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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 23:00

LE PARTI COMMUNISTE DU VENEZUELA (PCV) REJETTE LA NOUVELLE AGRESSION IMPERIALISTE DU GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS
de : PrensaPopularSolidaria
jeudi 12 mars 2015 - 17h35 -

 

Le Parti Communiste du Venezuela_PCV appelle le Mouvement Mondial pour la Paix, le mouvement populaire et révolutionnaire mondial, les Partis Communistes et Ouvriers du monde entier à renforcer et amplifier la solidarité active avec le peuple, avec la Classe Ouvrière, avec la classe travailleuse vénézuélienne de la ville et de la campagne, face à l’agressive action interventionniste de l’impérialisme nord-américain.

Le Bureau Politique du Comité Central du Parti Communiste du Venezuela, réunit aujourd’hui Lundi 9 mars 2015, en évaluant les récentes déclarations du président des Etats-Unis d’Amérique du Nord, agissant comme porte-parole des multinationales, comme porte-parole de l’impérialisme nord-américain et européen, a déclaré le Venezuela comme étant “une menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale et de politique extérieure des Etats-Unis d’Amérique du Nord“.

Compte tenu de ce fait, le Parti Communiste du Venezuela, évaluant la dite déclaration, considère que celle-ci est une réponse arrogante, agressive, belliqueuse, guerrière et provocatrice de l’impérialisme nord-américain dans la défense de ses valets internes, face aux mesures en défense de la souveraineté et l’intégrité de la patrie qu’adopte le gouvernement bolivarien, présidé par le compatriote, Nicolas Maduro.

Nous considérons que cette déclaration ou cet ordre exécutif présidentiel de Barack Obama, vient à signifier une réaction de l’impérialisme face à la défaite que viennent de recevoir ses supplétifs internes face aux décisions que le gouvernement bolivarien, que le peuple vénézuélien, que les travailleurs et les travailleuses de la ville et de la campagne, que la Classe Ouvrière de la patrie de Bolivar viennent d’infliger aux forces de la réaction, aux forces de droite et de l’extrême-droite fasciste qui expriment les intérêts de l’impérialisme nord-américain et européen dans notre pays.

Le Parti Communiste du Venezuela, rejette et condamne cette déclaration agressive et interventionniste qui est en violation de toutes les normes du Droit International, qui signifie une agression directe à la souveraineté, à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple du Venezuela.

Le PCV appelle le Mouvement Mondial pour la Paix, le mouvement populaire et révolutionnaire mondial, les Partis Communistes et Ouvriers du monde entier à renforcer et amplifier la solidarité active avec le peuple, avec la Classe Ouvrière, avec la classe travailleuse vénézuélienne de la ville et de la campagne, face à l’agressive action interventionniste de l’impérialisme nord-américain.

Le Parti Communiste du Venezuela, face aux menaces impérialistes, face à l’agression de l’impérialisme nord-américain, appelle le peuple vénézuélien, le peuple de Bolivar à la plus large unité patriotique et populaire, à approfondir l’unité civile-militaire pour mettre en échec toute forme d’action de l’impérialisme contre notre peuple.

Le Parti Communiste du Venezuela exhorte tous les pays latino-américains, leurs gouvernements, les instances qui intègrent les gouvernements latino-américains et des Caraïbes, à adopter de manière immédiate des mesures dirigées, á éviter que la griffe agressive, que la griffe guerrière, que l’action impérialiste ne puisse se concrétiser en actes de violence supérieurs à ceux qu’ils viennent de réaliser contre notre peuple, sur l’ordre de l’impérialisme nord-américain et européen.

Le Parti Communiste du Venezuela, appelle notre peuple, à sa Classe Ouvrière et à sa classe travailleuse de la ville et de la campagne, à continuer à lutter et continuer à gagner.

Partis communistes américains, partis communistes du monde :

Il exige fortement renforcer la solidarité active avec la classe ouvrière, avec les gens, et le Parti communiste du Venezuela !!

Il est nécessaire de renforcer la solidarité et de soutien pour le gouvernement bolivarienne du Venezeula !!

Rejetter l" ingérence de l’extérieur du gouvernement américain contre le Venezuela !

La Patrie ne se vend pas, la Patrie se défend !!

Fuente:PrensaPopularSolidaria

http://prensapopular-comunistasmira...

Correo : pcvmirandasrp aad gmail.com

Lu sur Bellaciao

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 12:46

Réduire la production civile pour accroître la militaire. Remplissons les arsenaux…

Par Manlio Dinucci
Mondialisation.ca, 03 mars 2015
 
Finmeccanica

[1]

C’est un vieux défaut de la gauche et des organisations : on gère séparément la lutte pour l’emploi et celle contre la guerre, alors que ce sont les deux faces de la même médaille. Fait emblématique : quand Finmeccanica[2] a annoncé la vente au japonais Hitachi de Ansaldo Sts et Ansaldo Breda, l’attention politique et syndicale s’est concentrée sur la défense de l’emploi, laissant dans l’ombre la portée stratégique de la décision : réduire la production civile pour accroître la militaire.

Dans la classification des 100 plus grandes industries productrices d’armes, rédigée par le Sipri, Finmeccanica se place au neuvième rang mondial, précédée par six étasuniennes (Lockheed-Martin. Boeing, Raytheon, Northrop Grumman, General Dynamics, United Technologies), une britannique (Bae Systems) et une franco-germano-espagnole (Airbus Group, ancienne Eads). Avec la vente d’armes, Finmeccanica réalise 50% de son chiffre d’affaires : ce qui signifie que, en accroissant cette production, elle grimpera au rang des plus grandes industries guerrières mondiales. Cette opération est effectuée en vendant à Hitachi la société Ansaldo Sts, leader dans les systèmes de signalisation pour transport ferroviaire et urbain, et Ansaldo Breda, leader dans la production de matériel roulant pour systèmes ferroviaires (y compris trains à grande vitesse) et pour le transport urbain (déjà plus de 1000 rames pour les métros de Washington, Los Angeles, San Francisco, Miami et autres grandes villes, dont Milan).

Même si Hitachi promet de garder les niveaux d’emploi de ces industries (dont les activités productives seront, probablement, dans l’avenir délocalisées dans des pays où le coût du travail est inférieur), il reste que l’Italie devra acquérir au japonais Hitachi des systèmes de signalisation et matériel roulant, en dépensant (avec de l’argent public) beaucoup plus pour les transports. En compensation, Finmecanica augmentera son chiffre d’affaires et ses profits en misant sur des industries comme Oto Melara, productrice de systèmes d’armes terrestres et navales (dont le véhicule blindé Centauro, avec une puissance de feu d’un char d’assaut, et des cannons à munitions guidées Vulcano vendus à plus de 55 marines dans le monde) ; Wass, leader mondial dans la production de torpilles (dont le Black Sharp à longue portée) ; Mbda, leader mondial dans la production de missiles (dont celui anti-navire Mars et celui air-air Meteor) ; Alenia Aermacchi qui, outre la production d’avions de guerre (comme le chasseur d’entraînement avancé M-346 fourni à Israël), gère le site Faco di Cameri choisi par le Pentagone comme pole de maintenance des chasseurs F-35 basés en Europe.

La reconversion de Finmeccanica du civil au militaire, qui réduit les postes de travail car les industries guerrières high-tech requièrent moins d’employés, a été encouragée par l’actuel et les précédents gouvernements : en octobre dernier la ministre de la défense Pinotti a présidé à la signature de l’accord de coopération entre Finmeccanica et Fincantieri pour la construction de navires de guerre dans « l’objectif d’augmenter la compétitivité sur les marchés nationaux et extérieurs ».

Sur le marché italien c’est le gouvernement qui s’occupe d’assurer la « compétitivité » : la « Loi de stabilité » affecte 6 milliards d’euros pour la construction d’autres navires de guerre et le Ministère du développement économique a déjà financé 8 des 10 frégates lance-missiles Fremm. Autre argent public qui s’ajoute à la dépense militaire : 52 millions d’euros par jour selon l’Otan, 67 selon le Sipri. Le gouvernement, encore, promeut l’export militaire, derrière le paravent du « Traité sur le commerce d’armements » que l’Italie a solennellement signé.

Manlio Dinucci 

Edition de mardi 3 mars 2015 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/riconversione-armata-per-finmeccanica/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres:  Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

 


[1] Allusion ironique à la phrase célèbre de Sandro Pertini (ex président de la République italienne) : Svuotiamo gli arsenali et riempiamo i granai ! (Vidons les arsenaux et remplissons les greniers !)

[2] Finmeccanica : second groupe industriel italien et l’un des principaux groupes du secteur aéronautique et spatial du monde. Il est présent dans la défense, les hélicoptères, l’aéronautique, l’espace, les transports et l’énergie. Wikipédia

Fincantieri : société de construction navale italienne dont le siège est situé à Trieste. Elle appartient à la société Fintecna, holding financière créée en 1993 pour restructurer et privatiser les entreprises qui faisaient partie du groupe IRI (privatisé par les gouvernements de centre-gauche), dans les domaines de la construction, de l’ingénierie civile et installations techniques.

NdT, source wikipédia.

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 17:21

Un Etat n’a jamais existé en Libye ?

Par Manlio Dinucci
Mondialisation.ca, 24 février 2015
Georges Napolitano

Photo : Georges Napolitano

Il n’est pas vrai que la guerre de 2011 ait désagrégé l’Etat libyen. C’est le président émérite de la République, Georges Napolitano, qui nous l’a expliqué, dans son intervention au Sénat : « Je considère que, au sens moderne de l’expression, un Etat n’a jamais existé en Libye ». Il y a quelques mois seulement, il avait qualifié la Libye d’ « Etat failli » (catégorie créée par le « Fond pour la paix » étasunien). Mais à présent il y a repensé : « Qu’on puisse parler aujourd’hui d’Etat failli suscite en moi quelque perplexité : l’exercice du pouvoir autocratique et personnel du président Kadhafi sur la base d’un système d’équilibres avec la multitude des tribus, n’était pas un Etat ». Sur la rive sud de la Méditerranée il n’y avait donc pas un Etat, la République arabe de Libye, née en 1969 après plus de 30 années de domination coloniale italienne et presque 20 d’une monarchie succube de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Un Etat qui, une fois abolie la monarchie, avait fermé en 1970 les bases militaires étasuniennes et britanniques, et nationalisé les propriétés de British Petroleum. Un Etat qui -d’après la Banque Mondiale en 2010- conservait « de hauts niveaux de croissance économique », assurant ainsi (malgré les disparités) le plus haut niveau de vie en Afrique et donnant du travail à environ deux millions d’immigrés africains ; qui enregistrait « de forts indicateurs de développement humain » parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et, pour 46%, à celle de niveau universitaire.  Un Etat qui avait rendu possible par ses investissements la naissance d’organismes qui auraient pu réaliser l’autonomie financière de l’Afrique : la Banque  africaine d’investissement (en Libye), la Banque centrale africaine (au Nigéria), le Fond Monétaire africain (au Cameroun).

Dans une réécriture de l’histoire, tout ceci est effacé et la Libye de 1969-2011 se trouve représentée comme un non-Etat, une « multitude de tribus » (définition d’estampille coloniale) maintenues ensemble par le pouvoir de Kadhafi. Pouvoir qui existait indubitablement, fruit des phases historiques traversées par la Libye, mais qui s’était relâché et décentré en ouvrant la perspective d’une évolution ultérieure de la société libyenne. La Libye, après que les USA et l’Ue avaient révoqué l’embargo en 2004, s’était reconstruit une place au niveau international.

En avril 2009, à Washington, la secrétaire d’état Hillary Clinton serrait chaleureusement la main à un des fils de Kadhafi, en déclarant vouloir « approfondir et élargir notre coopération ». Moins de deux ans après, cette même Clinton lançait la campagne internationale contre Kadhafi, en préparant la guerre.

Maintenant par contre, dans le cadre de la compétition pour les prochaines présidentielles, les squelettes sortent du placard : des preuves documentées (publiées par le Washington Times et examinées par la commission d’enquête du Congrès sur l’assassinat de l’ambassadeur des USA à Benghazi en 2012) démontrent que c’est Hillary Clinton qui a poussé l’administration Obama à la guerre contre la Libye « avec de faux prétextes et en ignorant les conseils des commandants militaires ». Pendant que Clinton accusait Kadhafi  de génocide, les services de renseignements étasuniens indiquaient à travers leurs rapports internes  que « Kadhafi avait donné l’ordre de ne pas attaquer les civils mais de se concentrer sur les rebelles armés ». On découvre aussi un rapport, envoyé en 2011 par les autorités libyennes à des membres du Congrès des USA, documentant les fournitures d’armes aux djihadistes libyens de la part du Qatar avec l’ « autorisation de l’Otan ».

A cette époque le président Napolitano déclarait que, « ne pouvant pas rester indifférents à la réaction sanguinaire de Kadhafi », l’Italie adhérait au « plan d’interventions de la coalition sous conduite Otan ».

 Manlio Dinucci

 

Edition de mardi 24 février 2015 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/mai-esistito-uno-stato-in-libia/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres:  Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 07:40
secrétaire de l'Otan

Photo : Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg

Pour les ministres de la Défense de l’Otan, réunis hier à Bruxelles, cela a été « une journée très intense ». Après la rencontre bilatérale dans laquelle le ministre étasunien de la défense Chuck Hagel a transmis les instructions au secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, s’est tenue une réunion du Groupe de planification nucléaire (auquel participe aussi l’Italie, en violation du Traité de non-prolifération).  On ne sait pas ce qu’il a décidé, puisqu’aucun communiqué n’a été émis. Mais, comme Washington a réaffirmé que l’ « Otan restera une alliance nucléaire », on peut déduire qu’il a été décidé d’accélérer la « modernisation » des forces nucléaires USA déployées en Europe (Italie comprise) et la potentialisation des françaises et britanniques. S’est ensuite réunie la Commission Otan-Géorgie, appréciant la contribution géorgienne aux opérations en Afghanistan et à la « Force de riposte de l’Otan » (viatique pour l’admission désormais certaine de la Géorgie dans l’Alliance).

Après ces prémisses constructives, s’est déroulée la réunion du Conseil Nord Atlantique avec la participation des 28 ministres de la défense, annonçant que l’Otan a décidé de potentialiser ses forces militaires pour conduire « la gamme entière de missions » et « affronter les défis provenant de toutes directions ». Avec une référence particulière à l’Ukraine, où « la violence s’accroît » parce que « la Russie continue à violer les normes internationales en soutenant les séparatistes » et à l’ «extrémisme violent qui est en train de se répandre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». Dans cet objectif sera potentialisée la « Force de riposte Otan », en la portant de 13mille à 30mille hommes et en établissant des unités de commandement et de contrôle dans six pays d’Europe orientale. En même temps sera formée une « Force de pointe », composée de 5mille hommes, pouvant être déployée en quelques jours seulement.

L’Otan (et avec elle l’Italie) est donc en guerre sur deux fronts, oriental et méridional. Comment a-t-on pu arriver à cette situation ? Après la fin de la guerre froide, les USA se servent de l’Otan pour maintenir leur leadership sur l’Europe occidentale et en même temps conquérir l’orientale. La Yougoslavie ayant été démolie par la guerre, l’Otan s’étend à l’est, en englobant tous les pays de l’ex Pacte de Varsovie, deux de l’ex Yougoslavie  et trois de l’ex URSS. En entrant dans l’Otan, les pays de l’Est se retrouvent plus dépendants de Washington que de Bruxelles. Mais quelque chose grippe le plan de conquête : la Russie se remet en grande partie de la crise, établit des relations économiques croissantes avec l’Ue, en lui fournissant le gros du gaz naturel, et ouvre de nouveaux débouchés commerciaux avec la Chine. Ceci met en danger les intérêts stratégiques étasuniens. C’est là qu’éclate la crise en Ukraine : après avoir pris, par un travail de plusieurs années, le contrôle de positions clé dans les forces armées et entraîné les groupes néo-nazis, l’Otan promeut le putsch de Kiev. Elle oblige ainsi Moscou à se ranger dans la défense des Russes d’Ukraine, en s’exposant à des sanctions des USA et de l’Ue. Et les contre-sanctions russes, qui créent des dommages surtout à l’Ue, facilitent le plan du partenariat transatlantique pour le commerce et les investissements à travers lequel Washington essaie d’accroître l’influence étasunienne sur l’Union européenne.

Simultanément, sous conduite USA, l’Otan étend sa stratégie à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  La démolition de la Libye par la guerre, l’opération analogue lancée en Syrie, la relance de la guerre en Irak, l’usage à double tranchant de formations islamistes (soutenues pour abattre les gouvernements pris pour cible, et donc utilisées pour justifier d’autres interventions armées) rentrent dans la stratégie USA/Otan.

Manlio Dinucci

Edition de vendredi 6 février 2015 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/la-nato-mobilita-30mila-uomini-al-confine-russo/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 11:01

libye_sarkozy.jpg 

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

La France est en guerre. C'est la bonne résolution de 2015. A coup d'indignation humanitaire, le gouvernement a préparé l'ingérence en Syrie et en Irak. Elle prépare les conditions d'une seconde guerre en Libye. L'occasion de rappeler comment la France porte une responsabilité majeure dans le développement du terrorisme dans la région.

 

Depuis un mois, le Ministre de la Défense français Le Drian ne cesse de presser pour une intervention française en Libye, avec cherchant l'aval des pays africains. Des frappes aériennes, tandis que la France établit la base militaire de Madama à la frontière entre le Niger et la Libye.

Le Drian avance comme prétexte à l'intervention : la Libye devient un centre de formation pour djihadistes, un sanctuaire du terrorisme international.

 

La Libye, sanctuaire du terrorisme islamiste. A qui la faute ?

A qui la faute ? Il y a trois ans, la France sonnait l'hallali contre la Libye de Kaddafi. Le pays qui disposait de l'Indice de développement humain le plus élevé d'Afrique a sombré en quelques mois dans la barbarie que l'instauration de la Charia et la féodalisation du pays illustrent.

L'hypocrisie de la rhétorique sur les droits de l'Homme, sur la mission humanitaire de la France ne tient plus quand les libérateurs d'hier se révèlent sur leurs vrais visages : chefs de gang tribaux véreux, anciens bureaucrates kaddafistes corrompus, seigneurs de guerre islamistes.

La France n'a pas seulement envoyé plus d'un millier de missiles sur la Libye dans le cadre de l'opération Harmattan. Elle a aussi contribué à l'armement des forces rebelles, largement dominées par les forces islamistes, faisant basculer la situation sur le terrain.

 

Notre ami le Qatar, premier bailleur de la rébellion islamiste à Benghazi

Rappel rapide : le foyer de la rebellion contre Kaddafi venait de l'est, de Benghazi. Fief des islamistes radicaux, elle rassemblait aussi une bourgeoisie locale, issue pour partie de l'appareil d'Etat kaddafiste et du commerce international dans le principal port du pays.

Le Qatar a ouvertement soutenu la rébellion, d'abord en étant les premiers à reconnaître le gouvernement rebelle du CNT (Conseil national de transition) établi à Benghazi.

La monarchie absolue du Golfe l'a surtout armée. Les armes étaient convoyées en avion à Benghazi, puis redistribuées par bateau jusqu'à la ville encerclée de Misrata.

Après plusieurs mois de conflit, malgré les bombardements, le gouvernement de Kaddafi continue de résister tandis que la désorganisation des milices – plus attirées par le butin des pillages que structurées par la discipline militaire – fait craindre une débandade générale.

 

Les parachutages français : kalach et missiles anti-char Milan

C'est là où la France, en coordination avec le Qatar, a joué un rôle décisif. En juin 2011, selon une révélation du Figaro, elle organise plusieurs parachutages d'armes dites légères dans l'ouest et le sud du pays pour créer un nouveau front.

Ces armes « légères », ce sont des lance-roquettes, des fusils d'assaut, des mitrailleuses et des missiles anti-char Milan.

Officiellement, elles auraient été envoyées à des rebelles berbères – une minorité marginalisée culturellement, politiquement et prompte à la sécession – sur les hauteurs du Djebel Nafousa, aux portes de Tripoli.

 

L'émir Belhadj, le libérateur de Tripoli : d'Al Qaeda à la France

La réalité, c'est que le maquis passe rapidement sous contrôle d'Abdelhakim Belhadj et de sa « Brigade du 17 février ». Disciplinée, bien formée, au moral à toute épreuve, la Brigade de Belhadj va faire la différence et va prendre Tripoli en août 2011 marquant la fin du conflit.

La Brigade du 17 février est formée pendant trois mois au Qatar au début de la Guerre libyenne, financée et armée par le Qatar, les Emirats arabes unis et la France.

Belhadj n'est pas un inconnu. A seulement 45 ans, il est un vétéran de l'islamisme combattant. Ce libyen passé par l'Arabie saoudite s'est engagé fin des années 1980 dans le djihad contre l'URSS en Afghanistan – soutenu par les USA.

Il revient en Libye au début des années 1990, fonde le Groupe islamiste de combat libyen (GICL) qui mène de 1994 à 1998 une guérilla dans l'est du pays, tentant de renverser violemment Kaddafi. Après son échec, il trouve refuge en Afghanistan, chez ses amis talibans.

Passant d'Afghanistan au Pakistan, puis en Irak, il s'intègre aux cercles dirigeants d'Al-Qaeda, se rapprochant du chef de l'organisation dans ce pays, Moussab Al-Zarkaoui.

La CIA le traque, l'arrête en Malaisie en 2003, le passe à la « question » en Thailande dans une de ses prisons secrètes.

Il est ensuite livré à la Libye de Kaddafi – revenu en grâce au milieu des années 2000 dans le camp occidental. Nul ne sait si Belhadj a été retourné dans les prisons de la CIA. Promis à la mort, Belhadj est libéré en 2010 sur un ultime coup de poker de Kaddafi, espérant calmer ainsi les islamistes.

Mauvais calcul. Feignant le repenti, Belhadj prend la balle au bond et rejoint l'insurrection dès le début de l'année 2011 dans l'Ouest, sur les montagnes berbères. Il devient entre-temps l'agent privilégié du Qatar sur le terrain, le meilleur allié de l'Etat-major français.

Ce seigneur de guerre expérimenté se fait passer pour un homme de paix, cet islamiste matois pour un modéré incompris. De fait, il est l'homme le plus puissant de l'ouest libyen, contrôlant un ensemble de milices sur la base de l'islamisme, ainsi que du clientélisme et d'un certain charisme.

 

Le général Haftar, un agent de la CIA corrompu à la tête de la Libye

Un rôle qu'il partage avec le maître de l'Etat libyen, le Général Haftar. L'actuel chef de l'Etat-major libyen est capturé par les Tchadiens en 1987. Les Etats-unis le retournent, envisagent d'utiliser ses troupes pour lancer une attaque contre le régime de Kaddafi.

En fin de compte, il s'exile aux Etats-unis en 1990. Formé par la CIA, il tente d'organiser une insurrection en Libye au milieu des années 1990 (en même temps que le GICL de Belhadj), un échec.

Son retour en 2011 le conduit – après 25 ans d'absence – à reprendre immédiatement la tête de l'armée libyenne, grâce au parrainage américain.

 

Des militaires français au Mali face aux armes françaises parachutées en Libye ! 

Pour revenir à la France, le conflit au Mali pose un certain nombre de questions. L'armée française a pu constater que les djihadistes étaient bien armées, dotés d'un armement moderne. Des armes qui proviennent pour bonne partie de Libye.

Les rebelles islamistes ont pillé les arsenaux capturés du régime, notamment ceux situés dans le Djebel Nefoussa à l'ouest, et dans la banlieue de Tripoli. Mais ils sont aussi profité des 40 tonnes d'armement – lance-roquettes, fusils mitrailleurs, explosifs – parachutés par la France.

Selon des sources convergentes maliennes, dès août 2011, les touaregs maliens avaient mis la main sur une partie des armes parachutées par les forces françaises dans les montagnes de l'ouest libyen.

Depuis la fin de la guerre en 2011, la Libye est devenue une plaque-tournante du trafic d'armes dans la région avec jusqu'à 1 million d'armes légères en circulation dans un pays qui compte à peine 3 millions d'habitants.

Soumise à la loi des milices locales, des brigades islamistes, la Libye est sans doute déjà devenue un camp d'entraînement régional pour les djihadistes, en particulier ceux de l'Etat islamique (EI). Des combattants qui ne viendraient pas de l'étranger mais auraient été recrutés sur place, parmi nos anciens alliés. Leur bastion se trouve à Benghazi, point de départ de la dite Révolution de 2011.

 

A l'heure où les pires crimes ciblés peuvent servir de prétexte pour les crimes de masse à venir, où la barbarie dont l'islamisme combattant est un visage, il est bon de rappeler ce que les médias gomment délibérément : la conscience historique des origines de la Terreur. Et de ses responsables qui sont parmi nous, et nous commandent.

 

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 14:33

Lu sur Rouge-Midi

 

SYRIE : Comment Hollande a manipulé les rapports sur les armes chimiques


On savait bien que la raison d’État a parfois peu à voir avec la raison tout court. Mais le dernier livre des journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot est une véritable bombe. Il montre comment des gouvernements d’irresponsables (Sarkozy/Hollande) peuvent manipuler l’information de leurs propres services de renseignement et de leurs ambassadeurs afin de pouvoir affirmer que la seule solution c’est la guerre. Mais comment peut-on encore faire confiance à des gens pareils ?

Le livre français, les chemins de Damas , publié il y a quelques jours, provoque un scandale en révélant des éléments secrets sur la manière dont la présidence française a forcé le corps diplomatique et les services secrets français à se soumettre à la décision politique de renverser Assad et à manipuler les rapports sur les armes chimiques et la réelle puissance du régime syrien.

Un livre publié à Paris il y a quelques jours et intitulé Les chemins de Damas, Le dossier noir de la relation franco-syrienne, par les journalistes français Georges Malbrunot et Christian Chesnot, donne de précieuses informations sur les coulisses de la relation entre Paris et Damas au cours des 40 dernières années. Ce livre d’investigation contient des informations et des interviews avec des personnalités étroitement impliquées dans le dossier syrien, des années 1980 à nos jours.

En passant des sommets présidentiels aux confrontations politiques et meurtrières, et des tensions diplomatiques aux périodes de lune de miel et à la coordination secrète des deux capitales, le livre s’attaque aux “dossiers noirs” et autres événements cachés qui caractérisent la relation décrite comme “quasi-schizophrène” entre les deux pays.

Selon le synopsis qu’en propose l’éditeur Robert Laffont, Les chemins de Damas montre que les présidents français successifs ont agi avec la Syrie “souvent de manière émotionnelle, avec précipitation ou avec improvisation, ce qui a conduit à l’impasse que nous observons aujourd’hui (dans les relations)“.

Assad reçu par Sarkosy à Paris.

Les auteurs relatent un incident qui a suivi immédiatement l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik Hariri : “Au moment même où Jacques Chirac, après l’assassinat de son ami Rafik Hariri, voulait “faire rendre gorge” à Bachar el-Assad, la France livrait à Assad dans le plus grand secret, deux hélicoptères Dauphin et fournissait à son entourage un système pour sécuriser leurs communications.”

Quant aux présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande “ils ont fait tour à tour les mêmes erreurs par méconnaissance de la réelle capacité de survie du régime syrien,” concluent les auteurs.

La presse française a publié quelques extraits du livre, notamment Le Point du 9 octobre. Le magazine a écrit que le livre était “exceptionnel,” et a publié des morceaux du livre qui contiennent des détails importants sur les discussions qui se tenaient dans les couloirs du ministère des Affaires Etrangères, de l’Elysée, des services secrets et des services de sécurité français sur la crise syrienne.

(Sous Sarko) Altercation au ministère des Affaires étrangères

Un chapitre du livre intitulé “Bagarre au Quai d’Orsay” fait état d’une violente querelle sur la Syrie qui s’est produite dans un bureau du ministère des Affaires Étrangères à Paris au printemps 2011. A cette époque, Alain Juppé était le ministre des Affaires Étrangères. L’altercation a eu lieu dans le bureau d’Hervé Ladsous, le chef de cabinet du ministre des Affaires Étrangères, entre Eric Chevallier, l’ambassadeur de France à Damas, et Nicolas Galey, le conseiller du président (Nicolas Sarkozy à l’époque) pour le Moyen-Orient. Étaient aussi présents Patrice Paoli, directeur, à l’époque, du département du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et aujourd’hui ambassadeur de France au Liban, et Joseph Maila, le directeur de la prospective au ministère des Affaires Étrangères, ainsi que des diplomates responsables des affaires syriennes.

La conviction de l’ambassadeur Chevallier était la suivante : “Le régime d’Assad ne tombera pas, Assad est fort” et il se maintiendra au pouvoir. C’est ce qu’il avait écrit dans ses dépêches diplomatiques depuis Damas, raison pour laquelle il avait été rappelé à Paris. Chevallier “a redit aux personnes présentes à cette réunion qu’il était “proche du terrain”, et qu’il avait “visité diverses régions de la Syrie et qu’il n’avait pas le sentiment que le régime en place était en train de s’effondrer“.

“Arrêtez de dire des bêtises !” l’a interrompu Galey, le représentant de Sarkozy. “Il ne faut pas s’en tenir aux faits, il faut voir plus loin que le bout de son nez.” a-t-il ajouté. La remarque de Galey était d’une “hostilité sans précédent” selon une des personnes présentes. Même Ladsous “a été choqué de la détermination de Galey,” quand il est apparu que Galey “n’était pas venu prendre part aux délibérations mais remplir une mission spécifique : imposer l’idée que la chute d’Assad était inévitable,” et faire comprendre à tout le monde qu’aucune opinion divergente ne serait tolérée dans le corps diplomatique français.

Mais Chevallier a défendu sa position qui différait de celle que l’Elysée voulait imposer. Il a dit qu’il avait rencontré l’opposition syrienne régulièrement, “mais qu’il continuait à penser que le régime avait la capacité de survivre ainsi que des soutiens étrangers“. “On se moque de vos informations !” a réitéré Galey, ce à quoi l’ambassadeur a répondu : “Vous voulez que j’écrive autre chose mais mon travail comme ambassadeur est de continuer à dire ce que j’ai écrit, c’est à dire ce qui est réellement arrivé“. “Vos informations ne nous intéressent pas. Bachar el-Assad doit tomber et il tombera,” a rétorqué Galey d’une voix coupante.

La querelle s’est alors envenimée, ce qui a forcé Ladsous à intervenir plusieurs fois pour mettre fin à cette “bataille verbale”.

(Sous Hollande) Un rapport étrange sur les attaques aux armes chimiques en Syrie

Une autre section du livre traite des actions du président François Hollande en août 2013, quand il a ordonné la déclassification du document de synthèse des rapports de la Sécurité Extérieure et du Renseignement militaire sur les attaques aux armes chimiques dans la région de Ghouta près de Damas, au moment où il tentait de rallier un soutien international en faveur d’une frappe pour punir ceux “qui empoisonnaient des innocents.”

Le livre révèle que la conclusion du rapport conjoint avait été “élaguée” par le conseiller spécial du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, d’une manière qui d’une certaine façon faisait du tort aux informateurs.

Les informateurs avaient soulevé plusieurs questions dans leurs rapports concernant des événements qu’ils n’avaient pas pu vérifier comme l’utilisation de gaz sarin. Une des hypothèses faite par les informateurs dans leurs rapports était la suivante : “Il est possible que des bombardements classiques de l’armée syrienne sur un laboratoire clandestin des rebelles ait provoqué une fuite de gaz.” Mais cette conclusion a été “purement et simplement coupée” du texte du rapport final.

Nous avons fait des erreurs en ce qui concerne la Russie

Claude Guéant, l’ancien ministre de l’Intérieur et Secrétaire Général sous Sarkozy, dit que la manière dont Juppé a traité la Russie fut une grave erreur ; il souligne que la Russie n’aurait pas dû être marginalisée mais qu’au contraire, on aurait dû en tirer partie.

Il a ajouté : “Si nous avions mis de côté notre égoïsme, notre prestige et notre amour du pouvoir et dit aux Russes qu’ils étaient les plus à même de concourir à trouver une solution en Syrie, ils auraient été heureux d’apporter un soutien positif. Ils étaient les seuls à pouvoir faire quelque chose.”

Le livre traite aussi de la fragile relation entre les diplomates français et les services secrets et du conflit entre le Renseignement Intérieur et le Renseignement Extérieur sur la question syrienne. L’antipathie entre les deux agences a commencé au début de la crise syrienne et s’est prolongée même après que les deux agences se soient installées à Amman.

Les rapports venant des deux agences semblaient contradictoires en 2011. Un diplomate qui était en contact avec les deux agences a expliqué que toutes les deux étaient convaincues que Assad ne tomberait pas rapidement mais que le Renseignement Intérieur a vite noté le rôle des salafistes et des djihadistes dans la rébellion, tandis que le Renseignement extérieur continuait d’envoyer des rapports diabolisant le régime de Assad.


Sabah Ayoub

Source : Al-Akhbar

Traduction : Dominique Muselet

Transmis par la_peniche

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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 10:36

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Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

Le Parlement européen vient de se prononcer pour la reconnaissance d'un État palestinien, après certains parlements nationaux. Dans le même temps, les pays européens continuent d'armer un État qui tue au quotidien les Palestiniens. Retour sur les livraisons de la honte.

 

L'Union européenne, comme les pays qui la composent, ont l'art de manier le double discours, les manifestations d'indignation théoriques face aux offensives israéliennes et les accords de coopération pratiques, à multiples facettes, avec l’État sioniste.

 

La plaisanterie. « Un code de conduite sur les exportations d'armes » ?

 

Depuis 1998, l'UE dispose d'un Code de conduite sur les exportations d'armements poussant les États à n'exporter des armes qu'à des pays qui respectent : (1) les droits de l'Homme ; (2) les engagements internationaux ; (3) la paix et la sécurité régionale ; (4) un refus du terrorisme.

Quinze ans après, les pays de l'Union européenne continue de vendre des armes prioritairement à l'Arabie saoudite, au Qatar, au Pakistan qui sont loin de respecter ses critères, ainsi qu'à Israël.

Savoir l'étendue de la coopération militaire de l'Union européenne avec Israël n'est pas chose aisée tant elle peut se draper dans des accords de coopération à dominante civile, des projets de recherche aux finalités diverses.

On se rappelle qu'en juillet 2012 l'UE avait signé un accord de coopération portant sur 60 programmes concrets, dans 15 domaines d'actions.

Une collaboration institutionnalisée dans des secteurs stratégiques et hautement politiques :coopération policière (Europol), judiciaire (Eurojust), spatial (ESA), et militaire enfin euphémisée derrière la collaboration dans les domaines de la « sécurité maritime et aérienne ».

Les livraisons d'armes sont certes plus limitées que les colossales aides américaines à Israël, mais loin d'être nulles, elles sont surtout multi-formes, difficiles à tracer. Nous allons tâcher ici d'en donner quelques exemples illustrant cette collaboration concrète des pays européens.

 

La France, un partenaire militaire fidèle d’Israël

 

Quelle place occupe la France dans les autorisations d'exportations ? Selon les chiffres même de l'UE, une place privilégiée.

Un rapport de 2008 de l'UE sur les licences d'exportations soulignait que, pour l'année 2007, la France était de loin le premier pays à accorder des licences d'exportations d'armes vers Israel : 120 millions, soit 60 % des autorisations d'exportation.

Selon le rapport, la France était en première place pour la « livraison de matériel lié aux avions de chasse » pour 10 millions d'€, ainsi que pour les « équipements électroniques » à finalité militaire – systèmes de guidage, de navigation, de brouillage de satellite – pour 89 millions d'€.

On se rappelle que certains observateurs avaient été frappés de voir le label « Made in France » sur des missiles Hellfire retrouvés à Gaza, en 2009.

Si l'année 2007 a marqué un pic, cela n'a pas marqué la fin de ces licences d'exportation. Sur la période 2008-2012, la France occuperait toujours la troisième place pour les licences d'exportation, 200 millions d'€

Concernant l'arme fatale du XXI ème siècle, les drones, c'est en collaboration étroite avec Israel que la France avance. Dès les années 1990, Lagardère puis EADS se dote des drones israéliens Hunter/Heron pour en faire les fameux Eagle One, maintenant Harfang entrés en service en 2008.

La France prépare les drones de nouvelle génération, cette fois avec la collaboration de Dassault et Thalès. C'était le sens de l'achat programmé de la plate-forme Heron TP (ou « Eitan ») en 2011 pour 500 millions d'€. Les drones Eitan étaient entrés en service lors de la guerre de Gaza de 2009.

Si Israel a perdu en 2013 les contrats pour la livraison de 10 à 12 drones (670 millions d'euros!) pour le renouvellement de la flotte française, face aux américains de General Atomics, elle devrait collaborer étroitement au projet, tant les experts israéliens sont liés à l'entreprise américaine.

 

Le Royaume-uni : pour quelques millions (ou milliards) de £ de plus ?

 

Le Parlement britannique a, lui aussi, voté pour la reconnaissance de l'Etat palestinien. Il est même allé plus loin, en annonçant cet été la « review » (révision) de plus de 8 milliards de £ (10 milliards d'€) de licences d'exportation commerciales et militaires.

Le chiffre donne le vertige, le gouvernement britannique a tenu à préciser : il ne s'agit même epas d'annuler ces autorisations d'exportation, ni les contrats déjà signés.

Et le gouvernement souligne que les autorisations militaires ne concerneraient que 275 millions de £ (400 millions d'€), une somme déjà énorme.

Mais les 9 autres milliards d'€ auraient surtout à voir avec des dispositifs de télécommunications, des systèmes de cryptage, dont on peut aisément devenir la porosité avec le domaine militaire.

Une somme énorme qui concernerait avant tout des logiciels de cryptage, de communications militaires mais aussi des pièces détachées pour des véhicules militaires. Des licences qui concerneraient 130 entreprises britanniques, toucheraient aux composantes du drone israélien Hermes mais aussi certaines pièces des chars d'assaut d’Israël. 

Concrètement, de janvier à juin 2014, le Royaume-uni avait déjà vendu pour 9 millions d'€ d'armes : des composantes pour les avions de chasse (400 000 €), pour les drones (150 000 €), pour la guerre électronique (2 millions d'€), pour le ciblage (1,5 millions d'€), pour l'imagerie et les tirs de nuit (2 millions d'€), ou encore des systèmes d'armes à énergie dirigée (800 000 €).

 

L'Allemagne, des sous-marins nucléaires pour Israël

 

L'Allemagne la joue beaucoup plus franchement. Pas question de reconnaître l'Etat palestinien, et l'alliance avec Israel reste intouchable pour la chancelière Merkel.

L'Allemagne est même allée plus loin. Elle a livré cette année le 4 ème de ses sous-marins Dolphin. Elle prévoyait d'en livrer un cinquième d'ici la fin de l'année, et un sixième d'ici 2017. Des sous-marins qu'Israel aurait empressé d'armer de missiles à tête nucléaires.

Chaque sous-marin coûte près de 700 millions d'€, mais l'Etat allemand a décidé de subventionner (!) un tiers de la somme, soit autour de 200 millions d'€ par sous-marin, soit plus de 1 milliard d'€ de cadeau allemand à l'Etat israélien.

C'est aussi en fin d'année 2013 que l'Allemagne a accepté la vente de 3 destroyers destinés à protéger les pipelines israéliens (pour le transport de l'énergie). Elle a encore accepté une réduction de 30 % du prix de vente, réduisant la facture pour Israël de 950 millions d'€ à 650 millions.

 

L'Italie, championne d'Europe des licences d'exportation ?

 

C'est ce que soulèvent les militants des Associations de lutte pour le désarmement en Italie. Pour la seule année 2012, l'Italie aurait acté pour 475 millions d'€ de licences d'exportations vers Israel, une conséquence de l'Accord de coopération militaire et de défense signé par Berlusconi en 2005.

L'Italie a ainsi exporté en 2012 un système de satellite optique pour l'observation de la terre, des dispositifs de contrôle des vols de drones/planeurs, ou encore des systèmes de télécommunications aux normes de l'OTAN.

Le groupe italien Finmeccanica – partenaire privilégié de Dassault, EADS dans les projets européens – a surtout livré en 2014 deux avions d'entraînement M-346, des aéronefs à la pointe de la technologie, qui peuvent être configurés comme bombardiers légers.

Ce n'est que le début, un contrat pour la livraison de 30 modèles M-346 a déjà été conclu, pour la somme d'1 milliard d'€.

Les entreprises italiennes du secteur de l'armement importent également du matériel israélien, pour une valeur de 50 millions d'€ sur ces deux dernières années : Simmel importe ainsi des composantes pour ses bombes, Beretta pour ses armes automatiques, en particulier les pistolets-mitrailleurs.

 

21 pays sur 27 dans l'UE ont vendu des armes en 2012

 

Sur la période 2008-2012, 21 pays européens sur 27 ont vendu des armes, ou tout du moins des licences d'exportation à caractère militaire, à Israël. 

Y compris l'Espagne qui se gargarisait aussi de reconnaître l'Etat palestinien dans son Parlement, elle a vendu pour 25 millions d'€ de licences dans la période 2008-2012, 5 millions d'€ pour la seule année 2013, ce qui en fait officiellement le 6 ème pays exportateur européen d'armes vers Israël. 

Craignant toutefois pour ses approvisionnements en Europe de l'ouest, Israel a diversifié au cours des années 2000 ses approvisionnements en … Europe de l'Est. Russie et Ukraine pour l'armement lourd, République tchèque, Bulgarie, Roumanie, Pologne et Finlande pour l'armement léger.

Pour les pays désormais intégrés à l'UE, il est intéressant de remarquer que la Roumanie est, pour la période 2008-2012, le 4 ème partenaire militaire européen d’Israël, ayant accordé près de 95 millions d'€ de licences d'exportation. 

Sur les ventes de licences d'exportation réalisées en 2007 (la Roumanie y occupait déjà une surprenante 3 ème place), on s'aperçoit que la Roumanie vend à Israel surtout des armes légères, des matériels explosifs mais aussi des composantes pour ses aéronefs. 

Sur le terrain, l'entreprise israélienne Elbit dispose en Roumanie de quatre filiales – Elbit System, Elmet International, AE Electronics et Simultec – qui assurent l'essentiel de la mise à jour des systèmes électroniques de l'armée roumaine.

En 2011, Elbit a obtenu un contrat de 18 millions de $ pour mettre à jour l'avion de transport C-130 de la flotte aérienne roumaine. 

La Bulgarie, la République tchèque et la Pologne font partie du « Top 10 » européen des exportateurs d'armes, avec un total de 50 millions d'€ à eux trois. 

La République tchèque avait déjà vendu des systèmes de missile tactique (d'origine russe) en 2006, les Totchka, tandis que la Bulgarie avait fourni 6 systèmes d'artillerie de 130 mm en 2004. 

La Bulgarie a confirmé par un accord en 2012 de coopération militaire, comprenant entraînement communs, projets industriels et de recherche avec Israël.

 

La Pologne : liaisons dangereuses avec le lobby militaro-industriel israélien

 

La Pologne, suivant le grand frère allemand, développe des accords de coopération militaire de grande ampleur avec l'Etat israélien.

Elle a annoncé depuis 2010 son intention de renouveler sa flotte aérienne composée de vieux appareils soviétiques et américains, le Ministère de la Défense pousse pour l'achat de drones israéliens Eitan et Hermès.

Le Général Skrzypczak, vice-ministre de la Défense et ancien commandant des forces armées polonais, formé aux États-Unis, est connu pour ses relations très étroites avec l'industrie militaire israélien. Il a été démis de ses fonctions fin 2013 pour « conflit d'intérêts » avec le groupe industriel israélien Rafael, pour avoir favorisé la signature de contrats avec Israël.

Des accords militaires ont d'ores et déjà été signés depuis 2010 pour livrer à la Pologne des technologies de surveillance et de contrôle, achetés à Elbit pour 16 millions de $. Elbit est responsable du contrôle du mur de séparation, ainsi que pour la réalisation des drones Hermes.

Israël avait déjà aussi convenu de la formation des pilotes de la flotte aérienne polonaise ainsi que des forces spéciales. Le groupe industriel Rafael avait signé un contrat d'investissement de 450 millions de $ pour construire des armes en Pologne, dont les missiles anti-chars Spike.

 

Quand même la paisible Finlande fait du business avec Israel...

 

Même la vertueuse Finlande n'y échappe pas. De 2002 à 2010, la Finlande aurait fourni pour près de 4 millions d'€ de missiles anti-char, en faisant dans le domaine, le second fournisseur derrière les Etats-unis.

La Finlande a auassi importé pour 37 millions d'€ de missiles moyenne portée de l'entreprise Rafael en 2000-2001, et pour 21 millions d'€ de systèmes électroniques militaires. Elle aurait acquis pour 170 millions d'€ d'armes israéliennes depuis 1999.

Et la coopération continue, elle est même florissante. La Finlande a des contrats de livraisons de matériel de plusieurs dizaines de millions d'euros avec les plus grands groupes d'armement israéliens Elbit, Rafael ou Fibrotex.

En tout, en Europe, les licences d'exportation sont passées de 150 millions d'€ en 2008 à 600 millions d'€ en 2012. Depuis 2007, les entreprises israéliennes Elbit et Israeli Aerospace Industries ont été autorisés à participer à des projets de recherche d'une valeur de 244 millions d'€.

A combien vont s'élever les licences d'exportation pour 2013 ? On ne le sait pas encore, pas de doute qu'on risque d'atteindre un nouveau record.

Les contrats réellement signés – ceux pour les destroyers et sous-marins allemands, les avions d'entraînement italiens, et ce malgré les accrocs pour les drones que la France et la Pologne prévoyaient d'acheter en Israel – devraient se chiffrer à plusieurs milliards d'euros.

 

Combien vaut une reconnaissance formelle de l'Etat palestinien dans les Parlements européens quand chaque jour la possibilité réelle qu'un Etat palestinien voit le jour est annihilée par des armes, ou des composantes, ou des technologies venant d'Europe ?

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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 17:33

Les partenaires de l’Otan élargie

Visit to NATO by King Abdullah II of Jordan

Photo : Le secrétaire général de l’Otan serre la main au roi  Abdullah II de Jordanie en avril 2012

 

C’est la saison des anniversaires à l’Otan. A Amman (Jordanie), les 9 et 10 décembre, ont été célébrés les vingt ans du « Dialogue méditerranéen ». Etaient présents le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg et les 28 représentants du Conseil nord-atlantique, avec les ambassadeurs des 7 pays partenaires : Algérie, Egypte, Jordanie, Israël, Maroc, Mauritanie et Tunisie. Il y a trois ans, a rappelé Stoltenberg, « pendant l’opération dirigée par l’Otan pour protéger le peuple libyen, aussi bien la Jordanie que le Maroc ont apporté d’importantes contributions militaires : cela a été possible grâce à des années de coopération militaire entre nos pays ».

Le « Dialogue méditerranéen » prévoit en effet la formation d’officiers des pays partenaires dans les académies militaires Otan, parmi lesquelles le « Defense College » de Rome, et celle de forces spéciales par les «Equipes mobiles d’entraînement » envoyées sur place par l’Otan. A ces activités s’ajoutent celles prévues par les « programmes de coopération individuelle » de l’Otan avec chacun des sept partenaires. Le plus important est celui avec Israël, ratifié par l’Otan en décembre 2008, trois semaines avant l’opération israélienne « Plomb durci » contre Gaza. Il établit la connexion d’Israël au système électronique Otan, l’augmentation des manoeuvres militaires conjointes et de la coopération dans le secteur des armements, et jusque l’élargissement de la « coopération contre la prolifération nucléaire » (en ignorant qu’Israël, unique puissance nucléaire de la région, refuse de signer le Traité de non-prolifération et a rejeté la proposition ONU d’une conférence pour la dénucléarisation du Moyen-Orient).


Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg discute avec le roi Abdullah II de Jordanie

 

« Avec la naissance du groupe armé État Islamique (EI) et la façon dont se répand la violence et la haine dans toute l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient -a souligné Stoltenberg aux partenaires- cette synergie entre nous est plus que jamais nécessaire ». Et, se référant à la Jordanie, il la définit comme « une île de stabilité dans une mer de turbulence », en faisant des louanges sur « sa contribution à la stabilité de la région et aux opérations conduites avec les pays de l’Otan ». Louanges méritées : la Jordanie a contribué à créer la « mer de turbulence », en participant d’abord à la guerre Otan qui a démoli l’Etat libyen, puis à la guerre conduite par l’Otan en Syrie de façon secrète. La Jordanie, comme la Turquie, constitue la base avancée de cette opération qui, menée en synergie avec Israël, vise à démolir non pas l’EI (fonctionnel à cette stratégie) mais l’Etat syrien.

Par leurs mérites, a annoncé Stoltenberg, les forces armées jordaniennes vont maintenant faire partie de la « Force de riposte de l’Otan ». Le vingtième anniversaire du « Dialogue méditerranéen » étant célébré, le secrétaire général de l’Otan et les 28 représentants du Conseil nord-atlantique sont allés à Doha (Qatar) pour célébrer, le 11 décembre, le dixième anniversaire de l’ « Initiative de coopération d’Istanbul », le partenariat entre l’Otan et quatre monarchies du Golfe : Bahrein, Emirats Arabes Unis, Koweit et Qatar. Stoltenberg a cité « la campagne de Libye comme exemple de la façon dont l’Otan et les partenaires du Golfe peuvent travailler ensemble ». Dans la guerre contre la Libye s’est distingué le Qatar, comme l’avait déclaré le chef d’état-major lui-même (The Guardian, 26 octobre 2011), avait infiltré en Libye des milliers de commandos aux ordres du Pentagone. Ce même Qatar qui aujourd’hui, comme il résulte aussi d’une enquête du Financial Times, dépense des milliards de dollars pour financer et armer les groupes islamistes qui combattent en Syrie, y compris l’EI, soutenu aussi par le Koweit et l’Arabie saoudite.


Est-ce un hasard si, à Doha, le secrétaire général de l’Otan n’a jamais nommé l’EI ?


Manlio Dinucci

Géographe et journaliste

Photo à droite : le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khalid Ben Mohammed Al-Attiyah avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, le 4 septembre 2013 

 

Edition de mardi 16 décembre 2014 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/i-partner-della-nato-allargata/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 11:10

 

 

Le rapport sénatorial dévoilé à Washington sur les crimes commis par la CIA après le 11 septembre 2001 avec la bénédiction de George Bush confirme la férocité et l’ampleur des crimes commis durant cette période. Il ne lève pas entièrement le voile sur les lieux des « sites noirs » où ont eu lieu les tortures, mais il est de notoriété publique que la Pologne, la Roumanie et la Lituanie ont abrité des centres de détention secrets entre 2003 et 2005.

 

 

« Ce rapport décrit un programme troublant », a commenté Barack Obama, « et il me renforce dans la conviction selon laquelle ces méthodes brutales étaient non seulement contraires à nos valeurs mais elle n'étaient pas utiles à nos efforts dans la lutte anti-terroriste ». Lundi soir, Obama a téléphoné au Premier ministre polonais, Ewa Kopacz, pour l’informer de la publication du rapport, le ministre polonais de la Défense déclarant : « certains secrets devraient le rester. »

C’est sous la présidence d’Aleksander Kwasniewski que les prisons secrètes ont été installées en Pologne. Kwasniewski, un ancien communiste relooké en libéral bon teint, a marqué son mandat par l’adhésion de son pays à l’Otan (1999), la participation de Varsovie à la guerre en Irak (2003), l’adhésion à l’Union européenne (2004) et le soutien actif à la révolution dite « orange » en Ukraine. Son prédécesseur à la présidence polonaise, le très réactionnaire et homophobe Lech Walesa avait bien préparé le terrain, l’ancien de Gdansk et protégé de Jean-Paul II allant jusqu’à considérer que « les terroristes seraient mieux traités dans le microclimat polonais que dans les prisons américaines. »

 

 

L'affaire des prisons secrètes de la CIA en Pologne avait été traitée dans le « Washington Post ». Le quotidien affirmait que l'agence américaine avait payé en 2003 aux Polonais 15 millions de dollars (11 millions d'euros) pour installer à Stare Kiejkuty le plus important des « sites noirs » destinés aux prisonniers d'Al-Quaida hors des Etats-Unis. C'est là que Khalid Cheikh Mohammed, présenté comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001 a subi 183 séances de waterboarding après sa capture.

« Par une froide journée au début de 2003, deux agents haut gradés de la CIA sont arrivés à l'ambassade américaine à Varsovie pour prendre deux grandes boîtes en carton, avec à l'intérieur 15 millions de dollars cash, acheminés d'Allemagne par courrier diplomatique. Les deux hommes ont mis les cartons dans une voiture et sont allés à travers la ville jusqu'au quartier général des renseignements polonais », racontait le « Washington Post ».

La Pologne a dû répondre devant la Cour européenne des droits de l’homme d’accusations d’anciens prisonniers qui avaient précisé les techniques de torture utilisées par la CIA derrière les murs gardés par l’armée polonaise. Des techniques qui viennent d’être confirmées dans le rapport sénatorial: privation de sommeil jusqu’à 180 heures, maintien dans des positions douloureuses souvent nu et une cagoule sur la tête, tabassages répétés, musique assourdissante, simulation de noyade («waterboarding»), isolement prolongé dans le noir, alimentation par voie rectale («rectal feeding»), bains d'eau glacée… Ainsi, les tortionnaires de la CIA ont agi à leur guise dans « le microclimat polonais » si cher à Lech Walesa.

 

José Fort

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