L’opposition aux politiques européennes et à l’UE est majoritaire. Malgré le matraquage des médias et des partis dominants, l’abstention est à près de 57%. Le PS s’écroule et les partis de droite sont devancés par le FN qui est à plus de 25% des exprimés.
Les partisans de l’UE, PS-Verts-UDI-UMP, totalisent un peu plus de 21% des inscrits. Quand au Front de gauche il atteint 2,58% des inscrits mais, tout en progressant en voix par rapport à 2009, perd un député. Le scrutin par circonscription favorise les grands partis.
Abstention largement majoritaire
Dimanche soir, tous ces partis minoritaires se félicitaient du recul de l’abstention ( - 2,5 %) pour se désoler ensuite des progrès du FN. On notera que les mêmes soutiennent sans problème un gouvernement ukrainien, soutenu par des groupes fascistes et néo-nazis, comprenant 30% de ministres d’extrême-droite.
Les abstentionnistes sont beaucoup plus nombreux que les électeurs FN ! Près de 57% des inscrits se sont abstenus. Sans compter les près de 2% de votes blancs ( par rapport aux inscrits) et les 3 millions d’électeurs potentiels non inscrits…10% des inscrits ont voté FN. Les électeurs ont choisi massivement l’abstention, le boycott pour exprimer leur rejet du système.
Ce rejet touche en premier le monde du travail. 69% des chômeurs, 68% des employés et 65% des ouvriers ne se sont pas déplacés. De même 73% des moins de 35 ans.
C’est la faillite des partisans de l’Europe fédéraliste et capitaliste. C’est la faillite de la Vème République.
Les citoyens français n’en peuvent plus de ce système qui permet à une minorité d’imposer une politique régressive. Ils sont exaspérés par ces élections dans lesquelles, une fois les urnes rangées, leur avis ne compte plus. Ils ont voté en 2005 et ont refusé cette « concurrence libre et non faussée ». La droite et le PS n’ont pas tenu compte de leur vote. Ils ont chassé Sarkozy parce qu’ils ne voulaient plus de cette soumission aux règles de l’UE et voulaient une politique de gauche, une politique de sauvegarde des services publics, la protection de leur industrie, le contrôle des financiers, le progrès du pouvoir d’achat et non des profits grandissants pour les multinationales. Le PS leur avait fait miroiter l’« Europe sociale ». Le PCF voulait « faire réussir la gauche » … C’est le contraire qui s’est passé. Hollande avec Ayrault puis Valls ont mis en oeuvre une politique de droite encore plus destructrice. Ils ont répondu compétitivité, allongement du temps de travail, gel des salaires, casse des services publics.
C’est le capitalisme mondialisé que servent tour à tour ces personnels de droite et socio-libéraux. Ils font tout pour aider le capitalisme du XXIème à maintenir ses profits élevés, à élargir son champ d’action et à marchandiser tout ce qui peut l’être, très vite.
Une fois de plus, le choix des salariés, des chômeurs, des classes populaires est méprisé
Les Français ont lancé un avertissement aux eurocrates mais ces derniers ne veulent rien entendre.
Valls a déclaré ne pas avoir l’intention de changer de « feuille de route » et entend poursuivre la même politique de soumission aux objectifs européens. Et il assène : "Nous avons besoin d'une Europe plus forte, plus solidaire, plus juste, plus généreuse". L’UMP s’est repliée sur ses problèmes internes pour expliquer son recul. Le centre-droit a maintenu sa volonté de réformer comme le réclamait l’UE et a stigmatisé « la victoire de la contestation, du repli et des égoïsmes nationaux […] et la peur de l'avenir sur l'aventure collective européenne dont la réussite est pourtant intimement liée à celle de la France". Hollande a dit comme Valls. Et tous répètent, journalistes et politiques, avec une connivence évidente et exaspérante, qu’on n’a pas bien expliqué l’Europe, qu’on n’a pas su la rendre lisible … 60 ans d’échec pédagogique en quelque sorte.
Le vote FN est un leurre dangereux
Quoique n’ayant fait que 10% des inscrits et ayant perdu 1 700 000 voix par rapport aux présidentielles, Marine Le Pen a les yeux fixés sur 2017. Elle n’aspire qu’à un but : le pouvoir en France grâce aux institutions de la Vème République et l’élection du président de la République au suffrage universel. L’UE n’est qu’un tremplin. Les électeurs qui l’ont choisie pour s’opposer à l’UE et au capitalisme européen se trompent car c’est la roue de secours du capitalisme. Le FN prône un capitalisme national et des syndicats corporatistes qui collaborent avec le patronat. Il n’aime ni les luttes syndicales, ni la lutte de classes. Lors de la grève contre la réforme des retraites Marine Le Pen a reproché aux syndicats de “prendre les usagers en otage” et a souhaité l’intervention policière contre les piquets de grève. Il fut un partisan acharné de R.Reagan et Margaret Thatcher, promoteurs du néo-libéralisme et de la déréglementation, soutiens de Pinochet. Il se proclame maintenant anti-libéral, une volte face que les leaders frontistes n'ont jamais expliqué. Et pour cause : elle n’est que de circonstance. Le FN ne dénonce d’ailleurs ni les actionnaires, ni les dividendes, ni le capitalisme. Marine Le Pen n’appelle pas à la lutte contre ce capitalisme européen mondialisé. Elle invite les Français à s’en remettre à elle. Le FN cherche à diviser la classe ouvrière, les salariés sur fond de racisme, à capter des voix, à les détourner du combat de classe. Le FN c’est le choix de l’aventure avec un parti d’extrême-droite qui charrie à sa suite des groupes fascistes et néo-nazis dangereux. C’est pourtant chez les salariés les plus pauvres, chez les chômeurs que les listes du FN ont attiré le plus d’électeurs : 43 % des électeurs ouvriers, 38 % des employés et 37 % des chômeurs. Chez les moins de 35 ans, le parti de Marine Le Pen obtient 30 % des voix sur les 27% qui se sont déplacés …
La sortie de l’Union européenne est à l’ordre du jour
Aujourd’hui la question n’est ni « Plus d’Europe », ni « Europe sociale », c’est quand en sortir et comment.
Pour des raisons purement électoralistes, pour sauver des sièges avec l’appui du PS, le PCF a renoncé à sa bataille contre l’intégration européenne après son appel à voter “NON” au traité de Maastricht. Le FDG et le PCF commettent une erreur dramatique en voulant à tout prix « sauver » l’UE et l’euro, en appelant à voter pour une “Europe sociale” que droite et PS ont toujours fait miroiter pour appeler à “plus d’Europe”. Ils ne peuvent pas être entendus par ceux qui perdent leur emploi, ceux qui ne peuvent pas se soigner, ceux dont on bouleverse le travail comme à la SNCF, dans les hôpitaux, dans les télécoms, à la Poste, dans les écoles, dans les communes … Pierre Laurent, dimanche soir, a tendu la main aux députés PS qui s’étaient abstenus au vote sur le pacte de stabilité. Les dirigeants du PCF et du FDG rêvent encore d’aider à reconstruire une force socialiste avec laquelle ils pourraient faire l’union… Cette tentative ouvre un boulevard au FN. Car ces députés socialistes soutenaient les listes PS aux Européennes. Certains étaient candidats. Ils n’avaient rien dit contre la forfaiture du traité de Lisbonne. Il existe une rupture radicale entre les électeurs de gauche qui n’en peuvent plus de l’UE et ces socialistes qui continuent à vouloir aménager l’Europe capitaliste. Il existe une rupture entre les salariés, les chômeurs, et ceux qui persistent à vouloir refonder l’UE. L’Europe capitaliste ne s’amende pas, elle se combat. Ce n’est pas un chemin facile, mais c’est la seule solution.
Pour cela nous avons besoin d’un Parti communiste qui combatte l’Union Européenne et le Capital sans concessions pour que la France sorte du capitalisme mondialisé. Ce parti communiste est à reconstruire.
Le Parlement européen est illégitime
Nous disions : « Voter, c’est légitimer le Parlement européen ». Aujourd’hui, les salariés, la classe ouvrière, les classes populaires ont largement rejeté ce système européen et l’ont déclaré illégitime. Les partis majoritaires, UMP-PS-UDI, ne veulent pas entendre ce que les électeurs ont souverainement affirmé. La manifestation des cheminots le 22 mai a été un succès. Le gouvernement, la commission européenne restent sourds à leurs revendications, pourtant majoritaires chez les travailleurs du rail. La souveraineté populaire doit pourtant être entendue, fusse-t-elle exprimée par l’abstention massive, la grève ou les manifestations.
Faisons respecter la souveraineté populaire
Et nous réaffirmons ce que nous disions à la veille des européennes. L’abstention politique signifie l’opposition à l’UE du Capital. L’ abstention majoritaire renforce le mouvement populaire opposé à la politique austéritaire européenne. Elle révèle l’exigence de souveraineté nationale et populaire. Le mouvement d’opposition à l’UE est profond. Les salariés, la classe ouvrière ont des forces pour résister aux mesures gouvernementales européennes, et reconquérir la souveraineté populaire. Le pouvoir de décider est à la portée de ceux qui voulent une France libre, progressiste et républicaine, débarrassée du carcan et de la dictature de l’UE et du capitalisme.
Non au traité transatlantique !
La première des batailles à mener sera le refus du traité transatlantique qui livrerait notre pays pieds et poings liés aux Etats-Unis et aux règles du capitalisme mondialisé. Ce mouvement est en train de devenir majoritaire. La France doit rejeter ce traité. Les militants d’Action communiste travailleront à le faire grandir. Et participeront à toutes les luttes contre ce traité. Mais ce n’est qu’une étape car la logique de l’UE, c’est celle du capitalisme mondialisé. Il nous faut donc en sortir pour construire des coopérations équitables et mutuellement avantageuses avec les autres peuples, pour contrôler notre économie, proposer des nationalisations utiles aux usagers et aux salariés, pour préserver nos droits sociaux. C’est le chemin du socialisme à la française que nous proposons, construit avec les premiers intéressés : les travailleurs, les chômeurs, tous ceux qui ont intérêt à se débarrasser du capitalisme. Ils sont nombreux. C’est leur force.
Action Communiste