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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 07:00

le-film-du-jour.jpg

Compte-rendu AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/ *

 

« Il était une fois l'histoire d'un cinéma et d'un pays qui ne sont plus », ainsi commence ce documentaire fascinant qui retrace l'histoire du cinéma dans un pays communiste pas comme les autres : la Yougoslavie. Une façon originale de comprendre la « Yougostalgie ».

 

Ce documentaire nostalgique presque malgré lui, jouant de l'ironie sans malveillance, remplit un rôle assumé :lutter contre l'effacement de la mémoire de l'ancienne Yougoslavie socialiste.

 

C'est ce qui explique l'immense succès qu'il rencontre dans les pays d'ex-Yougoslavie, s'ajoutant à sa qualité formelle et documentaire qui lui a valu 13 prix internationaux, le mérite en revenant à sa jeune réalisatrice Mila Turajlic.

 

En suivant l'épopée du cinéma yougoslave, c'est l'histoire de ce pays qui nous est contée. A travers un prisme peut-être déformant on en apprend beaucoup sur la réalité du socialisme à la Tito, ses réussites comme ses limites, l'énorme trace qu'il a laissée dans les ex-Républiques yougoslaves.

 

Le documentaire retrace deux facettes d'un cinéma yougoslave qui fut, avec celui français et dans une moindre mesure italien, le seul à résister à la vague des films américains.

 

Le « cinéma de partisan », célébrer la Résistance communiste

 

La première facette, c'est celle d'un cinéma militant et épique, servant la propagande du nouveau régime, célébrant la Yougoslavie unie, socialiste et résistante. Ce « cinéma des partisans », c'est 400 films qui se limitent pas à l'immédiat après-guerre mais continue jusqu'aux années 1980. 

Transcription d'un optimisme quelque peu ingénu dans le monde nouveau né de la Résistance, foi sincère dans la construction du socialisme ou fascination pour la figure du chef communiste et père de la nation Tito, il y a un peu de tout cela dans ces films qui ont rencontré un énorme succès, incarnation de l'image que le peuple yougoslave voulait se donner de lui-même.

 

Les héros sont plus la jeunesse militante, le prolétariat triomphant, les femmes engagées que Tito lui-même, figure invisible dans ces films mais omniprésente, sorte de Dieu caché, de messie libérateur impossible à représenter physiquement.

L' « aube nouvelle » promise, c'est cette fraternité retrouvée dans la Résistance au fascisme. Aux cris de « mort au fascisme », les partisans répondent « liberté pour le peuple », qui était le slogan des antifascistes yougoslaves, scandé le poing sur la tempe.

Ces films sont révélateurs d'une réalité, celle d'un pays qui s'est libéré essentiellement par ses propres forces, avec l'action décisive du Parti communiste, de son chef le Maréchal Tito, qui a su l'incarner la résistance à l'occupant, la nation multi-culturelle et prendre la direction aux monarchistes de Mihaljovic.

Les partisans de Tito – célébrés jusque dans le célèbre club sportif du « Partizan » – vont devenir une véritable armée populaire qui comptera jusqu'à 800 000 combattants, de toute origine ethnique, ce qui fera sa force par rapport aux nationalistes croates ou serbes.

 

Les partisans résisteront aux attaques des collaborateurs serbes de Nedic, aux fascistes croates oustachis du sinistre Pavelic, aux armées allemande, italienne et bulgare, parvenant à immobiliser entre 10 et 20 divisions allemandes pendant tout le conflit.

 

Certes la réalité est déformée, exagérée dans ses films qui gomment totalement les antagonismes entre nations, la complexité des alignements de la population perçue comme unanimement comme résistante – pourtant à côté de cette vaste résistance populaire communiste, il y eut aussi un groupe monarchistes (« Tchetniks ») à l'attitude plus ambiguë, des collaborateurs surtout en terre croate. 

Ce cinéma en est venu à être la caricature de lui-même, pendant des films d'action hollywoodiens, où une balle tue dix soldats allemands, les charges se font en chantant, le « bien » triomphe du « mal ».

Mais face à la valorisation de l'individualisme, le nationalisme, la guerre côté américain, le cinéma yougoslave insistait sur la solidarité, la fraternité multi-culturelle, la paix à venir.

Il a forgé ses stars, comme Bata Zivojnovic – adulé jusqu'en Chine ! – celui qui « aurait tué plus d'Allemands que Patton lui-même » (sic). Il a produit des navets, mais aussi des chefs d’œuvre, telle la Bataille de Neretva (1969) qui a remporté l'Oscar ou la bataille de Sutejska (1973).

 

« Hollywood-sur-le Danube » : Orson Welles, Alain Delon et Tito

 

La seconde facette, c'est un cinéma populaire, plus commercial, en partenariat avec les productions américaines, italiennes ou françaises. 

La Yougoslavie n'était pas un pays communiste comme les autres, pour le meilleur et pour le pire. Elle reposait sur un soutien populaire incontestable, avait construit un socialisme original (« auto-gestionnaire ») mais reposant sur une unité fragile, elle-même minée par cette dynamique décentralisée, auto-gestionnaire, de plus en plus dépendante envers le monde capitaliste.

En 1948, Tito rompt avec Staline et le mouvement communiste international, pour des raisons paradoxales : Tito à la fois adoptait une position agressive envers l'ouest sur la question de Trieste, soutenait la résistance grecque, tout en suivant un modèle économique mixte, un ensemble de positions réprouvées par Staline qui cherchait la paix en Europe mais aussi l'adoption d'un socialisme à la soviétique ainsi qu'un alignement sur les positions étrangères de Moscou.

La conséquence de ce schisme – qui sera résorbé largement dans les années 1950 – c'est non seulement l'adoption par la Yougoslavie d'une position non-alignée, tiers-mondiste aux côtés des « socialisants » l'Indonésien Soekarno, l'Egyptien Nasser, l'Indien Nehru ou des communistes de la Chine de Mao et Cuba de Fidel et du Che.

 

Mais c'est aussi l'ouverture au « bloc occidental », diplomatique et économique. Les investissements affluent vers la Yougoslavie du « camarade Tito », qui engage des réformes qui entament l'introduction d'une dose de capitalisme aux conséquences périlleuses (endettement, concurrence exacerbée dans le pays, contrainte extérieure imposant des réformes libérales).

Sur le plan culturel, cinématographique, la Yougoslavie accepte de diffuser des films américains, qui connaissent un succès sans supplanter le cinéma national. Surtout, à partir des années 1960, la Yougoslavie devient le lieu de tournage de gigantesques co-productions.

Les plus grands réalisateurs, les plus célèbres acteurs passent alors par Belgrade : Orson Welles, Alfred Hitchcock, Sergei Bondarchuk, Giuseppe de Santis côté réalisation, Yul Brunner, Alain Delon, Sofia Loren, Richard Burton, Elisabeth Taylor, Kirk Douglas, Anthony Hopkins ou Anthony Quinn côté acteurs.

AVALA produira un certain nombre de grandes productions commerciales aux décors somptueux, aux costumes éblouissants, pour les groupes étrangers en échange de devises sonnantes et trébuchantes.

Mais dans un deuxième temps, ce sont les stars hollywoodiennes qui viendront participer aux grands films de partisans Yougoslaves.

Ainsi on retrouve Orson Welles comme conseiller à la réalisation de la « Bataille de Sutjeska », Richard Burton pour incarner Tito, et Mikis Theodorakis à la musique. Dans le film oscarisé « la bataille de Neretva », Yul Brunner en leader partisan s'oppose à Orson Welles leader monarchiste, avec une affiche signée Pablo Picasso !

Cette pléiade de stars se révèle fascinée par le personnage Tito au point pour Orson Welles de le qualifier « de plus grand homme d’État vivant », en raison de son passé de résistant, son action pour transformer son pays de façon progressiste.

 

Pourquoi les Serbes, Bosniaques, Slovènes sont-ils « Yougonostalgiques » ? Ce que nous apprend le film

 

Certes, ce portrait du cinéma yougoslave ne manquera pas de laisser sur sa faim nombre d'amoureux de ce cinéma.

D'abord, parce qu'il met totalement de côté un cinéma loin de ces extrêmes – cinéma commercial para-hollywoodiens vs cinéma partisan para-soviétique – gommant la richesse, la diversité de ce cinéma, qui trouva un écho à la « Nouvelle vague » française dans la « Vague noire » yougoslave, plus subversive, libre dans ses formes, attachées aux contradictions de la psychologie humaine.

Ensuite, parce qu'en choisissant l'angle de l'interview des réalisateurs, projectionnistes, acteurs, on oublie un peu le public de l'époque, sa réception de ce cinéma yougoslave : a-t-il été aimé par son peuple ? A-t-il contribué à élever les consciences, à forger de nouveaux sentiments, a-t-il reproduit de vieux schémas mentaux, a-t-il réussi à soulever les contradictions d'une société sans la miner ?

Toutefois, ce film est d'une valeur rare car il nous apprend quelque chose sur ce que fut la Yougoslavie :

 

1 – la construction d'une nation sur des bases progressistes, socialistes, antifascistes : oui, la Yougoslavie nouvelle de Tito est née d'un « récit national », a perduré sur une « propagande », comme tout régime.

Cette « propagande », ce « récit » : c'étaient ceux de la fraternité entre Bosniaques, Croates, Serbes, Slovènes, le dévouement à la paix, l'amitié avec les peuples du Tiers-monde, la fierté nationale sur la base de l'antifascisme, la construction du socialisme comme espoir d'un monde meilleur.

Au nom de cette unité mythifiée, les antagonismes sociaux, nationaux ont été gommés. L'histoire de la Seconde guerre mondiale, masquant les terribles exactions, les massacres, l'anti-sémitisme des collaborateurs. Croates contre Serbes, mais aussi Serbes contre Serbes, la guerre de libération nationale fut aussi une horrible guerre civile qui fit près de 2 millions de morts.

Ce fut la force de la Yougoslavie de Tito de proposer une idéologie – par définition nécessairement déformatrice, mobilisatrice et unificatrice – qu'on retrouve dans ce cinéma qui choisit l'unité, la réconciliation, le multi-culturalisme sur la division, la vengeance, la haine ethnique.

 

2 – la popularité d'un régime, d'un système socialiste qui a donné une dignité à un peuple : malgré les limites du documentaire, on perçoit que ces films – en particulier ceux épiques sur les partisans, les plus idéologiques – ont été immensément populaires.

Les réalisateurs de l'époque rappelaient qu'ils faisaient la tournée des usines, que les ouvriers étaient toujours prêt à contribuer financièrement au succès du prochain film. Les acteurs étaient les héros accessibles des travailleurs yougoslaves, dans l'usine, la rue, ou dans les grands festivals, comme celui des Arènes de Pula, en Croatie.

La popularité de ce cinéma était aussi celle de Tito, leader aimé, pleuré à sa mort et longtemps après, jamais présent (hormis une fois) dans les films, leader énigmatique et glorieux de la Résistance, bête noire des occupants (comme le sera Ho-Chi-Minh plus tard). Le public adorait voir à l'écran cette image de Tito, héros national, dirigeant du peuple, partisan communiste.

Tito lui-même était un grand amateur de cinéma. Il aurait dans son cinéma personnel regardé plus de 8 000 films, il donnait son avis sur chaque film, comme conseiller historique, assistant technique, spectateur critique.

Une popularité qui rejaillit à l'international. Outre les acteurs d'Hollywood, de la Cinecittà, ce sont aussi tous les dirigeants du monde qui accueillent en grande pompe Tito : des Etats-unis à la Chine, de l'URSS à la France, du Mexique à l'Indonésie, de l'Algérie à la Syrie.

 

3 – La nostalgie envers un système socialiste qui n'est plus : c'est ce qui prédomine dans le film, en dépit de ses contradictions internes. C'est Good bye Tito, pourrait-on dire de façon peu opportune.

Les protagonistes du film – acteurs, réalisateurs, producteurs, accessoiristes, techniciens – évoquent d'une part un âge d'or du cinéma yougoslave disposant de moyens abondants, profitant de la priorité donnée à la culture dans l’État socialiste en particulier au cinéma, suivant les préceptes de Lénine.

Plus largement, le socialisme se révèle être au quotidien un paradis perdu.

Ce qu'ont perdu les Yougoslaves, comme le rappellent plusieurs protagonistes, « ce sont des droits inestimables perdus à jamais sous le capitalisme », une société où « on vivait heureux, libres de s'aimer, sans peur du lendemain ».

Le témoignage le plus étonnant est celui de cet homme de cinéma qui avait quitté la Yougoslavie en 1952 pour fuir le communisme, revient en 1975 et est stupéfait du niveau de civilisation : « les gens vivaient si bien sous le communisme, il y avait des sorties pour les enfants, les soins étaient gratuits, comme les transports, le logement, l'éducation. Tout était gratuit, c'était incroyable ».

 

4 – Des contradictions réelles évoquées avec bienveillance : le portrait révélé de Tito est parfois à la limite de l'hagiographie involontaire sur ce personnage séducteur qui maîtrise sa propre image, piégé et piégeant son pays dans ce mythe construit autour d'une nation identifiée à lui.

Le dictateur Tito est à la fois bienveillant et intrusif, il veut contrôler « son » cinéma. Loin de la fiction du totalitarisme, on est quand même dans une conception autoritaire, personnelle de la culture, soumise aux revirements tactiques, aux excentricités, aux grands-écarts du chef.

Ce cinéma yougoslave, parfois brillant, est aussi partagé entre une tendance à l' « opportunisme » du cinéma de qualité médiocre, à l'occidentale, et le « manichéisme » de type stalinien, qui perdurera peut-être relativement plus longtemps qu'en URSS.

La difficulté de la critique artistique, nécessaire, vite assimilée à une dissidence politique coupable est évoquée. Ceux qui en sont victimes, perdant leur emploi, leur position, soulignent la contradiction vécue dans leur chair, sans nier qu'ils conservent une nostalgie de cette époque dorée.

C'est surtout la fragilité de la construction unitaire qui transparaît, à mesure que le discours cinématographique sur la Résistance devient plus abstrait, les extravagances de Tito écornent son image de dirigeant populaire, tandis que les tensions s'accumulent sur fond d'inégalités territoriales forgées dans une histoire déchirante, renforcées par l'économie mixte, décentralisée yougoslave.

Cet élément se ressent à certains moments du film, mais il n'est qu'évoqué de façon allusive. Or, les contradictions de ce cinéma parfois schizophrénique auraient pu permettre de l'évoquer de façon plus critique.

 

5 – La Yougoslavie après 1992, du paradis (reconstruit) au cauchemar (réel) : enfin pour finir, il apparaît dans ce film un regard particulier sur la « Yougostolagie », emprunt de pathétique, de bienveillance, d'ingénuité mais aussi d'ironie.

Le combat de la réalisatrice semble aussi de lutter contre l'effacement de la mémoire qui fera de ce pays « soit un objet de damnation, soit de glorification, oubliant ce que fut réellement la Yougoslavie », comme le dit un des protagonistes.

Concrètement, c'est en évoquant l'après 1992 que la réalisatrice montre le mieux l'ampleur du désastre, qui contribue pour beaucoup à faire de la Yougoslavie de Tito, malgré toutes ses limites, un âge d'or.

Le film se finit en 1991, sur le festival du cinéma de Pula perturbé par les premiers conflits inter-ethniques et la tentative désespérée du directeur de dire « Non » à la haine raciale, « Oui » à la paix. En vain, le cinéma communiste yougoslave, ses mots d'ordre pleins de bons sentiments sont morts.

De cette tragédie que fut la guerre civile ethnique, la dissolution de la Yougoslavie, la chute du communisme – avec de lourdes responsabilités occidentales, Allemagne en tête dans la reconnaissance des indépendances – 200 000 Yougoslaves perdirent la vie. 

Les milices nostalgiques des fascistes croates firent leur réapparition, celles islamistes en Bosnie naquirent avec des fonds du Golfe, la haine raciale prit le dessus sur la solidarité nationale : tout ce que le socialisme avait fait, le nationalisme soutenu par les pays occidentaux le défaisait.

 

En 1999, le film ramène le projectionniste de Tito dans l'ancien palais présidentiel du père de la nation. Dévasté par les bombardements de l'OTAN, ce qui arrache des larmes de désespoir au vieil homme. Plusieurs milliers de Serbes sont morts pendant ce bombardement, l'économie a été réduite à néant.

En 2009, et c'est le point de départ de ce film, dans un pays en ruines, le gouvernement tente de privatiser et brader la vénérable société de cinéma AVALA, laissant les vieilles gloires du cinéma yougoslave désarmées, alors que la menace de faillite pèse sur la société et que les terrains historiques sont sur le point d'être vendus.

C'est l'image de la Yougoslavie d'aujourd'hui, un pays qui n'existe plus divisé en nations formées dans la haine, jouets des puissances étrangères et qui n'ont connu depuis 1992, avec la fin du communisme, que la guerre, la misère, la dépendance étrangère.

Les récentes émeutes de Tuzla en Bosnie et le « printemps bosnien », peu relayé dans nos médias, les mouvements sociaux massifs en Slovénie, comme le vaste courant populaire anti-impérialiste en Serbie sont le reflet de cette insatisfaction générale face au capitalisme importé à coup de bombes.

Un sondage réalisé par le quotidien « Danas » en 2010 révélait que 81 % des Serbes voient la période de Tito comme la meilleure qu'ils aient vécu, contre seulement 10 % pour le régime actuel.

 

Le succès du documentaire « Cinema komunisto », reflétant cet âge d'or de la Yougoslavie communiste s'explique aussi par cette vague de « titostalgie », de « yougostalgie », d'un peuple mesurant ce qu'il a perdu avec la chute du communisme. Allez-le voir, achetez le DVD, cela vaut la peine !

 

 

* Une projection exceptionnelle était réalisée le 18 septembre dernier au cinéma La Clef, en présence du distributeur et historien Jacques Choukroun, des « Films des deux rives »

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:36

Vu sur le site d'El Diablo. Un documentaire à voir sur le site d'"Initiative Communiste ".  Ou sur le site d'El Diablo.

FASCISME en UKRAINE : un documentaire sur le massacre d’ODESSA [vidéo]

Documentaire sur le Massacre d’Odessa, le fascisme en Ukraine [Vidéo vostfr] - 02 mai 2014

 

Documentaire complet non diffusé en France sur l’escalade du nazisme en Ukraine et des vidéos inédites du massacre d’Odessa. Avec témoignage des rescapés. Ce document rassemble diverses vidéos des milices fascistes en action en Ukraine.

Aucune de ces images des manifestations de nazis en Ukraine revendiquant en pleine rue et par milliers leurs filiation d’avec les divisions SS de la seconde guerre mondiale, criant à la mort des « moscovites » et des juifs, de ces nazis qui sont aujourd’hui au gouvernement de la junte de Kiev mise en place par les USA, l’UE et l’OTAN ne sont évidemment montrées par les médias en France.


Non, la censure est totale.


Plusieurs mois après ce massacre à Odessa, aucune enquête sérieuse n’a été réalisée. Aucun grand journal, aucune radios, aucune télévisions – en particulier de l’audiovisuel public – n’a réalisé la moindre investigation à ce sujet. Il faut dire que la propagande bat son plein pour pousser l’opinion public française à soutenir la junte euro fasciste de Kiev. le tout financé à millions par les impôts des travailleurs de notre pays.


Certes les images de ce documentaire sont dures. Très dures. Choquantes.  www.initiative-communiste.fr publie tout de même ces images. Car chacun doit pouvoir les voir et comprendre que le fascisme est en Ukraine, et qu’aucun citoyen ne peut rester sans réagir.


No Pasaran !


source: initiative communiste

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 14:49

Reçu du Collectif  "Indépendance des chercheurs"

 

Recherche, enseignement supérieur, "austérité"... (I)

 

Quel est l'avenir en France des services publics de la recherche et de l'enseignement supérieur ? Le 14 septembre 2014, Boursier.com écrit « Moscovici votera la confiance au gouvernement Valls », rappelant que Pierre Moscovici sera encore député au moment de ce vote malgré sa condition de futur Commissaire européen aux Affaires économiques et financières. Sans surprise, Moscovici évoque une nouvelle fois les « réformes qu'il est nécessaire de faire ». Qui peut s'en étonner ? Précisément, la recherche publique et les universités font partie des cibles de cette politique comme évoqué encore dans nos articles de ce jour « Geneviève Fioraso, la recherche et l'enseignement supérieur (I) » et « Le décret Fioraso sur les enseignants-chercheurs (II) ». Réagissant à cette évolution passée, présente et déjà anticipée, une déclaration intersyndicale du 12 septembre porte le titre « Contre l'austérité renforcée dans l'enseignement supérieur et la recherche publique. Multiplions les initiatives de résistance ! ». Une réaction très logique et légitime, mais qui nous semble nécessiter également une dénonciation claire et ouverte des causes profondes de cette situation, dans l'esprit notamment de la campagne d'information citoyenne que nous réclamons depuis bientôt six ans. Impossible, en effet, de passer sous silence devant l'ensemble de la population le rôle décisif de la mondialisation du capitalisme et les effets pervers de la privatisation de l'économie. La défense conséquente des services publics stratégiques passe inévitablement par une dénonciation claire et en toute transparence de la politique appliquée depuis trois décennies. François Hollande, Manuel Valls, Geneviève Fioraso... ne sont que des exécutants de cette même politique imposée par les milieux d'affaires à travers, notamment, l'Union Européenne et l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). La Fête de la Science devrait permettre d'amplifier la campagne d'explication citoyenne que nous proposons.

[la suite, sur le lien http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2014/09/14/recherche-enseignement-superieur-austerite-i-50211.html ]


et pour rappel :


http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2014/09/06/trierweiler-l-ena-hec-et-le-gouvernement-50184.html

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 08:47
Lu sur El Diablo "communcommune"

usa-bergeron.jpg

Décidément les médias manipulent, occultent sans cesse. Par exemple à propos de la mort d'André Bergeron, un des fondateurs de FO, L’occasion leur était donnée de raconter avec objectivité la naissance de FO et ses conséquences sur le mouvement ouvrier et la première casse de nos acquis.

 

Qu'ai-je entendu: « Bergeron, un des créateurs de FO était partisan d'un « syndicalisme indépendant », « indépendant des patrons et de de toute politique ». Voilà comment ils résument l'histoire.... aucun mot sur la naissance de FO et son pourquoi. Alors racontons: Nous sommes en 1947, nous venons de vivre (45-47) une période de conquis sociaux extraordinaires dans le sillage du CNR avec les ministres communistes, (sécu, statuts et avancées de toutes sortes, nationalisations, services publics). Il fallait évidemment briser cette formidable invention sociale, D’autant plus que la guerre froide pointe son nez. Comment? Et bien en divisant le mouvement ouvrier. Et d'où va venir cette inspiration à la scission... des USA évidemment. Inspirée de Bruxelles par Irving Brown, le 18 décembre 1947, décision est prise par Jouhaux, Bothereau, Delamarre…de démissionner du bureau confédéral de la CGT.

 

Le 13 avril 1948, ils organisent le Congrès constitutif d’une nouvelle Confédération. La « CGT-Force ouvrière » est née. La scission est consommée…La responsabilité directe des syndicats américains dans la scission sera plus tard attestée par Georges Meany, nouveau secrétaire de l’AFL (American Federation of Labour). En 1953, lors d’un « Club de la Presse » à Washington, l’homme déclarera en substance aux journalistes ébahis : « Il n’y a pas de forces plus importantes aux USA que les Fédérations syndicales américaines. Oui, nous avons un grand rôle à jouer à l’étranger. Tout aussi important, sinon plus, parce que nous pouvons nous permettre de le révéler maintenant, c’est avec l’argent des ouvriers de Détroit et d’ailleurs qu’il m’a été possible d’opérer la scission, très importante pour nous, de la CGT, en créant le syndicat FO » .Dans une interview au « Los Angeles Times » en 1964, Thomas Braden confirmera, quant à lui, que la CIA, dont il fut l’un des dirigeants, avait largement contribué au financement de FO.

 

Les conséquences seront terribles pour le mouvement social: division ouvrière, obstacles aux nouvelles conquêtes sociales, affaiblissement de la CGT, reprise en main des patrons après leur période noire de libération, facilitation de toute la casse des conquis. Juste un exemple: la sécu.

 

En 1967 par ses ordonnances, De Gaulle casse le principal acquis de la Libération en instaurant dans les CA des caisses de sécu le paritarisme. Sous Ambroise Croizat : 3/4 des sièges étaient aux ouvriers, 1/4 aux patrons; Avec de Gaulle ce sera, outre la suppression des élections, le rapport 50-50, Il suffira désormais d'un syndicat minoritaire (FO par exemple...) pour faire pencher la balance vers une gestion patronale et commencer le détricotage de l’œuvre du CNR et notre sécu....Voilà, c'était juste pour rétablir un peu de vérité historique.

 

Michel ETIEVENT

 

source : Michel Etievent sur Facebook 

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 13:19
Nous publions ici un texte paru sur le site d'Attac.  Nous ne partageons pas la stratégie altermondialiste ( altercapitaliste ?) d'Attac.  Mais Attac se bat contre les traités CETA ( UE-Canada), TAFTA ( Traité transatlantique Etats-Unis-UE), ACS (Accord mondial sur le commerce des services, négocié dans le cadre de l'OMC) et a raison.  Ces traités sont mortifères pour les salariés, les usagers des services publics.   Les traités transatlantique et UE-Canada montrent pourquoi les capitalistes des grandes firmes transnationales ont oeuvré à la création de l'UE. C'est l'UE et ses institutions qui leur permet d'imposer aux peuples, sans consultation, sans discussion, par un coup de force permanent, des décisions qui devraient être votées par leur représentation nationale. 
En France, ç'aurait été du devoir de nos élus nationaux d'impuser un débat public sur ces traités et d'en éclairer les objectifs et les conséquences nationales.  Car ces textes renforceront le camp des grandes multinationales et leur contrôle de toutes les décisions publiques, de toutes les politiques décidées.  Mais nos "élites" nationales, technocrates, politiciens de droite ou de "gauche" sont trop contents d'abandonner les mauvais coups à Bruxelles.  Certains parlementaires européens avouent même dans les colonnes de Marianne (4 juillet 2014) avoir voté pour les discussions sur l'ACS sans vraiment avoir compris de quoi il retournait ... Les négociations secrètes concernant ces traités, les décisions prises, soulignent combien le pouvoir supranational de l'UE est contraire à notre Déclaration des droits de l'homme et du Citoyen qui affirme : " Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément". C'est pourquoi, contrairement à Attac, nous pensons que nous ne pouvons pas exercer notre souveraineté par le biais des institutions européennes.  Et tout ce que décrit Attac à propos des traités le démontre. 
Ce combat est ainsi intimement lié à notre bataille contre l'intégration européenne et l'exploitation capitaliste.  C'est pourquoi nous nous battrons dans un même mouvement contre ces traités et leurs conséquences pour les Français, pour la sortie de l'Union Européenne et pour une politique de coopération et d'échanges mutuellement avantageux entre les Etats, non soumise aux dumpings sociaux et environnementaux.  
Attac nous incite à demander à nos députés "d' exprimer", lors du débat sur ces traités," les plus vives réserves à l'égard, en particulier, des volets «Protection des investissements» et «Coopération réglementaire» de l'accord en passe d'être conclu, et à exiger l'introduction de sauvegardes sans équivoque quant au droit des collectivités publiques à réguler."  Nous ne partageons pas cette proposition. En effet Attac montre dans l'article ci-dessous que tous ces traités poussent à la déréglementation, à la privatisation des services publics, à l'affaiblissement de la souveraineté des Etats et des collectivités locales. Nous  devons donc exiger que les parlementaires refusent de ratifier ce traité.  Un compromis ne ferait que limiter à la marge la déréglementation en matière sociale et environnementale.  Ce serait donc un recul. 
Y.Genestal
Première analyse du texte de l’accord UE-Canada

 

Le texte de l’accord « CETA » formellement conclu le 5 août entre l’Union européenne et le Canada est maintenant établi.

La version « fuitée » aux alentours du 10 août est une version dite consolidée, c’est-à-dire qu’elle est présentée de manière organisée sans que la numérotation des articles soit réalisée. Le texte est daté du 1er août, c’est donc la version la plus récente existante. Elle n’a donné lieu, pour l’heure, à aucune publication officielle [1].

 

Vu l’ampleur du texte (plus de 1 500 pages avec les annexes), la présente analyse procède pour l’instant d’une première lecture, et n’offre pas, bien entendu, d’avis exhaustif sur l’ensemble du texte. Son passage au crible nécessitera plusieurs semaines voire plusieurs mois à nos organisations tant il est complexe, conçu par des spécialistes pour des spécialistes. Bien trop tard, en somme, pour mener le travail d’information et de mise en débat auprès du public, pourtant indispensable au regard de l’étendue des bouleversements politiques qu’induira cet accord : le texte devrait être clos le 25 septembre prochain sans que les citoyens n’aient eu l’opportunité d’en être saisis, donc sans que les élus français ou européens n’aient eu l’opportunité d’infléchir son contenu.

L’analyse d’un certain nombre de ses aspects majeurs permet toutefois de saisir la portée considérable du texte proposé aux États membres, qui devrait être officiellement validé (donc considéré comme clos) le 25 septembre prochain lors d’un sommet entre l’UE et le Canada.

Le Conseil de politiques commerciales qui réunit les administrations respectives en charge des questions commerciales pour les 28 États membres doit se réunir vendredi 12 septembre prochain à Bruxelles.C’est la date jusqu’à laquelle chacun des 28 pourra faire état de ses critiques et lignes rouges vis à vis de ce texte, avant que la DG Commerce y mette la dernière main.
Nos recommandations
Sur le volet transparence/démocratie :

Le Secrétariat d’État français au Commerce extérieur doit urgemment faire traduire et divulguer ce texte, et le soumettre à toute ou partie (les Commissions compétentes par exemple) du Parlement français, ainsi qu’à tous les acteurs de la société civile intéressés au résultat de la négociation : paysans, syndicats, associations de protection de l’environnement, associations de consommateurs, chercheurs et experts indépendants…
À cette fin, les Parlementaires français pourraient interpeller le Premier Ministre Manuel Valls et le Ministre de tutelle du Secrétariat d’État au Commerce extérieur, M. Laurent Fabius, pour qu’ils ouvrent instamment un débat parlementaire concernant le contenu du texte.

La France, dans le cadre du Conseil des ministres du Commerce extérieur et dans le cadre du Trade Policy Committee, doit instamment appeler à la publication du texte de l’accord CETA, et l’organisation d’une consultation publique large et contraignante par la DG Commerce.

À très court terme, sur le contenu du texte :
  • La France doit demander la révision complète et substantielle du chapitre 10 sur la protection des investissements.
  • La France doit demander la révision complète et substantielle du chapitre 26 relatif à la Coopération réglementaire, et de toutes les dispositions sectorielles organisant la coopération entre des autorités de régulation hors des circuits de contrôle démocratique et citoyen.
  • La France doit étendre la liste des exceptions qu’elle instaurera aux obligations génériques de non-discrimination et du traitement national telles que listées dans l’Annexe 2, en particulier concernant tous les services d’intérêt général.
  • La France doit refuser toute disposition dont la formulation allusive pourrait remettre en question son droit d’invocation du principe de précaution.
  • La France doit demander l’introduction du droit à réguler en disposition première et surplombante, de même que contraignante à l’ensemble du texte. Une telle affirmation ne remettra pas en cause la protection légitime des investisseurs en cas de déni évident de justice, mais elle permettra d’éviter la multiplication de recours et de litiges abusifs visant à faire supprimer des règles et normes protégeant à la fois les peuples et la planète, et à dissuader la puissance publique d’exercer son droit souverain à protéger l’intérêt général.
Structure générale de l’accord

L’accord se divise en 42 chapitres : les 2 premiers sont consacrés au préambule et aux définitions, les 7 derniers clarifient une multitude de situations juridiques particulières à travers des déclarations spécifiques (comme le cas d’Andorre, une déclaration sur les Vins et spiritueux, etc.).

La plupart des chapitres portent sur l’organisation de la libéralisation du commerce entre les deux Parties en s’appuyant sur des principes comme le « Traitement national », la « Clause de la nation la plus favorisée » (clause dite « MFN ») ou traitent de questions telles que les subventions, la facilitation du commerce et les procédures douanières, les « règles d’origine », les « barrières au commerce », « mesures sanitaires et phytosanitaires », etc. Certains chapitres portent plus spécifiquement sur les services et l’investissement. Enfin, l’aspect « dérégulation » est traité de manière disséminée dans plusieurs chapitres tels que le chapitre 26 sur la « Coopération réglementaire », les 27, 28, 29 portant sur les divers protocoles de reconnaissance mutuelle de normes dans divers domaines (produits pharmaceutiques, matières premières, etc.), le 31 sur la transparence, le 33 sur le mécanisme de règlement des différends investisseurs-États.

L’accord se complète de quelques 1 000 pages d’annexes diverses dédiées au calendrier, aux offres respectives des parties négociantes, au détail des exceptions qu’elles réservent aux différents volets de l’accord…

Cet accord n’est pas seulement un accord de libre-échange, il s’agit avant tout d’un accord de dérégulation. Il doit être compris pour ce qu’il est, un précurseur politique de l’accord UE/États-Unis.

Comme accord de libre-échange, il opère la plus large libéralisation du commerce international entre l’Union européenne et le Canada, en allant plus loin que les accords de l’OMC.

En tant qu’accord de dérégulation, il installe deux mécanismes qui institutionnaliseront les droits exceptionnels des entreprises transnationales (ETN), désormais appelées à co-écrire les règles les concernant et à déterminer le périmètre de l’intervention publique sans aucune validation démocratique : le mécanisme de règlement des différends Investisseur-État et le « Forum de coopération réglementaire ». Les ETN jouiront grâce à cet accord d’un privilège, celui de se voir appliquer des procédures particulières en dehors du droit commun.

Préambule : le droit à réguler

De façon assez habituelle dans ce type de texte, le préambule de l’accord rappelle les principes qui ont officiellement conduit sa rédaction, à savoir la recherche de la croissance et du développement dans le respect des « Droits humains ». Il est fait référence à la Convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle et affirme le droit des États de réguler dans ce domaine, y compris par un soutien financier aux activités y afférant. Le préambule affirme également que l’accord « préserve le droit (des Parties) de réguler sur leur territoire (et de) préserver la flexibilité nécessaire pour mettre en œuvre les objectifs de politiques publiques légitimes comme la santé publique, la sûreté, l’environnement, la morale publique et la promotion et la protection de la diversité culturelle ».

Une fois ces affirmations générales faites, l’accord organise pourtant concrètement les moyens de réduire le droit des États à réguler et de donner aux ETN un rôle surplombant. En effet le préambule n’a pas de vocation contraignante pour l’ensemble du texte, alors que les mouvements citoyens demandent de longue date l’affirmation du droit à réguler en article premier de l’accord, et la soumission de toutes les dispositions suivantes à ce premier article.

Au delà du préambule, comme prévu, l’accord réduit les droits de douane agricole dans un certain nombre de produits, et modifie les quotas fixés à l’encontre des viandes canadiennes (entre autres). Mais nous aurons besoin de plus de temps pour analyser les dispositions agricoles en détail.

Il consacre une attention particulière aux indications géographiques, tel que l’UE le défend depuis le lancement de ses négociations avec le Canada et les États-Unis.

Il comporte une partie significative sur les procédures de facilitation du commerce, dans la continuité de la tendance lourde actuelle : dématérialisation des documents de douanes, échange d’informations automatiques (art. X 3-3 et 4. et X-8), mise en place d’un organisme conjoint chargé de simplifier les procédures en douanes (le JCCC art X-14).

Malgré l’énonciation de bons principes dans le préambule, les dispositions contenues dans l’accord EU-Canada ne protègent pas la capacité des États à réguler.
Le volet « Protection des investissements » : des droits inégalés conférés aux entreprises transnationales

Les chapitres 10 et 33 traitent de la protection des investissements, dont la mise en place, à cet effet, d’un mécanisme de règlement des différends investisseur-État.

Le chapitre « Investissement » décrit les conditions d’accès au marché pour les investisseurs de chacune des Parties (article X-4) et stipule comme prévu qu’elles devront accorder en général un traitement rigoureusement identique, en situation identique, aux entreprises nationales et à celles de l’autre Partie (traitement national). Ce principe consiste à considérablement libéraliser les investissements canadiens dans l’UE, et réciproquement, d’autant plus que le texte établit la liste précise de toutes les types de mesures qui seront prohibées par l’accord. Certaines de celles-ci sont d’ailleurs hautement problématiques : par exemple les alinéas 2-a, 2-d ou 2-e de l’article X-4, qui prohibent l’introduction de restrictions liées à la volonté de réguler l’usage des terres, de protéger l’environnement ou de limiter la consommation de ressources naturelles, ou encore de limiter le nombre de licences ou d’autorisations dans le domaine des télécommunications en raison de contraintes physiques ou techniques.

Les alinéas 1-b et 1-c de l’article X-5 relatif aux « exigences de performance » que pourrait fixer l’une ou l’autre des parties à un investisseur sont également problématiques : elles interdisent en effet à une collectivité publique de fixer des seuils minimaux de contenu local à un investisseur, de même que de donner préférence à des produits ou des services locaux dans leurs commandes publiques.

De même le texte prohibe le conditionnement d’avantages (en nature ou sous forme de subventions) à des critères de contenu ou d’origine locale.

Le texte précise ensuite, toutefois, qu’aucune de ces dispositions ne pourra empêcher une collectivité de conditionner un avantage, en particulier une subvention, à l’exigence de « localiser la production, fournir un service, former ou employer des travailleurs, construire ou développer des facilités ou des infrastructures, ou conduire des activités de recherche-développement sur le territoire ». Mais c’est là le propre des subventions.

La section définissant les obligations de protection des investissements des parties au traité détaille la définition de l’expropriation directe ou indirecte (Annexe X-11 de la section investissements), sachant que cela peut être défini par un faisceau d’indices multiples parmi lesquels le fait que les mesures ont un « effet sur la valeur économique de l’investissement » (Annexe 11, 2-a) ou qu’elles aient un impact sur les « retours sur investissements raisonnablement escomptés » (2-b). Le texte permet donc aux entreprises européennes et canadiennes de fonder la rentabilité de leurs investissements sur une garantie de stabilité réglementaire et/ou normative, garantie du financement immédiat de leur projet et garantie des profits futurs.

Ce point est extrêmement important et il est nouveau. Le caractère extraordinairement flou de la notion ouvre toutes les portes aux interprétations favorables aux entreprises, et suspendra une épée de Damoclès sur toute décision publique ; comment la puissance publique pourrait-elle effectivement garantir l’intangibilité des lois et des règlements applicables aux acteurs économiques privés ? C’est pourtant bien ce que suggère le texte de l’accord. De plus, seront attaquables les mesures « manifestement excessives », y compris celles prises dans le but de protéger des « objectifs publics légitimes tels que la santé, la sûreté et l’environnement », mais seulement dans des « circonstances exceptionnelles » (point 3 du même article).

Le texte précise également la notion de « traitement juste et équitable », fréquemment invoquée dans les litiges relatifs à l’investissement, et considérée par les observateurs indépendants comme bien trop floue et subjective dans les traités existants, en particulier ceux initiés par les États-Unis. L’article X-9 circonscrit un peu mieux la notion, pour la limiter aux cas évidents de déni de justice, de discriminations évidentes liées au sexe, à la race ou à la religion de l’investisseur, et à la violation des dispositions relatives à la non-discrimination, au traitement national et à la clause « MFN ». Il précise également qu’une violation d’une autre clause du traité ne constituera pas un motif de violation des obligations de traitement « juste et équitable » à l’égard d’un investisseur (et ne pourra donc automatiquement fonder un litige arbitral).

La section 5 de la partie dédiée à la protection des investissements est consacrée quant à elle aux exceptions possibles au reste des dispositions générales définies préalablement en la matière. Elle stipule que les réserves possibles aux obligations en matière d’investissement sont libellées dans les annexes 1 et 2 du traité.

Or la liste des réserves formulée au plan communautaire, comme par la France spécifiquement, ne semble pas spécifier clairement que les services d’intérêt général que sont l’éducation, la santé ou encore les services sociaux seront explicitement des secteurs soustraits à la libéralisation des investissements. Tout au plus est-il fait mention de la possibilité, pour l’UE ou pour l’un de ses États membres, d’interdire ou de limiter la prise de participation étrangère dans des entreprises publiques ou dans une structure considérée comme gouvernementale. Mais qu’en est-il de la prise de participation étrangère dans des entreprises de statut privé qui fournissent pourtant des services publics ou d’intérêt général sur une base contractuelle avec l’État ou toute autre collectivité publique ?

En outre les organisations de la société civile avaient beaucoup insisté pour limiter l’usage des listes négatives dans la définition du droit des autorités publiques à réguler et à définir leurs priorités de développement ; elles ont à l’inverse défendu l’affirmation de celui-ci comme le droit commun, assorti de la liste précise des offres d’accès au marché et de facilités faites aux investisseurs. Mais l’analyse de ces annexes démontre que la crainte du système de liste « négative » était parfaitement fondée puisque le droit à réguler est réduit à l’état d’exception, dont la démonstration du bien-fondé reviendra à la puissance publique. Qu’adviendra-t-il de la volonté publique de réguler dans tous les secteurs non listés en annexe du traité lorsque l’intérêt général l’exigera ? Sera-t-elle susceptible d’être attaquée par une entreprise puis soumise à une procédure d’arbitrage ? Et comment sera régulé l’investissement dans des secteurs qui viendraient à émerger dans le futur ? La logique du texte voudrait qu’il ne puisse faire l’objet d’aucune limitation à l’avenir puisqu’aucune mention n’en est faite dans les annexes présentes.

Le volet « Protection des investissements » confère des droits privilégies aux investisseurs étrangers.Malgré de timides avancées, les clauses de protection des investissement « nouvelle génération » proposées dans le présent texte continuent de laisser un certain nombre de notions dans un flou juridique dangereux pour les collectivités publiques et ouvrent la portes à des interprétations favorables aux entreprises, suspendant une épée de Damoclès au dessus de toute décision publique.Le droit à réguler est réduit à l’état d’exception, et clairement limité dans plusieurs cas (prohibition de l’introduction de restrictions liées à la volonté de réguler l’usage des terres, de protéger l’environnement ou de limiter la consommation de ressources naturelles, ou encore de limiter le nombre de licences ou d’autorisations dans le domaine des télécommunications en raison de contraintes physiques ou techniques).
Le mécanisme d’arbitrage des différends ISDS

La section 6 du chapitre 10 décrit précisément le fonctionnement du mécanisme d’arbitrage proposé en cas de litige entre un investisseur et l’une des parties au traité.

Pour rappel, cette clause d’arbitrage permettra aux multinationales canadiennes, ainsi qu’aux autres, notamment américaines possédant une filiale au Canada, de contester les lois et décisions publiques européennes qui affecteraient leurs profits. De telles clauses dans d’autres accords ont déjà permis à des multinationales de contester une augmentation du salaire minimum en Égypte, la sortie de nucléaire ou la protection des rivières en Allemagne, des avertissements de santé sur les paquets de cigarettes en Australie, ou encore ont permis de condamner l’état argentin pour avoir contrôlé le prix de l’eau dans un contexte de grave crise sociale. Les condamnations se traduisent par des amendes en millions voire en milliards d’euros.

Ce mécanisme reprend ce qui est connu désormais dans le chapitre 11 de l’ALENA et dans les quelques 3000 accords bilatéraux sur l’investissement existants.

Il est à noter que le texte exclut l’« importation de clauses » (article X-7, alinea 4) dans le cadre de procédures d’arbitrage, ce qui signifie que l’application de la clause de la Nation la plus favorisée ne pourra permettre à une entreprise (ou aux arbitres d’un différend) de l’invoquer pour exiger des avantages conférés à une partie tiers dans le cadre d’un accord préférentiel plus avantageux [2]. C’était une crainte des organisations de la société civile, que les parties ont prise en compte.

Lorsque le différend porte sur l’investissement, la procédure suivie sera, au choix des parties, celle établie par le CIRDI, par UNICITRAL ou tout autre que les parties choisiront. Sinon, la procédure suivie sera conforme aux règles de l’OMC. Dans tous les cas, il s’agit qu’un organe composé de trois arbitres internationaux, désignés par les parties, qui examine les plaintes des investisseurs (c’est à dire des entreprises) contre des réglementations publiques. L’article X-27 de la section sur l’investissement précise que les arbitres ainsi nommés appliqueront les règles de l’accord. Seule la Convention de Vienne sur l’interprétation du droit des Traités est évoquée, convention qui porte uniquement sur la manière générale de comprendre les traités. Cela veut dire qu’aucun autre texte, de quelque nature que ce soit, ne sera pris en considération par les arbitres, sauf indication contraire de l’accord de commerce invoqué dans le litige. Seule limitation possible : le Comité sur les services et l’investissement pourra proposer au Comité commercial, tous deux instaurés par le traité, une « interprétation contraignante » du texte qui s’imposera aux arbitres. Cette restriction est pour le moins limitée.

La procédure elle-même débute par des consultations et des médiations entamées par une entreprise qui souhaite voir écarter une réglementation (section 2 du chapitre 33), puis, en cas de différend persistant, par la désignation des trois arbitres chargées de trancher le litige. Ces personnes ne doivent pas bénéficier d’un intérêt particulier dans le cas à juger et se conformer à un Code de conduite censé éviter les conflits d’intérêts. Or ces garanties quant à l’éthique et la qualification des arbitres ne suffisent pas, comme l’expliquent de nombreux travaux, par exemple ceux des juristes de l’Institut international pour le développement durable [3] : ils resteront choisis par les parties au litige, et seront nécessairement intéressés à son résultat, dans la mesure les avocats-conseils des parties sont également susceptibles de siéger en tant qu’arbitres. Aucune sanction n’est en outre précisée en cas de manquement.

Ce panel d’arbitrage est habilité à sanctionner les États à la demande des entreprises ressortissantes de l’autre Partie.

Les conséquences de ce type de dispositions sont connues : le flou des motifs pour lesquels les États peuvent être attaqués, l’opacité des procédures d’arbitrage, la connivence des arbitres avec les milieux d’affaires (pour dire le moins), ont amené à des condamnations qui, en retour, ont pour effet d’inhiber le champ de l’action publique et l’affaiblissement des réglementations protectrices des populations. Au mépris des principes démocratiques essentiels, est installé un véritable privilège en faveur des seules entreprises transnationales.

Le mécanisme de règlement des différences entre investisseurs et États proposé dans l’accord EU-Canada met clairement en danger le droit des États à réguler.De très nombreuses études et prises de position, y compris au sein du groupe S&D au Parlement européen, ont montré son caractère archaïque. Les timides aménagements inclus dans le texte de l’accord EU-Canada ne suffisent ni à significativement réduire les possibilité d’interprétation des arbitres, ni à véritablement prévenir les conflits d’intérêts.
L’harmonisation des normes et la coopération réglementaire

Il faut tout d’abord noter que le texte fuité n’introduit pas d’harmonisation ou de reconnaissance mutuelle des normes qui fonctionnerait de manière automatique et globale.

En matière de reconnaissance mutuelle par exemple, le chapitre sur les normes sanitaires et phytosanitaires (SPS – chapitre 7) stipule bien qu’une Partie n’acceptera la norme SPS de la partie conjointe que si cette dernière démontre « objectivement » que sa norme fournit à la Partie « importatrice » le niveau approprié de protection.

Le texte prévoit cependant à travers la coopération réglementaire (Chapitre 26) des mécanismes qui pourront faciliter la convergence des règlementations et mesures existantes et futures, y compris celles de protection des consommateurs, des travailleurs ou de l’environnement. Les dispositions regroupées sous ce nom de coopération réglementaire permettront une co-écriture des réglementations par les multinationales des deux côtés de l’Atlantique, bien après la ratification de l’accord par les instances démocratiques compétentes, et sans aucun contrôle ultérieur.

La logique exposée dans cette section est la suivante :

  1. les parties au traité ont déjà des engagements multilatéraux en matière de coopération réglementaire, notamment dans le cadre de l’OMC, et reconnaissent le bien-fondé de la coopération réglementaire,
  2. elles affirment leur détermination à assurer un haut niveau de protection du bien-être des humains, des animaux et des végétaux.
  3. sur la base de ces engagements, elles s’engagent à mettre en œuvre la meilleure coopération possible dans le domaine de l’élaboration, l’évaluation et la révision des diverses normes (sanitaires, phytosanitaires, administratives, industrielles, de conformité des procédures…)

Pour une part d’entre eux, les objectifs assignés à ce chapitre sont légitimes : partager un maximum d’informations, échanger sur les risques et situations diverses rencontrées par l’une ou l’autre des parties et qui intéressent l’autre, se tenir informés des initiatives de régulations qu’elles prendront respectivement lorsqu’elles concerneront un aspect ou l’autre du présent traité, en anticiper par des études et recherches les conséquences commerciales…

Mais l’article X-2-4 introduit des objectifs nettement plus problématiques : « : « Sans limiter la capacité de chaque Partie de conduire ses propres politiques législatives et réglementaires de régulation, les Parties s’engagent à développer leur coopération réglementaire à la lumière de leur intérêts communs dans le but de : (a) prévenir et éliminer les barrières non nécessaires au commerce et à l’investissement, ; (b) renforcer le climat de compétitivité et d’innovation, incluant la recherche de la compatibilité réglementaire, la reconnaissance mutuelle et la convergence ; et c) promouvoir des processus transparents, efficaces et effectifs qui améliorent les objectifs de politiques publiques et remplissent les mandats des institutions de régulation, ce qui inclut la promotion de l’échange d’informations et celle des bonnes pratiques. »

Bien entendu l’article X-5 précise : « Ces considérations n’empêcheront pas l’une ou l’autre des Parties d’adopter des mesures différentes répondant à des approches différentes liées à des processus institutionnels et législatifs différents , ou à des circonstances, des valeurs ou des priorités spécifiques à cette Partie. »

Un des risques majeurs réside toutefois dans l’absence de clarté et de précision quant aux modalités de composition, de saisine, de décision et de contrôle du « Forum de coopération réglementaire » mis en place (Article X-6) et responsable d’organiser ce dialogue institutionnel entre les deux Parties. Pourtant celui-ci aura toute compétence pour consulter en toute opacité les « parties privées » (les lobbies de toutes sortes – art X-8) tout au long du processus. Il sera supervisé par un haut-fonctionnaire issu de chacune des Parties, qui auront toute latitude pour inviter « les parties intéressées » aux questions traitées à leur convenance ; il ne sera donc soumis à aucune obligation d’impartialité et de consultation égalitaire entre tous les acteurs concernés.

Il adoptera son propre cahier des charges et sa propre feuille de route, et sera responsable devant le « Conseil du CETA » (l’organisme de supervision de la mise en œuvre du présent accord), en somme des fonctionnaires de la DG Commerce de l’UE et du Ministère canadien du Commerce.

En outre les champs de compétences thématiques ou sectoriels de ce Forum de coopération réglementaire ne sont en rien limités. Or le texte ne donne aucune sorte de précision sur la façon dont sera organisée la participation des États membres et de leurs organismes régulateurs compétents, pas plus que sur la façon dont les circuits de supervision institutionnelle et politique que devra respecter ce FCR.

On voit que ce mécanisme pose deux types de problèmes :

  1. L’accord est « vivant » : l’élaboration et l’évolution réglementaires se poursuivront après la conclusion et la ratification de CETA, sur tous les sujets que les deux parties jugeront nécessaires, si bien qu’aucune disposition d’harmonisation ou de démantèlement des régulations ou réglementations existantes n’est nécessaire dans le présent texte. Toute nouvelle réglementation devra être soumise au préalable au Forum de coopération réglementaire, qui pourra décider de son devenir ; les instances élues compétentes sur les matières concernées dans les pays du l’UE et au Canada n’interviendront au mieux qu’en bout de course, sans avoir pu se prononcer a priori, quand elles sont pourtant les seules légitimes à déterminer, et assurer, l’intérêt général
  2. Il s’agit de mettre en place, à travers le Forum de coopération réglementaire, un comité composé « d’experts », non contrôlés par la puissance publique et par les citoyens, chargés de régulièrement revenir sur les réglementations existantes qui seraient jugées trop lourdes pour la compétitivité des entreprises.

Ces deux aspects nous paraissent poser un problème démocratique fondamental.

On trouve un autre exemple de cette possible coopération réglementaire dans la section 29 du texte, à travers l’article X-03, qui traite de la coopération bilatérale en matière de biotechnologies. Rappelons que sont classifiées « biotechnologies » les organismes génétiquement modifiés ou encore les nanotechnologies.

À première vue le texte appelle tout simplement à développer cette coopération dans le cadre d’une instance déjà existante, créée en 2009, le « Bilateral Dialogue on Biotech Market Access Issues ». Mais les objectifs assignés à ce « Dialogue » laissent penser qu’il pourrait jouer un rôle actif dans la libéralisation du commerce des produits OGM entre l’UE et le Canada. Il se voit ainsi confier la responsabilité de « promouvoir des processus d’approbation basés sur une science efficace concernant les biotechnologies », façon subtile de remettre en cause les méthodologies scientifiques en vigueur dans l’UE comme au Canada, et de discréditer, en particulier, le principe de précaution européen. Il devra également « engager une coopération réglementaire pour minimiser les effets commerciaux adverses des régulations limitant l’usage et le commerce des biotechnologies ». Or qui compose actuellement ce « Dialogue », quelle est la qualification de ses membres, quelles garanties présente-t-il d’une indépendance minimale vis à vis des grands acteurs économiques du secteur, comment sera-t-il contrôlé, ses décisions seront-elles soumises aux représentants élus des citoyens, et dans quelles conditions ?

Les agriculteurs canadiens pratiquent également la chloration de la viande de bœuf, et il est probable que les producteurs obtiendront sa reconnaissance dans l’UE, si pas directement dans le texte de CETA, via le « comité conjoint sur les mesures sanitaires et phytosanitaires » institué par l’accord.

Le principe, louable initialement, de la coopération réglementaire et la création d’un opaque « forum de coopération » font de l’accord EU-Canada un accord vivant. Le travail sur les normes, et en particulier sur les normes sanitaires et phytosanitaires, se poursuivra au-delà de la ratification. Les modalités du contrôle démocratique de ces processus de coopération ne sont nulle part précisées. La mention du terme « science efficace » fait entrer cette partie du texte dans la controverse autours de l’appréciation des risques, et en faisant peser la balance du côté de l’approche nord-américaine, remet en question le principe de précaution.
CETA menace les droits sociaux

Le Canada a proposé d’inclure dans CETA des références aux droits du travail, dont ceux promus par l’OIT, en y assortissant des mécanismes de plaintes et de sanctions financière ou amendes en cas de violations [4].

Mais selon les dernières informations disponibles [5], en dépit de ces demandes, la Commission et les États Membres ont refusé d’inclure cette approche dans le texte final.

Dans le texte fuité, un chapitre entier (24) est consacré au droit du travail. Il affirme l’application des 4 Conventions internationales de l’OIT (liberté d’association et de négociation collective, élimination du travail forcé ou contraint, abolition du travail des enfants, élimination des discriminations au travail, art 3-1 du chapitre 24) et la nécessité de « promouvoir » l’agenda sur le travail décent.

Toutefois, certaines formulations sont inquiétantes : l’article X-3-3 qui annonce que les Parties qui ont l’intention de prendre des mesures de protection sociale doivent « tenir compte des connaissances scientifiques et techniques pertinentes et des standards, lignes de conduites recommandations internationaux s’ils existent, particulièrement s’ils affectent le commerce et l’investissement des Parties ». Il serait ainsi possible pour les entreprises de contester des mesures relevant du droit social dès lors qu’elles pourraient ne pas suivre des recommandations internationales par définition très en dessous de ce qui se pratique effectivement dans notre droit. Qui définit en outre les « connaissances scientifiques et techniques pertinentes » ?

Le refus européen d’inclure des mécanismes contraignant de respect des droits sociaux confirme la place prépondérante donnée aux entreprises multinationales par l’accord EU-Canada. La conséquence d’une telle orientation politique ne peut être qu’un affaiblissement des dits-droits. Le flou de dispositions donnant de nouvelles capacités de contestation du droit social aux entreprises renforce ces déséquilibres.
Les travailleurs salariés (chap. 12)

Ce chapitre ne traite ni des conditions d’autorisation d’entrée et de travail, ni d’obtention de la nationalité mais des « personnels essentiels, prestataires de services contractuels, professionnels indépendants, visiteurs d’affaires court-terme » (art X-1-2 du chapitre) détachés sur le territoire de l’autre Partie. Cela semble vouloir indiquer que seuls les personnels ayant une compétence particulière sont concernés et uniquement par des contrats de travail courts.

Toutefois, la pratique déterminera ce que les entreprises feront des dispositions de cette partie de l’accord. Les directeurs, les gestionnaires de haut-niveau sont concernés et il n’y a pas de doute sur le fait que leurs contrats seront avantageux. Toutefois, quelle sera l’utilisation que feront les entreprises des salariés même très qualifiés dans le cadre des ’Fournisseurs de contrat de service et travailleurs indépendants’, utilisable dans le cadre d’une prestation de moins de douze mois (art 8-1-a du chapitre) ? Certains salariés sont très qualifiés mais néanmoins soumis à une certaine concurrence (les ingénieurs dans certains domaines, par exemple). Pourraient-ils entrer dans ce cadre ? Quels seraient leur contrat, notamment en termes de cotisations sociales sur place ? N’y a-t-il pas là un effet indirect sur le niveau de protection sociale et de financement des régimes obligatoires de protection sociale ?

Si une Inspection du travail est prévue, aura-t-elle les moyens d’exercer sa mission ? Cela ne semble pas certain.

De nombreuses questions restent ouvertes concernant les travailleurs salariés. Les dispositions incluses dans ce chapitre ne doivent pas avoir d’impact négatif sur le niveau de protection sociale et de financement des régimes obligatoires de protection sociale
CETA menace l’accès pour tous aux services publics

Concernant les services (Chapitre 11), qui constituent 70% des emplois et de l’économie européenne, CETA consacre l’ouverture à la concurrence internationale, sauf pour certains secteurs explicitement préservés.

Tous les services sont concernés a priori. Les seules exceptions définies en introduction du chapitre concernent :

  • Les services fournis dans l’exercice d’une autorité gouvernementale (ici sont surtout concernés les questions de défense et de sécurité et les systèmes publics de protection sociale),
  • Pour l’UE, les services audiovisuels,
  • Pour le Canada, les industries culturelles,
  • Les services financiers traités ultérieurement,
  • Les services aériens et les services qui leurs sont liés (sécurité aéroportuaire, contrôles aériens, la maintenance et la réparation aérienne, services logistiques au sol et aux escales etc),
  • La vente et la promotion de services de transports,
  • Les systèmes de services liés à la sécurité informatique,
  • Les marchés publics destinés à un usage gouvernemental et sans objectif de re-commercialisation,
  • Les subventions et soutiens gouvernementaux liés au commerce des services.

Le texte confirme l’effet de « cliquet » exposé dans la clause de « non-retour » (ou « standstill » en anglais), art. 8-1 du chapitre 3 et qui couvre le chapitre sur le commerce des services. Ce qui aura été libéralisé le restera, ce qui signifie l’impossibilité, dans le futur, de définir de nouveaux services publics ou de remettre sous contrôle public des services jadis délégués à des opérateurs privés. Remunicipalisation ou « republicisation » de services locaux par exemple seront passablement compliqués par l’accord proposé.

Le Canada a simplement négocié une clause de sauvegarde pour l’agriculture (art 8-3).

Les services publics sont-ils concernés ? En principe oui, car les restrictions, qui sont définies dans les annexes I et II (respectivement sur les mesures existantes et futures), n’excluent pas clairement les services d’intérêt général. Faut-il en déduire que seuls les services régaliens de l’État pourraient échapper à la logique marchande qui impliquera la mise en concurrence des opérateurs domestiques avec des investisseurs privés ?

Concernant les services financiers (traités principalement dans le chapitre 15), l’essentiel des clauses décrites dans le chapitre 10 sur l’investissement sont applicables. Les restrictions à l’investissement dans ce domaine ne sont pas davantage autorisés que pour les autres services (cf chapitre 10 sur l’investissement, chapitre 11 sur le commerce des services) mais l’article sur les « exigences de performance » laisse une période de 3 ans supplémentaires pour que les Parties se mettent d’accord.

Le Canada semble avoir négocié une « niche » prudentielle (article 15), justifiée par l’existence de règles plus contraignantes à l’égard des acteurs financiers canadiens, qui avaient d’ailleurs permis à Ottawa de surmonter la crise de 2008 sans grands dommages [6].

Mais cette niche semble assez fragile : dans l’hypothèse d’une plainte portée par un investisseur (voir article 20) contre une clause prudentielle décidée par l’une ou l’autre des Parties, elle sera tout d’abord soumise à un Comité d’experts paritaire, qui devra décider au consensus si la disposition attaquée constituait bien une protection légitime du point de vue de la puissance publique, ou bien une entrave aux droits de l’investisseur. Et faute de consensus, la mesure sera portée devant un tribunal d’arbitrage, avec les modalités d’organisation définies dans le chapitre 10 qui s’appliquent intégralement ici.

L’accord étend par ailleurs les possibilités pour les entreprises européennes des banques et de l’assurance de prendre des participations dans des établissements homologues canadiens, sans réciproque européenne.

L’approche dite « par liste négative » de négociation sur les services consacre une libéralisation par défaut dans le futur. Non seulement les services d’intérêt général ne sont pas tous explicitement exclus de l’ouverture aux opérateurs privés canadiens, mais de surcroît l’effet de « cliquet » empêchera également la définition de nouveaux services publics.
CETA menace directement l’environnement et la transition énergétique

L’accord reconnaît certes aux Parties de droit de poursuivre des politiques publiques de protection de l’environnement et de mettre en place les instruments multilatéraux négociés dans ce domaine. Les articles X-4 et X-5 du chapitre 25 affirment notamment que les Parties ne doivent pas user d’une réglementation plus faible pour attirer les investissements, en somme pratiquer le dumping environnemental.

Ce chapitre « Commerce et développement durable » est dans l’ensemble assez précis et détaillé quant aux modalités de consultation de toutes les parties concernées (précisant l’obligation d’une participation égale des organisations de la société civile et des entreprises aux débats, par exemple, ou encore détaillant les modalités de travail avec les États membres).

L’article X-6 reconnaît aussi aux États le droit d’imposer certaines obligations aux entreprises installées sur son territoire, si toutefois celles-ci ne sont pas « inutilement compliquées et prohibitives ». Ce type de dispositions ouvre néanmoins la porte à toutes les interprétations possibles : une interdiction de la fracturation hydraulique n’est-elle pas « inutilement compliquée et prohibitive » pour un industriel disposant de permis d’exploitation d’hydrocarbures de schiste ?

L’article X-8 risque aussi de poser un sérieux problème d’interprétation puisqu’il prévoit que les restrictions au commerce et à l’investissement posées par des réglementations environnementales ne seraient acceptées que si elles « tiennent compte des informations scientifiques et techniques pertinentes. » Le principe de précaution est certes admis mais dans une certaine mesure seulement, par l’alinéa 2 de l’article X-8, qui affirme qu’aucune des Parties, face à des menaces sérieuses pour l’environnement, ne pourra invoquer le manque de certitude scientifique comme motif pour différer des mesures politiques indispensables lorsqu’elles seront « rentables » ! Mais qu’adviendra-t-il lorsque ces mesures décidées par une collectivité publique ne le seront pas, tout simplement parce qu’elles ne peuvent l’être (un moratoire, la protection d’une zone fragile ?…) ?

Ce chapitre pose en réalité un problème majeur, et de principe : si les engagements des Parties à l’égard des Accords multilatéraux sur l’environnement sont réaffirmés, de même que la nécessité d’optimiser l’appui mutuel que peuvent s’apporter l’armature réglementaire commerciale et son équivalent en matière environnementale, la supériorité de cette dernière sur le droit du commerce et de l’investissement n’est pas affirmée. Aucune hiérarchie de droit n’étant introduite, la préoccupation des Parties à préserver les normes et accords environnementaux multilatéraux ou domestiques ne trouve aucun caractère contraignant, et ne sera d’aucun appui clair en cas de différend.

Si les engagements des Parties à l’égard des Accords multilatéraux sur l’environnement sont réaffirmés, de même que la nécessité d’optimiser l’appui mutuel que peuvent s’apporter l’armature réglementaire commerciale et son équivalent en matière environnementale, la supériorité de cette dernière sur le droit du commerce n’est pas garantie. Aucune hiérarchie de droit n’étant introduite, la préoccupation des Parties à préserver les normes et accords environnementaux multilatéraux ou domestiques ne trouve aucun caractère contraignant, et ne sera d’aucun appui clair en cas de dispute.De plus certaines dispositions limitent le droit des collectivités publiques à introduire des régulations environnementales, et ces dernières se verront renvoyer la charge de la preuve de leur légitimité en cas de litige.
Les marchés publics (chap. 21)

Les marchés passés dans le cadre de la défense, et/ou portant sur le matériel de guerre, ou qui impliquent des enjeux de sécurité importants, ou qui mettent en jeu un intérêt vital d’une Partie sont exclus (art III-1). L’article III-2-d semble par ailleurs exclure que des marchés publics soient pourvus grâce au travail des prisonniers et dans des conditions allant à l’encontre de la morale et de l’ordre publics.

En dehors de cela, les principes posés sont ceux de la non-discrimination entre opérateurs répondant aux marchés publics (égal accès, traitement national), ce qui enterre en principe toute possibilité de faire prévaloir les circuits courts, d’exiger un statut local de l’entreprise répondant aux marchés (déjà interdit en UE, même si subsistent encore des possibilités de biaiser), ou encore d’introduire des critères de durabilité écologique (plafonds d’émissions de CO2 par exemple, plafonds de consommation de ressources non-renouvelables…). Bien entendu les engagements des parties au titre de la non-discrimination et du traitement national ne les obligeront pas à violer les normes protégeant l’environnement et leurs engagements internationaux ou domestiques en la matière, mais engager la transition écologique et sociale aurait exigé de doter les collectivités publiques d’armes claires en cette matière, faute de quoi elles seront susceptibles d’être attaquées par un entrepreneur estimant ses droits lésés.

De ce point de vue, l’article IV-5 va donner lieu à débat d’interprétation : sans refuser que le cahier des charges du marché public indique les règles d’origine des produits à fournir, il faut que la règle d’origine inscrite ne soit pas « différente de celles des règles d’origine que la Partie applique au même moment pour exporter ordinairement les mêmes marchandises ou fournir les mêmes produits ou service de la même Partie. » Cette formule alambiquée indique-t-elle que des règles de provenance ou de contenu local ne pourront constituer des conditionnalités de cahiers des charges que si des normes équivalentes non seulement existent dans l’autre Partie mais en plus sont invoquées dans des appels d’offre de rang similaire ? Si oui, alors les collectivités publiques auront très peu de marge de manœuvre pour privilégier des opérateurs locaux ou d’inclure des critères de durabilité environnementale, dans leurs choix.

Très clairement, ce chapitre permettra aux opérateurs des deux côtés de l’Atlantique de répondre efficacement aux appels d’offres de l’autre Partie ; cela augmentera sans doute le coût de la réalisation des appels d’offre mais ne changera pas ce dernier point pour les collectivités publiques dans l’UE. Sur le plan économique, les grands opérateurs verront de nouvelles opportunités de marché mais les opérateurs locaux risquent de ne jamais avoir la taille critique pour certains marchés.

L’accord UE-Canada permettra aux opérateurs des deux côtés de l’Atlantique de répondre efficacement aux appels d’offres locaux sans possibilité pour les appelants de « localiser » la provenance géographique des intrants à l’offre ou d’introduire des critères de durabilité, et donc de s’engager efficacement sur le chemin de la transition écologique.
La propriété intellectuelle (chap
. 22)

CETA exporte le modèle européen de réglementation sur la propriété intellectuelle. Alors que de nombreuses voix appellent à réviser ces réglementations pour les mettre en conformité avec le Protocole de l’ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels, l’UE fait tout l’inverse en exportant son modèle et en le rendant immuable, dans un traité international extrêmement difficile à réviser. Les paragraphes de l’article 5 renvoient néanmoins à la loi interne le soin d’organiser les contrôles et les sanctions.

Le droit des marques sort quant à lui renforcé par une mise en commun systématique des marques et indications géographiques protégées par les deux Parties. La liste des indications géographiques européennes protégées dans le cadre de l’accord est longue et détaillée (les principaux bénéficiaires en sont l’Espagne, la France et l’Italie, la Grèce dans une moindre mesure), quand celle du Canada est entièrement vierge. C’est une nouvelle qui conviendra probablement aux producteurs agricoles ou agroalimentaires européens, mais qui interroge sur la symétrie de la négociation en ce domaine : les terroirs canadiens n’ont-ils rien à défendre dans ce domaine ?

Concernant les médicaments, la protection va de 2, 5 ou 10 ans selon les cas. Par ailleurs, la production et l’exportation de médicaments génériques est possible aux conditions de la déclaration de l’OMC du 30 août 2003.

Le chapitre « Propriété intellectuelle » de CETA reprend certains des aspects critiqués du droit européen, et va au-delà des accords « ADPIC » de l’OMC. L’accord UE-Canada éloigne encore d’un pas la possibilité de réformes nécessaires.
CETA est un modèle, voire un « marchepied » pour le grand marché transatlantique

Par bien des aspects, CETA constitue un test, un cheval de Troie du traité transatlantique (TTIP/TAFTA). Pour des raisons historiques et grâce entre autres à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), les économies canadienne et étasunienne sont fortement imbriquées. Tout disposition jugée dangereuse dans TAFTA (l’accord commercial EU – États-Unis) doit donc dès maintenant être retiré de CETA. Une fois le processus de ratification de CETA engagé, le texte sera « à prendre ou à laisser ». Si les points préjudiciables y demeurent, les parlements nationaux et le Parlement européen ne pourront qu’en rejeter l’ensemble.

Si ces menaces graves ne peuvent être retirées du texte, il faudra les mettre en balance avec le gain économique estimé pour l’UE : 11,7 milliards € annuels après 7 ans de mise en œuvre de l’accord [7], soit une croissance économique supplémentaire de 0,09% annuel. Ce gain dérisoire, qui correspond à la projection la plus optimiste de la Commission européenne, justifie-t-il des transformations politiques, légales et réglementaires d’une telle ampleur pour les citoyens canadiens et européens ? Nous pensons que non.

Notes

[1Texte publié par un média allemand : http://www.tagesschau.de/wirtschaft/ceta-dokument-101.pdf (519 pages) et ses annexes : http://www.tagesschau.de/download/ceta-111.zip (plus de 1000 pages). La numérotation des articles n’est pas définitive et est donc précédée par un X qui sera remplacé par un chiffre dans la version finale.

[2Si la partie A liée à B par l’accord concerné accorde des avantages plus grands aux investisseurs d’une partie C dans le cadre d’un autre traité de libre-échange, l’entreprise du pays B ne pourra prétendre à en bénéficier dans le cadre d’une procédure d’arbitrage.

[3Pour approfondir la question de la protection des investissements, voir http://www.iisd.org/sites/default/files/pdf/2011/investment_treaties_why_they_matter_sd_fr.pdf et l’ensemble des travaux de l’Institut international pour le développement durable http://www.iisd.org

[4Voir la proposition canadienne à partir de la p. 349 ici http://eu-secretdeals.info/upload/2014/02/CETASustainable-Development-Labour-Enviro-Jan14.pdf

[7Voir les données de la DG Commerce de l’UE, http://ec.europa.eu/trade/policy/countries-and-regions/countries/canada/

Merci à AITEC et ATTAC

 

Lu sur le site d'Attac

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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 15:00

Lu sur Canaille le Rouge

Référendum, démocratie, relativité géopolitique

Publié le 19 Septembre 2014

E=MC2

 UE terres de contrastes UE terres de contrastes

UE terres de contrastes

 

2005, France, malgré 54.67% de Non, la France est poussée de force dans l'UE

2014, Ecosse, avec 55.42% de Non l'Ecosse reste dans le RU.

Démonstration du respect des valeurs universelles de la démocratie de tout ceux qui poussent un soupir de soulagement devant le résultat du référendum en Ecosse.

Ne serait-ce pas l'occasion de rappeler que notre peuple ne veut plus de l'UE et exige le respect de la souveraineté populaire ?

 

Ajoutons à ce que dit La Canaille que le traité UE-Canada que la commission européenne ( tous désignés par les Etats et non élus) va signer le 25 septembre 2014 n'a pas été porté à la connaissance des citoyens des Etats concernés et que ces derniers ne sont pas consultés.  Il en ira de même pour le Traité transatlantique avec les Etats-Unis si rien ne bouge !  Pourtant ces signatures auront pour conséquences de bouleverser la vie de chacun !  Lisez les articles que nous avons publié dont les derniers sur la propriété intellectuelle et les semences!


Rédigé par Canaille Lerouge

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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 13:20
Lu sur Le Grand soir
Les semences dans les Accords de Libre-échange. L’UE et l’Amérique du Nord : le TAFTA et le CETA
Réseau Semences Paysannes

Les semences, comme d'autres volets de l'agriculture, sont pleinement concernées par les négociations en cours dans les différents accords de libre échange (ALE) comme le TAFTA et le CETA que l'UE négocient avec nos voisins d'Amérique du Nord. Si certains points les touchent particulièrement comme les Droits de Propriété Intellectuelle (DPI), elles pourraient également être concernées par d'autres pans des ALE : renforcement des normes industrielles sanitaires, environnementales, de biosécurité…

 

TAFTA ( sigle en anglais) :" Traité de Libre échange transatlantique"

CETA : "Accord économique et commercial global ».  Il devrait être signé le 25 septembre 2014, sans consultation des parlements nationaux, ni des citoyens.

Le 10 décembre 2013, dernier vote à ce sujet.  Cette fois-ci, la résolution est beaucoup moins réservée, appelant « l’ensemble des parties prenantes à parapher et à signer l’accord de partenariat stratégique et l’accord commercial et économique global dans les meilleurs délais et à souligner leur complémentarité » .  509 parlementaires ont voté en faveur des négociations, seulement 111 députés se sont opposés à la résolution (et 39 votes blancs). Parmi les eurodéputés français, les centristes, libéraux et socialistes ont voté pour. Seule Corinne Lepage a voté contre. Les écologistes ont voté contre. Les députés de la gauche radicale ont également voté contre, et ce, en ne respectant pas la consigne de vote du groupe GUE (vote blanc); seul Younous Omarjee a voté blanc. Plus surprenant encore, Bruno Gollnisch a voté blanc.

 

 

1- Droit de Propriété Intellectuel : le CETA , une préfiguration du TAFTA ?

Des fuites confirment que l’accord TAFTA en cours de négociation comprend bien un chapitre sur le renforcement des DPI qui concernera entre autres les brevets et les Certificats d’Obtention Végétale (COV - voir en anglais : http://keionline.org/node/1984 , http://www.consumersinternational.org/media/1398528/tacd-ip-resolution... ), principaux DPI appliqués aux semences. Les éléments présents dans le CETA (accord du même type en cours de finalisation entre l’UE et le Canada) dessinent une orientation aux conséquences inacceptables ( http://www.semonslabiodiversite.com/blog/2014/04/30/accord-de-libre-ec... ). Engageant un pays, le Canada, déjà lié aux USA par un autre ALE, les clauses négociées dans le CETA sont nécessairement conformes à celles qui se négocient pour le TAFTA.

En bref, il s’agit ici de mesures draconiennes obligeant les acteurs économiques à respecter les droits de propriété intellectuelle :

- un agriculteur accusé d’avoir utilisé frauduleusement des semences d’une variété protégée par un COV ou contenant un caractère breveté pourrait ainsi voir sa récolte et son matériel de culture saisis et ses comptes bancaires gelés,

- si l’agriculteur est reconnu coupable, sa récolte, les semences et les outils agricoles pourraient être détruits ;

- en l’absence de preuves formelles de la provenance licite des semences utilisées, les agriculteurs, les entreprises de triages de semences à façons et les acheteurs de récolte pourraient être soupçonnés de recel de contrefaçon ,

- les trieurs à façon ainsi que tout acheteur de récoltes issues de semences de ferme considérées comme des contrefaçons se verraient menacés des mêmes saisies et destructions. Cette situation les amènerait à refuser tout contrat avec des agriculteurs n’amenant pas eux-mêmes la preuve de l’absence de toute contrefaçon,

- les autorités judiciaires compétentes seraient obligées d’exécuter ces saisies à la demande d’un titulaire de DPI sur la base d’une simple présomption de contrefaçon et sans obligation d’entendre au préalable les opérateurs soupçonnés de contrefaçon ou de recel.

Cela signifierait en pratique une remise en cause de « l’exception agricole et alimentaire » qui exclue les semences de ferme de l’application de la loi française de lutte contre les contrefaçons de février 2014, exception obtenue après de nombreuses mobilisations. De la même manière, cela remettrait également en cause l’article de la récente Loi d’Avenir Agricole qui annule la protection du brevet en cas de contamination accidentelle ou de présence fortuite d’un gène (« information génétique ») breveté dans des semences.

Par ailleurs, en renforçant l’application des DPI et la collaboration des États dans la lutte contre les contrefaçons (mis directement au service des entreprises), les ALE ressuscitent les clauses de l’ACTA (Accord Commercial Anti-contrefaçon), refusé par les citoyens puis par le Parlement Européen en mai 2012. Une vraie négation de la démocratie !

Cela a été constaté avec une cruelle violence en Colombie. L’État a dû se se soumettre aux injonctions des entreprises détentrices de DPI et détruire 70 tonnes de semences paysannes de riz (http://www.grain.org/article/entries/4781-soulevement-des-agriculteurs... ) rendues illégales par la signature d’un accord de libre-échange avec les États-Unis. Six mois de manifestations paysannes et populaires l’ont contraint à suspendre l’application de cette clause qu’il ne peut plus annuler sans risquer des représailles économiques draconiennes.

La tendance est donc bien présente : les ALE consolident les droits des industriels de la semence en renforçant l’application stricte du respect des DPI et suppriment les droits des agriculteurs de conserver, d’utiliser, d’échanger leurs propres semences et de les protéger des contaminations génétiques et de la biopiraterie.

De plus, les DPI sur les semences sont le principal outil de la concentration économique du secteur. Le COV a permis une première concentration d’entreprises se partageant les marchés nationaux ou régionaux où peuvent être cultivées leurs variétés. Ensuite, on a observé le développement du brevet sur un caractère (insecticide, de tolérance à un herbicide...) qui s’exploite quand à lui directement sur le marché mondial à travers les variétés de multiples espèces composées de plantes dans lesquelles le caractère breveté est introduit par le semencier ou est déjà naturellement présent.

Les coûts de recherche et développement de ces nouveaux caractères brevetés ont fait de l’industrie semencière l’une des plus concentrées avec aujourd’hui moins de dix firmes qui contrôlent 80 % du marché mondial des semences. S’appuyant sur un lobbying permanent et des politiques de conquête de marchés très agressives, ces entreprises se sont engagées dans un processus sans précédent d’appropriation de toutes les semences :

- non seulement celles qu’elles produisent elles-mêmes,

- mais aussi celles de leurs concurrents qui sont dépendantes d’un des multiples brevets qu’elles détiennent,

- et enfin celles qu’elles contaminent avec leurs gènes brevetés transportés d’un champ à l’autre par le pollen, le vent, les insectes, les oiseaux

- et aussi celles qui contiennent naturellement un des caractères qu’elles ont brevetés.

Couplée à une recherche favorisant les plantes homogènes (notamment les hybrides F1) destinées à garantir la standardisation des produits agricoles exigée par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, cette concentration économique renforce la réduction de la diversité des plantes cultivées.

Concrètement, l’ensemble de ces éléments conduisent à ce qui se déroule aujourd’hui en Amérique Latine sous la pression des ALE : « Les agriculteurs sont exclus de leur rôle de sélectionneur, ce qui signifie la mort des variétés locales et la fin de l’agriculture paysanne » (http://www.novethic.fr/empreinte-terre/agriculture/isr-rse/bataille-po... ). Alors que 70 % de la nourriture mondiale est encore issue des agricultures paysannes vivrières qui n’utilisent que des semences paysannes, les paysans sont peu à peu tous obligés d’utiliser uniquement les semences commerciales produites par ce secteur ultra-concentré et engagé, sans limite, dans la voie d’une agriculture industrielle qui ne produit que 25 % de la nourriture mondiale en immobilisant 75 % des ressources en terre et en eau ( Avec le chaos climatique, qui nous nourrira ? Etcgroup 2014 : http://www.etcgroup.org/sites/www.etcgroup.org/files/Food%20Poster_FR%20.pdf ).


2 - Réduction des barrières tarifaires et non-tarifaires remplacées par des normes « basées sur la science ».

Qu’elles soient à la fin des négociations harmonisées, identiques ou équivalentes, les seules normes d’accès au marché acceptées par les négociateurs des deux côtés de l’atlantique devront être « basées sur la science ». Derrière cette justification apparemment incontestable se cache un mécanisme pervers permettant à l’industrie de dicter au gré de ses besoins des règles d’accès au marché qui en éliminent tous les produits du domaine public (non protégé par un DPI ) et tous les petits opérateurs.

Pour accéder au marché, un produit doit être reconnu « sans risque pour la santé et l’environnement ». Les entreprises doivent donc fournir des études scientifiques prouvant qu’elles maîtrisent tout risque éventuel. Ces études ont un coût qui ne peut être amorti que par un brevet assurant le monopole du marché. Plus le marché est grand - national, régional (UE), international (ALE) - plus le retour sur investissement est important, plus les protocoles d’évaluation imposent des coûts d’études élevés.
Un constat simple apparaît alors : les petits opérateurs, par exemple les artisans semenciers ou tout paysan , incapables d’amortir ces coûts sont éliminés. Et lorsqu’un produit arrive en fin de brevet et devient librement disponible, il devient impossible d’amortir les études nécessaires au renouvellement de son autorisation de mise sur le marché en l’absence du retour sur investissement garanti par un brevet .

L’indépendance affichée et théorique de ces études scientifiques est remise en cause par la pratique :

- Elles ne sont financées que par les entreprises. Celles-ci, en toute indépendance, présentent uniquement les études qui leurs sont favorables. Quand les chercheurs trouvent un résultat défavorable pour l’entreprise, ils n’ont pas le droit de le publier sans son autorisation imposée par les clauses de confidentialité associées à toute recherche sur un produit ou procédé breveté. Si quelques études défavorables arrivent à être publiées, c’est toujours lorsque le produit concerné arrive en fin de brevet.

- Quant aux comités d’évaluation « publique » de ces études dont dépend l’autorisation de mise sur le marché, ils sont composés de scientifiques compétents dans la matière étudiée. Comme il n’existe aujourd’hui plus aucun programme de recherche publique qui ne soit pas lié à une obligation de partenariat avec le privé, ces chercheurs n’ont pu acquérir leurs compétences scientifiques qu’en travaillant pour les entreprises privées dont ils sont chargés d’évaluer les études... en toute indépendance.

Et si malgré tous ces barrages, quelques petits opérateurs indépendants et/ou produits du domaine public arrivent à se maintenir sur le marché, il n’est pas difficile de créer le risque qu’ils ne pourront plus maîtriser. Par exemple, les risques de contamination OGM imposent des règles de biosécurité inaccessibles aux petits opérateurs : aucun paysan ne peut analyser toutes ses semences pour garantir qu’elles sont 100 % non OGM. Soit il veut produire sans OGM, il est alors contraint d’acheter des semences industrielles juridiquement « sécurisées » (et de surcroît souvent contaminées à faible dose !). Soit il achète et cultive des semences OGM. 

Le marché mondial des plantes et des animaux génère une mondialisation de la circulation des pathogènes, qui accompagne celle des échanges de semences, d’animaux reproducteurs et de nourriture.

Cette tendance impose l’usage de nouveaux pesticides brevetés et/ou de plantes et d’animaux génétiquement brevetés (mais pas nécessairement étiquetés OGM) pour résister aux pathogènes exogènes. Le réchauffement climatique permet quant à lui de justifier des subventions à la suppression du labour qui, en agriculture industrielle, impose l’utilisation accrue d’herbicides sur des cultures OGM qui les tolèrent.

Cette description peut paraître caricaturale. C’est pourtant ce qui se passe déjà très clairement avec les autorisations européennes des OGM. 

De plus, on constate qu’en utilisant le classique « c’est la faute à la pression américaine », l’agenda de la commission européenne est bien de généraliser ce schéma, avec ou sans le TAFTA. Ainsi, le règlement contrôle de la chaîne alimentaire récemment voté par le Parlement européen devrait étendre ce mécanisme pervers au contrôle des normes sanitaires et environnementales sous le nom d’« auto-contrôles sous contrôle officiel ».

Les entreprises les plus organisées pourront faire valider par le « contrôle officiel » leurs propres plans de contrôles internes qui leur servent :

- à remplacer les services de contrôle public par des organismes certificateurs agréés pour être « indépendants », mais en concurrence les uns avec les autres pour être payés exclusivement et « en toute indépendance » par les entreprises qu’ils pourront contrôler,

- à remplacer les contrôleurs externes par un simple contrôle des rapports élaborés par leurs propres qualiticiens internes,

- à définir elles-mêmes les normes de ces contrôles bureaucratiques qui, en l’absence quasi totale de contrôles physiques, leurs servent à camoufler, sous l’amas de rapports bureaucratiques complexes de leurs qualiticiens spécialisés, l’organisation planifiée des fraudes comme la viande de cheval dans les lasagnes,

- à faire porter la responsabilité d’éventuels problèmes de commercialisation sur les maillons les plus faibles de la chaîne alimentaire : les paysans et les petits fournisseurs incapables de financer la multiplication des analyses de petits lots qu’ils produisent ou transforment, l’embauche de « qualiticiens spécialisé », les audits « qualités » et la bureaucratie de la traçabilité exigées par le contrôle officiel de ces auto-contrôles.

Finalement, même si la Commission Européenne a engagé un processus de consultation pour que les citoyens puissent donner leur avis sur l’ISDS (Tribunal extranational privé de règlement des conflits entre un État et une entreprise qui lui reproche de porter atteinte à ses intérêts financiers, sur le modèle des panels de l’OMC) dans la cadre du TAFTA, il faut bien être conscient que les normes qui permettront le règlement des différents investisseurs-États s’imposent déjà aux tribunaux des pays européens et que ceux-ci sont en capacité de les faire respecter. La nouveauté essentielle amenée par une éventuelle conclusion du TAFTA serait l’harmonisation et/ou l’équivalence des normes en vigueur des deux côtés de l’Atlantique qui favorisera encore la concentration du secteur industriel entre les mains d’une poignée de Société Transnationales européennes comme américaines. De plus, la réglementation sur les semences (tant au niveau international, européen que national) est en train d’être réformé en profondeur. Il est normal de s’interroger sur les difficultés supplémentaires à la faire évoluer positivement sous la pression d’une obligation d’harmonisation avec un cadre états-uniens « ultra-libéral » articulé autour de la domination du brevet.


- Quelques mots pour conclure -

Aux vues de ces différents points, il est dangereux de réclamer un « marché libre des semences ». En effet, il est d’abord logique de protéger les productions locales, facilement adaptées à la diversité des conditions locales de culture, face à des importations massives de semences ne pouvant s’adapter qu’avec une utilisation massive d’engrais et de pesticides chimiques.

Par ailleurs, le secteur de semences est hétérogène : il existe différentes catégories de semences (OGM, industrielles, paysannes etc ..) qui au contraire appellent chacune des réglementations cohérentes et proportionnées aux différentes utilisations et aux différents opérateurs.

Ainsi, le cadre réglementaire doit pouvoir évoluer pour que les semences paysannes, jardinières et/ou de ferme, aujourd’hui interdites ou enfermées dans des niches juridiques inacceptables, soient pleinement reconnues. Ce sont les seules semences qu’il convient de libérer :

- en garantissant d’abord les droits des agriculteurs de conserver, de reproduire et d’échanger leurs semences produites à la ferme, droits aujourd’hui non reconnus des deux côtés de l’Atlantique.

- ensuite en reconnaissant les droits des agriculteurs d’échanger leurs semences paysannes et d’autoriser leur commercialisation sous la seule réserve qu’elles soient « saines et loyales », commercialisation aujourd’hui non réglementée aux États-Unis où elle n’est encadré que par les monopole du brevet et très inégalement tolérée dans les différents pays européens en marge du catalogue obligatoire.

Mais il ne convient en aucun cas de libérer les semences couvertes par un COV et/ou brevetées, OGM, hybrides F1, tolérantes aux herbicides. comme les semences « améliorées » impliquant l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides ... Aujourd’hui, ces différentes semences sont beaucoup plus « libres » aux États-Unis où le catalogue (conditionnant leur commercialisation dans l’UE) n’est pas obligatoire. Il convient au contraire d’interdire toutes les semences OGM et/ou brevetées et de soumettre les autres semences industrielles à des évaluations rigoureuses avant toute autorisation de commercialisation.

Plus largement, les semences paysannes et les acteurs qui les soutiennent sont une des composantes de base de l’agro-écologie paysanne. Cette dernière pourrait être pleinement remise en cause par la mise en place d’ALE qui permettent d’imposer un système agricole ultra industriel et compétitif à l’états-unienne. Les enjeux concernant les semences sont donc pleinement en lien avec les autres combats et critiques existants qui remettent en cause les différents ALE en cours de négociation.

Réseau Semences Paysannes

»» http://www.semencespaysannes.org/bdf/bip/fiche-bip-198.html
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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 13:10
Lu sur El Diablo

 

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Le poids des mots.

 

Lorsqu’en 1998 le Conseil National du Patronat Français (CNPF) décide de se transformer en Mouvement des Entreprises Françaises (MEDEF, ses adhérents, ses structures, son but restent les mêmes. Le but de l’opération est de faire disparaître un mot : PATRONAT, mot qui  est trop lié à l’idée d’exploitation, de profit, de classe dominante.

 

Il en est de même pour le mot capitalisme. Il a disparu du vocabulaire au profit des mots « libéralisme » voire pour les plus audacieux « ultralibéralisme ».

 

Les choses sont encore poussées plus loin. Les Ouvriers Spécialisés (OS) sont remplacés par des « opérateurs » qui travaillent comme avant sur des chaînes. Les cotisations sociales qui sont du salaire socialisé qui sert à couvrir toutes les périodes d’inactivité de la naissance à la mort sont transformés en « charges » biens sûr insupportables pour les malheureuses entreprises  et qu’il faut supprimer dans les meilleurs délais.

 

Bref, tous ces changement de mots, martelés jour après jour par le patronat, les gouvernements successifs, les médias, ne sont pas innocents. Ils visent à ancrer dans les consciences que la lutte de classe a disparu, que la collaboration entre patronat et salariés est  une nécessité pour solutionner les problèmes partout dans le monde et en France.

 

Comme l’entreprise est devenue un terrain neutre cela amène à une série de déclarations très éclairantes.

 

Passons sur le « J’aime les entreprises » de Manuel Valls qui manifeste son amour en leur versant cette année 20 milliards d’euros au titre du Cice (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et 41 milliards supplémentaires en diminution de cotisations sociales et d’impôts

 

-Emmanuel Macron, ministre de l’économie, ancien dirigeant de la banque Rothschild déclare à « Ouest France » : « L’entreprise est une collectivité humaine qui est  la propriété de ceux qui la font ».   

 

-Laurent Berger, secrétaire de la CFDT, à France Inter le 8 octobre, invite le patronat à : « faire sa révolution culturelle en considérant que l’entreprise a une responsabilité sociale ».

 

-Thierry Lepaon, secrétaire de la CGT, au journal « le Nouvel Economiste » : «  l’entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés et ces deux composantes doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de leur communauté ».

 

Arrêtons là les citations, Mais elles permettent à P. Gattaz Président du Medef de déclarer à son université d’été 2014 : « l’entreprise n’est ni de gauche ni de droite, elle est là pour l’emploi ».

 

C’est faux. L’entreprise n’est pas là pour l’emploi mais pour le profit des actionnaires 

 

Sinon il n’y aurait pas en France 7 millions de chômeurs, 500.000 de plus en deux ans. Des pans entiers de l’industrie ont disparu (textile, chaussure), les délocalisations vers les pays à bas coûts se sont multipliés (Peugeot Citroën, Renault et tous les autres) pour une seule raison et cela bien avant la crise : le profit capitaliste

 

Cette réalité est dénoncée par un patron de l’imprimerie JP Maury. Il explique qu’il a perdu un marché de livres au profit d’un concurrent d’un pays d’Europe du Sud qui offrait 2% moins cher. Ce patron imprimeur  appelle au civisme industriel ! Appel qui a peu de chance d’être entendu au vu de la réalité.

 

 

Appelons un chat un chat.

 

L’entreprise reste ce qu’elle a toujours été : un lieu d’exploitation des ouvriers, des salariés  où se créent les richesses confisquées par le patronat à son seul profit.

 

Par exemple, aujourd’hui la direction d’Air France  veut baisser les salaires des pilotes et aggraver leurs conditions de travail pour sa compagnie low-cost, d’où la grève actuelle des pilotes. Cela pour lui permettre de porter le taux de profit à 8-10% d’ici à 2017.

 

De cette exploitation naît une autre réalité : la lutte de classe. Tous les rideaux de fumée tendus par le patronat, le pouvoir politique et tous ceux qui partagent leur point de vue ne changeront rien à cette réalité. Elle se manifeste tous les jours dans les luttes quotidiennes que mènent les travailleurs dans leurs entreprises pour les salaires, l’emploi, leur santé.       

 

source: www.sitecommunistes.org

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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 13:00
CONVERGENCE PALESTINE : Les 9/10/11 octobre dans nos régions... Le 18 octobre à Paris

http://www.france-palestine.org/Convergence-Palestine
 

AFPS, jeudi 18 septembre 2014


ENSEMBLE NOUS DIRONS : ÇA SUFFIT ! BASTA !

Une fois de plus l’Etat d’Israël bafoue les règles du droit inter­na­tional et huma­ni­taire et des droits humains les plus élé­men­taires. Avec l’agression contre la popu­lation pales­ti­nienne de Gaza, il a dépassé les limites.

L’IMPUNITE GARANTIE… C’EST UN FEU VERT AUX CRIMINELS DE GUERRE

Ces vio­la­tions sans limites du droit inter­na­tional ne seraient pas pos­sibles sans l’impunité dont béné­ficie Israël depuis des décennies. Les bonnes paroles de nos gou­ver­nants ne suf­fisent pas. Les larges sec­teurs de l’opinion qui se sont mobi­lisés cet été attendent des actes poli­tiques concrets : Il faut obtenir sans délai la levée du blocus de Gaza et, au-​​delà, la fin de la colo­ni­sation et de l’occupation.

 

Pour cela, la France doit


SANCTIONNER L’ETAT D’ISRAEL

o Mettre l’embargo sur les armes et cesser toute coopé­ration mili­taire avec Israël

o Interdire l’entrée des pro­duits des colonies et toute relation d’affaires pro­fitant à la colonisation

o Faire suspendre l’accord d’association UE-​​Israël


RECONNAITRE L’ETAT DE PALESTINE

Elle doit aussi engager des pour­suites contre les Français auteurs ou com­plices de crimes de guerre lors des opé­ra­tions contre la popu­lation palestinienne.

C’est pour porter ces exi­gences que dans la suite de nos mobi­li­sa­tions locales, nous conver­gerons sur Paris le 18 octobre.

Cette ini­tiative est portée et sou­tenue aux côtés de l’AFPS par diverses orga­ni­sa­tions de défense des droits de l’homme, des syn­dicats et des partis politiques.

--

Association France Palestine Solidarité (AFPS)
21 ter Rue Voltaire 75011 Paris
Tél. : 01 43 72 15 79
Fax. : 09 56 03 15 79
Suivez l'AFPS sur www.france-palestine.org, Facebook et Twitter

 

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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 08:49

Lu sur "Conscience citoyenne"

ILS N’EN AURONT JAMAIS ASSEZ …

Posté par 2ccr le 2 septembre 2014


aacSelon « Le Figaro », la France est le deuxième pays au monde après les États-Unis en termes de dividendes versés au cours du deuxième trimestre 2014, les entreprises françaises ont en effet versé 40,7 milliards de dollars à leurs actionnaires !

 Pendant que les salaires stagnent, et que l’activité économique fait du surplace, les rémunérations des actionnaires flambent ! Les entreprises françaises font même augmenter la moyenne mondiale puisque les dividendes globaux au niveau mondial ne s’inscrivent en hausse « que » de 11,7% affichant un nouveau record à 426,8 milliards de dollars US versés par les entreprises cotées au deuxième trimestre 2014.

En France, la rémunération distribuée aux actionnaires au deuxième trimestre 2014 enregistre une hausse de 30,3 %, ce qui fait de notre pays le plus important distributeur de dividendes en Europe devant le Royaume-Uni dont la hausse est de 9,7 % et l’Allemagne de 3,9 %. Et il y en a encore qui pensent qu’il n’y aurait plus d’argent ! C’est insensé ! La crise ne touche pas tout le monde ! Elle ne touche que les salariés, à qui l’on raconte que leur salaire est un coût ! Les entreprises françaises, sont en perte de compétitivité, parait-il, mais elles continuent de verser de copieux dividendes à leurs actionnaires.

Mais est-ce si étonnant le fait que l’argent coule à flot ? Grâce au CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) les entreprises viennent de toucher la première tranche du CICE, soit près de 7 milliards d’euros. Rappelons que la CICE a été créé par le gouvernement, sans contrôle ni contrepartie: l’argent est donc passé directement des caisses de l’État aux poches des  actionnaires ! C’est aujourd’hui une évidence, le CICE ne produit ni compétitivité, ni emploi, juste des liquidités au bénéfice des plus riches ! Je crois que le cadeau CICE comblerait facilement les 20 milliards dont on nous dit qu’ils manqueront aux caisses des retraites en 2020 …mais ceci est une autre histoire. Notons au passage que le Crédit Emploi Recherche accordé aux entreprises coute deux fois plus cher que le budget alloué au CNRS. Les entreprises privés coutent donc à l’état plus cher que les entreprises public, on atteint la l’absurdité du système dont évidement les plus riches nous vantent les mérites !

Le classement 2012 de Challenges montre que les 500 français les plus riches ont cumulé 267 milliards d’euros de gain. Soit quasiment autant que les recettes nettes de l’État en 2011 (271 milliards d’euros).  Et comme les revenus des plus riches ne cessent d’augmenter et les recettes de l’état de diminuer (chercher l’erreur), on a 500  » bons  » français qui ont plus d’argent pour « survenir » a leur besoin que l’état pour « faire tourner « un pays avec 65 millions d’habitants ! Après cela est-ce que quelqu’un osera encore dire : « heureusement qu’il y a des riches pour nous faire travailler ! » …il est temps de se rendre compte que les riches ne sont la que pour nous voler le fruit de notre travail et dépecer l’état, et que si personne ne les arrête, ils ne s’arrêteront pas tout seul. Il est urgent de comprendre que les riches nous coutent trop cher et que nous n’avons plus les moyens de les entretenir !

Sans doute sans  le vouloir « Challenges » soulève l’eternel problème sur la taxation des plus riches et sur une autre répartition des richesses. Quant à résorber le déficit public de la France avec l’argent des plus riches, c’est tout à fait possible.  Si l’on prenait à ces 500 plus grandes fortunes les 70 milliards d’euros nécessaires pour combler le déficit public actuel, cela leur laisserait tout de même aux alentours de 200 milliards pour finir l’année. Car, si parait-il les 500 plus grandes fortunes françaises « souffrent » (un peu) de la crise, d’après les magazines qui leur appartiennent,  elles sont tellement riches qu’elles ne s’en sont sans doute pas rendu compte. En attendant, les français les plus fortunés sont toujours les mêmes : Bernard Arnault, François Pinault, Vincent Bolloré, Liliane Bettencourt, Serge Dassault, Jacques Servier, Xavier Niel…

Pour finir, rappelez-vous ce que déclarait F.Hollande au Bourget, le 22 janvier 2012  « Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »…Et bien voila, l’arrivée d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie et de l’Industrie, banquier d’affaires et millionnaire, est exactement l’inverse des promesses de François Hollande… en attendant le Medef peut sortir le champagne, c’est nous qui payons !

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