Jacques Sapir
le 16 mai 2014
Le « roman de l’Euro » présenté le jeudi 15 mai 2014 au soir a été l’occasion d’une scandaleuse soirée de propagande sur France-2 ! Non que l’on ne puisse parler ni même défendre l’Euro sur cette chaîne, comme sur les autres d’ailleurs. Mais le déséquilibre de l’émission, réalisée à grands frais par le service public et la malhonnêteté de l’argumentation ont passé les bornes.
On a bien été en présence d’un exercice de « Funkpropaganda ». L’histoire de l’Euro nous a donc été présentée comme un « roman ». Mais pour la majorité des Français, mais aussi des Italiens, des Espagnols, des Portugais et des Grecs, il s’agit d’un véritable cauchemar. Il faut signaler que les réalisateurs n’avaient pris aucun risque.
Les voix discordantes étaient réduites au strict minimum. Et si il faut saluer le courage d’un Philippe Villin, droit dans ses bottes et dans ses convictions face à ses adversaires et toujours très battant sur ce terrain, le spectateur moyen est laissé dans l’ignorance sur le nombre important d’économistes qui ont exprimé, ou qui expriment aujourd’hui, leurs doutes quant à la survie et surtout l’efficacité de l’Euro[1].
Des Bernard Maris, conseiller économique à la Banque de France, Bernard Mazier, Alain Cotta ou Frédéric Lordon, il ne fut donc pas questions, ni des quelques soixante-dix noms d’économistes européens ou américains. Le téléspectateur sera donc laissé dans l’ignorance qu’il existe une association d’économistes réputés combattant l’Euro, le European Solidarity Manifesto[2]. Il ne saura donc pas que la ESF-liste des membres inclut non seulement des économistes de premier plan, mais aussi des professionnels réputés et des responsables ou ancien responsables des Banques Centrales. Il ne saura pas, non plus, que plusieurs journalistes économiques de premier plan, dont le rédacteur en chef adjoint de l’Expansion[3], ont pris position très nettement pour une sortie de l’Euro dans un livre récent[4]. De « débat » donc, il n’y eut que le nom, et cela est indigne, mais hélas très habituel, dans la télévision publique mais aussi dans la France en général. Et l’on ne peut qu’être frappé du décalage de la situation entre notre pays et l’Italie ou l’Allemagne, pour ne pas parler de la Grande Bretagne ou des Etats-Unis. Une réflexion poussée sur l’état de la démocratie dans notre pays s’imposera pour la suite.
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