriot, avec la collaboration de K. Davies, J. Larmat et J. Roger, Genève, Droz, 1984, LXVIII-591, désormais Heptaplomeres.

[6] A. Przeworski, « Democracy as a contingent outcome of conflicts », in J. Elster & R. Slagstad, (eds.), Constitutionalism and Democracy, Cambridge University Press, Cambridge, 1993, pp. 59-80.

[7] On trouvera un commentaire éclairant de sa contribution aux idées de tolérance et de laïcité dans: J. Lecler, Histoire de la Tolérance au siècle de la réforme, Aubier Montaigne, Paris, 1955, 2 vol; vol. 2; pp. 153-159.

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 16:57
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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 15:58
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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 11:17

J'ai rencontré les militants du réseau "Faire vivre et renforcer les PCF" à Marseille.  Nous appartenons  aux Assises du communisme.  Nous avons beaucoup de points de vue communs sur de nombreux aspects de la lutte sociale et politique en France.  Nous pensons ensemble que nous avons besoin, pour construire une société socialiste, d'un parti communiste qui rompe avec les politiques électoralistes et d'union mortifères pratiquées depuis des années, qui se batte clairement contre cette Union Européenne construite par et pour le capitalisme mondialisé.  Nos camarades du réseau "Faire vivre et renforcer le PCF" travaillent à cette construction dans le PCF.  Nous leur souhaitons de faire vivre un large débat sur les questions de lutte des classes, la question de la nation et de la souveraineté populaire, la question du dévoiement des aspirations populaires par le FN, et enfin sur les luttes à mener pour la paix, pour la sortie de l'Otan, pour la sortie de l'euro et de l'UE,  pour construire le socialisme.  Yvette Genestal.

Ils proposent que le congrès du PCF débattent et se prononce sur plusieurs points :

  • "Présidentielles : pas de primaires, une bataille communiste !
  • Pour construire une autre société, la France doit agir pour un autre monde.
  • Sortir de l’UE et de l’Euro pour engager la sortie du capitalisme !
  • Lutte et construction politique.
  • Contre le FN, un parti communiste populaire et rassembleur.
  • Pour sortir de l’impasse de la gauche, un grand parti communiste, un rassemblement populaire majoritaire !"

 

Nous présentons ci-dessous ce texte alternatif.

37ème congrès : Base commune alternative

Unir les communistes, le défi renouvelé du parti communiste
, sur le blog "Faire vivre et renforcer le PCF"  
 

Texte écrit et proposé par le collectif du réseau « Faire Vivre et Renforcer le PCF » : Caroline Andréani (93), Paul Barbazange (34), Luc Bazin (26), Floriane Benoit (38), Pascal Brula (69), Robert Brun (26), Marie-Christine Burricand (69), Michel Dechamps (59), Guy Jacquin (01), Jean-Jacques Karman (93), Armand Lecoq (34), Jean-Pierre Meyer (83), Pierre-Alain Millet (69), Sandrine Minerva (34), Gilbert Remond (69), Laurent Santoire (93), Bernard Trannoy (33), Danielle Trannoy (33), Serge Truscello (69), avec l’aide de Danielle Bleitrach (13), Hervé Poly (62) et Hervé Fuyet (92).

 

Au 37ème congrès, les communistes sont confrontés à un défi historique. Alors que notre pays, sa classe ouvrière, ses travailleurs, ses intellectuels, la jeunesse, tous ceux qui souffrent de cette société capitaliste inhumaine, n’ont jamais eu autant besoin d’un parti communiste, celui-ci paraît de moins en moins en état de démontrer son utilité et de favoriser l’intervention populaire vers le progrès, la justice et la paix, son existence est menacée.

Ce besoin est objectif, il est le besoin d’un parti révolutionnaire capable d’être au plus près de ceux qui subissent l’exploitation, la solitude, la dureté de cette société, en développant luttes au quotidien, solidarité, en traçant une perspective de changement de société sans laquelle tous les acquis sont sans cesse remis en question. Cette perspective, c’est le socialisme que nous construirons ensemble à partir d’un rassemblement majoritaire, un nouveau Front populaire.

Faute d’une telle perspective, ce sont les forces de la réaction, droite et extrême droite fascisante qui l’emporteront. Ils marquent déjà une société française dont les acquis sociaux et les services publics sont massivement mis en cause alors que la gauche est dans une impasse. Le parti socialiste mène une politique profondément réactionnaire, militariste, à la pointe de la remise en cause de ce qui reste du programme du conseil national de la résistance, défaisant même le cadre démocratique républicain, entraînant la France dans les guerres de l’OTAN. Le Front de Gauche est dispersé et incompréhensible, les frondeurs et autres primaires dites citoyennes se réduisant à des tentatives médiatiques de sauver un système électoral dépassé. Cette impasse de la gauche était inscrite dans le recul du parti communiste en 1981 au profit du parti socialiste. Chacun peut le constater, il n’y a pas de gauche possible sans un parti communiste influent, ancré dans le monde du travail, porteur de l’exigence d’un véritable changement de société.

Le bilan des choix des derniers congrès est clair. Plus le parti communiste se met au second plan, au profit des alliances, des fronts, des collectifs, plus il remet en cause son histoire et ses repères politiques en changeant de vocabulaire, de références théoriques, plus il tente d’apparaître ’moderne’ dans le système médiatique et institutionnel, plus en fait il s’affaiblit, se coupe du monde du travail, du peuple, et plus la gauche se délite et dérive vers la concurrence avec la droite dans la gestion de la crise capitaliste.

[...]  Lire l'intégralité du texte du réseau "Faire vivre et renforcer le PCf" proposé à la signature des communistes désireux de soutenir ce texte pour le 37ème Congrès du PCF.

Fichier en PDF du texte "Unir les communistes, le défi renouvelé du parti communiste"

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 23:04
Le film Merci patron ! censuré au Parisien

Les syndicats SNJ, SNJ-CGT et FO ainsi que la SDJ ont été reçus lundi à leur demande par le directeur de la rédaction à propos du film Merci patron ! dont notre journal n’a pas parlé sur décision « assumée » de Stéphane Albouy.

Ce film auquel le journal Le Monde a consacré deux pages et Le Canard Enchaîné une demi page met en scène le groupe LVMH. Bien que diffusé dans moins de 10 salles parisiennes et une trentaine en province, il a attiré 80 000 spectateurs - ce qui est un très gros succès pour un film hors des grands circuits de diffusion - et fait l’objet d’un énorme buzz sur les réseaux sociaux.

Pourtant, ordre a été donné aux confrères du service culture-spectacle qui avaient visionné le long métrage de ne pas le chroniquer, fut-ce en 10 lignes. De même a été repoussée plus tard une proposition de sujet du service politique sur le buzz suscité à gauche par le film sous prétexte qu’il s’agissait « d’un sujet militant », « et qu’il y avait d’autres sujets prioritaires ce jour là ». L’argument est étonnant car s’il ne faut plus parler dans nos colonnes des actes militants, la rubrique politique a-t-elle encore une raison d’être ?

À nos yeux, et malgré les dénégations de la direction, c’est un acte de censure qui a été posé. Ou plus précisément d’auto censure. Demain sera-t-il impossible de parler d’une marque appartenant à LVMH ou de Bernard Arnault autrement qu’en termes laudateurs ? Aura-t-on le choix entre louange bien dosée ou silence honteux ? En l’espèce, c’est le silence qui a été choisi et cela nous semble encore plus préjudiciable à l’image et l’intégrité de la rédaction vis-à-vis de ses lecteurs comme des observateurs.

Stéphane Albouy a justifié sa décision en la banalisant : « C’est mon choix, un arbitrage comme j’en fait des dizaines d’autres ». Sauf que si l’arbitrage est banal, le sujet lui est loin de l’être. « Il fallait voir le film. Ce que j’ai fait » a-t-il dit. Il ajoute n’avoir pas voulu « même en 10 lignes, faire la promotion d’un procédé déloyal, malhonnête qui a instrumentalisé les Klure » (un couple licencié par une filiale de LVMH, menacé d’expulsion de sa maison, auquel le groupe de Arnault, sous la menace du réalisateur, donne 40 000 euros et un CDI au mari chez Carrefour en exigeant en retour le secret absolu). Faudra-t-il donc désormais passer sous silence toutes les enquêtes menées en caméra cachée ou sous couvert d’anonymat de type « Cash Investigation » ? Si le procédé est à condamner, Le Parisien doit avoir la liberté de le dire et d’interroger ce fait.

Ainsi, par exemple, la critique du film aurait pu être assortie d’un édito, ou d’un billet, sous la plume du directeur de la rédaction, pour poser clairement un certain nombre de reproches quant aux procédés du film, mais en garantissant ainsi l’indépendance de la rédaction.

Stéphane assure qu’il n’y a eu aucune pression ni consigne venue d’en haut. Nous le croyons volontiers. C’est justement le principe de l’autocensure que de rendre inutile les pressions, en anticipant la conduite supposément attendue.

Se pose alors la question de la confiance dans la direction de la rédaction à garantir notre liberté éditoriale et notre capacité à faire notre métier de journaliste, au risque de déplaire à notre puissant actionnaire. Nous étions attendus sur ce premier virage, comme nous l’étions par le passé pour parler des accidents sur le Paris-Dakar ou du dopage sur le Tour de France, propriétés du groupe Amaury. Il n’y avait qu’une bonne option : faire notre travail normalement et librement.

Au final, le choix retenu est toxique : le silence pour lequel a opté le directeur de la rédaction est un message dangereux envoyé à l’actionnaire LVMH.



Les syndicats SNJ, FO, SNJ-CGT et la SDJ du Parisien

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7 mars 2016 1 07 /03 /mars /2016 14:16
, par  Jean Ortiz
 
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  • Ah, les primaires de la gauche le poing levé !

« Je n’accepte pas que nous nous fondions une nouvelle fois dans un magma ectoplasmique, sur une base minimaliste, loin du mouvement social et de la rue. »

Opter pour des "primaires à gauche" revient à s’engager une nouvelle fois dans une stratégie au final "socialo dépendante". Elle risque d’assimiler les communistes à cette "gauche" qui n’en est plus une depuis longtemps déjà.

Si nous sommes peu lisibles, peu visibles, malgré la nécessité aujourd’hui comme hier d’un puissant parti communiste, de classe, c’est que nous avons en quelque sorte renoncé à être pleinement nous-mêmes, antisystème et propositionnels, à refuser radicalement le capitalisme, à rompre avec lui. Rompre, rupture, radicalité...

Être partisan de la révolution, même si le mot a été tant et tant dégradé, n’est-ce pas revendiquer et commencer à construire, par nos résistances, nos pratiques quotidiennes, des relations et des valeurs nouvelles, une société de partage, non cannibale, libérée du marché. Un socialisme d’aujourd’hui, citoyen, autogestionnaire, démocratique, écosocialiste, qui socialise les grands secteurs économiques et les leviers financiers, qui remette en cause le carcan européen, le productivisme sans limites, la monopolisation des richesses...

Mais pour cela il convient d’abord de ne pas renoncer aux mots, "socialisme", "révolution", et au sens de la marche. Je ne sais plus qui a dit : Ne pas nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

Nous vivons des temps inhumains de "contreréforme", des temps terribles pour les millions de "perdants", des temps dangereux de basculement conservateur, où la tentation est grande de diluer le discours révolutionnaire dans l’air fétide et régressif du moment, de s’adapter plus que de "révolutionner", pour tenter de gagner quelques voix... La politique cède le pas à une sorte de campagne électorale permanente dominée par le marketing politique, vide, avilisseur, par la com manipulatrice, les coups politiques tordus ou pas, le tango des égos...

Et le peuple dans toute cette ratatouille ? On se trompe si l’on croit que les sondages doivent être pris au pied de la lettre. La colère gronde dans ce pays et peut éclater sans nous, voire contre nous, assimilés au "tous pareils", à la "caste" comme disent les Espagnols.

Les "primaires", ces combats de coqs frelatés, ces rideaux de pseudo-démocratie et d’enfumage sur l’essentiel, cette singerie des "States", accentuent la personnalisation outrancière, la dépolitisation, les postures, les revirements, les petits et gros calculs, au détriment des contenus, des batailles d’idées, des compétences des militants, finalement contournés. Comme le référendum d’entreprise contourne les syndicats...

En tant que communiste, « refonder la gauche » n’est pas vraiment mon affaire. Refonder, consolider, renforcer, le PCF et le Front de gauche : OUI, OUI.
Réanime le parti socialiste qui voudra, qui pourra !! Il a infligé tant de souffrances et d’humiliations à notre peuple pour en payer le prix. Va-t-on une nouvelle fois contribuer à recrédibiliser un parti socialiste (sauce Valls ou sauce Cambadélis) plus libéral que les ultralibéraux ? A lui donner une nouvelle caution "de gauche" et à nous retrouver Gros-Jean comme devant, avec le titre de « meilleurs artisans de l’unité de la gauche »... et le "vote utile" pour le "nouveau PS" ? Se souvient-on du CERES, de la fable toujours bien vivante des "bons" et des "mauvais" socialistes, des "flingueurs" d’hier et d’aujourd’hui ? Où sont-ils passés, ceux d’hier ? Que sont-ils devenus ? La fable permet de ratisser large.

Comment peut-on décréter l’échec du Front de gauche (notre enfant) s’il n’a été qu’un cartel politique de circonstance et de sommet ? Si on ne lui a pas permis vraiment de prendre racine, d’ouvrir largement ses portes, de se structurer en bas ? Nous, communistes, avons eu en quelque sorte peur de notre ombre. Je n’accepte pas que nous nous fondions une nouvelle fois dans un magma ectoplasmique, sur une base minimaliste, loin du mouvement social et de la rue.

Voir en ligne : Sur le blog de Jean Ortiz sur l’Humanité

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7 mars 2016 1 07 /03 /mars /2016 14:10
, par  Marie-Christine Burricand sur pcf.fr
 

Depuis la mise en place du dispositif statutaire voilà plusieurs années permettant l’élaboration de textes alternatifs et la présentation de listes alternatives de candidates et candidats au Conseil National, l’expression d’un désaccord profond avec la ligne des directions sortantes n’a cessé de s’affirmer.

Bien que souvent très proches, les textes alternatifs se sont multipliés. Ils ont contribué à nourrir un débat salutaire parmi les adhérents, mais leur dispersion n’a pas permis de remettre radicalement en cause un ordre établi lourd du poids culturel du légitimisme.
De fait, une nouvelle dispersion favoriserait l’appareil en place.

Au moment où la situation à l’échelle de la société atteint des sommets de gravité, où le PCF du fait de choix politiques, stratégiques et électoralistes ne cesse de s’affaiblir, il est urgent de mobiliser de façon unie et cohérente toutes celles et ceux qui se refusent à voir la fin d’un outil politique si utile et nécessaire à leurs aspirations de changements profonds.

C’est pour cela que les camarades du réseau "Faire vivre et renforcer le PCF" lancent un appel solennel à toutes celles et ceux comptant légitimement élaborer un texte alternatif, pour envisager de se regrouper afin de créer ensemble les conditions d’un texte unique. Ceci afin de donner plus de force et plus de voix à l’insatisfaction grandissante des communistes de plus en plus nombreux qui ne reconnaissent plus leur parti dans ses orientations présentes.

Plus que jamais le peuple a besoin d’un Parti Communiste fort !

Paul Barbazange, Marie-Christine Burricand, Jean-Jacques Karman, Jean-Pierre Meyer.

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27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 00:31
Meeting REGIONALES 2ème tour Décembre 2015 - Après une telle prestation, quel coup de poing va donc bien pouvoir donner Pierre Laurent ?

Meeting REGIONALES 2ème tour Décembre 2015 - Après une telle prestation, quel coup de poing va donc bien pouvoir donner Pierre Laurent ?

Selon France Info, P. Laurent finirait d’écrire son dernier brûlot qui serait un "coup de poing" (sur qui ou sur quoi ?). "C’est un appel à réagir avant qu’il ne soit trop tard", dit-il. "Il faut s’attaquer aux inégalités, sinon le monde va devenir de plus en plus dangereux". Aurait-il peur que son petit train train de la place du colonel Fabien soit bouleversé ? Mais ouf, il nous apporte la solution sur un plateau : car pour réagir, il prônerait une primaire à gauche et se réjouirait de l’intérêt des frondeurs du PS. On se sent tout de suite mieux...

Toutefois, selon France Info, il y a des obstacles sur sa route : tout d’abord les moyens financiers pour organiser une primaire, et aussi le nombre de postulants. Sans compter qu’il manque un vrai programme, et enfin qu’il faut essayer de convaincre Mélenchon de le rejoindre. "Je lui dis qu’il a intérêt à s’inscrire dans cette primaire, que ça lui donnerait de la légitimité".

Pour conclure, la position de Laurent est un vrai coup de poing, un uppercut donné aux adhérents du PCF (à ceux qui pensent encore communiste), et un coup de massue sur la coquille de noix "PCF", qui ne pourra qu’en sortir écrabouillée en mille morceaux...

Pascal Brula

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