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Quimper : faux nez rouges et rouges benêts
Publié le 3 Novembre 2013
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Canaille le Rouge vous avait dit qu'il y reviendrait, nous y sommes.
Une question traverse le débat mais tel un météore dans le firmament médiatique son passage est si rapide qu'aucun journaliste n'arrive à la faire poser à ceux qui ont sur leur livre de comptes les moyens d'y répondre.
Pourtant, parfois perse une info qui devrait aider : la presse régionale nous rappelle que la société Tilly Sabco a touché plus de 19 millions d'Euros en 2011 et une somme quasi-identique en 2012 dans le cadre de la PAC. Qu'a-t-elle fait de cette somme ?
Les entreprises qui couvrent la manif, combien ont-elles reçu à ce titre, à celui du CICE créé pour inciter à la création d'emplois ?
Poussons un peu le bouchon (du moins soulevons le couvercle d'un ragoût peu appétissant aux remugles un peu style des professions de la charte du travail qui allie les faux nez rouges aux benêts de la même couleur).
A quand un audit pour dire aux témoins de la colère combien chaque année sont injectés de crédits publics dans les coffres des patrons bretons, et avec les chiffres de pôle emploi, quel ratio "argent reçu par emploi cassé" ?
Ce qui singularise la Bretagne et singulièrement la filière agro-industrielle, comme pour le commerce de grande distribution, avant même l'arrivée des éco taxes et malgré les incitations fiscales à mal payer les salariés, ce sont les bas salaires : le Smic est à peine la norme *.
Bas salaires et casses d'emplois sont les deux mamelles qui gavent le capital breton depuis plus de trente ans (gouvernement Mauroy 2).
Les lois « d'aide à l'emploi » ont permis que l'exonération de charges sociales jusqu'à hauteur de 1,5 fois le Smic (de fait près de la moitié des salariés bretons du secteur privé) soit devenue la norme.
Ces charges ont été prises en charge par le budget de l'état, ce qui fait que ce sont les catégories imposables et ne bénéficiant pas des niches fiscales bien connues qui paient (et avec la TIPP et la TVA toutes les catégories dont les chômeurs, les retraités et les bas salaires) à la place des patrons qui crient à la spoliation avec les écotaxes.
Les patrons de la grande pêche qui ont laissé assassiner la pêche artisanale et transformer les ports bretons en bassine d'huile à bronzer, qui ont laissé des groupes comme « Intermarché » s'emparer de la filière, manifestaient samedi à Quimper alors qu'ils sont les premiers bénéficiaires de la détaxation du gasoil qui ne s'est pas vue sur les étals. Triste de voir des petits patrons pêcheurs qui n'agissent pas contre l'UE qui les saigne défiler au côté des saigneurs de droite d'avant 2012 contre des complices saigneurs de « gôche » d'après 2012 au pouvoir.
Que le patron d'Armorlux délocalise la fabrication des bonnets rouges ou des uniformes des flics qui ont plus l'habitude de cogner sur les piquets de grève que sur les patrons du foot en grève ne fait que confirmer. Lesquels patrons du foot pour des raisons du même tonneau organiseront le « lockout du 24 novembre » (Et où étaient-ils samedi après midi les "managers des clubs bretons de L1et L2 ? À Quimper !)
Si nous jetons un œil côté FNSEA, chacun sait que les gains des journaliers qui conditionnent la production légumière sont si élevés que ce sont eux qui assurent le succès des tables de baccarat au casino de La Baule ou qui fréquentent les paddocks des champs de courses qui constellent la Bretagne.
Chaque année et avant que Sapin n'achève le travail commencé par Bertrand au ministère du travail, l'inspection du travail manquait de carnets à souches pour ses PV pour travail dissimulé, non-respect des règles de sécurité dans les champs serres et usines des légumiers.
Le Portugais étant devenu exigeant et l'Italien trop revendicatif, l'Espagnol et le Marocain captés par leur collègue du sud, nos patrons bretonnants et chauvins au Gwen a du flottant fièrement sous les vents de norois, sont moins pointilleux quand il leur faut deux ou trois charrettes de Roumains payés au taux de Bucarest, quelques Polonais Bolkensteinisés pour construire loin des ports et des gares, sans permis, contre des décisions de justice, de véritables ports secs à spéculations, prévus pour innonder de camions vers les MIN qui comme celui de Rungis sont tous embranchés au rail.
Vive l'intérim pour faire suer dans les champs, abattoirs et chantiers dont ceux qui organisent les charrettes de licenciements. L'argent des exonérations sert à payer les indemnités des plans sociaux. « C'est bon pour l'économie régionale » d'autant que les boites qui prélèvent leur dîme pour sous-payer les dits travailleurs importés plus ou moins clandestinement ont leur inscription au registre du commerce et sont invitées aux réceptions de la chambre de commerce de ... Quimper et aux vœux du Préfet.
Dommage que ce qui précède ne soit que si peu popularisé. La secrétaire de la section du PCF du pays de Quimper doit se trouver bien seule à voir le peu d'entrain avec lequel elle est suivie par les élus régionaux de sa formation.
* notons de suite pour expliquer la situation des petits agriculteurs et du commerce de proximité que dès 1945 une campagne de fond menée par le MRP d'alors et la droite cléricale a été menée pour que ceux-ci ne cotisent que peu ou pas du tout aux régimes (Facultatifs pour eux et à un taux quasi-choisi et individualisé à la sécu et aux caisses de retraite. Cela explique des situations de catastrophe familiale aujourd'hui.)
Rédigé par Canaille Lerouge