4 août 2022
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Production agricole et spéculation
Légendes pour le graphique:
Production de céréales (milliards de tonnes): bleu
Indice des prix alimentaires: orange
Indice des prix des céréales: vert
Rapport stocks/utilisation: mauve
Source : FAO, FAO – Les données pour 2021/22 sont des estimations
Le problème tient en grande partie à la spéculation : Les données désormais disponibles montrent que la crise actuelle des prix des denrées alimentaires n’a pas commencé avec la guerre en Ukraine, mais qu’elle résulte de tout un ensemble de problèmes. Parmi ceux-ci, figurent la pandémie de Covid-19 (avec les perturbations qu’elle a entraînées et continue d’entraîner dans les chaînes d’approvisionnement internationales), la crise climatique et la spéculation sur les marchés financiers. Le graphique 1 montre très clairement que la hausse des prix alimentaires est déconnectée de la production et de l’offre, qui sont stables.
De crise alimentaire en crise alimentaire
Quand est-ce que ceux et celles qui occupent des espaces de « pouvoir » comprendront correctement le message ? Alors que le monde est confronté à une crise alimentaire qui ne cesse de s’aggraver – la troisième en 15 ans, selon les experts – on pourrait penser que la réunion d’un grand nombre de gouvernements, comme celle à laquelle nous avons assisté lors de la conférence « S’unir pour la sécurité alimentaire mondiale » qui s’est tenue à Berlin fin juin, se traduirait par des mesures fortes et judicieuses. Mais non. Au lieu de cela, la rencontre a abouti à quelques nouvelles coalitions, un peu plus d’argent sur la table et essentiellement les mêmes mesures que d’habitude. On est bien loin de ce qui serait nécessaire pour surmonter la crise.
Ces dernières semaines, de nombreuses nouvelles données et analyses ont été publiées, qui nous permettent de mieux comprendre ce qui se passe et la façon dont nous pourrions y faire face. Voici quelques éléments clés que nous avons appris.
Nous sommes confrontés à une crise des prix, pas à une pénurie alimentaire : Les prix des denrées alimentaires ont augmenté partout dans le monde en même temps que les coûts de l’énergie, et en partie à cause d’eux. Ce sont les pauvres et les personnes vulnérables qui souffrent le plus de ces hausses de prix. Mais il n’y a pas pénurie alimentaire. Certains pays, comme la Chine ou l’Inde, disposent d’importantes réserves alimentaires dans le cadre d’une stratégie de sécurité alimentaire – et ils devraient être autorisés à le faire, malgré les débats en cours à l’Organisation mondiale du commerce sur la question de savoir si et comment les réserves alimentaires et les interdictions d’exportation faussent les échanges. Mais nos systèmes alimentaires de plus en plus industrialisés ont un impact global, entraînant surproduction, spécialisation et un énorme gaspillage. Environ 60 % du blé produit en Europe est destiné à l’alimentation animale, tandis que 40 % du maïs cultivé aux États-Unis est transformé en carburant pour les voitures. Au niveau mondial, 80 % de la récolte mondiale de soja sert chaque année à l’alimentation animale tandis que 23 % de l’huile de palme mondiale est transformée en diesel. Des pays comme le Vietnam, le Pérou, la Côte d’Ivoire et le Kenya consacrent une quantité considérable de ressources à la culture et à l’exportation de produits agricoles qui ne sont pas essentiels, comme le café, les asperges, le cacao et les fleurs. Pendant ce temps, un nombre incalculable d’hectares dans le monde sont utilisés pour des cultures destinées à la production d’une malbouffe transformée totalement dépourvue de nutriments. Globalement, la production est suffisante. Mais nous sommes effectivement confrontés à des prix élevés, ainsi qu’à des problèmes de main-d’œuvre et de distribution. [...]