Manifestation contre l’islamophobie, le 14 mars 2015 à Paris
Revenant sur une actualité nourrie depuis de nombreuses années par de faux débats sur les présumés musulmans, Nedjib Sidi Moussa offre dans La Figure du Musulman une vigoureuse et éclairante réflexion sur le rôle des politiques dans la propagation d’une fièvre identitaire confusionniste et apeurée. Soulignant l’opportunisme ou l’aveuglement de certains courants réactionnaires, Nedjib Sidi Moussa met en lumière l’action des racistes, des antiracistes et des entrepreneurs communautaires dans le remplacement de l’« Arabe » par le « Musulman », de l’ouvrier par le délinquant radicalisé. Mais que faut-il précisément entendre par cette figure du Musulman ? Ne s’agit-il pas d’une figure sciemment utilisée par certains pour détruire la classe ouvrière ? Et comment expliquer cette complaisance de « la gauche de la gauche » pour les thèses confuses et peu rigoureuses des Indigènes de la République et de leur figure de proue, Houria Bouteldja ? Autant de questions que Diacritik a voulu poser, le temps d’un grand entretien, à Nedjib Sidi Moussa, auteur de l’un des essais les plus remarquables de ces dernières années.
Ma première question porte sur la genèse de votre vigoureuse réflexion sur la fabrique du Musulman telle que vous l’identifiez dans le paysage politique mais aussi bien médiatique de la France des années 2000 et 2010. Comment s’est imposée à vous l’idée de votre essai ? De quelles considérations ou peut-être de quels événements particuliers êtes-vous parti puisque vous indiquez dans votre avant-propos avoir œuvré depuis « un contexte particulier, celui de la France de 2016 » ? Comment cette figure majuscule du Musulman s’est-elle imposée comme la pièce maîtresse de ce que vous nommez sans détours « un réagencement de la société française » contemporaine ? [...]
Suite de l'entretien sur le site Diacritik :