Au cours de la dernière édition de « Des paroles et des actes », le 26 mai 2016 [1], dont l’invité principal était Jean-Luc Mélenchon, François Lenglet, journaliste économique et éditocrate accompli, a déclaré : « Evo Morales, président de la Bolivie, est aujourd’hui empêtré dans des scandales de corruption considérables. […] C’est un corrompu. […] La petite amie de M. Morales, qui est la mère de son fils, a bénéficié de 500 millions de dollars de commandes publiques, allez m’expliquer que tout cela est normal ! »
Dans cette déclaration, tout est faux, excepté le fait que Evo Morales est effectivement le président de la Bolivie. Même les lecteurs du Figaro et de Paris-Match le savaient. Pas Lenglet. Ou bien il a menti.
Le 27 mai, l’ambassadeur de Bolivie, Jean-Paul Guevara Avila, adresse une lettre de protestation à l’émission « Des paroles et des actes ». François Lenglet lui répond le 30.
C’est de cette réponse qu’il sera ici question. Pris la main dans le sac, l’éditocrate fait preuve dans cette réponse d’un incroyable aplomb, sous couvert d’une fausse reconnaissance de sa bévue.
La lettre de l’ambassadeur
Dans cette lettre, l’ambassadeur informe l’émission de France 2 de son « indignation par rapport aux propos démesurés et au manque d’information et de prudence du journaliste François Lenglet […] ». Il ajoute que « Monsieur Lenglet se permet d’aller trop loin et signale clairement, sans aucun fondement ou preuve que le gouvernement bolivien et son président sont soumis à la corruption ». Et un peu plus loin : « Les calomnies sans fondement peuvent entraîner des conséquences juridiques auxquelles nous ne voulons pas faire appel. » Et l’ambassadeur de relater en détail le fait qu’une commission mixte parlementaire a enquêté et lavé Evo Morales de tout soupçon dans cette affaire.
L’ambassadeur, magnanime, ne fait aucune demande à la chaîne de télévision publique : ni rectificatif, ni excuses, ni publication de son courrier à une heure de grande écoute (l’émission « Des paroles et des actes » du 26 mai a été suivie par 2,5 millions de téléspectateurs). Il indique même dans sa lettre qu’il ne portera pas plainte – en diffamation sans doute –, alors qu’il en a la possibilité.[...]
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