Conseil national des 23 et 24 juin
INTERVENTION DE CHRISTIAN PICQUET
Je voudrais faire quatre remarques, à partir du débat qui a commencé à ce conseil national.
D’abord, je partage la proposition de tenir un congrès extraordinaire en 2018. Mais ce congrès ne pourra faire l’économie d’un bilan soigné des raisons pour lesquelles nous venons de subir l’un des plus graves échecs de notre histoire.
Dresser ce bilan est la condition pour retrouver l’unité indispensable des communistes et pour pouvoir apporter à notre vie collective les changements qui s’impose. Rien ne serait, en effet, plus désastreux que des annonces qui ne se concrétiseraient pas.
Ma deuxième remarque portera, précisément, sur le bilan.
J’entends la tentation d’expliquer nos résultats des législatives par la brisure historique qui a conclu le XX° siècle pour le projet communiste. Des camarades en concluent qu’il faudrait dépasser le PCF.
L’échec dont l’idée communiste apparaît l’héritière à une échelle de masse a joué, bien sûr. Pas davantage, cependant, aujourd’hui qu’hier. Il nous faut, à cet égard, savoir faire preuve de lucidité : le thème des « communs », que beaucoup ont ici évoqué, peut représenter une approche pédagogique utile pour redessiner notre identité. Mais il sera nécessaire que surgisse une nouvelle expérience historique, à l’échelle de la planète, pour pouvoir surmonter que ce que le siècle précédent a imprimé dans les consciences.
En attendant, il me semble que nous venons plus précisément de payer trois choses.
Sur la période politique, les retards que nous avons pris à nous poser une série de questions fondamentales : les aggiornamentos théoriques et idéologiques à même de retrouver une cohérence globale donnant sens à toutes les dimensions de notre action ; notre relation à une société française en proie à de profondes mutations ; notre rapport à un monde du travail dont le capital est parvenu à diviser profondément, ce qui nous confronte au défi stratégique de la construction du bloc politique et social pouvant porter une visée transformatrice majoritaire ; notre approche des nouvelles formes de politisation, de radicalisation et d’intervention dans la vie publique, par exemple celles qui surgissent à partir des « réseaux sociaux ».
Sur la séquence électorale, nous avons aussi payé notre absence de la bataille présidentielle. Non seulement parce que n’avons pas présenté de candidature, mais parce que nous n’aurons disposé, à la différence de 2012, d’aucun moyen de peser sur la campagne du candidat que nous avions décidé de soutenir.
Et, pour remonter cette fois au moment où le Front de gauche a commencé à s’écarter de sa démarche initiale, en 2013-2014, nous avons payé le fait d’avoir rendu illisibles nos différences avec Jean-Luc Mélenchon. Et ce, jusque dans la rhétorique et les références que nous nous sommes mis alors à utiliser. Là me semble résider la raison de la désaffection d’une partie notable des électeurs qui nous faisaient jusqu’alors confiance et qui en sont venus à ne plus percevoir l’utilité du vote en notre faveur.
Troisième remarque. Pour rebondir, il nous faut, en premier lieu, reforger une conviction commune qu’il y a plus que jamais besoin d’un parti comme le PCF. Qui porte une expérience politique accumulée au fil du temps. Qui dispose d’un capital de militants et d’élus témoignant de la richesse de son enracinement. Qui transmet la mémoire des combats du mouvement ouvrier. Et qui est animé d’une conception de classe sans laquelle l’action pour la transformation sociale n’est qu’illusion.[...]
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