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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 14:01

 

jean-paul-2-pinochet.jpg

Chronique d'un spectacle religieux obscène

 

Chronique d'Eduardo Febbro, journaliste 

pour le quotidien argentin « Pagina 12 »



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



 

Déclarer saint Karol Wotyla, c'est oublier la protection apportée aux pédophiles, les accords et tractations avec les dictatures assassines, les liens avec la mafia et un système bancaire parallèle pour financer le combat contre le communisme.



« Victimes, quelles victimes ? », demandait le cardinal Velasio de Paolis. Il a ensuite ajouté : « Les victimes ne sont pas uniquement celles qu'on croit ». Il y eut ensuite un moment de silence, suivi par un égarement du regard du supérieur général des Légionnaires du Christ, nommé en 2010 dans cette charge par le pape de l'époque, Josef Ratzinger. A la question de De Paolis suivit une réponse : les victimes n'étaient pas seulement les milliers de mineurs ou adultes abusés et violés par le père Marcial Maciel, fondateur de cette industrie des violences sexuelles que fut, pendant son mandat, les Légionnaires du Christ. La victime était le Saint-Siège, qui fut « trompé ».



Jean-Paul II, le pape qui, entre autres horreurs, a promu et couvert les pédophiles et les violeurs de l'Eglise, a reçu, en même temps que Jean XXIII, la canonisation. Bien au-delà du spectacle obscène monté à cette occasion, du million de fidèles place Saint-Pierre, des trois satellites supplémentaires pour diffuser l'événement, bien au-delà de la foi de tant de gens, la canonisation du pape polonais constitue une aberration et un outrage pour tout chrétien. Déclarer saint Karol Wotyla c'est ouvrir le catalogue accablant des péchés terrestres qui pèsent sur ce pape : protection apportée aux pédophiles, pactes et tractations avec les dictatures assassines, liens avec la mafia et mise sur pied d'un système bancaire parallèle pour financer les obsessions politiques de Jean-Paul II – la lutte contre le communisme –, la persécution implacable des courants progressistes de l'Eglise, en particulier en Amérique latine, soit la subversive et rénovatrice Théologie de la Libération.



Le pape qui a couvert la pédophilie à grande échelle



Le « Victimes, quelles victimes ? » prononcé à Rome par le cardinal Velasio de Paolis représente bien cette impunité et continuité encore ancrée au sein de l'Eglise. Juriste et expert en droit canonique, De Paolis faisait partie de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à l'époque où – dans les années 1980 – s'accumulaient les dénonciations contre Marcial Maciel. Cependant, c'est lui qui a signé la seconde absolution du prêtre mexicain. L'ancien prêtre mexicain Alberto Athié a raconté à Pagina 12 comment Maciel avait l'habitude de distribuer des enveloppes de billets pour acheter le silence de la hiérarchie. Athié a renoncé en 2000 au sacerdoce et s'est consacré à l'enquête et la dénonciation des abus sexuels commis par les clercs et les organisations. Le destin de Maciel, c'est Benoît XVI qui le scella en 2005. En 2004, avant la mort de Karol Wotyla, Maciel est honoré au Vatican. La même année, Ratzigner ouvrait une enquête contre les Légionnaires.



Le « dossier » Maciel avait été bloqué en 1999 par Jean-Paul II et maintenu sous silence par une autre des figures les plus troubles de la curie romaine, Angelo Sodano, ancien secrétaire d’État de Jean-Paul. Sodano est une perle digne de figurer dans un cours sur les sales coups. Angelo Sodano, qui est le doyen du Collège des Cardinaux, traitait avec les Légionnaires du Christ. Un de ses neveux fut un des consultants nommés par Maciel pour construire l'université que les Légionnaires du Christ ont à Rome, l'Université pontificale Regina Apostolorum.



Sodano, qui fut le numéro deux de Jean Paul II pendant près de 15 ans, avait un ennemi intime, Josef Ratzinger, un club de sympathies extérieures dont les deux membres les plus imminents sont le dictateur Augusto Pinochet et le violeur Marcial Maciel. Sodano et Ratzinger ont livré une bataille sans trêve : le premier pour protéger les pédophiles, le second pour les condamner.



En 2004, Josef Ratzinger obligea à Marcial Maciel à se démettre et se retirer de la vie publique. Deux années après, le pape Benoît XVI le suspend a divinis. Les enquêtes ré-ouvertes par Ratzinger démontrèrent que Maciel était un pédophile, qu'il avait deux femmes, trois enfants, plusieurs identités et brassait des comptes où se trouvaient plusieurs millions de dollars. Les dénonciations précédentes n'avaient jamais passé le mur dressé par Sodano et aujourd'hui Saint Jean-Paul.



Le pape qui a soutenu les dictatures au nom de l'anti-communisme



La carrière de Sodano est une synthèse du pontificat de Karol Wojtyla, où se mélangent intérêts politiques, visions idéologiques ultra-conservatrices, corruption et manipulations. Angelo Sodano fut nonce au Chili pendant la dictature de Pinochet. Le diplomate a maintenu une relation amicale avec le dictateur et celui lui a permis de faciliter la visite au Chili de Jean-Paul II, en 1987. Son frère, Alessandro, fut condamné pour corruption après l'opération « Mains propres ». Son neveu Andrea a connu le même sort aux États-Unis. Le FBI a découvert qu'Andrea et un associé se consacraient à acheter – par des délits d'initiés – pour une poignée de dollars des propriétés immobilières des diocèses des États-Unis qui étaient en faillite à cause des scandales de pédophilie.



Mais le monde a succombé au cri de « santo subito » (saint tout de suite) qui a réclamé la canonisation d'un homme qui a présidé les destins de l'Eglise dans son moment le plus infâme et corrompu. Le pape « pélerin », le « bon » pape, le pape « des jeunes », le pape « cathodique » était un imposteur orthodoxe qui a privé de toute protection les victimes d'abus sexuels et jusqu'aux prêtres de l'Eglise quand ceux-ci étaient en danger de mort. Ses visées et ses nécessités stratégiques se sont toujours opposées à celles des êtres humains.



Il se trouve que dans la trame de cette histoire on retrouve également beaucoup de sang et pas seulement celui des banquiers mafieux comme Roberto Calvi ou Michele Sindona avec qui Jean Paul II s'est associé pour alimenter par des fonds secrets les coffres de l'IOR (banque du Vatican), des fonds qui servirent ensuite à financer la lutte contre le communisme en Europe de l'est ou la Théologie de la Libération en Amérique latine. Jean-Paul II a laissé sans protection les pères qui incarnaient en Amérique latine l'option pour les pauvres face aux dictatures criminelles et ses alliés des bourgeoisies nationales.



Le pape complice des assassins des « pères des pauvres »



En 2011, cinquante théologiens éminents d'Allemagne signèrent une lettre contre la béatification de Jean-Paul II pour ne pas avoir soutenu l'archevêque salvadorien Oscar Romero, assassiné le 24 mars 1980 par un commando para-militaire de l'extrême-droite salvadorienne tandis qu'il célébrait une messe. Romero, oui, est et sera un saint. L'archevêque a affronté les militaires pour les enjoindre à ne pas assassiner leur peuple, il a parcouru les quartiers, des zones frappées par la répression et la violence, il a défendu les droits de l'Homme et les pauvres. En somme, il n'a pas attendu que Bergoglio arrive à Rome pour parler d'une « Eglise pauvre pour les pauvres ». Non, il l'a incarné et l'a payé de sa vie, comme tant d'autres prêtres que le Vatican cataloguait comme marxistes ou communistes seulement parce qu'ils s'impliquaient dans des causes sociales.



Jean-Paul II est un saint imposteur qui a trahi l'Amérique latine et ceux qui, depuis le parti-pris d'une Eglise des humbles, ont osé dire non aux assassins des peuples. Si Jean Paul II a contribué en Europe de l'est à la chute du bloc communiste, en Amérique latine il a favorisé la chute de la démocratie et le maintien néfaste des dictatures et son idéologie apocalyptique. Un détail atroce se rajoute à la dette déjà incommensurable que possède le Vatican envers la justice et la vérité : la démarche de béatification de monseigneur Oscar Romero continue d'être bloquée dans les méandres politiques du Saint-Siège. Jean Paul II a béatifié Josemaria Escriva, polémique fondateur de l'Opus Dei et un de ses protégés. Mais il a mis de côté Romero, déjà quand il était en vie et que les menaces contre lui se précisaient chaque semaine : « Chaque jour qui passe, je suis le pasteur d'un pays de cadavres », ne cessait de dire Romero.



Jean-Paul II fut élu en 1978. L'année suivante, monseigneur Romero livrait un rapport sur la violation épouvantable des droits de l'Homme au Salvador. Le pape l'a ignoré et a recommandé à Romero de travailler « plus étroitement avec le gouvernement ». Comme le rappelle à Pagina 12 Giacomo Galeazzi, spécialiste du Vatican de la Stampa et auteur d'une enquête magistrale, « Wojtyla secret », dans « ses 25 années de pontificat aucun evêque latino-américain lié à l'action sociale ou à la Théologie de la Libération ne fut nommé cardinal par Jean-Paul II ». La réponse réside dans une phrase d'un autre digne représentant de l' « Eglise des pauvres », l'archevêque brésilien défunt Helder Camara : « Quand je nourrissais les pauvres, ils disaient que j'étais un saint ; quand je demandais pourquoi ces gens étaient pauvres, ils disaient que j'étais un communiste ».



Le show universel de la canonisation était déjà lancé. La presse européenne a la mémoire très courte et sa connaissance de l'autre est infiniment réduite. Tous célèbrent le grand pape. On élève à la catégorie de saint un homme qui a les mains sales, qui a commis l'infamie de couvrir des violeurs d'enfants, d'embrasser des dictateurs et de légitimer ainsi la masse de morts qu'ils ont laissé dans leur sillage, de négocier des profits réalisés avec la mafia, qui a sacrifié au nom des intérêts d'une partie d'un continent, l'est de l'Europe, la miséricorde et la justice des autres, ceux de l'Amérique latine. On canonise un imposteur. Comble de la légèreté, de l'erreur immémoriale : face à qui devraient se prosterner les victimes des violeurs et des dictateurs ? Nous pouvons tous nous rendre dans un lieu paisible et juste dans notre mémoire, avec les images du père Mugica ou de monseigneur Romero pour nous retrouver avec la béatitude et tout le sens de ceux qui, pour un idéal de justice et de l'égalité, ont affronté la mort sans jamais penser à eux ou à de vils avantages.

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