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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 08:15
La nouvelle semble saugrenue, elle est pourtant très sérieuse et souligne la montée des tensions à l'est : l'Allemagne vient de livrer 120 de ses meilleurs chars d'assaut à son allié polonais, pour contrer l'adversaire russe déclaré, dans un contexte de crise ukrainienne.

 

 

 

 

Des chars allemands traversant la frontière polonaise. Même si c'est sur des rails cette fois, la nouvelle a fait grincer des dents au sein de l'opposition ultra-nationaliste menée par Kaszcynski.

Toutefois, le gouvernement polonais de Tusk a défendu fermement son acquisition : « en cas de conflit, nous devrons nous tourner vers Berlin », ce à quoi Berlin a répondu qu'ils auront besoin de la Pologne « en cas de guerre en Europe de l'est ».

Le ton est donné, l'axe Berlin-Varsovie prépare l'affrontement avec la Russie.



Un « cadeau » allemand pour renforcer le Front est face à la Russie

 

Dans ce combat commun, c'est la Pologne qui est sur la ligne de front, à proximité de l'enclave de Kaliningrad et de la Biélorussie. Elle aura besoin du fleuron de l'industrie de guerre allemand : le char Leopard 2, livré à 120 exemplaires.

Le contrat avait été signé il y a six mois, en novembre 2013 … au moment même où le président ukrainien corrompu Ianoukovitch faisait machine arrière et refusait de signer l'accord d'association avec l'Union européenne. Il y a des coïncidences troublantes.

Le contrat est estimé à 1 million d'euros par char, loin du prix estimé à 3 millions d'euros. Selon le journal polonais Politika, certains pays étaient prêts à proposer beaucoup plus, mais l'Allemagne a fait un choix géopolitique conscient, quitte à perdre de l'argent dans la transaction.

 

En 2001, déjà, la Pologne avait reçu en cadeau 120 vieux modèles du Léopard 1 ère génération pour la somme symbolique d'1 €.

Il s'agit bien de sceller – par la livraison de ce char construit par la RFA pour lutter contre l'ennemi soviétique – un axe fort, censé structurer le front européen de l'OTAN, en cas de conflit avec la Russie.

Le Leopard 2 est considéré comme un des meilleurs chars d'assaut au monde, le tank le plus exporté parmi les modèles européens (dans près de 20 pays). Les équipages polonais, qui ont connu le T-72 soviétique, louent déjà sa maniabilité.

Bénéficiant d'un blindage et d'un armement de dernière génération, il est dit supérieur aux modèles russes héritées de l'ère soviétique, le T-72 voire le T-80.



Réarmement polonais pour l' « allié stratégique » des Etats-unis

 

Pour l'armée polonaise, cette manœuvre s'intègre dans un réarmement général : à terme, la Pologne veut développer ses propres chars comme elle l'a fait avec le véhicule de transport blindé « Rosomak », à l'origine un modèle finlandais, déjà présent en Afghanistan et au Tchad.

La Pologne souhaite remplacer ses stocks de matériel soviétique (les T-72 et les BMP), issus du Pacte de Varsovie, par un matériel aux normes de l'OTAN.

Elle envisage également de diversifier ses forces armées, notamment en achetant des sous-marins pour contrer la marine russe dans la Baltique.

Dans le même temps, l'intégration de la Pologne au système de défense anti-missile américain révèle bien le rôle d' « allié stratégique » des Etats-unis, pour citer Obama lors de sa visite à Varsovie en juin 2013, pilier de l'OTAN sur le front de l'Est.



et tournant militariste pour l'Allemagne présente sur tous les fronts

(Ukraine, Mali, Centrafrique)

 

Du côté allemand, cette manœuvre se comprend dans un tournant militariste entamé nettement depuis un an, si on suit les discours du président Gauck, des ministres des Affaires étrangères Westerwelle puis Steienmeier.

Des discours tous axés sur la nécessité pour l'Allemagne de jouer un rôle plus important dans le monde, un rôle dirigeant en Europe, et d'intervenir plus systématiquement dans les zones de conflit.

Une nouvelle weltpolitik (politique mondiale)reposant surla levée du tabou de la reconstruction de la puissance militaire allemande, et celui du nationalisme allemand assumé.

Une politique qui n'a pas tardé à se traduire par le terrain. On sait bien que les agissements de l'opposition ukrainienne ont été alimentés, couverts voire fomentés par les chancelleries polonaises, en première ligne, et allemandes, plus en retrait.


Outre l'Ukraine, l'Allemagne a décidé depuis un an de participer aux interventions en Afrique, une nouveauté.Des troupes allemandes sont présentes auprès des troupes d'occupation françaises au Mali depuis un an, en Centrafrique depuis quelques semaines.

Cent ans après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, au moment où le militarisme allemand renaît de ses cendres, il y a de quoi se replonger dans l'histoire : la crise du capitalisme, les rivalités impérialistes, la course aux armements, la montée des tensions, autant d'éléments qui ont conduit à ce carnage des peuples.


Que le cri « Nie wieder krieg », plus jamais la guerre, résonne encore en France, en Allemagne, comme sur le Front de l'est !

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 07:49

Le livre noir de la guerre

roberta-pinotti

Photo : la ministre Roberta Pinotti


Après avoir reçu l’imprimatur du Conseil suprême de défense, convoqué par le président Napolitano, la ministre Roberta Pinotti (ministre de la défense du gouvernement Renzi, ndt) a publié les lignes directrices du futur « Livre blanc pour la sécurité internationale et la défense », qui tracera « la stratégie évolutive des Forces armées à l’horizon des 15 prochaines années ». Stratégie qui, comme l’indiquent les lignes directrices, continuera à suivre le sillon ouvert en 1991, immédiatement après que la République italienne avait combattu dans le Golfe, sous commandement étasunien, sa première guerre. Sur le modèle de la réorientation stratégique du Pentagone, la Ministre de la défense du gouvernement Andreotti annonça alors un « nouveau modèle de défense ». Violant la Constitution[1], il établissait que le devoir des Forces armées est « la tutelle des intérêts nationaux, dans l’acception la plus vaste de ces termes, partout où c’est nécessaire » et définissait l’Italie comme « élément central de la zone qui s’étend du Détroit de Gibraltar à la Mer Noire, en se raccordant, à travers Suez, avec la mer Rouge, la Corne d’Afrique et le Golfe Persique ». Ce « modèle de défense » est passé d’un gouvernement à l’autre, d’une guerre à l’autre toujours sous commandement USA (Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye), sans jamais être discuté en tant que tel au parlement. Il ne le sera pas plus à présent : la ministre de la Défense –a décidé le Conseil suprême de la défense présidé par Napolitano- enverra les lignes directrices aux présidents des commissions Affaires étrangères et Défense des deux branches du parlement, « afin qu’en puissent éventuellement venir des évaluations et des suggestions utiles à la définition du Livre blanc, dont le gouvernement assume l’initiative et la responsabilité ».


Reste donc inchangé l’orientation de fond, qui ne peut être mise en discussion. Le devoir des forces armées –rappelle-t-on dans les lignes directrices- est non pas tant la défense du territoire national, aujourd’hui beaucoup moins sujet à des menaces militaires traditionnelles, que la défense des « intérêts nationaux », surtout les « intérêts vitaux », en particulier la « sécurité économique ». Sécurité qui consiste dans la « possibilité d’avoir l’usufruit des espaces et des ressources communes mondiales sans limitations », avec une « référence particulière aux ressources énergétiques ». A cet effet l’Italie devra opérer dans le « voisinage oriental et méridional de l’Union européenne, jusqu’aux pays du dit voisinage étendu » (y compris le Golfe Persique). Pour la sauvegarde des « intérêts vitaux » -explique-t-on –« le pays est prêt à avoir recours à toutes les énergies disponibles et à tout moyen nécessaire, y compris l’utilisation de la force ou la menace de son emploi ».

Dans le proche avenir les Forces armées seront appelées à opérer pour la poursuite d’objectifs toujours plus complexes, puisque « des risques et des menaces se développeront à l’intérieur d’aires géographiques étendues et fragmentées, soit proches soit éloignées du territoire national ». Se référant en particulier à l’Irak, la Libye et la Syrie, le Conseil suprême de défense souligne que « tout Etat en faillite devient inévitablement un pole d’accumulation et de diffusion mondial de l’extrémisme et de l’illégalité ». En ignorant que la « faillite » de ces Etats dérive du fait qu’ils ont été démolis par la guerre de l’OTAN, avec la participation active des Forces armées italiennes. Selon les lignes directrices, ces forces doivent de plus en plus être transformées en « un instrument ayant un ample spectre de capacité, intégrable dans des dispositifs multinationaux », à employer « dans toute phase d’un conflit et sur une période prolongée ».

Les ressources énergétiques à destiner à cet objectif, indique le Conseil suprême de défense, « ne devront pas descendre au-dessous de niveaux minimaux infranchissables » (qui seront de plus en plus hauts) car –souligne-t-on dans la ligne guide- «l’instrument militaire représente pour le pays une assurance et une garantie pour son propre avenir ». À cette fin on annonce une loi de budget quinquennal pour les plus grands investissements de la Défense (comme l’acquisition du nouveau chasseur F-35), de manière à fournir « l’indispensable stabilité de ressources ».

Il convient en outre de « pousser l’industrie à évoluer selon des trajectoires technologiques et industrielles qui puissent répondre aux exigences des Forces armées ».

En d’autres termes, il faut donner une impulsion à l’industrie guerrière, en misant sur l’innovation technologique, « rendue nécessaire par l’exigence d’une adéquation continue des systèmes », c’est-à-dire du fait que les systèmes d’arme doivent continuellement être modernisés. En même temps, est nécessaire non seulement un meilleur entraînement militaire, mais un rehaussement général de la «condition sociale du personnel militaire », à travers des ajustements juridiques et légaux.

Comme elle naît de l’ « exigence de protéger les intérêts légitimes de la communauté », affirme-t-on dans les lignes directrices, « la Défense ne peut pas être considérée comme un thème d’intérêt essentiellement des militaires, mais de toute la communauté ». La ministre Pinotti invite ainsi tous les Italiens à envoyer d’ « éventuelles suggestions » à la boîte aux lettres électronique librobianco@difesa.it. Espérons que les lecteurs du manifesto soient nombreux à le faire.

Manlio Dinucci

Edition de mardi 24 juin 2014 de il manifesto 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

La rubrique hebdomadaire L’art de la guerre étant généralement traduite en 5 langues (en anglais, directement de l’italien, puis à partir de la version française en arabe, espagnol et portugais), nous espérons que des lecteurs appartenant à « toute la communauté » désirant « protéger [ses] intérêts légitimes », y compris hors du territoire italien, feront parvenir à la ministre Pinotti, pour le futur « Livre blanc pour la sécurité internationale et la défense », d’« éventuelles suggestions » compatibles avec l’art. 11 de la Constitution de la République italienne de 1947, que nous encourageons le lecteur à lire intégralement. NdT.

 

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 07:35

Vu sur Venezuela infosAllez sur ce site pour visionner les vidéos qui n'apparaissent pas sur cet article repris.

¨Carlos, l’aube n’est plus une tentation¨, un film entre révolutions sandiniste et bolivarienne

 

Carlos, l’aube n’est plus une tentation est le premier documentaire consacré au nicaraguayen Carlos Fonseca Amador (1936-1976), fondateur du Front Sandiniste de Libération Nationale, historien, idéologue et guérillero visionnaire de la révolution latino-américaine. Deux ans de voyages et d’enquête de terrain ont permis de reconstruire la vie et la pensée originale de “l’autre Che” en parcourant les lieux-clefs de sa longue marche, de Matagalpa à la Havane et de León à Zinica, avec les combattants qui l’ont connu personnellement, tels les paysans qui alimentaient sa guérilla.

Format original : Vidéo haute définition (HDV NTSC). Durée : 1 h. 22. Production : Las Tres Raíces, Venezuela. Avec l’appui de Zin TV (Bruxelles). Image : Henry Linares, Deylin Peugnet et Olivier Auverlau. Assistante de réalisation : Marjorie Arostegui. Musique : Philippe Tasquin. Enquête, scénario, réalisation, prise de son et montage : Thierry Deronne.


Diffusion du DVD (V.O. sous-titres FR) : France Amérique Latine, Comité Bordeaux Gironde, courriel : lesrencontres@fal33.org , 16, rue Son Tay, 33800 Bordeaux – France. Tél : +33 (0)556 852 735.

L’équipe de France Amérique Latine (www.fal33.org) s’attache à soutenir les réalisateurs latino-américains, notamment en organisant depuis 1983 les Rencontres du Cinéma Latino-Américain. Année après année, l’objectif reste le même : proposer une programmation riche en découvertes avec des films inédits, des avant-premières, une compétition de films documentaires et surtout de nombreuses rencontres avec des invités pour échanger sur les enjeux sociaux, politiques, historiques et culturels de l’Amérique latine.


Première du film à Managua, quartier populaire de San Judas.

Première du film à Managua, Nicaragua, quartier populaire de San Judas.

Commentaires sur le film

Un film émouvant à l’image de la rencontre du commandant Borge avec son rêve d’un parc d’enfants

Alex Cox, cinéaste britannique, réalisateur de “Walker

C’est un cadeau non seulement pour ma famille mais pour les nouvelles générations qui, comme la fillette qui apparaît au début du documentaire, ignorent tout de cette Histoire

Tania de los Andes Fonseca, fille de Carlos Fonseca

Alors que beaucoup de films ne la peignent que par petites touches, ce documentaire donne accès à la séquence complète de l’Histoire

Gilda Bolt, Ambassadrice du Nicaragua au Salvador

Il faut que la jeunesse le voie dans tout le Nicaragua

Tomás Borge, Commandant de la Révolution, lors de la première du film à Managua.

 

Interview du réalisateur Thierry Deronne par la journaliste vénézuélienne Sonia Contreras

 

Sonia Contreras – Que retiens-tu des témoignages rassemblés autour de la vie de Carlos Fonseca ?

Thierry Deronne : d’abord, la gorge nouée de beaucoup lorsqu’ils évoquaient la perte d’un leader visionnaire qui en même temps était le frère humble, celui qui te parlait avec clarté. Les paysans qui l’appuyèrent durant sa guérilla dans les montagnes se sont mobilisés pour participer au tournage en réactivant leur réseau. Pour projeter le documentaire dans diverses communautés, ils sont allés en charrette à chevaux emprunter un générateur d’électricité dans un village appelé La Concordia. Du froid des montagnes du nord du Nicaragua, nous est parvenue cette énergie, ce sentiment.


Sonia Contreras – Comment as-tu procédé pour ton enquête ?


Enquête parmi les collaborateurs historiques de El Carmen, Matagalpa.

Enquête parmi les collaborateurs historiques de El Carmen, Matagalpa.


Dès le début l’objectif fut de contribuer à écrire une Histoire détruite par les grands médias, pour la rendre au peuple, en particulier à la jeunesse. Avant de commencer à enquêter, je me suis demandé : comment nous libérer de la “Fin de l’Histoire” et du dogme de ¨la Vie”, de l’intimisme des tranches de vie télévisées qui règnent depuis les années 80, de ce centrage sur l’individu qui est une forme subtile d’obscurantisme ? La première réponse fut que si ce sont les peuples qui font l’Histoire, nous devons la raconter de leur point de vue. Écouter celles et ceux qui ont lutté dans l’ombre avec Fonseca ne revient pas à nier l’individu mais à lui rendre sa vraie dimension. La priorité fut donc de retrouver celles et ceux qui ont connu personnellement Fonseca, mais aussi d’incarner la mémoire populaire dans des personnages anonymes. C’est une idée empruntée à Rius, un extraordinaire dessinateur mexicain qui raconte l’Histoire et vulgarise la philosophie à partir de petits personnages populaires en marge du texte. D’autre part, le Carlos de 1976 n’est plus celui de 1936 parce que l’Histoire l’a transformé, il fallait donc s’immerger dans la reconstruction d’une dialectique sociale, économique, politique, avant de pouvoir écrire le scénario.


Sonia Contreras – Tu disais que ce qui t’a motivé était le risque de voir disparaître la mémoire de Carlos Fonseca Amador. En faisant ce film, qu’as-tu découvert ?


Carlos Fonseca emprisonné en 1969 au Costa Rica. Un appel international fut lancé pour sa libération avec parmi les signataires, un certain jean-Paul Sartre.

Carlos Fonseca emprisonné en 1969 au Costa Rica. Un appel international fut lancé pour sa libération avec parmi les signataires, un certain jean-Paul Sartre.


T.D. –  Si nous parlons encore aujourd’hui de Fonseca (ou de Simón Bolívar, de Simón Rodríguez, de Augusto Sandino), c’est parce qu’ils ont fait le ¨travail¨. Ils ont pensé à notre avenir en pressentant qu’il serait notre présent. Fonseca fut une intelligence supérieure à son temps : il pensait la formation intégrale comme garantie de l’irréversibilité d’une révolution socialiste. Il a donné des cours à ses militants jusqu’au dernier jour pour organiser les combattants, collaborateurs, les cadres qui l’entouraient. Pour lui l’unité, la modestie, la sincérité, étaient les ferments d’un nouveau type de conscience. Cette vision, Fonseca la puisait chez Sandino, le rebelle nicaraguayen des années 30, adoubé Général des Hommes Libres par ses paysans-soldats métis et indigènes. Or, dans les rares écrits de Sandino, recueillis, étudiés, publiés par Fonseca, on trouve le ¨Plan de réalisation du rêve de Bolívar¨ dans lequel il propose aux 21 gouvernants latino-américains la création d’une banque latino-américaine pour le développement, de voies de communication, d’une citoyenneté et d’un passeport latino-américains, d’une cour de justice et d’une force de défense commune constituée par les nations latino-américaines pour garantir leur souveraineté et du canal interocéanique dont le gouvernement de Daniel Ortega vient de lancer la construction et qui va devenir un moteur économique très puissant… Sandino avait tout pensé dans les années trente… Hé bien nous y sommes… Si tu lis l’Histoire avec les yeux du principal sujet historique, de la majorité sociale, tu te rends compte qu’aujourd’hui le Nicaragua réalise peu à peu le programme historique conçu par Carlos Fonseca : une assemblée nationale à majorité féminine, l’appui direct au petit producteur agricole, l’armée populaire et patriotique, l’autonomie de la Région Atlantique, l’unité des peuples d’Amérique Latine et les réalisations de l’ALBA, tout ne fait que commencer. Depuis le retour du Front Sandiniste au gouvernement en 2006, la pauvreté générale – qui était de 50% – a baissé de 8%.


Sonia Contreras – Carlos publia en 1975 le manifeste clandestin ¨Qu’est-ce qu’un sandiniste ?¨ où il jetait les bases morales du militantisme : "Le sandiniste doit posséder un authentique esprit critique, car cet esprit donne plus de consistance à l’unité, la renforce et lui donne sa continuité, alors qu’une critique mal comprise et qui met en péril l’unité perd son sens révolutionnaire¨. Qu’en penses-tu dans le cadre de la révolution bolivarienne ?


T.D. – Pour Carlos il fallait à tout prix éviter l’inclusion dans le Front d’éléments petit-bourgeois qui débarquent avec leurs critiques ¨démocratiques¨. Carlos préférait enseigner aux travailleurs l’art de la critique à partir des erreurs pour ¨être plus¨ comme disait Paulo Freire… Aujourd’hui au Venezuela, avec l’impulsion de Nicolas Maduro, la révolution bolivarienne tente de faire émerger le nouveau pouvoir des organisations communales, il y a un déplacement du champ politique classique, d’où découle la possibilité, la nécessité d’une critique et d’une autocritique populaire. La guerre médiatique non seulement nous empêche de voir le passé et le futur, elle déplace et occulte ce qui devraient être les champs principaux de l’information. Nous devons sortir du cercle argumentaire des médias pour pouvoir informer et réfléchir sur ce que nous faisons autour d’une nouvelle forme de vie, sur ce que signifie un pouvoir, une économie exercée par des communes organisées. C’est là où on comprend que la critique populaire n’a rien à voir avec la critique ¨médiatique¨ que pratiquent la plupart des journalistes. Il y a une autre ressemblance de Carlos Fonseca avec Hugo Chávez : tous deux parlaient la langue du peuple. Fonseca recommandait aux cadres de s’exprimer dans un langage clair. Rafael Correa aime citer Fonseca : ¨Il faut critiquer de face et faire l’éloge dans le dos”.


Sonia Contreras – Comment s’est passée la participation du Commandant Tomás Borge ?

Tomás Borge, de retour dans la prison où il subit neuf mois de torture

Tomás Borge, de retour dans la prison somoziste où il subit neuf mois de torture.


T.D. – Malgré sa santé fragile – il allait mourir quelques mois plus tard -  il nous a beaucoup aidés. Sous son caractère rude, on percevait une grande nostalgie. Au début du film, on le voit rencontrer par hasard une jeune étudiante et il lui demande si elle sait ce que fit Somoza. Elle l’ignore et Borge est abasourdi, il n’arrive pas à le croire, ne comprend pas. Comment une lycéenne peut-elle ignorer que ce dictateur installé par les États-Unis a assassiné 200.000 nicaraguayens ? Lors du montage final il nous a rappelé cette rencontre, il voulait montrer le film aux quatre coins du pays. Il vint à la première, à la Cinémathèque de Managua, pour demander aux adolescents de ne pas oublier les causes de la révolution. Les derniers mots qu’ils nous a adressés furent : ¨Entre nous, Carlos Fonseca était beaucoup plus grand que toute la révolution sandiniste¨.


Sonia Contreras – Si nous situons le documentaire dans l’ici et maintenant de la révolution bolivarienne, que peut-il nous apporter de plus ?


T.D. – Dans le documentaire nous mettons l’accent sur un épisode de la lutte sandiniste aussi fondateur que notre 4 février 1992 au Venezuela, c’est la Geste Héroïque de Pancasán, en 1967. Du point de vue militaire ce fut une lourde défaite pour la guérilla mais qui se transforma en victoire morale parce qu’elle montra au peuple que les sandinistes étaient capables de mourir pour lui. Cet épisode fit beaucoup pour marquer la fin de l’apathie, pour réveiller  la Nation nicaraguayenne. Ce qui pousse à réfléchir sur l’idée fondatrice d’unité civico-militaire.

Dans le Programme Historique des sandinistes, Carlos Fonseca insère la création d’une ¨armée populaire et patriotique¨. Sandino est à Fonseca ce que Zamora est à Chavez. Depuis les montagnes du nord du Nicaragua, Sandino rappelait ¨nous ne sommes pas des soldats mais des citoyens armés¨ et depuis son ¨llano¨ vénézuélien, Ezequiel Zamora, autre général paysan, posait sur son képi militaire un chapeau paysan pour symboliser cette double nature de soldat/peuple. A partir de ces racines, Fonseca et Chavez comprennent que défendre durablement un processus révolutionnaire, signifie défendre la souveraineté tout en élevant le niveau de conscience. Tous deux croient dans une police et dans une armée non répressives, au ¨citoyen armé¨ dont parle Sandino. Carlos Fonseca admirait Ho-Chi-Minh pour sa capacité à créer une armée populaire, s’opposait aux enlèvements et préconisait la formation de gardes nationaux du somozisme pour les humaniser et les insérer dans le processus révolutionnaire. Un jour que son jeune fils, pour un jeu dans le quartier, l’interroge sur les grades militaires, Fonseca lui répond que le plus haut est celui de ¨simple soldat”.

Comme pour Chavez, c’est ce concept civico-militaire qui provoque la rupture de Fonseca avec la gauche classique, assez éloignée du peuple et qui préférait, dans le cas du Nicaragua, ¨attendre les élections¨. Quand Fonseca s’oppose à ce pacifisme de l’opposition à Somoza il réaffirme la nécessité d’une voie politico-militaire pour que la révolution puisse se défendre et se construire à long terme, et relie le Front Sandiniste à son ancêtre, l’Armée de Défense de la Souveraineté Nationale mise sur pied par Sandino. A Caracas, en janvier 2013, Evo Morales nous disait : “En Bolivie aussi nous avions des forces armées désidéologisées qui terrorisaient les enfants, des soldats utilisés pour tuer. Nous avons expulsé les étasuniens de notre État-Major, de même qu’au Vénézuéla. Ce que garantit la révolution bolivienne ce sont des mouvements sociaux alliés à des forces armées conscientes.”


Tournage dans les montagnes de Matagalpa.

Tournage dans les montagnes de Matagalpa.


Sonia Contreras – Tu parlais de la mémoire paysanne, de ceux qui appuyaient la lutte du guérillero Fonseca, qu’as-tu appris auprès d’eux ?


T.D. –L’enquête a révélé le rôle peu connu des syndicats ruraux dans la genèse de la guérilla du FSLN. Les bases de la guérilla de Pancasán s’enracinaient dans les luttes menées par les journaliers indigènes pour améliorer leurs conditions de travail et pour récupérer leurs terres ancestrales. Comme dit le commandant Borge dans le film, “beaucoup ont été assassinés parce qu’ils aidèrent le Front sandiniste, ils ont offert leurs vies”. C’est un autre élément important de l’enquête : sous chaque silence il y a la voix de ceux qui parlent sous la terre, des corps sans sépulture qui flottent sur nos têtes, qui continuent à penser pour nous, qui nous pressent d’agir. Parmi les points du programme historique du Front Sandiniste, Carlos Fonseca inscrivit “Vénération des martyrs” pour que les anonymes des poèmes de Roque Dalton, les “Saints” de Leonel Rugama, donnent un sens à nos vies.

Víctor Guillen dans la nuit de Pancasán. Guide de la guérilla de Carlos Fonseca en 1967.

Víctor Guillen dans la nuit de Pancasán. Guide de la guérilla de Carlos Fonseca en 1967.

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Images du film

Image du film

Image du film

Trailer et plus d’informations sur Carlos Fonseca : www.filmfonseca.wordpress.com

 

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 17:00

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Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

L'été sera chaud sur les rails, pas seulement en France mais aussi en Belgique où le principal syndicat cheminots, la CGSP, a lancé un appel à la grève nationale pour le 30 juin pour lutter contre la politique de casse du service public du rail incarné par la SNCB.

 

 

 

Les cheminots français ne sont décidément pas seuls. Mais les travailleurs du rail belges ne se contentent pas de messages de solidarité, effectivement envoyés à leurs camarades français. Place à la solidarité de fait, avec une journée de grève générale dans le secteur pour le 30 juin.

 

36 jours de congé en retard par an et par cheminot en Belgique !

 

Un mouvement de grève lancé par la CGSP – la centrale des services publics de la FGTB (proche des socialistes historiquement) –, alors que la CSC Transcom et la SLFP, respectivement syndicats chrétiens et libéraux du secteur, ont réservé leur participation à l'action.

Si la direction de la SNCB, préoccupée à l'approche des vacances, a tenté une ultime conciliation ce vendredi par l'intermédiaire de son nouveau gestionnaire du personnel, HR-Rail, la CGSP a considéré qu'aucune concession n'avait été faite sur les revendications des salariés de la SNCB.

La revendication numéro un, souvent la seule relayée par la presse belge, c'est la régularisation des « jours de liberté », de repos, accumulés mais non octroyés aux salariés de la SNCB : en tout 1 million de jours pour les 35 000 cheminots, soit 36 jours de congé en retard par personne !

 

Les « réformes ferroviaires » depuis 2005 :

précarisation du personnel, privatisation de la SNCB, dégradation du service

 

Toutefois, la colère des cheminots belge va au-delà de cette question. Elle remet en cause les « réformes ferroviaires » qui ont touché le secteur depuis 2005 et n'ont contribué qu'à précariser le personnel, dégrader le service public, et progressivement casser la SNCB.

Les craintes des syndicats cheminots portent avant tout sur le recrutement du personnel de la SNCB, tant en quantité qu'en qualité.

En quantité, car les effectifs de la SNCB fondent depuis une dizaine d'années, ce sont en moyenne 500 à 1 000 emplois qui sont perdus cette année. De 2004 à 2014, on est passé de 40 à 35 000 employés à la SNCB.

En qualité également, avec le développement des emplois non-statutaires dénoncés par les syndicats depuis des années, qui se sont nichés dans les filiales de la SNCB, et qui remettent en cause le statut unique du cheminot qui est la norme d'emploi dans l'entreprise publique.

Les secteurs pionniers de cette filialisation ont été, comme ailleurs : la logistique-l'entretien (« B-Logistics »), le fret (« B-Cargo »), sans oublier l'essor des activités de consulting liés aux projets informatiques (« Ypto »).

Or, ce processus de dégradation des conditions d'emploi est indissociable de la casse de la SNCB, but ultime des différentes « réformes ferroviaires » menées depuis 2005.

 

L'éclatement de la SNCB, un cas éclairant pour la France

 

Une réforme en deux phases.

 

En 2005, la SNCB a été éclatée en trois groupes, avec la séparation de l'infrastructure, coûteuse et confiée à l'entreprise publique « Infrabel », et de l'exploitation du réseau, laissée entre les mains de la SNCB, se préparant à l'ouverture à la concurrence du transport de voyageurs intérieur.

Trois groupes car une troisième entité avait été créée, chapeautant les deux autres, la « SNCB Holding », propriétaire du patrimoine immobilier, employeur de l'ensemble du personnel et chargée de coordonner les efforts entre les trois entités.

 

Cette troisième entité, « SNCB-Holding », avait été présentée comme une contre-partie aux syndicats, une façon de garantir le maintien d'un statut unique des cheminots, et d'une structure unifiée dans la nouvelle SNCB.

L'évolution des conditions d'emploi à la SNCB a prouvé que ceci n'était que poudre aux yeux : l'éclatement de la SNCB en trois entités a été le point de départ de la casse du statut par la filialisation accélérée, concurrence intégrée au sein même de l'entreprise publique.

 

En 2014, ces trois entités ont été officiellement fusionnées en deux : la SNCB Holding était ré-intégrée à la SNCB, opérateur historique du réseau, tandis qu'Infrabel restait à la tête de l'infrastructure …

Ce qui n'empêche pas la création d'une nouvelle troisième entité, HR-Rail gérant l'ensemble du personnel. L'usine à gaz dénoncée avec l'éclatement de la SNCB en trois continue.

 

Le faux argument de la dette, prétexte à l'éclatement de la SNCB

 

L'argument avancé alors en 2005, et encore en 2014, pour la séparation de l'infrastructure et de l'opérateur est celui de la dette du ferroviaire : 4 milliards d'euros en 2014.

Là encore, un argument de la dette qui ne tient pas à l'analyse, même sommaire. Dernier scandale en date, le service de la SNCB dédié à la liaison avec l'aéroport de Bruxelles et construit en PPP (Partenariat public-privé) entre Infrabel et l'entreprise privée Diablo.

Diablo a financé 300 des 678 millions d'euros du projet en échange de la propriété du projet pendant 35 ans

Entre la rente payée par Infrabel (9 millions par an), la taxe sur les billets versée par les voyageurs (4,40 € par ticket), et même un montant forfaitaire par billet vendu par la SNCB (0,5 % de tous les billets) : c'est 922 millions d'euros assurés pour Diablo, soit trois fois l'investissement initial !

Comble de cette chère politique de privatisation, Infrabel a intégré une clause qui lui permet de poursuivre la SNCB et de récolter 1 milliards de dommages si le nombre de voyageurs par an est inférieur à 4,5 millions. Actuellement, il peine à dépasser les 3,5 millions de voyageurs par an.

 

Un hold-up sur le dos du contribuable qui pourrait faire passer la dette du ferroviaire de 4 à 5 milliards par an.

 

« Plan transport 2014 » de la SNCB : les usagers, premiers pénalisés

 

Le prétexte de la dette légitime dans le « Plan de transport 2014 » de la SNCB une dégradation inédite du service public du rail.

C'est d'abord la suppression de centaines de trains – notamment les premiers et derniers, mais aussi la quantité de trains aux heures de pointe –, la hausse des tarifs et des trains aux trajets toujours plus longs. Un exemple, le Bruxelles-Namur mettait 48 minutes en 1938, contre 51 minutes aujourd'hui !

Les usagers sont les premiers pénalisés par les réformes ferroviaires et la casse de la SNCB : le taux de ponctualité des trains est passé de 93 % en 2004, contre 86 % en 2012.

 

Les cheminots belges, comme ceux français, se battent non seulement pour défendre leurs droits, leurs conditions de travail mais aussi le droit des usagers à un service public de qualité et accessibles.

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 14:50
Résister au capitalisme, reconstruire l’unité de pensée et d’action des communistes

par  lepcf.fr


Un appel à un débat ouvert pour une conférence nationale utile et sans tabou !

Le Conseil National des 14 et 15 juin a décidé la convocation d’une conférence nationale pour les 8 et 9 novembre 2014. Après les résultats des élections municipales et européennes, cette décision s’imposait.


Il est urgent que les communistes ouvrent un examen sans tabou de la stratégie suivie depuis 2008. En effet, des avis divers s’expriment quant à l’analyse des résultats et aux propositions pour l’avenir.

Malgré cela, l’ordre du jour décidé par moins de la moitié des 160 membres du Conseil National tend à nous enfermer dans le refus de toute remise en cause de la ligne suivie.

Nous appelons les communistes dans leur diversité à s’emparer de cette conférence nationale, à en transformer l’ordre du jour pour permettre un débat utile pour notre parti et notre peuple.

Les élections municipales et européennes ont créé une situation nouvelle lourde de dangers. La gauche est durablement disqualifiée, la droite a conquis de nombreuses communes, le Front National confirme sa dynamique avec le gain de plusieurs villes et sa course en tête aux élections européennes. L’abstention structure durablement les comportements politiques y compris d’anciens électeurs communistes.

Notre parti a subi une défaite importante avec la perte de nombreux élus et villes communistes, puis d’un député communiste européen, pertes qui s’ajoutent à celles des conseillers régionaux et généraux en 2011, députés en 2012.

Cette perte d’élus utiles au mouvement populaire accompagne et aggrave l’affaiblissement de notre organisation, du rayonnement de nos idées, de notre lien populaire.

Notre représentation est atteinte à tous les niveaux, notre crédibilité affaiblie. Il nous faut nous poser avec lucidité la question de notre visibilité et de notre capacité à être audible par le peuple.

De nombreux camarades, quelqu’ait été leur opinion dans les débats antérieurs, constatent que les objectifs fixés au Front de gauche par le PCF n’ont pas été atteints.

Pire, l’affaiblissement du PCF s’est poursuivi, particulièrement dans son ancrage populaire et ouvrier, jusqu’à menacer notre existence nationale.

Suffit-il de rechercher de nouvelles formes d’accord de sommet ? Nous sommes convaincus par l’expérience que ce serait une mauvaise réponse.

Faut-il faire plus, relancer le Front de gauche, imiter le modèle Syriza, nous savons tous que cela ne fera pas le compte. Les résultats de Die Linke et du Front de gauche le montrent amplement.

Nous appelons pour notre part à des ruptures stratégiques dans l’esprit des textes de Congrès que nous avons soutenus et déposés depuis 2000, notamment le dernier "Unir les communistes" que nous joignons à cette déclaration.

Nous invitons les communistes à débattre et agir autour de 4 points qui nous semblent essentiels pour sortir de l’impasse dans laquelle le PCF s’est mis :

  • La conception du rassemblement populaire qui doit se libérer des accords de sommet et du modèle de l’union de la gauche
  • La réappropriation par le PCF de son combat historique pour la nation, la souveraineté nationale et l’internationalisme, valeurs et objectifs abandonnés depuis notre adhésion au PGE.
  • Le renforcement de l’organisation du PCF et de sa capacité d’intervention idéologique et concrète autonome.
  • La rupture avec les orientations du Congrès de Martigues qui ont conduit à l’effacement du PCF, la recherche du rassemblement des communistes.

Nous invitons donc les communistes à se saisir de cette conférence nationale, dans les fédérations, les cellules et les sections, pour travailler au renouvellement stratégique nécessaire afin de construire l’unité de pensée et d’action des communistes pour un parti de résistance au capitalisme et de construction du socialisme.


Cet appel est lancé par : Caroline Andréani (Seine Saint Denis, membre du Conseil National), Paul Barbazange (Hérault, Membre du Conseil National), Luc Basin (Drôme), Floriane Benoît (Isère), Robert Brun (Drôme), Marie-Christine Burricand (Rhône, Membre du Conseil National), Jean-Pierre Djukic (Bas-Rhin), Guy Jacquin (Ain), Jean-Jacques Karman (Seine- Saint- Denis, Membre du Conseil National), Gilles Questiaux (Paris), Jean-Pierre Meyer (Var, Membre du Conseil National), Pasquale Noizet (Paris, Membre du Conseil National), Laurent Santoire (Seine-Saint-Denis), Danièle Trannoy (Gironde, Membre du Conseil National), Bernard Trannoy (Gironde)

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 14:34
Lu sur çanempechepasnicolas

investig'ACTION   

 

Ken Loach vous écrit :

« Aujourd’hui, faire de la télé c’est comme fabriquer n’importe quel produit. C’est le management, prétendant interpréter le marché, qui décide. Tout doit satisfaire le marché et c’est l’économie qui façonne le produit. »

Investig'Action a le plaisir de présenter à ses lecteurs un extrait du livre d'entretiens avec Ken Loach, concocté par Frank Barat et publié par Indigène Éditions.

Dans cet extrait percutant, Ken Loach a le mérite de souligner la croissante perte de pouvoir des travailleurs des médias face à la pression des puissants, se répercutant sur la qualité des informations accessibles à tous.

 

J’ai eu la chance de travailler à la BBC dans les années 60. La télévision était alors un jeune média est l’état d’esprit de l’époque permettait, dans une certaine limite, d’ouvrir la culture et l’antenne aux classes populaires. Avec le temps, ça a été de plus en plus contrôlé. Plus les années ont passé, plus le format de ce qui marchait, en terme d’audience, a été développé et s’est rigidifié. Tout s’est bureaucratisé, hiérarchisé et, comme dans toute industrie, la pression sur la production s’est énormément intensifiée.


La tendance est à la réduction des équipes et à la multiplication des « managers » qui, pour justifier leurs positions, doivent intervenir dans tous les domaines, du scénario au casting. Dans les années soixante, ils ne vous disaient pas quel acteur vous deviez engager. Aujourd’hui, l’équipe de comédiens doit être approuvée par les représentants des maisons de production, par ceux de la BBC ou de ITV, par le responsable du département, par le responsable de la chaine,… toutes ces personnes que vous n’avez jamais rencontrées doivent donner leur accord. Du coup, le réalisateur, à qui l’on impose des comédiens, qui ne peut plus travailler sur le scénario sans supervision, n’a que très peu de pouvoir. Alors, bien sûr, il ne peut pas être original. Cette pression et cette dépossession annihilent l’originalité.


C’est cela que les syndicats doivent dénoncer et combattre avec force. Autrement, c’est presque impossible pour les réalisateurs. L’utilisation qui est faite de la télévision n’est pas acceptable. Ce médium a un potentiel énorme mais ce qu’on voit sur les écrans est si limité. Les mêmes célébrités, les mêmes films diffusés en boucle, la même vision politique restreinte, les émissions de cuisine, de décoration de maisons, les radio-crochets, ... c’est tellement ennuyeux !

Aujourd’hui, faire de la télé c’est comme fabriquer n’importe quel produit. C’est le management, prétendant interpréter le marché, qui décide. Tout doit satisfaire le marché et c’est l’économie qui façonne le produit.


Il est difficile de résister individuellement.


En Europe, nous avons la chance d’avoir encore une niche qui nous permet, si nous sommes raisonnables, de faire les films que nous voulons. Cela dit, le montant dont nous pouvons disposer est limité. L’audience génère un revenu qui va définir combien vous pouvez dépenser sur un film. On dépend donc du public, il faut être rentable.


 

Parvenir à changer cela s’inscrit dans la perspective d’un changement politique beaucoup plus vaste. Les grands groupes de télévision font partie de l’appareil étatique, c’est un fait. Ils sont administrés par des personnes nommées par l’État selon un système hiérarchique très vertical. C’est le gouvernement qui octroie les concessions aux sociétés commerciales et nomme les dirigeants de la BBC, qui est, avec la presse de droite, le principal fournisseur d’idéologie et d’information de notre époque. L’influence de la télévision sur la population est énorme. C’est une institution étatique dont la mission première est de relayer l’idéologie du pouvoir en place. Ces nominations sont donc cruciales car il serait désastreux pour l’État que cet outil tombe entre ce qu'il considère comme de mauvaises mains. C’est encore plus vrai pour la presse. Il faudrait qu’elle soit gérée par des coopératives et qu’aucune société ne puisse posséder plus d’un journal. Ce sont des revendications révolutionnaires que l’État, tel qu’il est organisé en ce moment, n’acceptera jamais.


Page facebook du livre :  https://www.facebook.com/defierreci...


Lien pour acheter le livre en ligne :  http://www.lalibrairie.com/tous-les...


 

Publié chez Indigene Editions : http://www.indigene-editions.fr/ceu...

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 10:20
Allez voir le spot sur le blog de l'UL-CGT de Dieppe

Détournement du spot publicitaire anti-grévistes produit par la direction de la SNCF

Alors que le texte de la réforme ferroviaire a été adopté mardi 24 juin dernier à l'Assemblée Nationale, la direction de la SNCF estime de bon ton d'utiliser l'argent de l'entreprise publique pour répandre de la provocation et du mépris.

Un spot publicitaire diffusé à la télévision depuis deux jours — et notamment pendant la mi-temps des matchs de la coupe du monde —  présente, sur un ton surjoué, les « regrets » de la SNCF face au « moments pénibles » vécus par les usagers lors des mouvements de grève. La direction assure avoir « tout mis en œuvre » pour soulager des voyageurs quasi-martyrs, à qui l'on distribue des bouteilles d'eau, dans une mise en scène digne d'une opération de secours humanitaire.

Il s'agit là d'une insupportable hypocrisie.

En rejetant la responsabilité des perturbations sur les cheminots, qui n'ont fait qu'exercer le droit de grève que leur garantit la Constitution, la direction de la SNCF cherche à se donner bonne conscience.

Le conflit n'aurait-il pas été évitable si elle avait accepté d'écouter les revendications et les propositions portées par la CGT ?

Pire encore, ce spot publicitaire cherche une fois de plus, comme l'a cyniquement fait le gouvernement ces derniers jours, à monter les Français les uns contre les autres.

Faussement compatissante, la direction de la SNCF en est réduite à pointer du doigts ses propres salariés !

Ce sont pourtant ceux-là même qui contribuent chaque jour à faire vivre l'entreprise, à assurer le transport de millions de personnes au quotidien, à assurer leur sécurité, et qui se battent pour l'emploi, pour le bon emploi de l'argent public, contre le démantèlement et la mise en concurrence de leur groupe, dans l'intérêt de tous les Français

 

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 16:57


4000 manifestants ont défilé jeudi matin dans les rues du Havre contre la politique d’austérité

 

 

 

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Au Havre, 4000 manifestants ont défilé contre les politiques d’austérité avec de nombreux dockers et agents du Grand port maritime.

 

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A Rouen, ils étaient 500 dans le cortège qui est parti du Cours Clémenceau. 

 

A Dieppe, le rassemblement s’est fait place Vitet.




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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 15:11

" NOUS N'AVONS PAS FAIT GREVE POUR NOTRE STATUT.  NOUS AVONS FAIT GREVE POUR UNE ENTREPRISE PUBLIQUE UNIQUE, POUR LE MONOPOLE PUBLIC DU TRANSPORT FERROVIAIRE AU SERVICE DE TOUS."

 

Il fallait que ces choses soient dites avant le vote de ceux qui prétendent représenter le peuple.

 

 

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Le 24 Juin : Rassemblement des cheminots aux Invalides

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 14:27

 

 

 Lu sur Forez-info

 

Cela reste d'actualité.

 

Écrit par Roger Fiasson   en 2008

1953-2008. Plus d'un demi-siècle s'est écoulé depuis les évènements racontés ici. A l'époque, la monnaie s'échangeait en francs (anciens encore) et il n'y avait pas de Premier Ministre mais un Président du Conseil. Celui en fonction se nommait Joseph Laniel, adhérent à un parti de droite proche du Centre National des Indépendants et Paysans d'Antoine Pinay. Ce Laniel fut député du Calvados de 1932 à 1958. Il s'est distingué, lui aussi, en votant les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940. Il "atterrit" dans la Résistance quelques années plus tard comme le firent certains hommes politiques de la IIIe République lorsqu'ils sentirent le vent tourner. Il s'opposa aussi à l'impôt sur le capital. Vous voyez que la droite actuelle n'a pas changé. Il devint président du Conseil des Ministres le 27 juin 1953.


Cela débute fort

Le 4 août 1953, les postiers de Bordeaux déclenchent une grève illimitée et le gouvernement réussit l'exploit de mettre dans l'action quatre millions de salariés pendant un mois. Le président de la République, le premier depuis la Libération, était Vincent Auriol, de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière), ancêtre du Parti Socialiste. La configuration politique du gouvernement était à droite. Il n'y avait à gauche que le PCF, la SFIO naviguant de gauche à droite en participant parfois à des exécutifs classés à droite.

Quelques jours avant

Nous sommes le lundi 13 juillet 1953. La majorité de droite des députés s'octroie 25 000 francs d'augmentation par mois et un treizième mois d'allocations familiales. Le cartel des travailleurs des secteurs publics et nationalisés appelle à des arrêts de travail pour le mercredi 15 juillet. Les cheminots des Réseaux Secondaires Nord et Nord-Est débrayent à 100 %. C'est le quotidien communiste de Saint-Etienne Le Patriote qui l'annonce. Les réseaux secondaires sont de petites lignes ferroviaires dépendant soit de la SNCF, soit du privé. Dans notre région, c'est ce qu'il fut coutume d'appeler le tacot à cause sans doute de sa petite vitesse. Elles desservaient entre autres les localités de Montfaucon, Lamastre, Le Cheylard.

Août 53

Le journal La Tribune, quotidien à tendance radical socialiste, écrit le 4 août: " Le gouvernement veut un redressement économique et financier. Deux trains de décrets sont prévus: un vers le 15 août, l'autre un mois plus tard. L'un de ces décrets prévoit le recul de l'âge de la retraite pour les fonctionnaires et les services publics."
Décidément, la droite a de la suite dans les idées réactionnaires. Est-il besoin de connaître ce que Sarkozy a réussi à obtenir en 2007 ?

Mais les salariés ne sont pas décidé à se laisser faire. Ce jour-là, la grève est effective dans les services publics. Le conseil supérieur de la fonction publique examine les projets gouvernementaux concernant les services publics, les fonctionnaires, la santé. Le 6 août, le gouvernement prévoit pour 1954 un déficit budgétaire de 870 milliards de francs (6 milliards d'euros, comparaison tout à fait relative compte tenu de la valeur des monnaies cette année-là) et envisage des mesures sévères sur les budgets civils et militaires. Tiens, tiens, ne retrouve-t-on pas les mêmes recettes en 2008 ! Les PTT sont toujours dans l'action (la poste et le téléphone étaient alors une même entreprise tout comme EDF et GDF). Elle est largement suivie (La Tribune du 6 août 1953). Le 7 août, Le Patriote informe que les postiers sont en grève totale à Saint-Etienne. Les syndicats cheminots stéphanois sortent un appel unitaire pour cesser le travail du 7 août à minuit jusqu'à 8h du matin. Le communiqué est signé CGT Duchesne, CFTC Riocreux (la CFDT n'existait pas encore), pour les Cadres Autonomes Derive Dury pour FO. Il y a grève aussi à l'Arsenal de Roanne, à EGF Loire, chez les mineurs.

La Tribune de ce même jour estime que deux millions d'employés des services publics sont en grève de 24 heures, tandis qu'elle gagne toute la France pour les PTT. Les syndicats déclarent se trouver en état de légitime défense, alors que le gouvernement réquisitionne le personnel dans les centraux téléphoniques...

Dans un message, Laniel menace "en mettant en garde contre les rumeurs alors qu'il n'a pas encore été statué sur les mesures à prendre... et accuse les syndicats d'utiliser les fonctionnaires pour empêcher les réformes et remises en ordre nécessaires". Aujourd'hui, ce sont les usagers qui sont pris en "otages" par les organisations syndicales.

Le 8 août, les deux quotidiens présentent la situation de manière différente. La Tribune donne les commentaires suivants: "La CGT qui brûle d'exploiter le bénéfice de ces grèves a demandé aux cheminots et aux fonctionnaires de ne pas travailler aujourd'hui... Dans les chemins de fer où la CGT est puissante la situation est incertaine..." Le Patriote précise " que la Fédération CGT ne signe pas d'ordre de reprise" et s'attarde sur les revendications des cheminots: "non au recul des limites d'âge et aggravation des conditions de travail, de mise à la retraite, licenciements d'auxiliaires, avec l'arrêt de tout avancement et la compression des effectifs, atteinte au régime de Caisse de Prévoyance, démembrement."

En 2008, il y a moins de 180 000 cheminots. En 1953, les employés du chemin de fer étaient environ 400 000. L'âge de la retraite est repoussé de plus de deux ans et demi pour le moment.

Le 8 août, La Tribune annonce que FO et la CFTC donnent l'ordre de reprise aux cheminots et aux services publics. Mais la CGT appelle à continuer la grève sur cette journée. Le Patriote nous apprend que les postiers renvoient les ordres de réquisition. Nous verrons plus loin ce qui s'est passé à ce sujet avec les cheminots. Par contre, ceux de Saint-Etienne décident avec la CGT, la CFTC, les Autonomes et FO une grève illimitées dès minuit le 11 août 1953 et cette nuit-là, un appel à tous les cheminots est ainsi rédigé: " le gouvernement vient de prendre un premier train de décrets. Messieurs Laniel, Reynaud, Faure n'ont pas l'intention de s'arrêter là. Notre statut est mis en cause (limite d'âge et calcul pour la retraite). Nous appelons à la grève immédiate dans l'unité et jusqu'au succès."

Il est signé par Duchesne et Gallet (CGT), Vallat (FO) et pour la FGAAC (conducteurs autonomes) par Glaise et Michel.

Au niveau national les Fédérations CGT et FO demandent une cessation immédiate du travail dans les chemins de fer.  Malgré tout, le gouvernement lance le 11 août le premier train de décrets et prend des mesures pour réquisitionner certaines catégories de personnels à la SNCF et aux PTT. Le 12 août, La Tribune rend compte d'une allocution prononcée par le Président du Conseil. Il déclare notamment: " Je dis non à la grève... La grève ne sert à rien... Nous voulons une France prospère... Je vous pose simplement la question: est-ce normal que des services publics en arrivent à compter autant d'agents retraités qu'en activité ! Nous croyons que l'oeuvre que nous avons commencée est salutaire, nous croyons que notre devoir est de la poursuivre."

Que disent Sarkozy et Fillon en 2008 sinon la même chose. Le 17 août, La Tribune parle d'un échange avec les centrales syndicales "libres" (les guillemets sont le fait de la rédaction de l'IHS). Laniel déclare que "les caisses sont vides et qu'il n'y aura pas de discussion sans reprise du travail..." Vous avez dit caisses vides, c'est bizarre, comme c'est bizarre. Il y a peu quelqu'un a dit la même chose. Plus de 50 ans après on retrouve les mêmes arguments réactionnaires et les mêmes méthodes de pourrissement des conflits.

A deux heures du matin, dans la nuit du 20 au 21 août, profitant d'une reprise des négociations, FO et CFTC signent un accord et demandent la reprise du travail pour le 21. La CGT maintient la grève. La Tribune estime que cela crée une indécision syndicale à la base suite au flou des accords et de certaines sanctions non levées. De multiples réunions essaient de préciser l'interprétation à donner aux accords. Le gouvernement apporte aussi quelques précisions et abandonne certaines sanctions.

Face à ces multiples manoeuvres, la grève s'effrite. Le Patriote le 26 annonce que la CGT "organise la reprise du travail suite à la trahison de la CFTC, FO et Cadres Autonomes ordonnant la fin du conflit dans la nuit du 20 août alors que tous les services SNCF étaient bloqués." La Fédération Autonome des mécaniciens et chauffeurs prend la même décision le 23 août.

Dans la métallurgie, les mines, le gaz et l'électricité, le bâtiment, les transports, le mouvement revendicatif est toujours aussi puissant. La Fédération CGT s'adresse aux cheminots: " Organisez la reprise du travail en bloc et sous d'autres formes, dans l'unité, continuez la lutte pour les revendications, contre les décrets-lois, les sanctions." Le 6e secteur CGT (structure syndicale regroupant les syndicats cheminots de la Loire et d'une partie de la Haute-Loire) déclare dans Le Patriote du 26 août: "seule la CGT au quinzième jour de grève reste dans la lutte."


 

Il y avait 17 000 locomotives avant la guerre. A la Libération, il n'en reste que 3000. En 1946, dans le cadre du Plan Marshall, la France commande 1340 locomotives 141 R aux Etats-Unis et Canada. 1323 seront livrées.17 resteront au fond de l'Atlantique suite au naufrage du bateau les transportant. Très goumande en charbon, énergie rare et chère à l'époque, 603 verront leur chauffe charbon passer au mazout. En mai 1946, un magnifique prototype 242 A1 sort des ateliers de La Péronnière de Saint-Chamond, filiale des Aciéries de la Marine. Conçue par André Chapelon, elle restera un exemplaire unique, utilisée jusqu'en 1954, détruite trois ans plus tard. Toutes les usines de la vallée du Gier et de l'Ondaine ayant contribué à sa réalisation disparaîtront au fil des années suivantes avec la mise en place de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier. En 48, ce sont les Ateliers du Creusot (Schneider) qui construiront 35 locomotives de type 241 P dont les dernières circuleront sur le réseau jusqu'à la fin des années 60. Dès 1953, la SNCF envisage le remplacement de la traction vapeur. La locomotive Diesel de moyenne puissance apparaît comme la meilleure solution en traction autonome avec les BB 63000.

Photo Dazaud St-Etienne, archives IHS 42, Claude Liogier.

 

Conséquences et solidarité

Le PCF et la SFIO demandent la convocation de l'Assemblée Nationale. Des dirigeants CFTC et Autonomes cheminots adhèrent à la CGT. On retrouvera le même phénomène en 1995 d'adhésions à la CGT de syndiqués CFDT suite au lâchage par cette organisation syndicale de la grève des cheminots. Marcel Thibaud, secrétaire général de l'Union Départementale CGT signale 74 adhésions aux métaux Papenaud à Rive de Gier, 30 aux PTT de Saint-Etienne, des dizaines chez les cheminots. Le 6e secteur CGT utilise Le Patriote du 9 août 1953 pour exiger la réintégration de deux cheminots, Achard, mécanicien au dépôt de Roanne accusé de sabotage pour avoir, sur ordre du comité de grève, tombé le feu aux machines de ce dépôt, afin d'empêcher leur avarie. L'autre est le dénommé Vilette, à Melun, accusé de menaces et insultes.

La CGT signale aussi que deux cheminots, malades pendant la période de grève, sont avisés qu'ils étaient considérés en absence illégale et sans solde jusqu'à la fin de la maladie. Le Patriote du 25 septembre insère un communiqué de la CGT Saint-Etienne signé René Bacher et Chazalet, de la CFTC (Escot et Mazière), FO (Lorton) et Cadres Autonomes (Derive) s'élevant contre les sanctions punissant les cheminots n'ayant pas répondu aux ordres de réquisition. Les travailleurs des Forges et Aciéries de la Marine par Lucien Marcon apportent 2262 francs afin d'aider à la lutte contre la répression. Celle-ci continue puisque Le Patriote dans son édition du 5 octobre donne l'information du syndicat CGT de Saint-Etienne que quatre cheminots comparaissent devant le conseil de discipline. Le lendemain, le même journal informe que la Fédération CFT appelle à des actions à partir de ce même jour pour le paiement des jours de grève, l'annulation des sanctions, l'abrogation des décrets-lois, l'augmentation des salaires, retraites et pensions. L'Assemblée Nationale se réunit en session extraordinaire. Le groupe communiste dépose une motion de censure concernant les décrets-lois sur les statuts, les sanctions, les retenues sur salaires. La SFIO refuse de s'y associer.

Le 14 octobre, Le Patriote annonce que le secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots, Raymond Tournemaine, est convoqué chez un juge d'instruction à propos des réquisitions en application de la loi du 11 juillet 1953. Cette loi porte sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre. Pierre-Louis Berthon explique plus loin comment furent utilisées les réquisitions contre les cheminots.


 

La même chose vue par la C.G.T.

Pour connaître le point de vue de la CGT, il y a un ouvrage de référence publié en 1967 par les Editions Sociales: Les cheminots dans l'histoire sociale de la France, de Joseph Jacquet qui fut président de l'Institut d'Histoire Sociale C.G.T. de Rhône-Alpes.

Nous sommes en 1953.  " Le printemps se termine par une poussée de fièvre et annonce un été chaud. Ethel et Julius Rosenberg meurent, assassinés par les forcenés de la guerre froide et de l'anticommunisme... Après trente six jours de marchandage, Joseph Laniel devient le cinquième président du conseil de la seconde législature de la IVe République. Doté de pouvoirs spéciaux, cet industriel normand fortuné va tenter l'impossible. Il croit pouvoir bénéficier de deux avantages: la division des forces syndicales au niveau des directions fédérales et confédérales et les vacances; il attaque donc de front par une série de mesures dont le moins qu'on puisse en dire c'est qu'elles sont impopulaires: augmentation des impôts et des loyers, attaques contre la Sécurité Sociale et les régimes de retraites particuliers.

La commission administrative de la C.G.T. réunie le 23 juillet appelle les travailleurs à riposter dans l'unité; ainsi s'engage un processus qui conduira la classe ouvrière à mettre en échec une partie des plans gouvernementaux. A l'initiative du bureau confédéral, la journée du 4 août, date de la réunion du conseil supérieur de la Fonction publique, est retenue comme journée nationale d'action; l'abstention des dirigeants confédéraux de Force Ouvrière gêne un peu et la journée revêt un caractère de lutte unie en particulier chez les postiers. Le 5 et les jours suivants le travail ne reprend pas aux PTT de Bordeaux qui entraînent dans leur sillage les fédérations postales, celles du Gaz et de l'Electricité, celle des Cheminots, pour 48 heures au grand dam de la bourgeoisie qui se sent trahie par Force Ouvrière (de l'aveu même du journal Le Figaro du 7 août traitant les consignes de légères et peu réfléchies).

Le décret 53.711 recule l'âge de la retraite pour les entreprises nationalisées; il atteint les cheminots dans ce qui leur tient le plus à coeur, leur régime de retraite de 1911 et déclenche la seconde phase de la bataille. Les 8 et 9, le travail n'a pas repris en totalité et le 10, le Bureau fédéral CGT décide la grève générale. Une nouvelle "bataille du rail" commence-t-elle en ce jour anniversaire de la grève insurrectionnelle de 1944 ? Force Ouvrière passe outre aux exclamations de fureur de la presse bourgeoise à son égard et décide d'entrer dans la grève le 11 à minuit, la CFTC le 12 à midi et les cadres autonomes le 13 après avoir consulté leurs adhérents par référendum."

La C.G.T. estime à quatre millions de grévistes le 4 août sur un mot d'ordre simple: faire échec aux pouvoirs spéciaux. La répression ne ralentit pas le mouvement. 100 trains seulement par jour sont mis en service jusqu'au 22 contre 12 à 15000 ordinairement.

En pleine période de vacances, des milliers de postiers, de cheminots, de gaziers et électriciens sont dans des actions de toutes sortes: meetings, défilés. Des travailleurs ont mis fin à leurs vacances dès l'annonce de la parution des décrets-lois. Il manque 8 noms pour que l'Assemblée soit convoquée en session extraordinaire. La solidarité s'organise et des comités d'aide aux grévistes se constituent. Les femmes de cheminots se regroupent en associations et manifestent aux côtés de leurs maris.

 

Le ver est mis dans le fruit

Au 14e jour de la grève des postiers, le mardi 18 août, le bureau confédéral CGT adresse une demande d'audience au Président du Conseil. Le même jour, Laniel reçoit les dirigeants de F.O. et de la C.G.C., tandis que le président du groupe M.R.P. (Mouvement Républicain Populaire, d'obédience chrétienne et ancêtre du MODEM d'aujourd'hui) Robert Lafont discute avec la CFTC. C'est ce qui fut appelé le temps des "bons offices" et le processus de liquidation de la grève est amorcé. La nuit du 20 au 21 août amène la trahison des engagements pris devant des millions de travailleurs en lutte. Le 21, les fédération FO et CFTC des P.T.T. et des cheminots ordonnent la reprise du travail. Le 24, la Fédération Autonome des Agents de Conduite, la CFTC et FO signent un communiqué invitant à la reprise du travail le 24 à partir de 20h. Cette décision provoque une réaction violente des cheminots qui avaient décidé à l'appel de la CGT, mais aussi de militants de base CFTC et FO, de poursuivre le mouvement.

Ce compromis accepté par les deux confédérations ne parle même pas de la levée des sanctions et poursuites judiciaires. Seule est admise la convocation de la commission supérieure des conventions collectives. L'action se poursuivra dans la quasi totalité des centres ferroviaires, dirigée par des comités de grève constitués avec des responsables de toutes les organisations syndicales des inorganisés. Des cars emmènent des délégués à Paris à l'Assemblée Nationale et auprès des directions fédérales ayant capitulé.

Mais le ver a atteint le fruit dans sa consistance. Trois semaines de grève apportent des fins de mois difficiles. L'unité à la base se devait d'être préservée. C'est pourquoi il y avait nécessité de décider la reprise du travail. Les Fédérations des cheminots, des métro-bus et des postiers la fixe au 26 août, celle de l'éclairage au 27. La rentrée s'effectue avec le soucis de poursuivre la lutte par l'intermédiaire des comités de grève transformés en comités d'unité d'action. Le travail reprend après le défilé des grévistes sanctionnés en tête des cérémonies devant les plaques commémoratives des victimes de la guerre et de la barbarie nazie. Les résultats restent néanmoins appréciables: abandon des décrets-lois, donc le régime de retraite sauvé, augmentation de 15% des traitements les plus bas, renoncement aux attaques contre la Sécurité Sociale et réunion de la Commission supérieure des conventions collectives; après deux ans de vaines réclamations le salaire minimum est augmenté de 45% (de 100 à 145 F).

Dessin de Michel Gagliano publié dans "Le Train de 1968" de Roger Fiasson. Des cheminots sont revenus de vacances exprès pour participer à la grève.


Le témoignage d'un acteur de l'époque

Pierre-Louis Berthon avait vingt-cinq ans au moment des faits. Il reste l'un des rares témoins survivants ayant participé en tant que dirigeant syndical à cette grève. Il était alors délégué du personnel et membre du bureau syndical. Il y avait parmi les dirigeants des militants dont il n'a pas oublié le nom: Louis Eymery, Louis Duschesne, Emile Bernard, Philippe Freycon. Il travaillait alors à saint-Etienne Châteaucreux.

Comment a-t-il vécu cette grève ? Très bien parce que massive et unitaire. Les relations avec la hiérarchie de la SNCF n'étaient pas tellement bonnes et sujettes à affrontements, beaucoup plus abruptes que maintenant. Celles avec les autres organisations furent bonnes jusqu'à la fin de la grève où elles devinrent plus conflictuelles. Les réquisitions étaient choquantes car nous sortions juste d'un conflit mondial où les cheminots ont tant donné pour la liberté et le combat contre l'occupation. Peu d'années auparavant, il y avait encore des tickets de rationnement. Les premières réquisitions ont été envoyées aux cheminots de la base, épargnant les dirigeants syndicaux. C'était un processus vicieux et une tentative de division entre la masse des salariés de l'entreprise et leurs responsables. Ces derniers ne reçurent leur ordre de reprise du travail que la veille ou le jour même où furent signés les accords de trahison. Il faut préciser que les réquisitions envoyées aux cheminots n'eurent pas beaucoup d'effet. Si certains retournèrent au labeur, la plupart se mirent à nouveau en grève après discussion avec les dirigeants du syndicat. La manoeuvre de la SNCF était claire: d'abord séparer les salariés de leurs responsables et ensuite essayer de punir ces derniers qui, on s'en doute, ne répondraient pas à l'ordre de réquisition. La solidité du mouvement mit en échec ces intimidations. A Saint-Etienne, il n'y avait pas loin de 1000 cheminots. Ce nombre et la force du mouvement était irrésistible. Et pourtant il fut déclenché au mois d'août en pleine période des vacances. Les voyageurs étaient-ils pour autant "pris en otages" comme il est devenu coutumier d'utiliser ce terme pour le moins exagéré lorsque des voyageurs sont gênés dans leurs déplacements. Y a-t-il une différence par rapport à Mai 68. Oui pour deux raisons essentielles: d'abord les objectifs de la grève n'étaient pas les mêmes. En 53, il s'agissait de sauver le régime de retraite des cheminots. Et en cette année là, l'action se fit sans occupation des lieux de travail, contrairement à 1968.

Plus de 50 années ont été nécessaires pour que la droite arrive à ses fins. Les cheminots de 53 par leur détermination, leur unité à la base ont mis en échec une tentative rétrograde sur leur avenir. S'il est vrai que le nombre est maintenant plus petit, peut-il être moins efficace si la conscience de classe l'emporte sur l'instinct et si le mouvement syndical s'explique sur la bataille des idées ?


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