- 14 Juil 2016
- par Luis Basurto
Et c’est le droit, et le devoir, de tous les peuples du monde de s’affranchir, de se libérer, pour construire un autre monde, post-capitaliste, post-impérialiste, post-européen…
Elle se fissure l’UE actuelle, avant peut-être un long et profond processus de désagrégation. Cela devait arriver, seulement que nous ne savions point ni quand ni comment. Le Royaume-Uni vient de décider de quitter l’Union européenne après un referendum, qu’ainsi soit-t-il. La Grèce aurait pu le faire en 2015, car il y avait toutes les raisons d’un « Grexit », mais son gouvernement n’eut pas le courage ni voulut se doter des moyens pour le faire et laissa piétiner son référendum anti-austérité.
La CECA-EURATOM//CEE/Union Européenne fut et reste encore le volet civil et économique de l’OTAN. Elle était destinée au début à amarrer l’Allemagne à la France, au dessein fixé par les USA à l’Europe occidentale, avec le Plan Marshall d’abord. Ce fut inauguré avec l’éclosion de la guerre froide, cette ère de paix impossible, guerre improbable, lancée en mars 1947 par un célèbre discours de Harry Truman. Pour faire face aux Soviétiques il fallait donc à la base neutraliser définitivement l’Allemagne, initiatrice des deux guerres mondiales, par des moyens irréversibles. Cependant, même occupé par les vainqueurs du nazisme en 1945 -soviétiques, états-uniens, britanniques et français- et divisé ensuite en deux États, la RFA et la RDA, le pays de Goethe et de Bismarck ne pouvait que se réindustrialiser et redevenir la première puissance industrielle de l’Europe occidentale, et aussi se réunifier in fine.
A sa double mission initiale se rajouta une autre, fondamentale. Depuis le milieu des années 1980 apparut clairement une nouvelle fonction pour la CEE (Communauté économique européenne), ne pas la moindre et bien plus vaste, celle de prescripteur et vecteur fondamental de la politique néolibérale dans le sous-continent. La philosophie et les objectifs de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), promotrice du libéralisme économique en Europe occidentale, étaient directement adoptés par Bruxelles. Bousculant la souveraineté des États et des peuples, corrodant ou détruisant peu à peu les garanties de protection sociale des travailleurs, leurs salaires et leur pouvoir d’achat, en démolissant petit à petit l’État social. Depuis 2002 la monnaie unique est ainsi son instrument permanent de torture. L’euro fort bénéficie avant tout et surtout à l’Allemagne.
Le système construit en Europe occidentale pour consolider la guerre froide consistait donc en : a. une doctrine, l’endiguement de l’URSS et ses alliés ; b. la force militaire avec le développement des armes nucléaires -déjà en possession des USA depuis 1945- et la dissuasion ensuite ; c. l’alliance atlantiste, l’OTAN, fondée en avril 1949 ; d. le Plan Marshall (1948-1951). A la fin, celui-ci fut suivi en 1951 par la première institution ouest-européenne en tant que telle, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier). L’URSS ayant rejeté la proposition d’aide financière états-unienne, car conditionnée à l’acceptation du libéralisme économique par les pays bénéficiaires et vecteur d’une mise sous tutelle économique et culturelle, fonde en janvier 1949 le CAEM(COMECON)-Conseil d’assistance économique mutuelle, incluant tous les pays de l’Europe de l’Est et finalement une alliance militaire, le Pacte de Varsovie, le 14 mai 1955, en réponse à l’adhésion à l’OTAN le 9 mai 1955 de la RFA, en voie de remilitarisation.
La astucieuse trouvaille française, consistant à vouloir dompter et brider l’ogre germanique, car d’après Robert Schuman l’objectif était de rendre une nouvelle guerre avec les Allemands non seulement impensable mais aussi matériellement impossible, se retourna contre ses créateurs. C’est l’Allemagne, réunifiée même -mais plutôt parler d’une annexion par la RFA de la RDA – après la chute du Mur de Berlin en 1989, qui fini par faire de l’UE une sorte de nouveau saint-empire romain-germanique, euro-germanique, où rien ne se fait contre Berlin ou sans le consentement de Berlin, qui nomme -ou consenti la désignation de- l’exécutif et les technocrates à Bruxelles, avec des feuilles de route bien précises. Le deutschemark devenu €/euro fut depuis toujours bien contrôlé à Francfort par la banque centrale allemande.
Les prémices du rassemblement ouest-européen furent le traité défensif de Dunkerque entre la France et le Royaume-Uni en 1947, et le traité défensif de Bruxelles de mars 1948 devenu ensuite Union de l’Europe occidentale, qui fut comme une répétition générale. Un intense travail souterrain et de lobbying (entre 1948-1960) du Comité américain pour une Europe unie/American Committee on United Europe finançait et soutenait en sous-main les personnalités et mouvances fédéralistes européennes, notamment le Mouvement européen international.
Ce traité exclusivement ouest-européen (France, Royaume-Uni et Benelux) fut suivi par la signature à Washington le 4 avril 1949 du traité défensif créant l’OTAN. Les membres fondateurs de l’alliance militaire furent les cinq que nous venons de citer du traité de Bruxelles plus les États-Unis, le Canada et encore quatre autres pays européens, la Norvège, le Danemark, l’Islande et le Portugal (du dictateur Salazar). A présent toute l’UE sauf cinq pays -l’Irlande, l’Autriche, Chypre, la Suède et la Finlande- font partie de cette alliance défensive … qui devint offensive.
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