Comment faire fléchir l'individualisme
dans le cadre d'une convergence des luttes ?
par Fabien Rives
Pour répondre à cette question il suffit, je crois, de trouver les raisons qui créent une opposition entre individus censés s'unir.
Dans le cadre de la convergence actuelle, la première raison, il me semble, est liée à l'image que reflètent les syndicats. Une image qui les empêche de faire valoir leur rôle légitime dans l'organisation des luttes. Une image salie d'une part de manière incessante par les détenteurs du pouvoir économique et donc politique (j'entends par là, la classe politique dominante), d'autre part, par certains cas individuels en interne.
L'autre raison est que, de par ses façons d'opérer, le mouvement « nuit debout » privilégie une spontanéité des micros ouverts à la remise en question du rapport de forces dans les entreprises. D'ailleurs, l'activisme présent aux « nuits debout » tend plus à se féliciter des actions de groupes en minimisant la lutte ouvrière.
L'oligarchie est si proche de jubiler devant une division qu'elle n'a cessé d'encourager à travers sa guerre idéologique en prônant l'individualisme... Mais les limites de la démocratie directe suffiraient-elles à éteindre le feu d'un début de convergence des luttes face au projet El Khomri ?
Ce moment de confusion, à la fin de la « soirée-débat » du 20 avril, lors des prises de paroles du public, prouve t-il l'impossibilité d'une unité ? Ou est-il au contraire une étape nécessaire dans la construction de cette unité ?
A ces questions, je souhaiterai partager auprès des participants de « nuit debout » (dans lesquels je m'inclus), ma vision quant à la définition des syndicats en France :
Il s'agit d'organisations ayant toujours eu un rôle décisif dans la construction et la défense de notre modèle social. Malgré la diabolisation, il s'agit des seules structures existantes dans la protection des salariés. Comme c'est un argument qui revient souvent lors des critiques effectuées à leur égard, il est en effet nécessaire d'instaurer des nouveautés dans le fonctionnement de leurs structures. Mais cela ne sera possible qu'en dialoguant avec les acteurs des syndicats actuels. Je parle des acteurs qui, au jour le jour, mènent les combats sociaux dans les entreprises.
Dans la France des travailleurs qui, pour exister, n'ont rien d'autre à vendre que leur temps d'existence, n'oublions pas que les syndicats ont mené des luttes, souvent réprimées dans le sang, ayant permis d'arracher des acquis sociaux grâce à l'unité.
Pour créer une réelle convergence des luttes, il m'apparaît donc nécessaire d'adopter cette approche du syndicalisme. Sans quoi notre division réjouira ceux qui l'ont encouragée.
Mayday, Mayday : Unité, l'appel d'un citoyen : La suite dans la partie 3
Une soirée à la Bourse du Travail, le 20 avril 2016