L’intention avait été avancée une première fois en fin d’année dernière. Le Parti communiste français et le Pôle de renaissance communiste en France feront bien liste commune à Lens en mars. Quasiment la garantie d’atteindre le second tour si l’on se réfère aux scores de 2008.
Voilà une annonce qui réduit fortement les chances de retrouver une pentagonale à Lens au deuxième tour, comme ce fut le cas en 2008. Une situation unique en France qui avait mis aux prises notamment deux listes communistes. Ces dernières, en 2014, ne feront qu’une. Jean-Michel Humez, responsable de la section locale du PCF, et Georges Gastaud, son homologue du PRCF, ont invité la presse cette semaine dans une brasserie lensoise pour officialiser leur rapprochement.
Alors que la rumeur d’un appel du pied du PS vers le PCF grandissait en ville, cette annonce lui tord définitivement le cou. « En ce moment, nous avons des sourires de tous les côtés », sourit à son tour Karine Van Wynendaele, conseillère municipale sans étiquette et futur numéro 2 sur la liste, faisant référence au flou qui règne au PS lensois englué dans le duel Sanchez-Robert.
Pour Georges Gastaud, cette alliance communiste est naturelle. Celui qui fut l’un des instigateurs du nouveau mouvement national PRCF en 2004 était déjà favorable à ce scénario en 2008. « À l’époque, le contexte ne s’y prêtait pas », indique sans entrer dans les détails Jean-Michel Humetz.
Aujourd’hui, les points de divergences qui subsistent entre les deux camps, notamment la sortie de l’Europe défendue au PRCF, s’effacent au profit des critiques convergentes sur la gestion municipale socialiste qui « sacrifie les classes populaires ». Le stationnement payant, la non participation de l’Etat aux frais de fonctionnement du Louvre-Lens, le choix du « tout-tourisme » comme axe de développement ou encore le pôle métropolitain polarisent les reproches.
La liste reste ouverte mais les communistes ont décidé de confier les rênes à Jean-Michel Humez, conseiller municipal sortant. Outre Karine Van Wynendaele, Dany Mismacque (PRCF), également conseiller municipal d’opposition, sera en première ligne. « On espère faire mieux que le score cumulé des deux en 2008 », annonce les jeunes « mariés ».
Au premier tour, le PRCF avait recueilli 12,70 % des suffrages, le PCF 11,15 %, soit en tout près de 3 000 voix. La présence d’une liste FN en mars, une autre nouveauté à Lens, pourrait fragiliser la logique de l’addition, mais l’union PCF-PRCF renforce naturellement les chances de retrouver la liste communiste au deuxième tour. À moins que la tradition du front républicain la persuade cette fois à se désister… « En cas de danger net de conquête de la ville par l’extrême-droite, le barrage au FN ne prendra en aucun cas la forme d’un ralliement politique à la municipalité PS », précisent les deux camps. Mais ce désistement sacrifierait pour les communistes la chance qui se présente désormais aux listes minoritaires de siéger à l’intercommunalité… En attendant, le duo Humez-Gastaud veut créer la sensation. « L’unité peut créer une dynamique nouvelle et apporter des surprises à Lens. »
EDOUARD WAYOLLE