
La République catalane n’aura duré que l’instant d’une proclamation unilatérale, précipitée, sans structuration sociale et populaire, sans alliances larges dans et au-delà de la Catalogne ; mais une proclamation qui a politisé toujours plus toute une jeune génération, une proclamation qui mettait en cause tout l’édifice caduc de la « transition modélique et consensuelle » et d’une constitution aux relents néo-franquistes, de 1978, et surtout d’une monarchie imposée par Franco.
Le parlement qui a proclamé l’indépendance de la République catalane était, lui, légitime.
Dans l’immédiat, l’ultra-conservateur et « espagnoliste » Mariano Rajoy, chef du gouvernement de Madrid, partisan d’une Espagne « une », semble avoir gagné. Le 155 n’a pas provoqué, pour le moment, un raz-de-marée contre lui. Mais attention... une victoire en trompe-l’œil. La « question catalane » est partie pour durer. Le problème, nous l’avons dit et répété, est politique. Seules des réponses politiques permettront de réduire les fractures. Le gouvernement de Madrid a choisi la pire des solutions, la répression, en utilisant une justice globalement aux ordres. Le « Fiscal » général, José Manuel Maza, est, de notoriété publique, un homme du PP. Il est chargé du sale boulot, tout comme la juge aux manettes, la très réactionnaire Carmen Lamela. Ces nostalgiques règlent leurs comptes...
« La Audiencia nacional » et le Tribunal suprême, vestiges de la dictature, se sont déjà illustrés en tuant professionnellement le juge Garzón qui prétendait recenser et juger les crimes contre l’humanité du franquisme. Juges proches du PP et du PSOE rivalisèrent alors d’ardeur pour lui couper la tête. Ce faisant et dans le même temps, la justice espagnole se refuse toujours à appliquer la législation internationale en matière de disparus (130 000), et à supprimer, comme lui demandent Bruxelles, et de nombreuses associations des Droits de l’Homme, la loi d’amnistie de 1977. C’est ainsi, par exemple, que l’ancien ministre fasciste de l’intérieur, Rodolfo Martín Villa, se promène en toute liberté dans les rues. La sœur et le beau-frère du roi, qui devraient être en prison, se dorent au soleil. Mais quoi d’étonnant à cela, au fond, dans un pays où l’on compte 3,5 millions de chômeurs à la fin de ce mois d’octobre, et où le droit à un logement décent est considéré comme inconstitutionnel ? [...]
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