À propos de : Agnès Arp, Élisa Goudin-Steinmann, La RDA après la RDA. Des Allemands de l’Est racontent, Éditions du Nouveau Monde. Le site “La vie des idées” nous présente les travaux de chercheurs sur ce qui continue à travailler l’Allemagne : la mémoire de la RDA. Cela fait partie de ce que nous tentons de comprendre, cet héritage civilisationnel laissé en Europe par le socialisme alors même que se lèvent dans ce qui a été longtemps la sphère de la colonisation d’autres expériences socialistes et hybrides. (note de Danielle Bleitrach)
par Anne-Marie Pailhès , le 10 décembre 2020
L’héritage de la RDA – La Vie des idées (laviedesidees.fr)
Un important travail d’histoire orale permet de retracer la vie des Allemands de l’Est «vue d’en bas». À la dévalorisation de la RDA dans les années 1990 a succédé une réappropriation identitaire par ses citoyens. L’«autre Allemagne» nourrit une recherche de plus en plus dynamique.
L’Allemagne célèbre ses trente ans d’unification, qui ne sont toujours pas trente années d’unité. L’ouvrage d’Élisa Goudin-Steinmann et Agnès Arp apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la RDA et le processus d’unification ne sont pas de lointains souvenirs, mais des expériences au long cours qui continuent d’exercer une forte influence sur la vie de la nation allemande tout entière.
Une histoire orale de la RDA
Bien loin des discours tenus dans les années 1990 par les nouveaux «vainqueurs de l’histoire», cet ouvrage propose une histoire d’en bas de la vie des Allemands de l’Est en RDA, et pendant les trente années qui ont suivi la disparition du second État allemand, fondé en 1949 et officiellement absorbé par son grand frère le 3 octobre 1990. Le temps écoulé – une génération – permet de poser un regard plus apaisé sur ce petit État qui n’a existé que durant 40 ans, mais qui marque de son empreinte le vécu d’une partie importante de la population allemande, alors que l’autre partie continue d’ignorer le passé et l’existence actuelle des Allemands de l’Est.
Les chercheuses Élisa Goudin-Steinmann (germaniste, maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle) et Agnès Arp (historienne, chercheuse à l’université d’Iéna) inscrivent leur travail dans le mouvement de réhabilitation de certains aspects de la vie quotidienne en RDA par le biais de la revalorisation des études d’histoire orale. En effet, le matériau principal servant de fondement à cette étude est constitué par un corpus d’entretiens biographiques, menés en 2018 et 2019 avec des Allemands de l’Est de tous âges et de tous milieux, qui ont en commun d’être restés des anonymes, et dont le témoignage n’a pas été rendu public jusqu’ici. Un résumé biographique figure en fin d’ouvrage pour chacune des vingt personnes longuement interrogées. [...]
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