Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Au terme d’une année critique pour la révolution bolivarienne, après la mort de Chavez et les tentatives de déstabilisation de la droite réactionnaire, le peuple vénézuélien a réaffirmé sa confiance dans le processus révolutionnaire.
La campagne des élections du 8 décembre a été marquée par une atmosphère d’âpre lutte de classes, neuf mois après la mort d’Hugo Chavez, plaçant le processus bolivarien au croisement entre approfondissement de la révolution et coup d’Etat réactionnaire.
D’un côté, la droite a choisi pour la déstabilisation ouverte, une « guerre économique » par la spéculation sur les produits de base, fomentant pénuries et inflation. De l’autre, le gouvernement révolutionnaire a dû opter pour la radicalisation, frappant les spéculateurs.
La participation élevée pour le continent (59 %) révèle une lutte qui traverse l’ensemble de la société. La victoire nette, après celle étriquée des présidentielles, manifeste un pacte de confiance renouvelé entre les forces révolutionnaires et le peuple vénézuélien.
Une victoire nette du camp révolutionnaire
Stricto sensu, le bloc révolutionnaire mené par le PSUV obtient 49 % contre 42 % pour la MUD (Alliance de l’unité démocratique), avec une différence de 800 000 voix.
En comptant les divers candidats indépendants et leurs affiliations, le différentiel serait de 54 à 46 % en faveur du le « Grand pôle patriotique » (GPP) réunissant les forces révolutionnaires qui obtiendrait les ¾ des mairies du pays – 250 sur les 330 en jeu – bien que l’opposition conserve Caracas et Maracaibo, les deux principales villes du pays.
Le Parti communiste : ses 9 neuf premières mairies pour un allié important de la révolution
Dans le « Grand pôle patriotique », loin derrière le PSUV de Chavez et Maduro, un parti se détache : le Parti communiste vénézuélien (PCV) qui s’impose de plus en plus comme le principal allié du PSUV, et comme la troisième force politique du pays.
Le PCV a obtenu 1,6 % des voix soit 170 000 votes, un score conforme à ceux obtenus lors des derniers scrutins (1,4 % aux législatives de 2010, 1,8 % aux présidentielles de 2013), mais surtout il conquiert ses premières municipalités.
Neuf mairies au total, dont sept en alliance avec le PSUV : Ortiz, Miranda, Uribante, Manapiare (en Amazonie), Girardot et deux villes moyennes importantes :
Simon Bolivar et ses 50 000 habitants conquise par Adriano Pereira, sympathisant du parti ainsi qu’Ezequiel Zamora, 100 000 habitants, remportés par Raul Brazon dans l’Etat de Monagas.
Pourquoi des candidatures indépendantes (et victorieuses) du Parti dans plusieurs Etats ?
Deux autres mairies ont, elles, été conquises en dehors du cadre du « Grand pôle patriotique » dans des candidatures de rassemblement populaire menées par le Parti, dans l’Etat de Portuguesa : Carlos Molina à Ospino (40 000 habitants), et Armando Rivas à San Genaro.
A Ospino, le candidat du Parti communiste a devancé avec 40,75 % le candidat du PSUV, qui n’obtient que 36 % des voix, tandis qu’à San Genaro, le candidat du parti obtient la majorité avec 54 % des voix, contre 39 % pour le responsable du parti présidentiel.
Pourquoi des candidats communistes se sont présentés sur des listes alternatives dans certains Etats, comme à Portuguesa ?
Car le Parti communiste garde son indépendance politique, son esprit critique et a refusé – dans des Etats où les maires, gouverneurs ne respectent pas leur engagement révolutionnaire – d’investir certains candidats manifestement corrompus ou du côté du patronat local.
Laissons la parole au secrétaire-général du PCV, Oscar Figuera, c’était en août dernier :
« Si nous arrivons à la conclusion qu’un candidat est corrompu, nous ne le soutiendrons pas. Que ce soit clair, si nous constatons qu’il y a des éléments contraires à l’éthique révolutionnaire, nous agirons en conséquence ».
Il ajoutait alors : « nous avons un engagement, par rapport à notre histoire, notre vision du monde, de la société ; notre engagement éthique avec la classe ouvrière, les travailleurs et, en sens, avec le projet politique porté par le Président Hugo Chavez, et aujourd’hui Nicolas Maduro : non seulement l’efficacité et la participation du peuple, mais aussi la lutte frontale contre la corruption. »
Après avoir jugé « négativement » 68 candidats officiels, proposé le renvoie de ces candidats, il annonce que le Parti soutiendra au moins 16 candidatures alternatives le 30 septembre :
« Ce qu’on ne verra pas, ce qui ne se passera pas, c’est qu’on retire nos candidatures pour soutenir un corrompu. Le peuple vénézuélien sait que quand le Parti communiste prend une décision, il s’y tient. On ne cèdera ni sous le chantage, ni sous les intimidations ».
Le Parti communiste plus que jamais dans le « Grand pôle patriotique »
Cela n’a pas empêché les dirigeants du PCV, après l’annonce des résultats, d’annoncer leur intention de poursuivre l’alliance du « Grand pôle patriotique » – « plus actuelle que jamais » pour le PCV – en vue de le radicalisation de la révolution – « consolider les acquis pour avancer dans son approfondissement », selon les termes d’Oscar Figuera.
Les dirigeants du Parti communiste ont insisté sur l’importance du « Plan pour la patrie » 2013-2019 dévoilé par le Président Maduro, conçu comme les lignes directrices pour la transition du Venezuela vers le socialisme.
C’est cette même position, à la fois d’indépendance de classe et de soutien sans failles au processus révolutionnaire, qui avait conduit le PCV à refuser sa dissolution dans le PSUV de Chavez en 2005. Ce choix apparaît désormais bien judicieux.
Avec un Parti communiste renforcé, unitaire mais affirmé dans son identité révolutionnaire, c’est le processus bolivarien qui sort renforcé dans son chemin difficile vers une société alternative : le socialisme.