Dans les années trente certaines bombes larguées sur la République d’Espagne n’explosèrent pas. Des ouvriers allemands de l’armement, solidaires, les avaient désamorcées parce qu’ils savaient à qui elles étaient destinées. Quel journaliste des télévisions, radios ou journaux occidentaux qui diffusent “la bonne parole” sur le Venezuela sait-il que les morts provoquées par les violences de la droite locale et des paramilitaires infiltrés sont le produit d’une commande médiatique ?
T.D. Caracas, 21 février 2014
Cet enregistrement téléphonique de juin 2013 révèle les contacts de la députée de droite María Corina Machado avec les États-Unis.On l’entend insister sur la nécessité d’organiser un nouveau coup d’État précédé de "confrontations non-dialogantes" (sic). Machado participa au coup d’État sanglant d’avril 2002 contre Chavez et cosigna le décret putschiste qui dissolvait toutes les institutions démocratiques.
Aujourd’hui, la droite donne des versions contradictoires de sa violence : alors que les cagoulés armés de pierres ou d’armes à feu, d’émetteurs radio et des équipements propres à ceux qui s’apprêtent à “tuer ou être tués” affirment que le motif de leurs “protestations pacifiques” est la “pénurie”, les leaders autoproclamés Ledezma, López et Machado affirment que ces marches ont pour objectif la démission du président Maduro.
Il est risible de parler de pénurie dans l’Est de Caracas, foyer de cette bourgeoisie : ses supermarchés de luxe sont pleins à craquer, et pas précisément de produits “locaux”, non. Les délicats palais des habitants des “villas”, “cumbres”, “colinas” et “altos” où résident les riches demandent constamment des produits et des delicatessen d’importation.
Par contre, les efforts du gouvernement Maduro pour surmonter le modèle improductif du rentisme pétrolier rencontrent des obstacles, évidemment, puisque de nombreuses décisions peuvent affecter certains secteurs économiques. Il n’y a guère d’autre moyen si on veut réellement changer la vie.
Ce sont les classes populaires qui sont en partie touchées par l’absence plus ou moins temporaire de certains produits, mais ce ne sont pas elles qui sèment aujourd’hui le chaos, la destruction et la mort dans les rues du Venezuela. Le plus souvent cette rareté est organisée, comme au Chili en 1973, par la bourgeoisie improductive. Non seulement en stockant massivement des produits mais – en association avec les mafias de la contrebande – en déviant une grande quantité de produits alimentaires, de médicaments et de carburant vers la Colombie, les îles hollandaises des Caraïbes (Curaçao, Aruba et Bonaire) ou Trinidad et Tobago. Business is business, aiment répéter les grands importateurs.
Contrairement à d’autres classes de ce type en Amérique Latine, la bourgeoisie vénézuélienne a cette particularité de n’avoir jamais contribué au trésor national mais d’avoir toujours su comment dévier des fonds et des bourses d’État pour que ses enfants étudient le cinéma ou le commerce à Paris ou à New York, loin de cette majorité de couleur qu’elle traite aujourd’hui de “chavistes idiots”, “va-nu-pieds”, “culs-terreux”, “hordes édentées” (la liste est longue)..
La FAO a primé en 2013 l’effort de l’État vénézuélien pour implanter un modèle alimentaire. En 40 ans de non-gouvernements néo-conservateurs, les vénézuéliens avaient à peine augmenté en moyenne d’1 centimètre de stature. Les plans développés par Chavez en 13 ans ont porté cet indicateur à 1,98 centimètres. Le chancelier et ex-ministre de l’Agriculture Elías Jaua rappelait qu’au début de la révolution, en 1999, les vénézuéliens ne consommaient que 15 kilos de viande par an contre plus de 35 aujourd’hui. Le défi est donc de renforcer la production nationale et de mieux contrôler sa distribution pour répondre à ce boom de consommation lié à l’augmentation du pouvoir d’achat.
Ce peu de données sociales et économiques explique déjà pourquoi les vénézuéliens ont infligé 18 défaites en 19 scrutins à une droite qui cherche aujourd’hui son appui aux États-Unis, dans ses médias privés (hégémoniques au Venezuela) et internationaux.
Si des opérations semblables – guerre économique, violences – sont fréquemment lancées contre l’Argentine, la Bolivie ou l’Équateur, les coups principaux ont été portés à la patrie de Bolivar. Non seulement parce qu’elle possède les plus grandes réserves d’hydrocarbures de la planète mais parce qu’elle est le fer de lance stratégique de l’unité latino-caraïbe exprimée dans des organisations indépendantes de Washington et qui regroupent les gouvernements de toute la región : Alba, Unasur, le nouveau Mercosur, Petrocaribe, la Celac.. Le récent sommet des 33 chefs d’État latino-américains à la Havane, ou la création d’une École de Défense au sein de l’UNASUR, ne font que décupler la rage des États-Unis face à la construction accélérée de “Notre Amérique”.
Avec Arévalo Enrique Méndez Romero, Angel Guerra Cabrera
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